Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Juin 2006

« Eddie, fais gaffe ! »

Par réflexe, Ben Reilly venait de tirer deux jets de mince toile vers les yeux de l’étrange créature qu’ils affrontaient. Celle-ci avait tentée de prendre entre ses huit bras son jeune collègue, qui était trop stupéfait par l’horreur de cette apparition pour réagir. Heureusement, son prédécesseur avait été plus vif, et était plus expérimenté dans les combats contre les monstres que lui. Il était intervenu, mais il allait avoir besoin d’aide…et rapidement.

« Raaaaah !!! »

Le monstre essayait d’enlever le mince tissu sur ses yeux, mais il ne semblait guère doué. Au lieu d’essayer de le faire délicatement et avec soin, il griffait son visage avec ses ongles, et son cri reflétait plus désormais la douleur qu’il s’infligeait lui-même plutôt que la rage qu’il éprouvait face aux deux Spider Men.
Pendant ce temps, Reilly s’était approché d’Eddie, et essayait de le secouer pour le réveiller de l’étrange léthargie dans laquelle il était tombé depuis l’arrivée du monstre.

« Eddie, réveilles-toi !
- H…hein ?
- Putain, Eddie, bouge ton cul et aide-moi ! Je peux pas me faire cette saloperie tout seul !
- Quoi ?
- Eddie, merde ! »

La voix de Ben était légèrement affolée, et c’était compréhensible : ses pouvoirs n’étaient plus ce qu’il était, et il n’avait plus qu’un dixième de sa force, de sa rapidité, de sa résistance et de ses réflexes d’avant. Son sixième sens avait disparu, et Reilly savait bien qu’il ne pourrait vaincre seul la créature qui avait arraché sa toile et sautait désormais sur lui à une vitesse affolante.
Avec grâce, le jeune homme évita l’énorme masse du monstre, mais un des bras de celui-ci le capta quand même au vol, et l’ancien Spider Man tomba violemment sur le sol. Un râle de douleur et d’impuissance sortit alors de sa gorge tandis qu’il atterrissait en premier sur le plancher en bois pourri.

« Raaaah ! Mooooonstre !
- Mon…monstre ?! T’as pas vu ta gueule, mec… »

Même si il était encastré dans le plancher pourri de la vieille usine de Roosevelt Island, Ben essayait toujours de garder son humour, même si là ça devenait difficile. Avec un bout de bois dans le bras gauche et plusieurs échardes sur son corps, le jeune homme était en mauvaise posture, et lança un regard plein de désespoir et de douleur vers Eddie.

« Eddie…
Eddie, à l’aide… »

Le monstre s’était relevé tandis que Reilly parlait, et levait maintenant ses huit bras au-dessus de l’ancien Spider Man. La bave coulait lentement le long de ses lèvres bleues foncées, tandis que son pagne voletait légèrement au-dessus du jeune homme vaincu et blessé.

« Eddie… »

Ben, avec son masque déchiré par la chute sur le plancher, voyait les huit bras filer rapidement vers lui. Brock avait été sûrement trop choqué ou apeuré par une telle apparition, et c’était normal après tout : il n’avait pas une certaine expérience de l’étrange et de l’horreur comme Reilly, et il n’avait pu se faire assez violence pour sauver son collègue…il ne pouvait vraiment lui en vouloir, même si…
Le premier Spider Man soupira lourdement en sentant sa dernière seconde arriver. Il aurait tant voulu revoir Gwen…s’excuser auprès de Fanny…aider Michael…faire…

« Dégage de là ! »

La voix avait claquée dans l’air comme un coup de tonnerre, tandis que huit gros fils de soie avaient volés dans l’air pour stopper les bras de la créature qui allaient s’abattre sur le corps de Ben. Celui-ci tourna immédiatement la tête, et vit Eddie, qui tenait dans ses deux mains les toiles, les pieds encastrés dans le sol pour pouvoir tenir.
On ne pouvait rien voir sur son visage caché sous sa deuxième peau, mais le jeune homme était sûr d’y voir du courage et de la détermination…et il sourit alors, en pensant que Brock avait peut-être un bel avenir devant lui, si il continuait à faire ce genre de sauvetages à la dernière minute…

