Urban Comics
  Atlantis #4 : Revolution Day
 
Auteurs : Zauriel & Ben Wawe
Date de parution : Mars 2008


« Alors, comment ça se passe ?
- A ton avis ?
- Long et chiant ?
- Long et chiant, ouais. »

James soupire lourdement : il est fatigué de son travail. Ça fait bientôt dix ans qu’il est serveur ici, et il en a plus qu’assez. Oh, bien sûr, il ne peut pas dire qu’il ne voit pas du beau monde, mais au fil du temps…ça devient lassant. Il ne peut rien dire à tous ces hommes si hauts placés, il ne peut pas donner son avis. Il est un larbin, et ça commence à suffire.

Il fait un petit sourire entendu à Mike et emmène le plateau de verres d’eau vers la salle du conseil. Il travaille au building de l’ONU, en plein Manhattan. Il est un des rares qui peuvent s’approcher des dirigeants du monde, même si il ne peut jamais entendre que des bribes de discours ou entrapercevoir parfois un sourire de leur part. Pour eux, il n’est rien, et il n’aime pas ça.
Néanmoins, il accepte son sort pour l’instant. Sa famille a besoin de l’argent qu’il rapporte pour survivre, et ils s’en sortent même plutôt bien. Tout le monde n’est pas embauché par la plus grande organisation internationale du monde, finalement. Ca paye plutôt bien, ce qui compense un peu la lassitude.

Calmement, il arrive devant la porte qui le sépare du Conseil de Sécurité de l’ONU, composé essentiellement des Etats-Unis d’Amérique, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Chine et de la Russie. A l’intérieur, les présidents de chacun de ses pays se rencontrent pour décider du destin d’une partie du monde. Et lui, il doit leur apporter à boire, rien d’autre. Ça ne lui suffit plus.

« Vas-y, rentre. »

Un des gorilles lui adresse la parole, ce qui est finalement assez rare de la part de ces types qui ne vivent que pour mourir pour sauver d’autres personnes. Il pensait qu’ils n’avaient pas un énorme QI, mais il a appris à les respecter, avec le temps. Au départ, il les prenait pour des débiles mentaux, mais il a vite compris qu’il ne fallait pas avoir que des muscles pour être garde du corps. Le cerveau compte bien plus que la carrure, même si celle-ci est conseillée.
Il acquiesce et entre dans le saint des saints, peu motivé.

Evidemment, les discussions cessent dès qu’il pénètre dans la salle…c’est habituel. Les « grands » du monde ne vont pas laisser traîner certaines informations auprès du petit personnel. Avec adresse, il dépose les verres d’eau à côté des chefs d’Etat ou de gouvernement, ceux-ci prenant bien soin de refermer leurs dossiers pour qu’il ne voit rien. Ce genre d’attitude l’énerve, mais il ne peut rien contre : c’est le protocole. Et aussi leur manière de lui montrer qu’il n’est rien pour eux.

Un petit sourire de la part du Président français, un petit type étrange et qui lui semble dangereux, est la seule réponse qu’il a de leur part. Il a l’habitude maintenant, même si ça ne lui fait toujours pas plaisir. James soupire discrètement et se dirige vers la porte pour sortir et continuer ce qu’ils avaient commencés, mais il se fait percuter par un des gorilles avant même qu’il ne le voit débouler.

« Ouff ! »

Le serveur tombe au sol, le plateau volant dans les airs. Le Conseil de Sécurité se lève évidemment d’un bond, alors que les gorilles de chaque pays investissent la pièce, leurs mains sur leurs armes. Ça ne sent pas bon.

« Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
- Mesure de sécurité, monsieur le Président. On vient de nous signaler une apparition étrange dans la baie, et nous devons vous mettre en lieu sûr.
- Une apparition étrange ? Comment ça ? Sous-marin ?
- Je ne peux dire encore, monsieur, mais…attendez. »

Le garde du corps, un énorme molosse qui pourtant est plus intelligent que la moitié du bâtiment écoute ce que son homme à l’accueil a à lui dire, et blêmit. James remarque ça alors qu’il se relève, et il comprend que quelque chose se passe. Quelque chose de très mauvais.

