Urban Comics
  Batman #22 : The Killing Joke (6)
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Mars 2007


Chicago.
Chinatown.
Quinze décembre. Cinq heures du matin. Le jour commençait à peine à se lever. Les gens dormaient encore, ou essayaient de trouver le sommeil après les journées extrêmement difficiles et inquiétantes qu’ils vivaient depuis le début de la guerre des gangs. Le quartier était endormit, malgré la présence inquiétante des Hip Sings dans les ruelles. Mais ça n’allait pas durer. Oh non.

Ça faisait à peine dix minutes qu’il était là, mais déjà Batman sentait que quelque chose allait arriver…que quelque chose d’énorme allait arriver. Il se trouvait juste en face d’un orphelinat, d’un de ces bâtiments infâmes perdus au bout d’une vieille ruelle sale et humide, où les enfants survivaient dans d’horribles conditions inhumaines.
Wayne avait toujours essayé de faire enfermer ce genre d’établissements, mais il n’y était jamais parvenu, malheureusement. Et là, son alter ego devait protéger ce qu’il avait toujours voulu détruire. La vie était paradoxale. Surtout pour lui.

Une demi heure plus tôt, Bruce avait dû prendre une horrible, une monstrueuse décision. Cole Cash, finalement vivant malgré le fait qu’il avait autopsié lui-même le corps qui avait créé cette horrible guerre des gangs, l’avait mit devant un choix impossible : ou savoir où les gangs allaient s’affronter pour s’entretuer et décider qui régnerait sur la ville, ou savoir où était Harvey Dent et l’identité du fou qui l’avait enlevé. Un choix impossible, vraiment. Décider entre son envie de sauver et de protéger Chicago ou son amitié envers un homme qu’il avait déjà trahit. Cash s’était vengé, avec ça. Et il s’était vengé de la plus belle des façons.

Mais en fait, Cole n’avait pas fait que ça, et Batman le comprenait, maintenant. Même si il avait commencé à esquisser l’explication de toute cette folie quand il avait vu Cash revenir d’entre les morts, même si il l’avait d’abord vu comme étant quelque peu différent, il savait désormais tout ce qu’il s’était passé, et le pourquoi de tout ceci.
En fait, la guerre des gangs n’était qu’un moyen pour l’ancien Parrain de retrouver son pouvoir. Celui-ci, écorné par les actions de Batman et surtout par son plan avorté de contrôler la police en enlevant l’équipe de Gordon, n’était plus ce qu’il était, et Cash avait su, en bon stratège, voir la fin arriver. Lui qui avait perdu sa femme, son enfant à naître, sa vie, sa réputation, sa carrière et sa liberté durant dix ans n’avait pu se résoudre à perdre tout ce qu’il avait durement construit et tout ce à quoi il avait pensé des années durant, en prison. Et il avait donc agit contre ça.

Wayne ne savait pas encore comment, mais le criminel avait alors créé une sorte de double, de clone de lui-même, et l’avait fait tuer. Vu que personne ne savait comment il était mort et vu que la place de Parrain de la ville était libre, les gangs commencèrent obligatoirement et logiquement à s’entretuer pour occuper l’espace. Chicago tomba alors dans la violence et la folie, et ça servit parfaitement le plan de Cash.
En effet, celui-ci avait décidé de se faire passer pour mort quelques temps. Après, alors que les flics et que Batman n’arriveraient pas à contrôler toute cette folie, Cole avait prévu de revenir, de montrer qu’il n’était pas mort, et de reprendre le pouvoir…en coulisses, cette fois-ci. Ainsi, personne ne saurait comment il avait réussit à se faire passer pour mort, et on avancerait donc des explications pseudos mystiques sur sa vie et son retour…ce qui intensifierait obligatoirement son emprise sur la cité.

