Urban Comics
  Episode 9
 
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Mai 2006


« Putain…Heinrich…si je m’étais douté…
- Dingue, hein ? J’avais quelques idées, mais bon ça me disait rien…mais avec ce que Roméo a dit, y a plus de doutes…
- Tu penses comme moi ?
- Ouais. Et ça pue. Beaucoup.
- Ouais… »

Samantha Harris. Joshua Rockwell.
Inspecteurs de police dans le commissariat du XIVe District de New York City.
Chargés il y a quelques semaines d’une sale affaire, impliquant la mort d’enfants et le viol et l’assassinat de leur mère…par leur ex mari, apparemment. Mais les aveux de Roméo, le dealer de la femme assassinée, venaient de tout remettre en question…

Les deux collègues fonçaient dans les rues agitées de la ville. Suivis par les inspecteurs Travis et West, ils fonçaient vers un des appartements chics de Manhattan. Malgré le trafic bouché à huit heures dans la Grosse Pomme, ils avançaient lentement mais sûrement vers l’immeuble de la famille Heinrich, qui étaient devenus rapidement leurs principaux suspects.

Après environ deux heures et demie de route, alors qu’ils n’étaient normalement qu’à dix minutes du commissariat, les deux voitures de police arrivèrent devant l’immense bâtiment. Sirènes éteintes, ils s’arrêtèrent et sortirent rapidement de leurs véhicules pour se diriger vers l’intérieur, avec la ferme intention d’intervenir au plus vite…


Appartement de Ronald Heinrich, Manhattan.
Samedi 21 mai.


Ronald Heinrich était fatigué.
Il n’avait pas fermé l’œil de la nuit, et sa fille lui avait donné du fil à retordre…encore. Quinze ans, l’âge bête…l’âge dangereux surtout. Il ne savait plus comment faire…il ne savait vraiment plus. Mais au moins, il tentait de faire quelque chose…lui.

L’homme d’une quarantaine d’années passa doucement sa main sur son crâne fraîchement rasé. Ça lui faisait bizarre, mais avec tout ce qu’il s’était passé…il en avait eu besoin. Malheureusement…
Alors qu’il prenait tranquillement son petit déjeuner en regardant la télévision, il entendit la sonnette de la porte. Lentement, il se leva et ouvrit la porte…avant de lever un sourcil de surprise et de stupéfaction.

« Mmh…Inspecteurs…Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
- Parler, Monsieur Heinrich. Et à votre fille aussi.
- Ma…fille ? Vous savez bien qu’elle a déjà accepté de témoigner…
- Oui, mais nous avons besoin d’éclaircissements.
- Mmh…Je…Bah, elle est à son école, comme d’habi…Hey, mais qu’est-ce que vous faites ? »

Alors qu’il tenait toujours sa tasse de café dans la main, Heinrich vit West et Travis entrer de force dans son appartement. Le jeune homme blond fit un petit sourire au propriétaire des lieux, avant que son collègue ne parle d’une voix tranquille en regardant le téléphone familial.

« On entre chez vous. Ca se voit pas ?
- Mais vous n’avez pas le droit ?
- C’est vrai. Mais avec ça, si. »

Samantha Harris posa tranquillement le mandat de perquisition dans la main libre de Heinrich, tandis que elle et Rockwell entraient aussi dans l’appartement familial. Les quatre inspecteurs commencèrent alors à regarder un peu partout, tandis que le propriétaire des lieux semblait stupéfait devant le papier qu’il lisait…

« Mais…mais…c’est…impossible…
- Impossible ? Et pourquoi, Monsieur Heinrich ? »

Le visage souriant et ironique de Joshua Rockwell apparût doucement devant les yeux de Ronald Heinrich, toujours en pyjama…Celui-ci semblait totalement stupéfait face à ce qu’il voyait, et semblait ne pas vouloir comprendre ce que ça voulait dire… »

« Mais…mais…Vous ne…Vous pouvez pas…
- On ne peut pas quoi, Monsieur Heinrich ? On ne peut avoir de mandat dès maintenant ? On ne peut pas être déjà chez vous, alors qu’il ne reste qu’une dizaine d’heures avant que Steinberg ne soit relâché ? Avant que vous ne le tuiez vous-mêmes ?
- Mais…mais…
- Ronald Heinrich, au nom de la loi…je vous arrête pour le meurtre de Charles et Olivia Forward-Steinberg, pour le viol et le meurtre de Diana Forward. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous lors de votre procès. Vous avez le droit d’appeler un avocat. Si vous n’avez pas les moyens de vous en payer un, il vous en sera attribué un d’office… »

Heinrich ne pu dire un mot. Rockwell lui passa les menottes, tandis que West et Travis partaient pour l’école de sa fille, dans la ferme intention de l’utiliser dans cette affaire qui puait de plus en plus…


Salle d’interrogatoire n°1, commissariat du XIVe District de New York.
Samedi 21 mai.