« Messieurs, on nous signale que l’apparition est une cohorte d’une douzaine d’hommes recouverts de…de scaphandres.
- De scaphandres ?! Philips, je n’aime pas qu’on me fasse perdre mon temps !
- Monsieur, je vous jure que c’est vrai…
- George…dans un monde où nous avons des Mutants, une sorte de Ligue, un Batman ou d’autres monstres costumés, je pense que cela est possible.
- Nous avons déjà géré cela chez nous. Il y a beaucoup de dossiers qui pourraient vous surprendre. Je crois à cette histoire.
- Mieux vaut évacuer les lieux au plus vite. Protocole 15, code rouge ! Go ! Go ! Go ! »

Le gorille crie ses ordres dans sa manche alors que ses collègues poussent les hommes les plus importants de la planète vers une sortie ne figurant pas sur les plans. Mais alors que James se demande ce qu’il va bien pouvoir faire et où il peut fuir, il entend des cris derrière lui. Les molosses dépêchent encore plus les chefs d’Etat et de gouvernement qui commencent à entrer dans le passage secret, mais quelque chose passe soudainement à la gauche du serveur. Il n’a pas eu le temps de voir ce que c’était, tant c’était rapide, mais il pouvait jurer que ça semblait très tranchant et très…bleu.
Alors qu’il cligne des yeux, il entend un TCHOC étrange en face. A peine a-t-il le temps de voir qu’une…qu’une hache vient de se planter juste à côté du passage secret que les gardes du corps se placent en arc de cercle autour du passage secret, prêts à payer de leur vie la protection de leurs patrons. Mais même eux ont un moment d’absence en voyant les auteurs de tout ce remue ménage.

« Putain de bordel de merde. »

James vient de se retourner et tombe nez à nez avec la douzaine de scaphandriers. Ce n’est pas humain. Même si il n’a pas fait énormément d’études, il a déjà fait de la plongée et sait que ce type d’équipement n’a pas été construit par l’Homme. Il ne sait pas ce que c’est, mais ce n’est pas humain. Il déglutit difficilement. Il est dans la merde.
Les gardes du corps ne savent que faire alors que les scaphandriers se placent en rang de trois dans un ordre parfait. C’est une parfaite synchronisation militaire, et ça ne rassure personne. Le fait qu’ils aient pu venir jusque là impliquent qu’ils aient passé les lignes de défense, et ils ont donc une énorme puissance de feu. James sent ses mains trembler et son pantalon s’humidifier. Il voudrait être loin.

Après de longues secondes où les chefs d’Etat ou de gouvernement n’ont pas bougé de leur cachette, à la fois terrorisé et curieux de l’apparition, un des scaphandriers fait un pas en avant et appuie sur un bouton près de son casque. Evidemment, les gardes du corps avaient relevés leurs armes dès qu’il avait bougé, mais il ne s’était pas arrêté. Un jet d’air s’échappe lentement du scaphandre, avant que le casque ne soit totalement enlevé.
Un homme. C’est un homme qui est dans le scaphandre. Même si ça semble impossible pour James, l’être en face de lui est bien humain, et blond de surcroît. On dirait un Américain. Ca ne le rassure évidemment pas.

« Bonjour, messieurs. Je tiens de suite à dire que nous ne devons pas en ennemis, mais en paix. Nous sommes là pour nous faire accepter par l’Organisation des Nations Unies comme nouvel état-membre. Nous nous doutions que vous ne nous croiriez pas si nous prenions rendez-vous, donc nous avons utilisés cette méthode. Soyez rassurés : nous n’allons pas nous servir de vos armes, et aucun de vos hommes n’a été blessé. »

Sa voix est calme et douce, même si l’homme est déjà un peu âgé. Il doit avoir entre quarante et cinquante ans selon James, qui n’est qu’à deux pas devant lui. Derrière, il entend le Conseil de Sécurité discuter entre eux de la politique à suivre. Il se doute que leurs gardes du corps leur expliquent clairement qu’ils doivent partir, mais apparemment, ils ne sont pas d’accords. Ces types sont dingues.
Finalement, après quelques minutes, un homme sort du passage secret. James ne sait pas qui sait avant qu’il n’entende sa voix, étant donné qu’il est pétrifié devant la douzaine d’étrangers. L’homme qui parle est Vladimir Poutine, Président russe et bientôt Premier Ministre. Le Nouveau Tsar. Un ancien patron du KGB. Un malade.