En clair, Cash avait tout prévu, et son plan était brillant, vraiment brillant. Il avait vu voir la fin de son règne, et avait agit pour éviter de tomber dans le fossé boueux duquel il avait sortit avec énormément de difficultés. Mais pour ça, Cole avait sacrifié quantité de vies, et en mettaient d’autres en danger…beaucoup d’autres, même. Et ça, ce n’était pas acceptable. Pas acceptable du tout, même.

Wayne avait voué sa vie à la défense des innocents et des faibles, et il avait juré de tout faire pour arrêter les criminels, depuis la mort de ses parents. Ça expliquait donc sa présence ici, où Cash lui avait dit que les gangs étaient prêts à s’entretuer et à massacrer les enfants de cet orphelinat. Apparemment, les criminels avaient décidés de frapper un grand coup pour montrer à quel point ils étaient incontrôlables et monstrueux pour faire bien peur à la ville…et lui annoncer que c’étaient eux les patrons. Mais ils allaient tomber sur un os. Un très, très gros os. Batman.

En effet, même si choisir entre Harvey et cette information avait été extrêmement difficile et monstrueux, il ne regrettait presque plus son choix, maintenant. En voyant les enfants dormir dans les chambres malodorantes et inhumaines, en comprenant que si il n’était pas venu, ces gosses seraient morts…il savait qu’il avait prit la bonne décision. Bien sûr, si Harvey mourrait ou était encore plus choqué, il regretterait ça jusqu’à la fin de ses jours, mais en y réfléchissant, c’était la seule chose à faire. Des gamins contre Harvey. Des innocents contre un seul. Le choix était vite fait, malheureusement.

Enfin, Bruce n’avait pas dit son dernier mot sur Dent.
Même si il avait dû prendre l’information sur l’affrontement brutal des gangs, il savait qu’il pouvait encore s’en tirer sur tous les fronts. Bien sûr, ça serait extrêmement difficile et complexe, mais il pouvait vraiment s’en sortir. Il le pouvait vraiment, oui. Il lui suffisait d’arrêter les criminels avant que le jour n’arrive vraiment, et après de se mettre en chasse de Harvey. C’était possible. Ça serait dur, mais c’était possible. Et il allait y arriver.

Mais avant ça, il lui faudrait stopper cette attaque brutale et violente qui se profilait, et ça ne serait pas simple vu les effectifs en lice. Entre les Hip Sings, les Gaylords, les Latin Kings, les Italiens hérités de la Mafia de Cash et les Russes, il ne manquait que les Black Gangsters Disciples, qui n’avaient pas jugés bons de venir combattre les autres. A ce qu’il savait, beaucoup les traiteraient de lâches et les jours à venir seraient durs pour eux, mais Bruce savait que c’était la meilleure chose à faire : les BGD laissaient les autres gangs se massacrer, et disposeraient des miettes après. C’était brillant, encore une fois. Et il n’aimait pas ça. Trop de criminels étaient intelligents, dans sa ville…Il devrait sérieusement s’en occuper après tout ça…

« Hum… »

Ca commençait.
Les Latin Kings commencèrent à arriver par l’Est, alors que les Gaylords venaient du Nord. Les Italiens et les Russes marchaient, étrangement, côte à côte et venaient de l’Ouest. Ils semblaient avoir fais une sorte de pacte ou de marché, vu qu’ils arrivaient ensemble, et ça ne plaisait pas vraiment à Batman. Si les gangs commençaient à faire des alliances, ça serait encore plus dur de gérer l’après tout ça…Surtout qu’il devrait aussi s’occuper de Cash…

Cash…rien que de penser à ce nom, il sentait la rage monter en lui. Ce chien avait fait semblant d’être mort, sûrement en utilisant ses alliés formant le groupe de mercenaires HALO, pour pouvoir contrôler encore mieux la ville, et il l’avait mit devant un choix impossible. Il devrait vraiment s’occuper de lui, oui. La vengeance viendrait. Mais plus tard. Bien plus tard, malheureusement.