Il était désormais dix heures, et Ronald Heinrich attendait depuis une heure. Seul. Seul avec ses doutes, ses démons, ses peurs. Il savait que ce jour allait arriver. Inconsciemment, il voulait que ce jour arrive…ce poids sur ses épaules était trop lourd. Même pour un homme comme lui, qui avait l’habitude des postes importants.
Ce genre de choses était impossible à gérer…impossible…mais ça allait bientôt être terminé…

Lentement, il passa ses mains sur son crâne rasé. Lui qui avait une belle tignasse blonde, il n’avait désormais plus rien…Ronald sourit tristement, en se disant que ça allait bientôt ressembler à sa vie…Il avait eu tout, mais n’allait plus rien avoir…Pour une erreur…Une simple erreur…qu’il avait voulu réparer…



« Vous êtes sûrs ? Vraiment sûrs ? »

Derrière la vitre sans teint, l’avocate du bureau du procureur Emma Doris n’en revenait pas. Elle pensait avoir eu le coupable idéal, et avait simplement chargé les inspecteurs qui l’avaient coffrés de tout faire pour qu’il aille derrière les barreaux…et le contraire s’était produit. Comment était-ce possible ? Comment Alexander Steinberg pouvait être innocent ?

« Oui. Malheureusement. Un innocent est depuis des semaines en taule…et le salaud qui a tué Diana Forward et ses gosses était libre durant tout ce temps…
- Mais…mais vous avez des preuves ? Des preuves tangibles ?
- Ouais…malheureusement. »

Quentin West fumait nerveusement une cigarette, avec son collègue Yorik Travis à ses côtés. Le commissaire Norman se trouvait à l’arrière de la salle, les bras croisés. Il ne disait rien, attendant de voir comment ses inspecteurs allaient expliquer cette affaire…et espérant qu’il n’allait pas demander son avocat…
Soudain, la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit en grand. Samantha Harris et Joshua Rockwell entrèrent alors, la mine des mauvais jours. Ils posèrent violemment les photographies des trois personnes mortes sauvagement devant Heinrich, qui ferma les yeux de dégoût.



« Monsieur Heinrich…je suppose que vous connaissez ces clichés…
- Je…mais de quoi…
- Pas de cinéma, Monsieur Heinrich. Vous comme nous savez ce qu’il s’est passé. Vous avez tués les deux enfants de votre ancienne épouse. Vous avez violé cette femme, et vous l’avez tué après…tout en vous faisant passer pour Alexander Steinberg. Et vous vous êtes filmés pour le faire accuser. Maintenant…
- Maintenant, la question est : pourquoi ? Pourquoi avoir fait tout ça ? »

Tandis que Rockwell finissait l’argumentation de sa collègue, Ronald Heinrich mettait son visage entre ses mains. Fatigué. Exténué. Il n’en pouvait plus. Il ne pouvait plus retenir cette culpabilité qui le rongeait depuis des nuits et des nuits désormais…

« Je…vous…vous ne pouvez…
- Comprendre ? On a pourtant envie d’essayer…pas vrai, Sam ?
- Ouaip, Josh… »

Heinrich soupira lourdement. Entre ses doigts, il regarda les clichés…et quelques larmes descendirent lentement le long de ses joues. Après plusieurs secondes, Ronald parla finalement, d’une voix faible et fatiguée.

« Oui…C’est moi…je les ai tué…J’ai…j’ai tout monté…
- Pourquoi ?
- Parce que…j’étais obligé…
- Obligé ? Pourquoi ?
- Je… »

Heinrich soupira encore plus, semblant las mais ne voulant pas tout avouer. Les deux collègues se jetèrent un regard complice, avant que Samantha Harris ne parle au suspect d’une voix froide et dure.

« Elle a déjà tout avoué, Ronald. Elle vous a tout mit sur le dos…
- Hein ?! »

Ronald leva alors la tête, et regarda, stupéfait, la jeune femme. Sa bouche s’ouvrit grandement, et ses yeux devinrent aussi ronds que des balles de ping pong, avant qu’il n’essaye de parler aux deux inspecteurs.

« Mais…mais…C’est…
- Impossible ? Non, et vous le savez, au fond. Elle ne vous aime pas. Elle n’aimait pas non Diana Forward. Elle ne vous a jamais aimé. Elle n’a fait que vous manipuler.
- Mais…non…Elle n’est…
- Qu’une enfant ? »

La réponse de Joshua Rockwell avait claqué dans l’air comme un coup de feu. Heinrich baissa à nouveau lentement la tête, tandis que tous retenaient leurs respirations derrière la glace sans teint.