« Raaaah !
- Raaaah toi-même… »

De l’humour ? Reilly fut encore plus surprit.
Lui qui pensait que Eddie était un garçon froid, dur, totalement endoctriné par la Tribu et sans humour, voir un peu lâche face aux monstres qu’il ne connaissait pas encore…il se trompait, apparemment. Sa réaction avait été, certes, tardive, mais il lui avait sauvé la vie, et il tentait même de faire de l’humour…il y avait peut-être de l’espoir, après tout…
Pas mal, pensa alors Ben tandis qu’il se relevait et que la créature essayait de se dégager des toiles tissées par Brock.

« Ben, ça va ? Ecoute, je…
- Plus tard, Eddie…plus tard… »

La voix de Reilly était fatiguée et faible. Le choc qu’il avait subit quelques minutes auparavant avait été grand pour lui, et il n’avait plus la même résistance qu’auparavant…Le jeune homme se rendit alors compte de son ancienne dépendance à ses pouvoirs et à la seconde peau qu’il avait eu, et Ben se demanda subitement si il pourrait encore continuer à se battre, à être un héros comme il le voulait sans ces capacités…
Est-ce qu’il pouvait encore être utile en étant si diminué ? Est-ce qu’il avait encore le niveau pour sauver ceux qui en avaient besoin ? Ne serait-il pas pire que bon ?

Mais Reilly arrêta de penser à ça. Il devait se concentrer au combat qui était en train de se dérouler, et devait aider son collègue Eddie, qui semblait en bien mauvaise posture.

« Et merde… »

Brock, en effet, avait du mal face au monstre qu’il affrontait. La chose avait réussie à enlever les toiles qui empêtraient ses mains, et s’était jeté sur le nouveau Spider Man, l’enserrant de ses huit bras pour pouvoir l’étouffer, ou bien l’approcher de son visage.

« Gaaaah…Saloperie… »

La créature avait la bouche grande ouverte, ses immenses dents jaunes et sales se préparant à plonger vers le visage, heureusement protégé, d’Eddie. Celui-ci essayait de se libérer des terribles bras de son adversaire, mais malgré sa force surhumaine, il n’y arrivait pas…et commençait à désespérer face à cette horrible chose qui les avait attaqué sans raison…

« Héla, le truc ! Je veux bien que Eddie s’essaye à l’humour, que ça soit aussi drôle que Friends en roumain et qu’il a pas la classe dans son costume, mais c’est pas une raison pour vouloir le becter ! Les beaux mecs aux pouvoirs d’araignée sont une race en voie d’extinction, non mais ! »

Ben venait de se jeter sur le terrible monstre, frappant violemment son bas du dos avec ses deux poings. Malheureusement, la créature ne fit que vaciller, avant de tourner lentement sa tête vers Reilly, qui se demanda alors si ça avait été vraiment une bonne idée de faire ça…
Mais après tout, il n’avait pas eu le choix : il ne pouvait laisser Eddie se faire massacrer, et après tout il avait toujours voulu être un héros…Et quel héros aurait-il été si il avait laissé quelqu’un se faire tuer sous ses yeux ?

« Raaaah ! »

Deux des bras du monstre lâchèrent Eddie pour frapper avec une très grande rapidité le visage de Ben. Celui-ci fut surprit par l’attaque aussi fluide et rapide de son adversaire, et toma violemment à terre, un mince filet de sang coulant lentement le long de ses lèvres.

« Wow…
- Raaaahhh !
- Stop. »

Une voix pleine d’autorité venait de se faire entendre, et la créature, dont cinq bras serraient toujours très fortement Eddie, qui n’arrivait pas à se dégager, et dont trois autres allaient prendre les pieds de Ben, s’était stoppée. Elle leva immédiatement les yeux vers celui qui avait parlé, et un immense masque de peur et de surprise apparut sur son visage, tandis que le monstre lâchait les deux Spider Men.