« Ils arrivent…
Il ne manque que les Hip Sings, mais je pense qu’ils sont déjà là…ils doivent se cacher. Ils sont chez eux, après tout. Vous êtes prêts ? Vous êtes sûrs d’avoir vos gilets par balles ? »

Wayne venait de parler aux flics de Gordon qu’il avait appelés en renforts. Dès qu’il avait décidé de sauver des innocents et donc de prendre réellement ses responsabilités en tant que Batman, il avait avertit l’inspecteur en qui il avait confiance, même si ce n’était pas réciproque, et ils avaient décidés d’agir.
Tous les flics de Chicago s’étaient portés volontaires pour cette opération. Même ceux qui bossaient et se battaient depuis le début de la guerre des gangs, même ceux qui étaient blessés et harassés étaient venus. Ils savaient que la fin approchait. Gordon ne leur avait rien dit par rapport au retour de Cash, il voulait le voir de ses yeux pour y croire, mais tous avaient compris que ce combat serait déterminant. C’était, en quelques sortes, le dernier combat…l’affrontement « final » entre les flics et les criminels. Le destin de la ville allait se jouer là. Et tous voulaient en être.

« Affirmatif. Nous sommes prêts. »

Gordon venait de dire ces quelques mots d’une voix déterminée.
Lui qui ne dormait plus et ne rentrait même plus chez lui depuis le commencement de toute cette folie était prêt à tout, ce soir-là. Même si Merkel ne le lâchait pas et l’avait avertit qu’il ferait un rapport serré et violent contre lui, il était venu quand même. James ne pouvait faire autrement, en fait. Protéger et servir avaient toujours été des valeurs fortes pour lui, et même si il allait sûrement perdre sa place à cause de ses liens avec Batman…il s’en fichait. Des vies étaient en jeu. Des innocents devaient être sauvées. Il avait l’obligation d’être là.

« Bien…
Faites attention, les mecs. Même si c’est tendu entre nous, et même si je sais que j’ai fais de grosses erreurs, que je regrette…je ne veux pas de victimes inutiles. On va pas se battre pour nous ou pour notre fierté, dans quelques instants. On va se battre pour des gamins et des innocents qui méritent d’être sauvés. Ne l’oubliez pas. »

Wayne n’était pas habitué à parler autant, surtout en costume et surtout à des hommes qui voulaient l’arrêter ou peut-être même plus, mais…il s’en fichait. Ces flics allaient peut-être sacrifier leurs vies pour des inconnus, et il savait qu’il les avait déçus. Il fallait qu’il dise ça. Il le fallait, oui. Même si, quelques secondes après, ça faisait un peu trop cinématographique, quand même…

« Ca commence… »

En effet, des tirs venaient de se faire entendre.
Comme Batman l’avait prévu, les Hip Sings s’étaient cachés un peu partout dans et autour de l’orphelinat. Alors que les autres gangs s’étaient arrêtés devant le bâtiment et s’étaient préparés à ouvrir le feu, les criminels asiatiques étaient sortis de leurs cachettes dans les poubelles et de derrière les volets fermés de l’établissement pour commencer le massacre. Et les autres avaient suivis.

« Go ! Go ! Go ! »

Bruce venait de hurler dans son micro alors qu’il se relevait, mais trop rapidement. Les douleurs dues à ses combats des derniers jours, au stress et à la fatigue extrême qu’il avait depuis quelques semaines se firent alors sentir, mais il tenta de les oublier. Les flics commençaient déjà à apparaître et à faire feu, mais ils avaient besoin de lui. Ils avaient besoin d’un symbole…de leur symbole.
En effet, même si ils ne l’appréciaient plus, il était quand même le Justicier de la ville…il était celui qui la protégeait. Avec sa réputation, il pouvait faire peur à n’importe qui, et malgré leurs problèmes de confiance, les flics avaient besoin de lui. Et il n’allait pas leur faire défaut. Pas cette fois-ci.

