Urban Comics
  Daredevil #8 : Dura lex, Sed lex
 

Auteur : Diablo
Date de parution : Février 2005

Parfois un de ses souvenir refait surface. Pas grand chose, juste un morceau de sa vie avant que tous ses souvenirs soient en son et odeur. Il se rappelle d’un week-end à la campagne avec son père et sa mère. La situation de sa famille était meilleure à l’époque, son père était un champion de boxe et sa mère était en vie. Lui avait à peine 6 ans, mais il se souvient de ce voyage, comme le moment le plus beau de sa vie. Il ne s’était pourtant rien passé d’extraordinaire. Ils avaient juste pique niquaient sous un vieux chêne. Sa mère avait d’ailleurs fait remarquer que cela faisait terriblement cliché. Mais Matt s’en fout. C’est le souvenir d’une vie heureuse, le souvenir d’une famille unie.
Ensuite sa mère est morte, alors il a voulu s’occuper de son père mais il était trop jeune, trop jeune pour prendre en charge la loque qu’était son père. Il s’en veut aujourd’hui. Il aurait du être là. Il aurait du le protéger, l’aider. Il aurait pu peut-être faire quelque chose. Lui parler plus souvent, passer plus de temps avec lui. Il avait l’espoir qu’un jour son héros se réveillerait, qu’il lui ferait une omelette aux lardons comme avant. Qu’il sortirait de son coma, qu’il verrait qu’il lui restait un fils. Mais ils lui ont enlevé tout espoir. Ils ne lui ont laissé qu’une tombe de plus à fleurir. Ils l’ont abattu comme un chien. La bible dit « Œil pour œil, dent pour dent ». Pendant son année d’entraînement, il n’avait jamais cessé de penser à ça. C’est ce qu’il le faisait tenir, savoir que s’il devenait fort, il pourrait venger son père, leur faire payer jusqu’au centuple.
Il mit ses gants, prépara en silence ses affaires. Son masque sur la tête, les bâtons dans la ceinture de son pantalon. Il était prêt, ils allaient tous mourir. Il allait mettre leurs systèmes nerveux à l’air libre, jouer avec leurs veines, entendre leurs derniers battements de cœur… Il devait dompter sa colère. L’utiliser comme une arme, aussi sûr que celles qu’il tenait dans ses mains. Il souffla un peu. Il savait où ils se trouvaient, ne pas foncer, réfléchir…
Accroupit sur le toit il patientait. Cette attente lui permettait de réfléchir, de repenser à certaines choses. Il avait tué dans le passé, massacré des vies en représailles de la sienne. Mais il savait que lui seul était coupable. Lui seul avait vendu de la drogue ce qui avait eu pour conséquences de le rendre aveugle. Lui seul avait accepté le pacte du démon, ce qui avait détruit ce qu’il lui restait de famille. Pendant une année il avait repensé à tout ça, sa responsabilité, ses engagements. La Main devait mourir aujourd’hui. Pas seulement pour le meurtre de son père, pas plus que pour l’Oni. Ils devaient payer pour tout, Matt avait découvert qu’ils étaient impliqués dans divers trafiques, meurtres, chantages.
Alors il allait rentrer et… non…non… il ne pouvait pas les tuer. Il en avait envie, mais il avait déjà trop de sang sur les mains. Le dernier moine, celui d’hier soir se trouvait dans un hôpital sous bonne garde. Les flics voulaient l’interroger dès qu’il sortirait du coma. Daredevil ne tuerait plus. Ce surnom lui fut donné car il était une tête brûlée*, alors il faisait tout depuis pour que Stick arrête de l’appeler comme ça. Aujourd’hui le test ultime venait d’arriver. Allait-il les tuer tous ou pas ? Allait-il suivre son instinct de tueur ou sa tête ? Mais il avait fait son choix il y a plus d’une heure. Il sourit sous son masque. Son père aurait été fier, son fils était devenu quelqu’un de bien.
« Tu as montré que tu étais puissant Matt, montre-toi digne de ma mort… »Cela avait été les dernières paroles de son ami. Il s’était sacrifié pour qu’il vive. Il fallait qu’il montre qu’il était puissant, et la vraie puissance ne se trouve pas dans ses poings. Son agilité, ses sens, sa science du combat, tout cela n’était rien comparé à son esprit. Il avait compris le message.
Il avait appelé les flics. Matt n’avait fait que jouer l’indic. Il aurait voulu s’en occuper lui-même, mais parfois il faut s’en référer à une loi, sinon tout n’est que chaos. « Dura lex, sed lex » La loi est dure, mais c’est la loi. Pour lui cette locution avait une toute autre signification. Il lui sera difficile de rester du bon côté de la loi maintenant. La tentation d’appliquer sa propre justice sera toujours forte, mais il se devra de l’être encore plus. Il écouta l’assaut, les forces de New York avaient bien fait leur travail. La secte venait d’être démantelée, les coupables arrêtés.
Matt pleura sous son masque.
« Sois fier de moi papa, sois fier de moi. »
Sa voix était étranglée lorsqu’il murmura ces quelques mots. Il écouta les dernières bribes de l’arrestation des meurtriers de son père a une dizaine de pâté de maisons. Puis il reporta son attention à ce qu’il se passait devant lui.

Tim n’a plus jamais touché à la drogue. La nuit où il rencontra le démon, la nuit où il eut le visage ravagé, il se jura de ne plus jamais faire quoique se soit d’illégale. Sa vie était foutue, les gens le traitaient de monstre dans son dos. Son visage autrefois humain était parcouru de sinistres cicatrices. Il était maintenant aussi immonde à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il reste toute la journée allongé sur son lit, le regard dans le vague. Il réfléchissait de plus en plus à se suicider. Mettre fin à cette vie dénuée de sens. Il n’avait pas le courage de vivre avec son handicap. Il repense parois au petit Murdock. Lui, avait réussit à survivre, à surmonter sa faiblesse. Il paraît qu’il est de retour en ville, l’ex-dealer a un pincement au cœur. Il espère parfois le pardon, il rêve de remonter le temps, d’effacer ses conneries. Mais il ne peut pas alors il pleure en repensant à une nuit noire, remplit de diable cornu et rouge sang.
« Tim ? Il y a une lettre pour toi.
- Merci maman.
Qui pouvait bien lui écrire ? Il ouvrit l’enveloppe et découvre avec stupeur une liasse de gros billets verts suivit de deux cartes. La première faisait la réclame pour un cabinet de chirurgien plastique. L’autre ne comportait qu’un seul mot. Pardon.

Matt se tenait sur le rebord de la fenêtre. Entendit un cri, sentit une odeur salée. Tim pleurait. Son ex-victime avait réuni l’argent pendant l’année et l’avait économisez pour lui. Il avait enchaîné les petits boulots, les jobs de serveur en plus de son entraînement. Mais il savait que ce n’était pas vain. Que ses actes avaient des conséquences et qu’il lui en fallait assumer la responsabilité. Il pouvait maintenant vivre et oublier. Il allait pouvoir s’occuper des porcs qui se vautraient dans son quartier, éliminer la vermine. Il arrêterait de faire des cauchemars la nuit. Il se sentait enfin libre d’agir, libre d’être Daredevil.


(* Dardevil veut dire casse-cou en anglais ndlr)

 
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