« Na…na…na…
- Si. si. si. »

Ben, toujours au sol, leva les yeux derrière lui et vit celui qui semblait terrifier la chose qu’ils avaient affrontés. Assez grand, les cheveux noirs et longs, l’être n’avait pas l’air commode du tout. De plus, ses cicatrices sur le visage, qui enlaidissaient grandement le personnage, le rendaient étrange, et ce n’était rien comparé à l’étrange armure qu’il portait.
Composée de coquillages verts et bleus, elle était posée sur une sorte de combinaison de plongée, et le tout donnait un air terriblement agressif à l’homme qui avait parlé d’une voix tellement forte et déterminée auparavant.

« Kof…Kof…Kof… »

Eddie, lui, avait du mal à respirer. Malgré sa deuxième peau, la pression exercée par la créature sur lui avait été immense, et ses côtes auraient craquées si il n’y avait pas eu l’intervention de cet étrange être si menaçant.
Celui-ci s’avança d’ailleurs lentement vers le monstre, tenant fortement une sorte de lance en coquillages qu’il avait dans la main droite. Les yeux fixés vers la chose qui était désormais dos au mur, et toujours terrifiée, il parla alors d’une voix forte et dure, levant sa lance en l’air dans une attitude très offensive.

« Octa-Vius…Ta fuite doit cesser…
- Na…na…
- Cesse de te battre. Tu vas perdre. Et mourir. »

L’homme aux cheveux longs se prépara alors à lancer sa terrible arme vers la créature terrifiée, quand un jet de toile vint se ficher sur sa main droite.
Il tourna immédiatement la tête en arrière, et vit Ben, sanguinolent, qui tenait entre ses doigts la toile qu’il avait tissée quelques secondes plus tôt. Un air déterminé s’affichait sur son visage tandis que Eddie se relevait lentement à ses côtés, se tenant toujours le buste vu la souffrance qu’il subissait encore.

« Primo, tu es qui la gravure de mode des balafrés ?
Deusio, on ne tue pas quelqu’un devant nous, même si il a une sale gueule et que son père est le grand Schtroumpf.
Et tertio, tu vas te calmer un peu, et changer de vêtements…Halloween est pas si tôt, nan ? »

Reilly plaisantait, mais au fond il n’était pas rassuré. Son corps était blessé de partout, il perdait beaucoup de sang et ne sentait plus son bras gauche. De plus, Eddie n’était pas encore en état de combattre, et leur ennemi allait sûrement les mettre KO en quelques instants, vu l’effet qu’il faisait au monstre, et vu ce que le monstre leur avait fait…
L’homme sourit alors doucement, avant de baisser lentement son bras et son arme, et de parler d’une voix dure et violente aux deux amérindiens.

« Tu as du courage, humain. Mais serais-tu prêt à sauver un criminel ? Serais-tu prêt à tuer l’assassin de dizaines de personnes à cause de sa folie ?
- Naa…Pas…sassin…
- Tais-toi, immonde traître ! »

L’être avait lancé un regard plein de haine et de colère à la créature après ses paroles, et celle-ci était tombée sur le sol, se roulant sur elle-même comme un petit animal blessé. L’homme tourna la tête vers Ben et Eddie, son visage reprenant lentement un air plus calme, même si la rage était visible dans ses yeux.

« Je suis Namor. Je viens…d’ailleurs, et ce monstre a tué des dizaines de mes amis lors d’une de ses expériences que j’avais interdite. Il est devenu ainsi à cause de cela, d’ailleurs. Je vais le ramener chez moi pour le faire exécuter.
- Il n’y a pas de procès chez vous ?
- Si. Comme en Amérique. Mais cela donne le même résultat qu’une exécution, non ? »

Le dénommé Namor sourit légèrement, tandis qu’Eddie ne bronchait pas derrière Ben. Il savait bien que Brock était d’accord avec cette façon de penser, le « œil pour œil, dent pour dent »…mais lui ne l’était pas. Il avait rejeté cette façon de faire quand il avait failli tuer quelqu’un, et il ne voulait pas perdre encore une fois ses valeurs…même si ça impliquait de devoir combattre pour mourir face à un type apparemment très fort…

« Non. Et je ne vous laisserais pas faire ça.
- Ben…
- Nan, Eddie. Même si je suis totalement HS, je ne vais pas laisser quelqu’un se faire tuer devant moi…
- Parce que vous croyez que vous avez le choix ? »

Namor sourit doucement, avant de sortir quelque chose d’une des poches de sa ceinture. C’était un petit coquillage gris, et il le jeta violemment sur le sol. Une étrange fumée en sortit alors, et Ben et Eddie se sentirent immédiatement plus faibles, plus fatigués, plus…endormis…
Ils rejoignirent le sol quelques secondes plus tard, avant de tomber rapidement dans l’inconscience, mais ce après avoir entendu les derniers mots de leur adversaire.

