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  Batman #37 : Qui est Batman ? (1)
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2008

« Faits divers : un nouveau cadavre a été retrouvé dans les rues de la ville, dans le quartier italien. L’homme était habillé comme Batman, et cela fait donc la quatrième personne qui a voulu remplacer Bruce Wayne dans son rôle de protecteur de Chicago. Le maire prépare une conférence de presse pour demain matin, où il communiquera sur ce qui semble être le nouveau jeu à la mode. Ce qui est certain, c’est… »

D’un geste las, il éteint le poste et soupire. Il ne supporte pas ça : il n’aime pas que l’héritage de Bruce soit ainsi violé et tourné en dérision. Ceux qui veulent le remplacer doivent sûrement être de bons types, mais ça n’est pas pour ça qu’ils ont la carrure pour faire ça. Il n’y avait qu’un seul Batman, et il est mort. Que Dieu aide Chicago, elle en a bien besoin.

Lentement, il se lève et ouvre la porte de son frigidaire, en quête d’une bière…tiède, malheureusement. Cela fait longtemps que l’appareil ne fonctionne plus qu’à la grâce de coups de pied savamment placés, et qu’il doit être remplacé. Mais il faut de l’argent, et il n’en a pas. Le peu qu’il avait, il l’a dépensé il y a longtemps pour des choses qu’il jugeait plus utiles, et qui le sont. Seulement, elles ne rafraîchissent pas les bières, et une telle tiédeur relève quand même de l’hérésie.
Bien sûr, il pourrait demander à ses anciens élèves de l’aider, de lui donner de l’argent. Ils répondraient tous oui, mais ce n’est pas pour ça qu’il va le faire. Ted Grant a une certaine fierté. Mal placée, certes, mais présente quand même.

« Bruce…pourquoi t’as fait ça… »

Regardant par une des deux fenêtres de son minuscule appartement deux pièces, le quinquagénaire se fatigue les yeux à essayer de trouver un quelconque criminel dans les rues sordides jouxtant son vieil immeuble. Il est né ici, y a vécu toute sa vie et y mourra sûrement. Wayne et les autres ont tout fait pour le faire sortir, mais il n’a jamais accepté. Pour eux, leur première demeure n’est pas très importante : ok, ça les touche parfois quand ils y repensent, mais rien de plus. Pour lui, c’est autre chose. Cet appartement, ça fait partie de lui, et il ne peut s’en passer. Sans lui, il n’est plus vraiment lui-même, et il a trop besoin de se retrouver en ce moment pour le perdre.

Bruce Wayne a été son meilleur élève, et un de ses vrais amis. Il n’en a pas eu énormément, et beaucoup sont morts : Alan Scott a apparemment disparu dans des circonstances étranges, et le vieux Jay Garrick est devenu flic sur la Côte Ouest. Etrange de se dire que l’ancien petit voleur des bas quartiers fait désormais régner la Justice dans une des plus grandes villes du monde. Mais bon, lui-même a eu droit à son lot de changements…et de douleurs. Comme tout le monde, finalement.

Seulement, là, il souffre beaucoup plus qu’il ne le voulait. Bruce ne lui avait jamais dis qu’il était Batman : il l’avait toujours su au fond de lui, mais il n’en a jamais eu la confirmation. Ça l’avait un peu déçu de l’apprendre à sa mort, mais immédiatement la douleur remplaça cette légère frustration. Son ami était mort, et le temps avait été aux larmes…normalement suivi de celui de la vengeance. Mais il ne sait pas si il pourra en être capable.

Bien sûr, Alfred l’a déjà contacté, sur le sentier de la guerre. Il a apparemment fait alliance avec Gordon et Dent, ceux qui ont le plus subi l’influence négative de Bruce dans la ville. A eux trois, ils veulent se faire le Joker, ce taré qui a tué leur ami et mentor pour certains. Ça se comprend, et si ça n’avait pas été pas lui, Ted serait déjà avec eux. Seulement, la personne morte est Bruce Wayne, et ça change tout.