« Police de Chicago ! Police de Chicago ! »

Gordon aussi venait de faire son apparition. Caché jusque là dans un recoin sombre du quartier asiatique de la ville, avec ses collègues, il avait sauté comme un chien fou dès qu’il avait entendu l’ordre de Batman. Tenant dans une main son arme et dans l’autre son insigne, il essayait d’avertir les criminels présents qu’ils devaient poser leurs propres flingues, même si il savait bien que ça ne servirait à rien. Mais il ne voulait pas qu’on puisse accuser ses hommes de n’être pas intervenus dans les règles, et James faisait donc ça, tout en sachant bien que ça ne durerait pas.

« A terre ! Tous à terre ! Police de Chicago ! Police de Chicago ! Vous êtes en état d’arrestation ! A terre ! »

Autour de lui et de ses hommes, l’enfer régnait. Les criminels, étonnés et stupéfaits par l’attaque des Hip Sings et surtout par la présence des flics, s’affolaient, et tiraient dans tous les sens. Les gamins venaient de se réveiller et criaient en pleurant, et ils risquaient d’être atteints par quelques balles perdues dans les minutes à venir. D’autres innocents étaient aussi en danger, d’ailleurs. Et il fallait éviter que des faibles deviennent des victimes. Il le fallait, oui. Il le fallait à tout prix.

« A terre ! »

Juste après ça, Gordon rangea son insigne. Il avait fait ce qu’il fallait. Tout le monde pourrait attester qu’il avait bien avertit les criminels présents des dangers encourus en montrant son insigne, et il pouvait entrer dans la danse. L’inspecteur prit donc à deux mains son arme, et commença à tirer, priant pour être excusé et pardonné des crimes qu’il allait faire, et en espérant que ses victimes seraient moins grandes que celles qui auraient été faites par ceux qu’il tuait…petit espoir, certes, mais espoir quand même.

La ruelle autour de l’orphelinat était un véritable enfer sur Terre, maintenant. Des dizaines, des centaines de balles filaient autour des hommes présents, et plusieurs corps jonchaient déjà le sol. Ce n’était pas un simple combat de rue, c’était devenu une véritable guerre où chaque flic et chaque criminel était un soldat…et se comportait comme tel.
Les hommes faisaient donc tout pour tuer les autres, et les sentiments n’étaient plus de mises. Les criminels savaient que si ils se laissaient arrêter ou faire, ils passeraient un très mauvais quart d’heure au commissariat, sans parler du retour dans leurs gangs respectifs. Et les flics savaient, eux, qu’il fallait protéger la ville et ses habitants…et venger aussi leurs collègues morts depuis le début de tout ceci.
C’était une guerre, oui. Une vraie guerre. Mais qui ne devait pas durer.

« A TERRE !!! »

Une voix…une voix venait de se faire entendre.
Enorme, monstrueuse, extrêmement lourde et terriblement autoritaire. Elle provenait des hauteurs, et les tirs entre flics et criminels s’arrêtèrent quelques secondes, le temps pour tous de lever les yeux et de voir…quelque chose. Quelque chose d’horrible. Quelque chose de terrifiant. Quelque chose d’inhumain. Batman. Batman venait de crier.

« A TERRE, TOUS !!! »

Wayne se tenait sur le rebord de l’immeuble, les poings fermés. Malgré les douleurs, malgré la fatigue, il semblait extrêmement droit, fier et terriblement déterminé. Son regard sombre se posait sur le paysage de guerre devant lui, et sur les trop nombreuses victimes qui s’y trouvaient déjà. Sa silhouette grande, énorme même vue du bas, terrifiait totalement ceux qui avaient levés les yeux vers lui, et il espérait bien en profiter.

« CETTE VILLE EST A MOI !!! A TERRE, TOUS !!! OU JE DESCENDS !!! »

Bruce savait que ça pouvait marcher.
Grâce à sa réputation issue de ses actes de folie, qui avaient réellement terrifiés les flics qui en étaient informés et les criminels qui les avaient connus, pouvait grandement l’aider pour stopper ce combat. Il savait que si il était suffisamment déterminé et suffisamment fort dans ses paroles et son attitude, les gangs pouvaient avoir assez peur pour se calmer quelques instants, et retourner chez eux. Il le savait, oui. Mais ça serait dur. Terriblement dur, même.

