Urban Comics
  Episode 1 : La mort d'un caïd
 
Histoire : SteF
Date de parution : Décembre 2004

Putain ! 21h30 et j’étais encore sur le lieu d’un crime. Ce qui autrefois était une salle de réunion ressemblait maintenant à un cimetière. C’est pas croyable que des mecs soient assez tarés pour s’entretuer. Même si les mecs que j’avais morts devant moi étaient des pourritures. Surtout celui qui présidait en bout de table. Wilson Fisk. Un gars énorme et chauve, caïd du crime organisé. Il faisait trembler tout le monde, y compris mes collègues. Il avait bâti sa fortune sur toutes sortes de trafiques. Détournement d’argent, chantage, trafique d’armes, trafiques d’organes, vente de drogues… Où on pouvait se faire de l’argent, Fisk était là. Mais il s’était toujours débrouillé pour que son nom n’apparaisse pas dans les affaires louches. Mais même lui ne méritait pas de mourir de la sorte. De nos jours, la vie ne vaut plus rien. Foutu pays ! Y’avait pas longtemps, un gamin s’était fait crever les yeux à Hell’s Kitchen. Les gosses n’étaient plus en sécurité. C’était pour ça que je m’étais engagé dans la police. Pour éviter le plus de crimes possibles. Mais là, je ne pouvais que constater les dégâts. Au milieu de la salle se trouvait une grande table ovale, assez grande pour accueillir une dizaine de personnes autour d’elle. Dix personnes… C’était justement le nombre de macchabées qui se trouvaient dans la salle. Tous tués par balles. A part un gars près de la porte, aucunes des victimes n’avaient eu le temps de bouger. Ils avaient été probablement surpris lors de leur réunion. Policiers et médecins légistes ne cessaient d’aller et venir. Je demandai à l’un des policiers si quelqu’un avait entendu les coups de feu. Il me répondit par la négative. Le (ou les) assassin avait certainement dû utiliser un silencieux. Etant chargé de l’enquête, je décidai d’interroger celui qui avait découvert les corps. Comment s’appelait-il, déjà ? Je regardai mon calepin : Luke Cage. Je le rejoignit dans un petit bureau à côté. Afro-américain, brun, de carrure imposante, il devait avoir dans les 35 ans. Bien qu’assit, je supposait qu’il mesurer pas loin d’1m90. Il portait un jean et un T-shirt bleu. Je commençai l’interrogatoire.

«Monsieur Cage, je suis l’inspecteur Kearse. C’est moi qui suis chargé de l’enquête. Pouvez-vous me dire ce que vous veniez faire sur les lieux ?
- J’avais rendez-vous avec monsieur Fisk.
-Et puis-je savoir pourquoi ?
-Monsieur Fisk était un homme qui s’était fait beaucoup d’ennemis. J’étais venu lui proposer mes services. Avec mes associés, nous avons monté une agence de gardes du corps très compétents.»

Il me tendit une carte de visite.

«Protection à Louer ?
-Ca va faire un malheur dans quelques temps !
-Certainement.»

Je rangeai la carte dans une de mes poches.

«Avez-vous une idée de qui aurait pu causer un tel massacre ?
-C’est de Wilson Fisk qu’on parle ! La pire pourriture que ce monde ait porté ! N’importe qui dans la rue aurait voulu le balancer en pleine mer sans bouée ! Mais de là à avoir les couilles de le buter ! Sur son territoire en plus !
-C’était une ordure et vous vouliez le protéger ?
-Business is business !
-Bon. Il n’y a pas un nom qui vous vient à l’esprit ? insistai-je.
-Il y a bien Frank, qui voulait le liquider…
-Frank ? répétai-je en notant ce nom sur mon calepin.
-Frank Swindle. Il est venu me voir la semaine dernière pour être engagé chez «Protection à Louer» ! Il savait que nous avions en projet de signer un contrat avec Fisk. Il voulait se joindre à nous pour être assez près de lui et l’éliminer.
-Vous a-t-il dit pourquoi il souhaitait la mort de Fisk ?
-Non. Et je ne lui ai pas demandé. Je l’ai renvoyé chez lui immédiatement.
-Savez-vous ou je peux rencontrer ce monsieur Swindle ?
-Je viens de vous dire que je l’avais foutu dehors !»

Je lui posai encore deux trois questions. Après avoir pris connaissances de ses coordonnées, je le laissai rentrer chez lui. Je fis le tour des cadavres pour voir si je ne pouvais pas glaner un indice ou deux. Rien. Je pris donc une pile de dossiers qu’un de mes collègue avait mis de côté pour moi. Comptabilité, personnel, projets… Je décidai de rentrer chez moi pour éplucher cette paperasse.