Il finit sa bière en une gorgée, grimace à cause du mauvais goût et la jette par la fenêtre. Il est usé, et il le sent encore plus avec ça. Il avait fondé tous ses espoirs en Bruce, et maintenant qu’il est parti, il ne sait pas ce qu’il doit faire. Wayne était son héritier, l’homme capable de véritablement sauver Chicago comme lui avait tenté de le faire des années auparavant. Si un type avait réussi à le tuer lui, avec tout son entraînement et sa force, comment un vieil homme comme lui aurait-il une chance ? Comment pouvait-il même penser à faire ça ?

Grant soupire et colle son front à la vitre sale. Il a honte de penser ça, mais il sait qu’il ne pourra pas tenir la mesure face à ce taré, et Alfred et les autres non plus. Il ne doit pas penser à abandonner, mais il a terriblement peur…il ne veut pas mourir. A l’approche de la fin de sa vie, alors qu’il en a dépassé la moitié, cette terreur le prend, comme elle a pris des dizaines d’autres avant. Jadis, il a bravé la mort à tant de reprises, il a ri à sa face avant de s’enfuir, et maintenant il craint de juste remettre son vieux collant…et il ne sait pas quoi faire contre ça.
Au fond, il sait qu’il a raison d’avoir peur : il ne sera pas à la hauteur. Mais il se rappelle ce qu’il a vécu, ses attitudes, et il sent que ce n’est pas bien, que Bruce mérite mieux. Si il était là, encore, il n’oserait même pas le regard dans les yeux à cause de toutes ces pensées, mais…il ne peut pas les contrôler. Bien sûr, avant, il était brave, mais c’est bien plus facile de ne pas tenir compte de sa propre disparition quand on a trente ans et une condition physique parfaite : on pense qu’on ne peut pas mourir. Quand on devient un vieillard et qu’on comprend que le meilleur est passé, que tout ce qui reste à faire est d’essayer de s’accrocher un peu désespérément en sachant que c’est perdu d’avance, c’est beaucoup moins simple…

« Putain. »

Ted se retourne et pose son regard sur ce qu’il a récupéré chez Bruce, avant que les flics de la ville ne se mettent vraiment à chercher. Même si Alfred a fait sauter toute la cave, Wayne avait apparemment prévu d’autres cachettes, et Ted était tombé sur l’une d’entre elles. Maintenant, il a un costume de Batman, et il le fixe depuis des jours. Il est mieux que celui de Wildcat, c’est sûr, et il est certainement plus moderne que lui. Il est plus beau, aussi. Et il représente plus.

Sans s’en rendre compte, le vieil homme a le tissu entre ses mains, et des larmes coulent sur ses vieilles joues meurtries. Il n’est plus jeune, il n’a plus le physique pour ça, mais…la ville a besoin d’un Batman. Et même si il ne peut plus faire ça, il trouvera un moyen pour rendre à Chicago son protecteur. Par n’importe quelle voie…




« Tony, dis-moi que c’est la prochaine…putain, dis-moi que c’est la prochaine…
- J’en sais rien. »

Un regard noir accueillit la réponse, alors que les deux hommes couraient dans les rues sombres de la banlieue de Chicago, chacun chargé d’un grand sac en carton. Ils venaient de dévaliser une maison, mais malheureusement le propriétaire des lieux s’était réveillé. Chicago comptait désormais une âme en moins, et leurs consciences allaient avoir besoin de beaucoup de verres pour ne pas les réveiller les nuits à venir.

Tournant à l’aveuglette dans une ruelle inconnue, ils se trouvèrent face à une nouvelle allée contenant des maisons identiques qu’ils ne reconnaissaient pas. Ils étaient venus deux heures plus tôt dans leur véhicule, une vieille Ford trafiquée, mais ils n’arrivaient plus à retrouver son emplacement, et ça n’aidait en rien leur angoisse de se faire prendre après ce qu’ils avaient fait. Ils tenaient fermement leurs armes entre les doigts, tentant de trouver un peu de réconfort dans l’objet froid qu’ils avaient en si haute estime.