« Votre entrée ici est totalement inopinée et totalement hors de propos. L’ONU n’acceptera jamais une telle démarche. Nous vous demandons de partir. »

Le serveur se retourne légèrement et voit que George Bush est rouge de rage, derrière Poutine. Les gardes du corps les plus nombreux sont russes, et il comprend rapidement que Poutine s’est imposé sans demander aux autres. C’est une humiliation totale pour le Président américain, qui ne sera pas celui qui parlera au nom des autres, ce qui rompt totalement avec la politique américaine hégémoniste. En plus, ils sont à New York, fief américain. James sourirait presque de ça si il n’était pas en présence d’êtres inconnus et plus que mystérieux.

« Je crains que cela ne soit pas possible, monsieur Poutine. Nous sommes ici pour nous faire enregistrer, ou au moins déposer une candidature et nous faire entendre. Nous ne voulons pas la guerre : juste vous avertir que nous existons.
- Mais de quoi parlez-vous ? Il faut être un état pour se porter candidat à l’adhésion onusienne. Et il est assez rare que de nouveaux états apparaissent, en ce moment.
- Notre état n’est pas neuf, monsieur Poutine. Il est même plus vieux que les autres. »

Les sourcils se froncent. James sent qu’il va bientôt s’évanouir.

« Nous représentons Atlantis, monsieur Poutine. Et nous sommes ici avec notre politique isolationniste vieille de plusieurs milliers d’années. Nous espérons que nous serons bien traités et acceptés. »

L’homme blond sourit. Il sait qu’il vient de changer le monde à jamais.


Il n’avait pas toujours su qui il était vraiment. Il n’avait pas toujours su qu’il était quelqu’un d’autre qu’Art MacKenzie, pupille du légendaire Aquaman. Il avait toujours cru être son fils, malgré les différences physiques qu’il avait tout fait pour ignorer. Il se raccrochait à l’idée qu’il ressemblait à sa mère, Marina, et c’est pour ça qu’il ressemblait aussi peu à son « père ». Mais à part les yeux très bleus et sa chevelure blonde, rien dans ses traits n’était de sa mère non plus. Et puis il avait beau aimé Khyamera, il était toujours un peu jaloux du tableau un peu trop idyllique qu’elle offrait avec ses parents. Il comprenait, sans vraiment l’accepter, qu’il ne faisait pas totalement parti de leur univers. Alors il s’était renfermé sur lui-même. Il refusait de sortir avec eux, de profiter des eaux encore chaudes d’un mois de septembre qui s’éternisait. Marina avait remarqué le trouble de son fils, qui approchait de ses douze ans, et de la détresse terrible qui menaçait son épanouissement. Elle avait donc demandé à Arthur de la laisser seule avec lui un moment. Arthur avait compris et s’était retiré avec sa fille, qui se demandait pourquoi Art faisait la tête. Il n’avait pas répondu. Il avait beau être le tuteur du jeune Aquaman, ce n’était pas à lui de dire tout ce que son pupille avait sur le cœur. Il avait donc laissé son épouse lui parler de qui il était vraiment, de son identité qu’on lui avait caché pendant tant d’années. Il savait quelle affection Arthur et sa mère lui portaient, mais il avait besoin de plus.