« VOUS SAVEZ CE QUE JE PEUX FAIRE !!! VOUS LE SAVEZ TOUS !!! ALORS A TERRE !!! A TERRE !!! OU JE DESCENDS !!! »

Les criminels, comme les policiers, étaient interdits.
Un homme, un seul homme, exténué, fatigué, à bout de force, fragile psychologiquement…il parvenait à leur faire peur. Même si tous savaient qu’ils pourraient le vaincre d’une manière ou d’une autre, ils n’y arrivaient pas. Ils étaient terrifiés. Ils étaient réellement terrifiés. Ils sentaient que cet homme était dangereux. Ils sentaient que même si ils arriveraient à le tuer ou à le vaincre, il ne tomberait pas seul. Ce type…c’était plus qu’un type. Il ne se battait pas pour lui-même, il ne se battait pas pour sa famille…il se battait pour des innocents et des valeurs. Il était prêt à mourir pour elles. Il n’arrivait rien à perdre. Alors que eux…eux avaient trop à perdre.

Même si ils étaient des criminels et même si ils se livraient à d’odieux actes depuis quelques jours, ils avaient des familles…des femmes…des enfants…des parents, aussi. Si ils mourraient, ils perdraient tout ça, mais pire encore…leurs familles les perdraient. Et vu la guerre des gangs et le contexte, ça voudrait dire que ceux qu’ils aimaient n’auraient plus personne pour les protéger, et que donc ils seraient faibles et rapidement tués. Et ça…ça, personne ne le voulait.

Bruce savait tout ça, en fait.
Il connaissait parfaitement la psychologie des criminels pour l’avoir étudiée des années durant après son entraînement avec Ted, et il s’était douté de cette réaction. Si lui et les flics étaient fatigués de cette guerre des gangs, eux aussi l’étaient. Eux aussi ne dormaient plus depuis des jours, eux aussi étaient exténués…et eux aussi, au fond, en avaient assez de tout ceci.

Les luttes de pouvoir, de terrain étaient importantes et le seraient encore après tout cette folie, mais en voyant Batman ainsi, en voyant cet homme déterminé et fort au-dessus d’un immeuble et prêt à fondre sur n’importe lequel de ces types…ils doutaient. Ils doutaient réellement.
Est-ce que ça en valait le coup ? Est-ce que ça valait le coup de se battre encore pour simplement du pouvoir, alors qu’un tel taré pouvait vous faire aussi mal qu’à Cobblepott pour ça, voir même plus ? Est-ce que ça valait le coup de jeter ses dernières forces dans une bataille imbécile, alors que la guerre n’était pas encore terminée ? Après tout, il n’y avait toujours pas de leader du crime…Les affrontements pourraient encore reprendre…demain…Ils pourraient reprendre demain, oui…

Wayne sauta alors dans le vide. Utilisant un de ses grappins portatifs et minimalistes, il lança un mince filet résistant contre un des murs de l’orphelinat, et réussit très bien à se retenir. Il évita donc une chute brutale avant d’enlever le grappin de sa ceinture, et de se réceptionner parfaitement sur le sol devant le bâtiment, alors que plus personne ne bougeait dans cet endroit où, quelques secondes auparavant, l’enfer avait régné.

« J’ai dis… »

Batman se releva alors lentement.
Essayant d’être le plus charismatique, le plus fort, le plus terrifiant possible, il avait usé de sa cape pour faire croire qu’elle faisait partie de lui, et lança un regard extrêmement noir et dur au Latino King le plus proche. Serrant toujours les poings, le Justicier de la ville parla alors d’une voix tranchante et froide, voulant impressionner encore plus les personnes présentes.