« Merde…on est perdus…
- Ah ouais ? J’aurais jamais compris tout seul ! Putain, quelle connerie…on va se faire choper, mec…
- Mais nan ! On peut s’en tirer ! Suffit de retrouver la caisse, de filer à la planque et de pas y bouger !
- Merde, ça fait un putain de temps qu’on court dans la rue, tu crois qu’aucun de ces richards nous a remarqué ? On va se faire avoir dès qu’on sera endormi, crétin !
- Quoi, crétin ? C’est toi le crétin, ouais !
- C’est pas moi qui nous a amené ici, hein ! C’est toi qui as eu l’idée !
- En fait, vous êtes des crétins tous les deux. »

Les deux hommes s’arrêtèrent de courir et se tournèrent, mais déjà le dénommé Tony tombait au sol, un trou sanglant au milieu du front.

« Deux crétins morts. »

Le second fut aussi abattu, aussi rapidement que le précédent. Son corps tomba lourdement au sol, alors que leur assassin sortait de l’ombre. Habillé d’un grand imperméable beige sale, le visage recouvert de bandelettes, il était connu dans le milieu sous le nom de Silence, était craint à la fois par la police et par la pègre. Il semblait n’obéir qu’à lui-même et à un code de l’honneur complexe et étrange, et bien peu avait réussi à lui parler sans se faire tuer. Bruce Wayne avait été de ceux-là, et sa mort avait elle aussi une source de réflexion pour lui.

Alors qu’il rangeait son arme dans son imperméable, il se demandait pourquoi il réagissait ainsi. Bien sûr, Batman avait été un ennemi appréciable et honorable, mais cela restait un ennemi…il aurait donc logiquement dû être content d’apprendre sa mort. Pourtant, depuis deux semaines, il ne se sentait plus pareil. C’était comme si quelque chose avait changé, comme si il manquait un ingrédient à sa vie et à sa croisade. Peut-être Wayne était-il plus important qu’il ne l’avait pensé.

Après tout, il avait été un des seuls à approcher de son secret, et un des seuls à parvenir à combattre dignement avec lui. Même si il était dans le déni vis-à-vis de ce qu’il fallait faire pour les criminels, ça n’empêchait pas que cet homme était quelqu’un qu’il était fier d’avoir combattu…et dans l’absolu, il regrettait même sa mort. Seulement, il avait encore du mal à l’accepter.

Même si ils avaient des conflits, Batman représentait quand même une sorte de contraire qu’il appréciait d’avoir, mais maintenant qu’il avait disparu, Silence se demandait comment il allait continuer. Il était évident qu’il ne pouvait revenir en arrière et qu’il se devait d’accomplir la suite, mais avoir un tel ennemi était…stimulant. Oui, c’était ça, et ça lui faisait même du bien de se dire qu’en agissant comme il le faisait, il allait contre ses principes et l’énervait. Même si c’était accessoire, ça restait une petite victoire, et un petit défi lancé à quelqu’un qui lui ressemblait énormément. En quelques sortes, Wayne avait été comme un cousin éloigné qu’il aimait bien même si il ne pouvait accepter son comportement…mais il était mort maintenant. Et ça lui faisait bizarre.

Que faire ?
Tout son être lui criait de continuer sa croisade, et c’était ce qu’il allait faire. Mais l’homme qui avait tué Wayne était encore dans la nature, et une partie de lui demandait à ce qu’il s’en occupe. Elle était minoritaire, mais elle avait de bons arguments…et surtout, elle semblait servir la bonne cause. Batman avait été dans le faux, il avait été son ennemi. Ca aurait dû être à lui de le tuer : c’était son adversaire, sa victime désignée. Quelqu’un lui avait pris sa cible, et cela devait être payé dans le sang.