C’est pour cela qu’il s’enfonçait rapidement dans les profondeurs des grands gouffres sous-marins en direction d’un lieu dont la simple évocation aurait fait pâlir d’effroi le plus valeureux des guerriers atlantes. Les bras collés le long du corps, il se laissait dériver sous l’effet des courants, descendant toujours et toujours plus bas. Il commençait à faire si sombre qu’il faillit percuter une murène qu’il avait vue au dernier moment. Il sortit de sa ceinture une petite fiole qu’il secoua énergiquement pour qu’une petite lumière verte s’en dégage. Il y eut soudain un grand flash et il dut fermer les yeux pour ne pas être aveuglé. La torche était maintenant toute puissante et il pouvait maintenant descendre jusqu’à sa destination, sans crainte d’être aspiré dans les ténèbres ou d’être piégé par une quelconque créature marine dont les légendes narraient les carnages.

Après avoir nagé pendant plusieurs kilomètres, il descendit sur le sol et arrêta de descendre. Il leva sa torche vers l’édifice que l’ombre transfigurait. Les ténèbres se dissipèrent pour révéler un immense bâtiment dont les tours se perdaient en altitude. Les deux portes gigantesques représentaient la gueule d’un monstre marin, sorte de croisement entre un mollusque géant et un requin. Elles étaient scellées par deux énormes barres en fer qui les traversaient de part en part. Art crut remarquer dans les yeux de la statue du monstre une étincelle malveillante apparaître, dans l’espace d’une seconde, pour mieux mourir dans l’obscurité. Il secoua la tête. Cela devait être son imagination. Trop de pression pesait sur ses épaules. Il devait absolument prouver à Namor qu’il était digne de son respect et de son affection. Il caressa nerveusement la garde su sabre qu’il avait glissé dans sa ceinture. Il se sentait observé. Quelque chose bougea derrière lui. S’approcha. Plus près encore. Il sortit le sabre de son fourreau et se retourna, en garde. Il donna un violent coup de pied à l’inconnu qui tomba sur les fesses avec un gémissement apeuré. Surpris de ce son de la part d’un agresseur, Art approcha sa torche mystique de l’inconnu, pour découvrir un pauvre vieillard en haillons, qui se couvrait les yeux de ses mains pustuleuses.
« La lumière, siffla-t-il. Baisse la lumière. »

Voyant que ce pauvre hère ne représentait pas de danger pour lui, Art accéda à sa requête et baissa sa torche. Il observait l’inconnu avec un mélange de dégoût et de curiosité.
« Qui es-tu ? »
Le vieillard ricana doucement en se découvrant les yeux. Il afficha un sourire édenté. Son odeur était tellement infecte quand il ouvrait la bouche qu’Art dut couvrir la sienne.
« Qui je suis ? Mais je peux te retourner la question, jeune prince. Qui crois tu être, Namorson, pour pouvoir jouer en ces lieux maudits ?
- Comment sais-tu qui je suis ?
- Le vieux Tsilchion sait tout, mon prince. La lumière a beau avoir quitté ses yeux depuis des années, l’ancien disciple d’Arion le fougueux sait se tenir au courant des affaires du royaume. Ainsi donc, les rumeurs étaient vrais. Namor est de retour, avec à ses côtés son ancien frère ennemi. Avec ses enfants dans ses bagages. Intéressant… Mais cela n’explique pas ta présence ici. »


Le ton fanatique du vieillard incommodait fortement Art qui gardait son sabre à la main. Il transpirait de ce Tsilchion une aura intrigante et désagréable.
« Ma présence ici n’est pas de tes affaires, vieillard. Maintenant, laisse moi…
- Pénétrer dans la Cité ? »


Tsilchion partit dans un éclat de rire à faire trembler les murs qui environnaient la Cité.
« Pourquoi ris tu, vieux fou ?
- Parce que je ne suis pas le plus fou des deux, jeune prince. Vas-y, claque des doigts, et tu pourras rentrer en ces murs maudits. »

Et il s’écroula encore de rire. Les ricanements caverneux commençaient à énerver prodigieusement le jeune prince, qui détestait devenir l’objet de moqueries. Il décida de se désintéresser de lui et se tourna à nouveau vers la porte. Il s’approcha et tira sur la poignée de métal, lourde et froide. Rien à faire. Les portes ne voulaient pas s’ouvrir. Il chercha quelque chose pour faire levier entre l’espace infime qui séparait la porte du sol. Il trouva un long bâton qu’un Ancien avait dû abandonner là pendant la Dernière Bataille. Il le cala et tenta de pousser doucement, espérant provoquer un mouvement de la part de la porte. Mais peine perdue. Le bâton se rompit. Il grimaça de déception et de rage plus tard, quand il entendit le vieillard éclater de rire une nouvelle fois.

