Urban Comics
  Hawkeye #36 : Recrues
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : Novembre 2006

« Clint, mais où est-ce que tu vas ?

Dans les couloirs de l’aéroport de Los Angeles, Clint courait presque, flanquée de son amie Barbara. Je dis amie, on pourrait aussi bien lui donner le nom d’associée, de maîtresse, de traîtresse, de fiancée. Mais vu l’état actuel des choses, que l’on pouvait qualifier de confus, le terme d’amie était suffisant. Clint ne semblait pas entendre les protestations de Barbara. Ses pas résonnaient sur le sol avec la régularité d’un métronome, il avait l’air égaré. Barb lui saisit le poignet et il se retourna violemment, toujours hagard. Ses yeux filaient à droite, à gauche, comme s’ils étaient à la recherche d’un danger imminent et fatal pour la vie de leur propriétaire. Barb le gifla doucement, et il parut revenir à lui.
« Bon, tu vas peut être m’expliquer ce que tu fabriques ? »

Dix minutes plus tôt, ils étaient dans le vol pour New York. Barbara avait fermé les yeux, se disant que ce voyage de quelques heures lui permettrait de se reposer un petit peu. Mais elle avait soudain entendu la voix étonnée de l’hôtesse. Elle avait ouvert les yeux et elle avait remarqué que Clint sortait de l’avion quelques minutes même avant le décollage. Avec un juron, elle l’avait suivi à l’extérieur de l’engin.
« On peut pas y aller seuls, sinon il va nous massacrer. »
Barb le secoua par les épaules, essayant de lui arracher plus que ces quelques mots mystérieux.
« Qui va nous massacrer, Clint ? De quoi as-tu peur ? »
Chose qu’elle n’avait jamais vu auparavant, Clint s’était mis à trembler. Il avait du mal à respirer.
« Le mec qu’on a vu à la télé…
- Le candidat à la mairie de New York ?
- Oui, lui.
- C’est lui qui va nous massacrer ?
- Oui, c’est lui. Il a tué Karla, et mutilé.

Voilà pourquoi Clint était terrifié, cet individu avait presque détruit le deuxième aspect de la vie de Clint Barton. Ce Taskmaster avait pris l’identité de Hawkeye pour revendiquer le meurtre de Karla. Barb sentit une petite bouffée de jalousie quand elle pensa à Karla. Qui était-elle ? Qui était cette femme mystérieuse qui avait, semble-t-il, donné à Clint un regain d’énergie formidable avant de disparaître dans des conditions plus que tragiques ?

Clint s’était calmé, il ne tremblait plus. Mon Dieu, il ne pouvait pas affronter tel ennemi dans un tel état. Il avait besoin de repos, de concentration. Il frisait la dépression, la crise de nerfs.
« Attends, quand tu dis que tu veux pas qu’on y aille seuls, tu penses pas à… »
Clint eut un sourire ravageur.
« Bien sûr que si, elle a donné sa parole.
- Et merde. »

De retour dans la Porsche, Clint semblait aller beaucoup mieux. Barbara fulminait. Cette garce avait failli les tuer au casino. Il y avait des mercenaires surhumains que l’on pouvait engager facilement, mais Clint ne voulait pas en entendre parler. Il voulait quelqu’un de confiance.
Confiance, tu parles. Cette fille est une folle, une cinglée qui m’a fait perdre mon boulot, qui nous a foutus dans la merde pour une banale histoire de vengeance, et regardez où on en est. Mais non. Monsieur Barton a ses préférences.

Elle se concentra sur la route, bien qu’elle ait une furieuse envie de s’arrêter sur le bas côté et de frapper Clint jusqu’à ce qu’il demande grâce.

« On la joint comment, cette pétasse ?
- Barb, j’avais compris que tu ne l’aimais pas, mais ce n’est pas la peine de parler d’elle comme ça. On l’a aidé à se débarrasser d’un gros, très gros problème.
- Le gros problème dont tu parles était mon ancien patron.
- Qui était, je te le rappelle, une ordure pédophile. Et pour la joindre, rappelle toi que j’ai ceci. »

Il tira de sa poche un petit bout de papier où était inscrit le numéro de portable de Silver Sable.
« Pourquoi elle, à la fin ? Y’a des tas et des tas de gens à pouvoirs, de gugusses costumés qui rêveraient de se faire connaître en dérouillant quelqu’un d’aussi important que ce Breckman. Et tu nous sous-estimes quand tu penses que l’on ne peut pas y arriver tous les deux.
- Crois moi, on aura besoin de toute l’aide nécessaire. »

Deux heures plus tard, ils attendaient sur une aire d’autoroute leur nouvelle associée, qui arriva à toute allure dans un coupé mercedes. Elle n’était pas masquée, ne portait pas ses armes. Elle était seulement que Camilla Sable, une jeune aventurière qui paraissait souvent dans la presse de toute sorte à cause de ses nombreuses fantaisies. Elle sortit de sa voiture en se hissant sur la portière, pour passer par-dessus. Elle portait un jean blanc et un chemisier noir noué juste au dessus du bassin, ce qui laissait apparaître son nombril et son ventre plat, et des lunettes de soleil à verres réfléchissants.