« Tu dois être vraiment perdu dans tes pensées pour te laisser avoir ainsi. »

Immédiatement, Silence sortit son arme pour répliquer mais à peine son retournement entamé qu’il sentit contre sa joue droite le canon d’un flingue. Il avait été piégé parce qu’il avait pensé à Wayne, et il le maudit intérieurement de lui avoir coûté l’avantage de la surprise. Si il était encore vivant, il le lui ferait payer.

« Qui es-tu ?
- Ici, c’est moi qui pose les questions, d’accord ? »

L’homme n’était pas de Chicago : il connaissait tous les tarés costumés qui osaient se montrer, y compris ces deux gamines qui ne faisaient pas encore grand-chose de mal mais qui arriveraient bientôt sur son agenda. Non, ce type était nouveau, et avait un aspect étrange : habillé d’une combinaison en kevlar avec plusieurs sacoches un peu partout, deux étuis sous les épaules et des gants, il semblait tout droit sortit d’un film d’espionnage. Seulement, son visage recouvert d’un masque blanc avec des symboles étranges modifiait cette idée et rendait le tout très étrange…trop, à son goût.

« Je sais qui tu es, Silence, et j’avoue que j’ai une grande envie d’appuyer sur la détente. Seulement, j’ai besoin de toi : je suis ici pour retrouver le Batman, et je sais que tu es le seul qui connaisse assez la ville pour m’aider. Tu as donc le choix : ta vie ou ton aide. Alors ?
- Tu parles trop, et tu n’es pas la Question originelle. »

La réplique avait été cinglante et dure. Il avait entendu parler de l’homme qui avait en premier usé de ce masque, et il avait apprécié certains de ses articles, même si le style était très mauvais. Il avait appris qu’un successeur avait pris la relève, mais il avait mis ça sur le compte de délires de piliers de bars. Apparemment, les délires avaient pris pied dans la réalité.

« Je sais, mais ça n’est pas pour ça que tu ne dois pas me prendre au sérieux. En plus, c’est moi qui tiens l’arme.
- J’en ai une aussi.
- Faux : tu as une dans la main, et trois autres dans ton imperméable, un couteau dans la botte droite, une grenade derrière à ta ceinture et un pistolet un coup dans la manche gauche. »

Pour une des rares fois de sa nouvelle vie, Silence fut impressionné, et il n’aimait pas beaucoup ça.

« Bien joué, mais je ne vois pas pourquoi je t’aiderai. Bruce Wayne est mort, j’ai vu son cadavre.
- Je sais. Mais le Batman est encore vivant, et il se cache. Je veux le retrouver.
- Je t’ai dis que Wayne est mort.
- Oui, mais j’ai quelque chose d’important à te dire, mon cher Silence… »

L’homme aux bandelettes sentit le sourire derrière le masque de celui qui le menaçait encore.

« …le Batman n’était pas Bruce Wayne. Et je peux le prouver. »




Plus loin, Alfred Pennysworth sortit de sa voiture en claquant la porte, la cigarette au visage. Celui-ci était totalement différent : oubliée la moustache, oubliée la calvitie naissante. Avec désormais une peau lisse et une perruque sombre, il semblait avoir rajeunit de vingt ans, et ça lui faisait du bien. Beaucoup de choses étaient revenues, aussi, et il se sentait un autre homme. La vengeance changeait les gens, mais lui se retrouvait plutôt.

James Gordon le suivait de près, et lui aussi avait bien changé. Le crâne rasé, avec une barbe fournie, il avait décidé comme son nouvel ami de changer de look pour mieux intégrer les bas fonds de Chicago et retrouver celui qui leur avait coûté leur ami. Le Joker n’avait plus que quelques jours devant lui, mais eux seuls le savaient…pour le moment.