« Est-ce si amusant de me voir échouer, vieillard ?
- Non point, jeune prince. Seulement, ce n’est pas avec un vulgaire morceau de bois que tu parviendras à ouvrir cette porte du passé.
- Avec quoi donc ? »


Tsilchion sortit de ce qui était son manteau une large clef en or. Il la brandit devant son visage en affichant un sourire satisfait.
« Avec ceci. »
Il la jeta au prince qui la rattrapa au vol.
« Pourquoi me la donner ?
- Parce qu’elle ne m’est pas utile. Je ne suis pas assez fou pour jouer mon âme dans ce mausolée. »

Il fit demi tour et commença à s’éloigner.
« Hé, fit Art. Merci. »

Tsilchion tourna la tête sur son épaule et afficha un sourire ambigu.
« Ne me remercie pas, jeune prince. Je ne t’ai donné que la clef de ta damnation. »
Il s’éloigna et finit par disparaître dans les infinis des courants.

Art contempla la lourde porte et poussa la clef dans la serrure. Il fallut qu’il pousse de toute sa force son bras droit. La clef tourna et il entendit un claquement dans la serrure. Les deux portes s’ouvrir et Art sentit sur sa nuque un courant froid et malsain. Il regarda une dernière fois la gargouille que représentait la porte et s’enfonça dans l’inconnu, sa torche toujours à la main.


Il sentait la peine entre ces murs. Des gens étaient morts ici. Il ferma les yeux un instant. Son esprit fut balayé par la Dernière Bataille, celle qui avait fait basculer les Anciens dans l’Ombre. Le sort en était jeté. La lune était haute au dessus des eaux de l’Atlantique et jetait sous les flots les lumières d’un suaire fantomatique. Les Atlantes voyaient cela comme un mauvais présage. Ils combattaient depuis un moment, sous l’égide de Tarkonn, avec l’aide de Mû, de Lémuria et des Seigneurs du Pacifique. Mais les Anciens étaient beaucoup trop nombreux, et malgré la maîtrise des armes et de la sorcellerie des Atlantes, la masse grouillante des ennemis jamais ne semblait diminuer. Ce fut à cet instant précis que Tarkonn prit la décision la plus risquée de son règne. Il défia en combat singulier le Haut Seigneur Gris, éminence suprême des Anciens. Son adversaire ne se rendit pas tout de suite compte que Tarkonn se battait avec l’énergie du désespoir. Il a pris le seigneur Atlante pour un vulgaire gnome qu’il pouvait écraser de sa seule main droite. Mais Tarkonn possédait la lame de la Fin des Temps, cadeau d’un échange culturel avec K’un L’un. Et les sorts du Haut Seigneur Gris furent inefficaces contre cette lame. Sa tête finit plantée au bout d’un pique, alors que ses compatriotes partaient à la débandade. Privés de leur maître sorcier, ils ne pouvaient plus rien face aux archers Atlantes. On raconte qu’effrayé par le comportement étrange de son épée après la décapitation du Haut Seigneur Gris, Tarkonn la cacha dans un endroit maudit, un endroit gardé par les spectres de la Dernière Bataille, qu’ils soient Anciens ou Atlantes. Cet endroit serait la Cité Interdite. Art allait en avoir le cœur sûr.