« Pauvres humains…
Nous nous reverrons…mais plus tard…bien plus tard… »








Je m’appelle Michael.
Mais désormais, on me connaît aussi sous le nom de « Scorpion ».
Cela fait des mois que je m’entraîne, et bientôt je vais atteindre mon but. Bientôt, celui qui m’a condamné à cette existence va payer. Bientôt, ma vengeance et celle de mon clan va s’abattre. Bientôt, Ben Reilly va mourir.

Plus tard, on m’appellera « super vilain ». Je le sais, c’est déjà prévu, écrit. Ceux qui apprécient Spider Man, ces fous, penseront que son assassin est monstrueux, indigne de confiance et qu’il faut l’arrêter, ou pire encore. Je les laisserais parler. J’ai ma vérité pour moi, et je sais que mon action est juste. Je sais que Ben mérite ce que je vais lui faire. Ce que nous allons lui faire.
Parce que oui, je ne suis pas seul : une amie m’accompagne. Une amie qui va faire du mal à mon ennemi. Une amie qu’il connaît très bien. Ma tendre moitié. L’ex de Ben. Fanny.

Elle aussi, elle veut se venger. Elle aussi, elle veut la mort de Reilly. Et elle l’aura, je le lui ai promis. Mais pas tout de suite. Bientôt. Oui, bientôt. Cela s’approche à chaque instant, à chaque seconde qui passe. Il ne le sait pas encore, mais la date de sa mort est déjà prévue, sa pierre tombale est déjà gravée.
Tu vas mourir, Ben Reilly. Et j’y prendrais grand plaisir.

Je t’observe, en ce moment. Comme j’ai observé ton ancienne résidence, tes amis, tes alliés, tes ennemis. J’ai vu celle que tu aimes désormais en train de coucher avec un de tes amis. Tu n’as jamais su les choisir. Ou bien tu leur as fais trop de mal, et ils veulent t’en faire maintenant. C’est ce qui m’est arrivé, et tu mérites ce que je vais te faire.
Oui, je te vois Ben. Toi et l’adolescent que tu veux sauver votre Tribu de fous. Je sais ce que vous cachez. Je sais quels sont vos terribles secrets, et ce que vous désirez vraiment. Et je ne vous laisserais pas faire. Je ferais en sorte que la Tribu de l’Araignée soit stoppée, et je sacrifierais ma vie pour ça si il le faut. Vous êtes le Mal. Et j’arrêterais le Mal.

Tu te réveilles. Tu es blessé, vaincu. Tu titubes et tu vas rentrer dans ton appartement minable en pleurant pour que Gwen te reprenne. Pitoyable. Tu es pitoyable. Comment as-tu pu devenir ainsi ? Tu n’es plus que l’ombre de toi-même…et tu me dégoûtes.
Un type aux cheveux longs a emmené un monstre à huit bras après vous avoir mis KO. Bande d’amateurs. Vos informations sont nulles, vous êtes des artisans. Et je suis un professionnel. Je suis sûr que ta Tribu ne connaît même pas l’existence des Atlantes, ni de Namor, ou d’Aquaman.
Imbéciles. Bande d’imbéciles. Namor aurait dû vous tuer, mais heureusement il me laisse ce bonheur. Et je le remercie pour ça.

Bientôt, tu mourras Ben. Et ton ami te précédera dans la tombe. Je vais détruire ta vie. Je vais détruire tes amis, ta famille, ton amour, tout ce qui compte pour toi. Et après, je viendrais te tuer toi. Et tu l’auras mérité. Oui, tu l’auras mérité…et ça ne sera que Justice…