« …à terre. »

Il commença alors lentement à tourner la tête autour de lui, essayant de capter le regard de chaque criminel tandis que les flics se mettaient enfin en action et levaient leurs armes vers les gangsters présents, après quelques instants de doute et de peur à son arrivée.

« Ou bien j’interviens, et vous savez ce dont je suis capable. Vous le savez… »

Wayne faisait évidemment allusion à ses actes durant ses instants sécuritaires, mais les criminels ne savaient pas qu’il avait changé…heureusement, d’ailleurs. Si ils avaient été informés du changement de l’homme sous le masque, ils auraient eus beaucoup moins peurs, mais ce n’était pas le cas. Et plusieurs armes commencèrent donc lentement mais sûrement à tomber sur le sol, alors que tous les yeux étaient toujours rivés sur Bruce, qui ne bougeait plus.

« Laissez vos armes. Laissez-vous faire. C’est soit la police, soit moi. Faites le bon choix…le choix de la vie. »

Sa voix était toujours dure et tranchante.
Les hommes de Gordon mettaient les menottes à chaque criminel présent, et Wayne savait qu’ils venaient de remporter une grande victoire. Malgré trop de victimes, malgré sûrement quelques enfants choqués à vie et peut-être même blessés, le pire avait été évité. Et ce, sans qu’il ait eut besoin d’intervenir…du moins physiquement. Et ça, il en était fier.

Après avoir été obligé de se battre contre l’Anarchiste, puis contre Cash, après avoir dû tabasser des dizaines de criminels durant cette guerre des gangs qui tirait à sa fin, voila qu’il avait mit fin à ce combat avec simplement des mots…des mots certes durs et forts, mais juste des mots. Il avait mit de côté sa face brutale et violente pour pouvoir être à la fois Bruce Wayne et Batman, et il en était heureux. Très heureux, même.

« Bon… »

Les gangsters étaient arrêtés. Tous.
Hypnotisés et paralysés par la présence, les mots et le charisme de Batman, ils s’étaient laissés arrêter sans sourciller. Bien sûr, ils étaient persuadés que la guerre n’était pas terminée et qu’ils sortiraient rapidement pour recommencer tout ça…mais ce n’était pas grave. Ils se rendraient bien vite compte de leur erreur, et verraient combien il leur serait difficile de vivre après ça. Mais Wayne s’en fichait. Ils étaient des criminels. A eux d’assumer, après tout.

« Bon. »

Gordon était là. Bruce se tourna alors vers lui, et remarqua du sang sur lui…mais du sang extérieur à son corps. Apparemment, l’inspecteur avait été obligé de tuer ou au moins de blesser, et il portait sur son visage les stigmates de ses actes. Il avait tué, sûrement. Et par la faute de Wayne. Mais il savait que ça avait été nécessaire. Que ça avait été la seule solution, malheureusement, à cette folie.

« C’est fini ? »

Sa voix était fatiguée et lasse. Comme lui, d’ailleurs.

« Pas vraiment. Il faut encore que Cash intervienne.
- J’aime pas ça.
- Moi non plus.
- Vous êtes au moins sûr que c’est lui ? »

Bruce ne savait quoi répondre. L’homme qu’il avait rencontré ressemblait vraiment à l’ancien Parrain, mais…il avait quelques doutes. Quelques légers doutes. La taille n’était pas la bonne, le visage était moins marqué, et il y avait surtout le corps qui reposait au Wayne Hospital et qui était vrai. Il ne savait pas comment Cash avait pu se débrouiller pour créer une telle copie, et il doutait donc. Il doutait terriblement, même si il ne trouvait pas d’autre explication logique à l’homme qu’il avait vu quelques heures plus tôt.

« Oui. »

Bien sûr, il mentait, mais il ne voulait pas alarmer Gordon. Peut-être que ses doutes ne relevaient que de la paranoïa ou de la fatigue…après tout, il était exténué et avait besoin de repos. Peut-être, oui…Mais il faudrait quand même qu’il se penche là-dessus…

« Hum…C’est bizarre qu’il soit pas mort, finalement…
- Je n’aime pas ça non plus.
- Vous allez vous en occuper ?
- Je ne sais pas. Je devais aussi me laisser arrêter, vous vous rappelez ? »

Gordon sourit à ce moment-là.

