Urban Comics
  Episode 2 : La cuisine de l’enfer
 
Histoire : SteF
Date de parution : Décembre 2004


Je ne comprenais toujours pas pourquoi Castle s’était mit à tuer. D’après son fichier, il avait de la famille à Hell’s Kitchen. Peut être que ce Roger Castle saurait m’éclaircir sur les agissements de son neveu. Un coursier vint me tirer de mes pensées. Après s’être assuré de mon identité et m’avoir fait signer un accusé de réception, il me donna une enveloppe et s’en alla.

«Des photos pornos ?» plaisanta Catherine qui s’approchait de mon bureau.

J’ouvris l’enveloppe et en sortis un mot tapé à l’ordinateur : «Laisse tomber»

Aussitôt, je renversai ma chaise et me mis à la poursuite du coursier. J’arrivai dehors, en haut des quelques marches qui menaient au commissariat. Il avait disparu. Je ramassai une perruque qui traînait à mes pieds et retournai à l’intérieur. J’interpellai un de mes collègues et lui demandai d’aller faire analyser la perruque. Il y avait sûrement des cheveux restés dedans, bien que je me doutais à qui ils appartiendraient. En retournant à mon bureau, je vis Catherine avec la lettre à la main.

«Qui t’a envoyé ça ?
-Je n’en suis pas sûr, mais j’ai ma petite idée. Le problème, c’est que ça n’a pas de sens. Pourquoi m’enverrait-il un mot aussi banal ? Ce n’est pas son genre ! Et venir me le remettre lui-même… Bon, ça c’est son genre !
-Mais de quoi est-ce que tu parle ?
-Rien. Je réfléchis tout haut.»

Je pris mon manteau.

«Je dois y aller ! dis-je à Catherine. Bonne chance avec l’araignée.»

Je montai dans ma voiture, une Ford Mustang noire, et pris la direction du quartier le plus pourri de New York : Hell’s Kitchen, où le taux de criminalité était impressionnant. L’oncle de Frank y tenait une sorte d’épicerie. Je me garai devant le petit commerce. Une bande de jeunes d’une vingtaine d’années ne cessaient de me regarder, moi ou ma voiture. Je décidai de les ignorer, et entrai dans la boutique. Un jeune garçon vint à ma rencontre. Il avait le crâne pratiquement rasé, un piercing à l’arcade droite, une boucle d’oreille à l’oreille gauche et un étrange tatouage sur l’épaule droite. Il portait un débardeur bleu, un jean noir troué et des baskets.

«Salut. Je peux vous aider ?
-Bonjour. Je voudrais voir Roger Castle.»

Un homme apparu derrière le jeune.

«C’est moi, dit-il. Qui êtes-vous ?
-Je suis l’inspecteur Aaron Kearse, dis-je en lui montrant ma plaque. Je voudrais que l’on parle de votre neveu Frank.
-Le dingo, s’adressa-t-il au garçon, tien la boutique pendant que je bavarde avec l’inspecteur Kearse.
-Le dingo ? repris-je en suivant Castle dans l’arrière boutique.
-Vous avez vu son look ? Il s’appelle Robert Drake. C’est le fils d’un gars qui m’a sauvé la vie. Ses parents sont morts y’a pas très longtemps et je l’héberge pour quelques temps. Mais vous vouliez me parler de Frank…»

Nous arrivâmes dans l’arrière-boutique.

«En effet. Vous ne sauriez pas où il est, par hasard ?
-Je n’ai pas eu de nouvelles de lui depuis cinq ans. Ce qu’il a fait pendant ce temps ? Mystère. Mais pourquoi me poser cette question ?
-Il y a de fortes chances pour qu’il soit le meurtrier de Wilson Fisk…
-Frank ? Tuer quelqu’un ? Vous délirez ! Son trip, comme dit le dingo, c’est de rouler les friqués. Il n’a jamais tué personne de sa vie.
-Ben on dirait qu’il à commencé. Vous étiez proches, tout les deux ?
-On ne se voyait que pendant les réunions de familles : Noël, certains anniversaires…
-Et vous n’avez aucune idée de ce qu’il a pu faire durant ces 5 années d’absence ?
-Non. Désolé. Mais peut-être que Microchip sait quelque chose.
-Microchip ?
-Stephen Kerry.

Je notai le nom sur mon calepin.

«C’était l’associé de Frank. Il a d’ailleurs disparu quand Stephen s’est fait arrêter.
-Et où puis-je le trouver, maintenant ?
-S’il n’a pas été libéré, en prison.

Je lui tendis ma carte de visite.

-Si quoi que ce soit vous reviens, ou s’il vous contact…
-Je vous appelle !» dit-il en prenant ma carte.

Le propriétaire de la boutique demanda au jeune Robert de me raccompagner à la sortie. Et là je vis ma voiture… Enfin, ce qu’il en restait. Le jeune homme eut un sourire :

«C’est sûr que sans roues, elle va beaucoup moins bien rouler !
-Tu sais qui a fait ça ?
-Wép.
-Tu peux développer ?
-Les mecs là-bas !»

Il désigna le groupe que j’avais repéré en arrivant. Ni une ni deux, je me dirigeai vers eux. Ils étaient quatre : trois garçons et une fille. Ils étaient assis sur un muret sur le trottoir en face de l’épicerie. Ils étaient habillés dans le même style que Drake : jeans troués, piercings, tatouages, cheveux colorés… Me voyant approcher, ils cessèrent leurs conversations pour me regarder venir.

«Je suis l’inspecteur Kearse, dis-je en sortant ma plaque, pensant les impressionner. Vous avez quatre choses qui m’appartiennent !»

L’un des loubard, le plus petit (environ 1m70) et malgré tout semblant être le chef, vint vers moi.

«Ben viens les chercher, elles sont derrières le muret.»

Il me regardait avec un air supérieur. Situation plutôt comique, vu que je le dominais avec mes 1m81. Je me dirigeai vers le muret. Mais au moment de croiser ce «nain», ses yeux s’allumèrent telles deux lampes, et je sentis une horrible douleur dans le bras droit. Une douleur si terrible que j’en tombai par-terre, et me roulai en boule.

«Alors, ducon ? Ca fait mal ? Là, je suis en train de ratatiner et de faire mourir les muscles de ton bras. Tu l’a pas vu venir celle la, hein ? Je sais ce que tu te disais : il est petit mais il est le chef.

Il s’accroupit près de moi.

-Je vais te confier un secret : y’avais forcément une raison !»

Puis il s’adressa à ses deux amis :

«Ben, Valfe, finissez-le ! Je hais les flics !»

Je levai difficilement la tête pour voir les deux brutes venir vers moi. Celui qui m’avait fait ce truc au bras s’éloignait avec la fille, la tenant par la taille. Plus il s’éloignait, et moins je sentais la douleur. Mais cette dernière fut remplacer par une autre dans le dos, puis dans les jambes, le ventre… J’étais en train de me faire passer à tabac par deux petits cons qui n’avaient rien d’autre à foutre que de tabasser un flic. Je sombrai dans l’inconscience.
 
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