« T’as ce qu’il faut ?
- Oui : je suis armé, et j’ai le fric.
- Bien. Ça ne va pas être facile…
- Je sais, j’ai déjà fait des descentes ici. Je me fais plus de souci pour toi.
- Ne t’en fais pas : avant de m’occuper de Bruce, je me suis un peu alysé, et il ne devrait pas y avoir de problème.
- Ouais…j’espère. Ne compte pas sur moi pour te sauver la mise, j’aurais assez de mal à m’occuper de moi.
- Oui, mais le but n’est pas de faire un massacre, d’accord ?
- Bien sûr, mais ça se voit que ça fait longtemps que tu n’es plus dans ce milieu. »

Alfred devina un sourire sous ses poils, et les deux hommes soupirèrent avant de pousser la porte de l’entrepôt usé qui se trouvait sur les docks de la ville. Normalement, un contact devait les attendre pour leur dire où trouver le monstre qui leur avait pris leur ami, mais ils savaient tous deux que ça ne se passerait pas bien. C’était pour ça qu’ils avaient ramené des armes, et qu’ils avaient mis à l’écart Harvey Dent. Il n’était pas encore prêt pour ce genre de choses, si tant est que ça soit le cas un jour.

Seulement, alors qu’ils s’attendaient à tomber sur un simple bar clandestin qui faisait aussi place de vente pour tout ce qui était illégal en ville, les deux hommes arrivèrent en plein combat. L’énorme entrepôt était un monstrueux champ de bataille, des corps inconscients traînaient par terre au milieu de tables détruites et de drogues laissées à l’abandon. Il semblait que la Troisième Guerre Mondiale avait éclaté quelques heures plus tôt, et qu’ils arrivaient pour sa conclusion au milieu des ruines de la place de combat. C’était impressionnant, mais terrifiant aussi.

« Qu’est-ce qu’il se passe ici ? »

Alfred n’en croyait pas ses yeux. Dans sa jeunesse, il avait déjà vu et participé à ce genre de choses, mais c’était des années auparavant, et il devait bien avouer qu’il avait légèrement vieilli, et qu’il n’était plus vraiment habitué à tout ça. Les yeux passant sur chaque corps vaincu, la bouche ouverte, il laissait éclater sa surprise, semblant se ficher totalement du monde qui l’entourait et de la cause de tout ça. Ce ne fut que les mots froids et secs de Gordon qui le tirèrent de sa torpeur, pour mieux le faire tomber dans l’incompréhension la plus pure.

« Alfred…mon dieu…regarde… »

James lui montra une forme qui continuait à combattre les derniers consommateurs de l’entrepôt. Même si ils étaient trois et lui seul, c’était bien la personne unique qui avait l’avantage, et il se faisait un plaisir de frapper violemment les corps déjà fatigués qui se présentaient à lui. Evidemment, ce n’était pas le fait que quelqu’un puisse se battre ainsi qui les choquait – ce n’était qu’un combattant de rue, sans aucune technique et juste la force de ses poings et ses réflexes – mais plutôt son accoutrement.

« Seigneur… »

Il portait un costume.
Entièrement noir, de la tête aux pieds, il avait une sorte de cape dans le dos, mais elle était quelque peu déchirée par ci, par là, et ne formait pas un ensemble très joli à voir. Sa boucle de ceinture était en argent et n’était pas fermée, certainement à cause du combat et de ses mouvements brusques et violents qui l’avaient détachée. Il avait un simple pantalon et un simple t-shirt, certainement renforcé par une protection, mais rien de professionnel. Seulement, son crâne était recouvert d’une capuche qui cachait tout son visage, en dehors des yeux protégés par d’apparentes lunettes de plongeur modifiée. Cette capuche comportait deux pointes qui faisaient des cornes, et sur son t-shirt, l’homme portait un symbole que tous deux ne connaissaient que trop bien. Peinte à la bombe, une chauve souris jaune attirait immédiatement l’œil et faisait comprendre à tout le monde qui il était.

Le Batman. Cet homme se prenait pour le Batman. Et c’était plus qu’ils ne pouvaient accepter.