J’habitais dans un petit quartier de New York. Mon appartement ne payait pas de mine. Ca n’était pas avec mon salaire de flic que je pouvais me payer un palace. Une coin cuisine, une petite salle à manger, une chambre pas bien grande non plu et une salle de bain/WC constituaient mon logement. Etant célibataire, cela me convenait amplement. Et mes conquêtes d’un soir ne risquaient pas de changer mon train de vie. Je m’affalai sur le divan et commençai à étudier le premier dossier. La société Fisk avait l’intention de signer un gros contrat de plusieurs millions de dollars avec la Worthington Industrie, un grand groupe pharmaceutique. La sonnette de la porte d’entrée me sortit de mes réflexions. J'allai ouvrir. Derrière la porte se trouvait une ravissante rousse courtement vêtue. Emilie ! Je l’avais complètement oubliée. Je l’avais rencontré dans un bar il y avait trois jours. On avait bien accroché et je l’avais invité à venir boire un verre chez moi. Et l’invitation était pour ce soir. Et j’avais comme l’impression que je ne me replongerai dans mon enquête que le lendemain. Impression qui se vérifia quand Emilie se déshabilla.

¤¤¤¤¤

Je poussai la porte et pénétrai sur mon lieu de travail : un commissariat de New York. Il était 9h30. Après la nuit de fou que j’avais passé, j’avais laissé Emilie dormir et avais entrepris de continuer mon enquête au commissariat. J’allai m’installer à mon petit bureau, quand je sentis une tape dans le dos. C’était l’inspecteur Catherine Gray. Afro-américaine, 1m75, yeux et cheveux noirs. Il y avait six mois, elle était arrivée en même temps que moi au commissariat. On avait tout de suite sympathisé. Mais rien de sexuel. A mon grand regret. Il y avait deux choses qui régissaient ma vie : mon métier et le sexe. Et le second prenait souvent le pas sur le premier. Le bureau de Catherine était situé à côté du mien. Des fois, je cessais mon activité rien que pour la regarder et nous imaginer tout les deux dans mon lit.

«Salut Aaron, me dit-elle. Tu devinera jamais sur quelle affaire m’a mit le patron !
-Salut Catherine. A tout hasard, sur l’affaire Spider-Man ?
-Comment tu le sais ?
-T’as les dossiers sur ton bureau !
-Hé hé ! T’es trop fort !
-Excuse-moi, mais j’ai du boulot…
-Le meurtre de Fisk, c’est ça ? Ben bon courage ! C’est pas les suspects qui manquent.»

Elle s’assit à son bureau et commença à étudier les dossiers relatant les exploits du tisseur. Je pris également place à mon bureau. J’allumai mon ordinateur et lançai une recherche sur Frank Swindle. Rien. Visiblement, ce monsieur Swindle n’avait pas de casier. Swindle ? Comment n’avais-je pas fait le lien ? J’effaçai le nom de «Swindle» et entrai à la place «Castiglione». Bingo ! Frank Castiglione, alias Frank Swindle, Frank Rook, Francis Stronghold, Charles Fort. Plus connu sous le nom de Frank Castle. Recherché depuis 5 ans pour 15 cambriolages et 27 escroqueries. Ses cibles n’étaient que des gens extrêmement riches. Pro du déguisement, il s’amusait à infiltrer le milieu de sa future victime, puis il la soulageait de quelques millions de dollars. Mais toujours sans effusion de sang. Les victimes se rendaient compte de la supercherie que trop tard. Son second passe-temps était de narguer la police. Il la mettait sur de fausses pistes, ou alors lui donnait des indices codés pour l’arrêter. Mais personne n’avait réussit à le stopper. Il trouvait toujours un moyen de s’enfuir. Il avait disparu depuis 5 ans. Etrange qu’il refasse surface au bout de tant de temps pour commettre un meurtre. Soudain, je fus pris d’un doute. Je sortis la carte que m’avait donné Luke Cage. Je composai le numéro de téléphone inscrit sur le carton.

«Agence de gardes du corps Protection à Louer, bonjour.
-Bonjour. Je suis l’inspecteur Kearse. Je voudrais parler à monsieur Cage, s’il vous plait.
-Monsieur Cage est en voyage à l’étranger. Il rentrera la semaine prochaine. Puis-je prendre un message ?
-Il est partit depuis quand ?
-Quatre jours !
-Je vous remercie. Au revoir.
-Au revoir.»

Je raccrochai le combinet. Frank Castle était de retour, et cette fois, il était décidé à tuer !
 
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