« Je vous manquais tant que ça pour que vous me rappeliez aussi vite ? »
Clint répondit seulement par un sourire.
« Ou vous voudriez peut être me livrer ? »

Barton lui fit comprendre que s’ils avaient voulu la donner, ce serait fait depuis bien longtemps déjà. Sable hocha la tête, et s’appuya contre le capot de sa voiture. Derrière eux ils entendaient le flot ininterrompu de voitures propulsées par ce grand fleuve qu’est l’autoroute.
« C’est pourquoi, alors ? J’espère que c’est important, je…
- Ca l’est, et t’as une dette envers nous, l’oublie pas «
Sable foudroya Barbara du regard.
« Je parle pas avec les sous-fifres. Alors, l’archer, de quoi s’agit-il ?
- Tu as déjà buté des politiciens ?
- Pardon ?
- Bon bah ce sera ton baptême alors. Il s’agit de Clark Duncan
- Je connais ce nom, mais désolé, je n’arrive pas à le replacer.
- Il est candidat à la mairie de New York. Duncan n’est qu’un pseudonyme. Il se nomme Andrew Breckman, et il est responsable de ma nouvelle réputation en tant que héros.
- Je vois. C’est un sacré morceau, ton client. On dirait que ça ne va pas être du gâteau.
- C’est pour ça que l’on va faire appel à une quatrième personne.»


Retour à Los Angeles. Les beaux quartiers. Sable avait refusé de monter avec eux. Elle ne voulait peut être pas laissé sa voiture. Ou peut être qu’elle n’avait tout simplement pas assez confiance en ses deux compagnons pour monter avec eux. Allez savoir… Elle les suivit donc, de quelques mètres, pour arriver à Berverly Hills, là où se trouvaient les plus belles résidences de la côte Ouest. Ils s’arrêtèrent devant un portail de près de cinq mètres de haut, peint uniquement en blanc, avec de grands pics au sommet. Sable et Barbara regardèrent Clint avec un sourire d’incrédulité après avoir regardé la plaque en or sur le mur, où était noté le nom du propriétaire de la villa.
« On vient chercher Simon Williams ? Celui qui a joué Dartor le sans peur et autres conneries de ce genre ? »

Simon avait un superbe palmarès, il fallait l’avouer. Cependant, Clint n’était pas venu pour son sourire Colgate, quoi que celui-ci l’eût beaucoup impressionné, à l’époque du Médiéval. Que devenait ce bar, au fait ? Dane s’en occupait-il, ou bien y avait-il renoncé, à ce tas de briques qui devait représenter pas mal de souvenirs pour l’un comme pour l’autre ? Soudain, New York lui manqua. Depuis combien de temps était-il parti, maintenant ? Deux semaines, une éternité. Et les conditions de son retour n’étaient en aucun cas celles qu’il espérait. Il avait l’impression d’avoir foiré. Sa vie, d’abord. Où en était-il ? Il n’avait plus de véritable vie civile. Ces deux dernières semaines, il les avait passé sous un faux nom, à enquêter sur un triple meurtre dont il n’avait jamais entendu parlé, dans un casino dans lequel il n’avait jamais mis les pieds, pour la seule et unique raison que ça lui permettait de fuir ses responsabilités vis-à-vis de son échec à New York, vis-à-vis de Karla, et vis-à-vis de Dane. Quel héros était-il, lui qui avait abandonné ses amis pour savoir la vérité à propos de son père, lui qui avait baissé sa garde sous le seul prétexte qu’une belle femme le regardait ? Quel homme était-il ?

Sable appuya l’interphone, une petite bille rouge s’alluma et une petite voix métallique demanda.
« Veuillez décliner votre identité et le but de votre visite. »
Sable roula des yeux.
« C’est quoi cette connerie ? »
« C’est quoi cette connerie ? Identité refusée. Veuillez réitérer votre demande. »

Clint poussa Sable et il appuya à son tour sur l’interphone.
« Clint Barton. Je souhaite voir Simon Williams, alias Wonder Man ».