Il continuait son chemin dans le labyrinthe, essayant de mémoriser sa route pour ne pas s’y trouver piégé. Sur les murs, des inscriptions faites par les Anciens piégés ici après la Dernière bataille. Moins tolérant qu’on ne le disait, Tarkonn les avait enfermés entre ces murs, sans ration, avec pour seule compagnie les cadavres pourrissants de leurs compagnons d’armes. Art trouvait l’idée répugnante pour un Atlante. Il tourna ensuite vers sa droite et se trouva dans une immense pièce ronde, où la lumière de la lune venait frapper un autel de cristal qui illuminait ensuite la pièce entière. Près de l’autel, une épée massive était posée sur un bloc de pierre taillée en espadon. Etait-ce l’épée dont tout le monde parlait ? Il fit quelques pas dans la pièce et approcha sa main, fasciné. Il se sentit brusquement tiré en arrière et repoussé contre le mur. Il gémit de douleur et essaya de se relever rapidement mais un poing massif sortit de nulle part et le cueillit au menton. Il fut encore projeter quelques mètres plus loin et se remit rapidement debout, l’adrénaline le faisant réagir plus vite. Un géant avec des restes de chaînes sur les bras le toisait en se faisant craquer les phalanges. Art sortit son sabre et se mit en position de combat. Ce géant devait être plus rapide que ses membres massifs le laissaient deviner. Il l’avait déjà surpris par deux fois. Une troisième serait malavisée.

« Tu t’es égaré, petit, gronda son adversaire. Ce lieu ne doit pas être visité.
- Qu’y fais tu, alors, cracha Art ?
- Je suis le gardien de l’épée. Je garde l’épée depuis la Dernière Bataille et je la garderai jusqu’à la Fin des Temps, comme son nom le suppose. C’est la tâche que Tarkonn le Grand m’a confiée. Va t’en, petit. Tu vois devant toi les restes des autres opportuns qui sont venus me défier. »

Art baissa les yeux et les flammes de sa torche mystique découvrirent des squelettes encore couverts de morceaux de vêtements. Quel âge devait avoir ce géant pour être le gardien de l’épée depuis la Dernière Bataille ?

Art le regarda et le secoua la tête.
« Je ne m’en irai pas. Je suis venu pour un défi et je l’ai trouvé.
- Alors tu mourras. »


Le géant disparut du regard d’Art. Le jeune prince tourna la tête mais ne vit son adversaire nulle part. Un troisième coup de poing jaillit d’il ne savait où dans son estomac. Le souffle coupé, il se tordit en deux et laissa tomber son arme. Hagard, il regardait autour de lui pour découvrir la position de son adversaire. Peine perdue, il ne pouvait pas le voir. Sa voix retentit entre les murs.
« Va t’en, petit. Je ne suis pas un bourreau, seulement un gardien. »
Pour toute réponse, Art releva les poings. Un nouveau coup tomba sur sa tempe et il s’écroula. Comment ce géant pouvait-il bouger aussi vite et passer inaperçu ? Et quelle force il avait. Une nouvelle fois, Art se releva. Il ferma les yeux et essaya d’écouter. Sur la gauche. Il se baissa prestement et donna un coup d’épée. Un gémissement se fit entendre. Ainsi que des pas qui s’éloignaient. Silence à nouveau. Puis, de rapides bruits de pas, juste devant lui. Il leva son épée et trancha juste devant lui. Il sentit du sang gicler sur son visage ; le géant hurler de douleur. Il s’approcha, toujours yeux clos, de l’autel de l’épée et approcha à nouveau sa main. Le géant hurla.
« Non, ne fais pas ça. Tu risques de déchaîner des évènements dont tu n’as pas idée. »

Art ne l’écouta pas et posa sa main sur la garde et la souleva haut dans le ciel. Elle resplendissait. Surpris que rien d’autre d’extraordinaire ne se produise, le géant tomba à genoux devant Art, à nouveau visible.
« Tu es celui dont on a prédit l’arrivée. Celui qui doit régner pour toujours. C’est le signe. »

Art n’avait pas soif d’ambitions. Il n’avait pas soif de rêves de guerres, de femmes ou d’argent. Seul comptait maintenant la réaction surprise de son père quand il le reverrait rentrer en Atlantis, cette arme à la ceinture. Seulement cela…
 
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