Menés par une même colère et une même indignation, les deux hommes sortirent leurs armes et foncèrent vers leur nouvel adversaire. Celui-ci venait de disposer de ses adversaires en les faisant violemment tomber au sol, mais sans grande technique. Même si il s’en sortait bien, il était clair qu’il ne connaissait pas les arts martiaux et qu’il s’en remettait aux bons vieux coups qui se donnaient dans les combats de rue. Seulement, cela semblait très bien fonctionner, aussi, même si ça ne faisait pas très peur à James et Alfred.
En effet, ceux-ci étaient finalement habitués aux affrontements : Alfred savait jadis très bien se défendre, et Gordon était un ancien flic. Face à un tel imbécile, ils ne devraient pas avoir de problème.

Néanmoins, alors que Pennysworth s’était arrêté pour mettre en joue leur adversaire, celui-ci sortit une sorte de longue lame avec un manche, plus un pic à glace qu’un véritable couteau finalement. D’un geste rapide, il le lança vers l’ancien majordome, et celui-ci sentit une violente douleur dans l’épaule droite. Il lâcha son arme alors qu’il tombait à la renverse sous la douleur et le choc, et James Gordon tenta alors de tirer sur celui qui osait s’habiller ainsi. Celui-ci n’évita pas vraiment la balle : elle effleura son flanc gauche, et son costume noir commença à s’empourprer légèrement. L’ancien policier peut sentir la rage dans les yeux de l’homme qui roulait au sol, blessé et énervé.

Ne voulant pas lui laisser le moindre temps de repos, Gordon le visa à nouveau, mais son adversaire fut plus vif que lui et se jeta en avant, le déséquilibrant dans sa chute. Désormais au-dessus de James, l’homme masqué décocha un violent uppercut au menton, et enchaîna sur un crochet du droit. Les genoux dans le ventre de l’ancien flic, il le dominait totalement et lui envoya encore un duo de poings, avant de se relever difficilement. Sa blessure semblait le faire souffrir, mais il essayait de le cacher ou au moins d’éviter que du sang ne sorte de son costume. Apparemment, il était fiché dans les banques ADN de la police, ou quelque chose du genre, et ne voulait pas se faire retrouver. Alfred se promis de faire des recherches quand la douleur serait moins insupportable.

Subitement, l’homme costumé se tourna vers Pennysworth et le dévisagea longuement, comme si il l’avait déjà vu ou…le connaissait. Il était grand, fort et avait une attitude extrêmement charismatique, malgré son costume un peu fatigué et fait trop rapidement. Il saignait, mais serrait les dents pour montrer qu’il n’en tenait pas compte et que des choses plus importantes passaient avant. Entouré de son simili de cape, cet homme était vraiment impressionnant, et…et il lui rappelait Bruce.
Même si il refusait de se l’avouer, il lui faisait vraiment penser à son ami, à cet instant précis avec cet air et cette force. Un doute terrible lui apparut alors : et si c’était lui ? Et si il n’était pas mort ? Bruce avait eu des soucis psychologiques, il aurait très bien pu replonger et fausser sa mort pour repartir sur de nouvelles bases…après ses dérives précédentes, ça serait très possible. Est-ce que c’était lui ? Est-ce que c’était Bruce Wayne ? Même si il avait authentifié le corps, il avait toujours espéré que son ami ne soit pas mort…peut-être la réalité rejoignait-elle le rêve aujourd’hui…

« Le monde change. Je n’ai plus besoin de telles attaches. »

L’estomac d’Alfred se serra après ces quelques paroles. Son hypothèse prenait pied, mais sa voix était tellement différente, tellement plus jeune et moins maîtrisée…peut-être faisait-il exprès, mais peut-être était-ce quelqu’un d’autre…ou bien vraiment Bruce…Il n’en savait plus rien, et était plus perdu que jamais.

« Je change. Et je n’ai plus besoin de toi. »

D’un geste rageur, l’homme frappa Pennysworth à la tête, et celui-ci tomba immédiatement dans l’inconscience. Son agresseur soupira et regarda la salle entière. Il s’en était bien sorti, mais ce n’était que le début : sa nouvelle vie commençait, et il était temps de s’en prendre à celui qui lui avait fait tant de mal. Il était temps de se venger du Joker.


Petit cadeau pour nos chers lecteurs : le look du "nouveau" Batman par Geoff.
 
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