Williams n’avait pas de double vie. Il avait, dit-on, hérité de ses pouvoirs d’une expérience qui avait mal tourné. Depuis, son corps était indestructible, il pouvait courir de longues distances sans se fatiguer, et peut être même voler. Il avait tout de suite assumé ses pouvoirs, et les avait dévoilé sur un plateau de télévision. Bien sûr, son statut de star internationale l’avait aidé à se faire accepter comme étant ce que les gens appellent un « méta-humain », terme à la définition différente de celui de « mutant », puisque Williams n’avait pas eu ses pouvoirs dès la naissance.

« Mot de passe requis. »

Un mot de passe ? Clint voulait bien croire que Williams était une personnalité publique, et que ses aventures de super héros pouvaient attirer super-vilains et fous déments, c’était quand même abusé. Clint songea à la conversation qu’il avait eu avec Simon, quand Dane le lui présenta. Simon vivait à l’Ouest. La seule raison de visite à New York, à l’époque, c’était d’approcher les …
« Héros, fit Clint d’une voix claire. »
Un petit grésillement se fit entendre dans l’interphone. Et ce fut la voix du maître des lieux qui remplaça celle du robot.
« Williams, c’est à quel sujet ?
- Je viens parler de héros, Simon.
- Je t’ouvre tout de suite, Clint. »

Combien de temps s’était-il passé depuis que Simon Williams l’avait sauvé d’une balle tirée par son ancienne copine, Yelena Belova ? Trois mois. Et Simon avait tout de suite reconnu sa voix. C’en était quelque part réconfortant, d’être reconnu tout de suite par un ami.

Les portes s’ouvrirent, sans aucun grincement. Les trois aventuriers prirent le chemin qui menèrent au seuil de la grande et blanche demeure de Simon Williams. Celui-ci se tenait en haut des marches, vêtus d’une veste et d’un pantalon de jean, d’un Tshirt noir simple et de ses éternelles lunettes de soleil rouges. Il avait les bras croisés, et n’esquissait pas le sourire que Clint avait espéré. Accompagné par les deux jeunes femmes, il monta les marches et tendit sa main au héros de la côte ouest. Williams la serra sans un mot. Son visage ne trahissait aucune émotion.
« Simon, je te présente Barbara Morse, et …
- Camilla Sable. On se connaît. »

Les deux célébrités se fusillèrent du regard. Clint se sentit gêné, alors que certains souvenirs people remontèrent dans son esprit. « L’aventurière et le super héros : le couple brisé après trois ans de bonheur. » Quand on parle d’acte manqué…
« Bon, Clint, que puis je faire pour toi ? »

Clint s’assit sur les marches.
« Je sais que je te dois la vie, Simon, mais il faut que tu m’aides. C’est… C’est chiant. Ma vie se barre en sucette depuis que je suis Hawkeye. Karla, mon amie du temps où je t’ai rencontré à New York, a été tuée. Dane a été mutilé. Tout ça… toute cette boucherie dans le seul et unique but de m’atteindre. Et celui qui a fait tout ça, ce sadique, m’a fait porter le chapeau
- Je suis au courant. J’ai vu que tu avais un avis de recherche sur le dos. J’ai bien failli partir te retrouver, mais des affaires m’ont retenu ici. Clint, j’aimerais que tu me dises pourquoi tu es venu. Parce que je n’aimerais pas être associé à des criminels. »

Clint haussa les sourcils. Williams gardait la tête baissée, sans rien dire.
« Pourquoi tu dis ça, mon chou ? »
Sable crispait les poings. C’était normal, à près tout. Sous son masque de Silver Sable, elle avait tué de nombreux mafieux, que ce soit personnel ou professionnel.
« Je ne dis pas ça de toi, Camilla. Je sais très bien ce que tu fais, quand tu ne participes pas à des soirées mondaines. Mais ça ne m’intéresse pas. Mais comme vous le savez, je suis une sorte de super-flic, depuis que l’on connaît mes pouvoirs. Et toi, Clint, tu es accusé de meurtre. »

Clint soupira. Sa mâchoire se crispa. Il tourna violemment la tête vers Simon et s’exclama.
« T’es bouché ou quoi ? Je t’ai dit que Karla a été tuée par un imposteur. »

Williams rentra chez lui, resta absent quelques secondes et revint avec un journal, qu’il lança à la tête de Clint. L’archer déplia et se retrouva en première page. Il vit son portrait, manifestement fait par la police, et lut la légende qui s’affichait dessous.
Cet homme est responsable de la mort d’Angelo Fortunato, et de son garde du corps Henry Michaels. Si vous le voyez, appelez immédiatement le 555_023_041
« Clint, fit tristement Simon. C’est un imposteur qui a tué ? »
 
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