« Je me rappelle. J’ai une bonne mémoire, vous savez. Mais j’ai de bons yeux, aussi. Et ce que je vois, c’est que vous avez évité un bain de sang en menant mes hommes comme il le fallait, et en faisant ce qui devait être fait il y a quelques minutes. Je vous aime pas, Batman. Je vous arrêterais si je le peux si vous dépassez encore les bornes ou si vous ne m’êtes plus utile. Mais j’ai besoin de vous. Cette ville a besoin de vous. Donc laissez tomber ça…on s’en occupera un autre jour. »

L’inspecteur se retourna et parla encore une fois, souriant toujours en pensant qu’après tout, ce type pouvait peut-être encore les aider, si il ne recommençait pas ses conneries.

« Prenez ça comme un cadeau de Noël à l’avance. Profitez-en, alors…et déguerpissez de là. »

Bruce sourit alors, lui aussi, et ne se fit pas prier pour disparaître. En quelques secondes à peine, il était partit de la scène d’affrontements entre les flics et les criminels, et se retrouva quelques toits plus loin, observant la ville alors que ses muscles ressentaient désormais la douleur et la fatigue de tous ses actes, maintenant que l’adrénaline et l’excitation avaient disparues de son corps.

Il avait réussit.
Il avait réussit à stopper cette attaque, et ce sans un bain de sang. Bien sûr, il y avait des victimes et il le regrettait, mais le pire avait été évité. Demain, Cole Cash montrerait aux restes des gangs qu’il était de retour, qu’il était bien vivant, et reprendrait sa place. La ville retrouverait un léger calme, et il pourrait alors s’occuper de son autre problème…Harvey Dent. Retrouver Harvey Dent.

Evidemment, avec son ami toujours disparu et aux mains d’un taré, le tableau était laid, mais Bruce était quand même quelque peu content. Il était parvenu à stopper la guerre des gangs, même si c’était quand même une défaite personnelle, et à sauver des vies. Et mieux encore, il avait réussit à se contrôler, à contrôler ses penchants violents et destructeurs. Ce n’était pas si mal, au fond.

Soudain, alors qu’il se préparait à rentrer chez lui pour prendre du repos, ayant décidé de chercher Dent le lendemain car étant vraiment exténué, Wayne sentit son biper vibrer. Celui-ci ne fonctionnait presque plus maintenant que Gordon ne lui faisait plus confiance, et il fut donc extrêmement surprit en le prenant dans ses mains…avant qu’un énorme sourire n’apparaisse sur son visage.

« Hum… »

Un numéro venait de s’afficher. Un numéro de portable qu’il connaissait extrêmement bien, pour avoir offert l’appareil à celui qui l’utilisait. Alfred. C’était le numéro d’Alfred. Et le fait qu’il faisait vibrer son biper ne voulait dire qu’une chose : il était de retour. Son majordome, son confident, son allié…son ami, même, était de retour. Il l’avait pardonné, ou du moins avait commencé à le faire et voulait lui parler.

Batman commença alors à rapidement courir sur les toits de Chicago, impatient de rentrer chez lui. Gordon lui en voulait moins, ou voyait à nouveau son utilité. La ville était sauvée, même si il avait perdu sa fierté. Des innocents avaient été protégés. Il avait contrôlé son mauvais côté. Alfred était revenu. La soirée n’était pas si mal, au fond…Wayne n’aurait plus qu’à mettre toute son énergie à retrouver Harvey, et tout irait bien, alors…Et il allait tout faire pour que ça arrive…Il allait vraiment tout faire pour retrouver un peu de paix et un peu de bonheur…C’était tout ce qu’il voulait…Et il ferait tout pour y arriver…Absolument tout…
 
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