« Je…Vous…vous savez ?
- Oui. Nous savons. Mais nous voudrions que vous nous le disiez de vous-mêmes. Dites-nous tout. Libérez-vous.
- Je…Après tout, je n’ai plus rien à perdre… »

Ronald soupira, avant de parler d’une voix lasse et creuse. Les yeux rivés sur la table, le front entre les mains, il déballa tout son sac.

« Je les ai tués, oui. J’ai tué mon ex femme et ses enfants. J’ai fais croire que c’était Alex Steinberg en changeant la couleur de mes cheveux et en faisant une cassette vidéo. J’ai tout fais pour l’accuser.
- Pourquoi ?
- Il ne la méritait pas. Elle méritait quelqu’un de mieux. Moi. Elle me méritait moi. Elle n’aurait pas dû partir…elle n’aurait pas dû. Elle nous a abandonné…pour un minus, un mécanicien…
- Et vous avez donc voulu la punir ?
- Non…Enfin…Pas vraiment…C’est…c’est ma fille… »

Heinrich marqua une pause, semblant avoir énormément de mal à prononcer ces quelques mots. Il reprit quelques secondes plus tard.

« Elle n’avait pas accepté que sa mère l’abandonne, alors quand en plus elle a quitté Steinberg…et qu’elle a apprit par un ami du lycée que sa mère se droguait…Elle a….elle est devenue un peu folle…Elle m’a dit que sa mère méritait mieux que ça, qu’elle ne me méritait que moi…et elle. Elle disait que sa mère était devenue folle…et je l’ai cru. Parce que j’étais faible. Parce que j’aimais encore Diana après tout ce temps. Et parce que ça m’arrangeait…
- Votre fille vous a donc demandé de tuer sa mère et ses enfants ?
- Je…Oui…Elle m’a dit que c’était la seule solution…qu’ils ne méritaient que ça. Je suis passé après qu’elle et Steinberg aient couchés ensemble…ils le faisaient chaque mois, malgré leur divorce…J’ai donc attendu, et…
- Vous êtes entrés ?
- Oui…J’avais teint mes cheveux dans la couleur de Steinberg, et j’ai allumé la caméra…Je me suis fais passer pour lui, et j’ai fais tout ça…
- Mmh…Et après ? Qu’avez-vous fais ?
- Je…je me sentais coupable…Clarisse a utilisé du vinaigre pour que la couleur parte de mes cheveux, mais ça les a abîmé…Alors j’ai décidé de les couper définitivement, après votre passage…
- Et les problèmes que vous nous avez fais ? Dans l’enquête ? Pourquoi ça ?
- Je…Vous savez ça aussi ? »

Ils tentaient un coup de bluff.
Avec les relations d’Heinrich, il était le seul à pouvoir ralentir la procédure…et il était le seul qui pouvait avoir un mobile pour ça. Mais pourquoi ? Ils espéraient le découvrir…
Ronald soupira alors, avant de fixer à nouveau la table et de parler d’une voix fatiguée.

« Bah, après tout…Oui, c’est moi qui ai fais ça…Je…je voulais qu’il sorte…
- Mais pourquoi ? Vous détestez Steinberg, vous avez tout fais pour le faire accuser…
- Oui…mais la prison n’est pas assez pour celui qui m’a prit Diana…Je…je voulais le tuer moi-même…Et…et après, je voulais me…je voulais… »

Mais Ronald Heinrich ne pu continuer.
Il s’effondra alors en larmes, les bras posés sur la table et la tête tombant dessus. Il avait tout dit. Tout avoué. Alexander Steinberg avait toujours été innocent, et tout n’avait été qu’une machination pour le faire tomber…puis le faire sortir. C’était l’œuvre de fous…véritablement. L’œuvre d’une famille trop riche, qui avait tout laissé faire à l’enfant unique du couple déchiré…Cette enfant même qui n’accepta pas de savoir sa mère ainsi, et préféré manipuler son faible père pour la tuer…
Clarisse Heinrich n’avait plus de sentiment. Elle n’était plus vraiment humaine. Même quand elle sera condamnée à la prison à perpétuité, elle ne laissera passer aucune émotion sur son visage. Même quand elle assista à la mise à mort de son père, par sa demande. Clarisse Heinrich avait fait tuer sa mère de sang froid, et avait tout prévu pour.

C’était une sale affaire. Une sale affaire comme on en voit chaque jour dans le commissariat du XIVe District de New York…malheureusement.
 
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