Urban Comics
  Le Gorille #15 : Rencontes (3)
 

Histoire : Ben Wawe & P'tit Lu
Date de parution : Mars 2006

Résumé : Après avoir abandonné son rôle d’Avatar du Dieu Araignée, Ben Reilly – alias Spider Man – se rend à Paris pour rechercher en vain de la famille. Sur place, il rencontre Matthieu Sylvestre – le Gorille – avec qui il doit faire équipe pour contrer Volt, un criminel aux pouvoirs électriques. Cette poursuite les amène jusque dans les égouts, où Volt les plonge dans l’eau avant de les électrocuter…


« Hugnh… »

La douleur était violente dans tout son corps.
Parcouru encore par quelques spasmes musculaires, le jeune homme avait du mal à réfléchir et à avoir des pensées constructives. Lentement, il se releva, tandis que sa tête était horriblement lourde et douloureuse. Il soupira lourdement, et toussa quelques instants, avant d’entendre une voix familière à ses côtés.

« Ca va ? »

Matthieu se tourna lentement vers la gauche, où se trouvait Spider Man. Déjà accroupi dans l’eau, son masque était partiellement brûlé par l’électrocution. Il semblait fatigué et las, mais déterminé. Le Français se releva alors rapidement, malgré les vertiges qui le prirent violemment.

« Ouais…Je viens juste de vivre la mort d’un homard, c’est tout…
- Un homard, ça meurt par électrocution ?
- Non, mais ça meurt dans l’eau pour qu’on le mange.
- Vous mangez vraiment des homards ?
- Bien sûr ! Pas vous ?
- C’est plus hamburgers et hot dogs.
- C’est tout aussi dégueulasse.
- Là, frenchie, t’as pas tort… »

Ben Reilly sourit alors sous son masque à moitié détruit, et aida Matthieu à monter sur une sorte de trottoir dans l’égout. Les deux héros décidèrent de partir à la recherche de leur ennemi, Volt, qui devait être stoppé. Un tel taré avec de tels pouvoirs lâché dans Paris et énervé…la capitale pouvait être entièrement rayée de la carte avant que l’armée ne puisse l’arrêter définitivement.
Il était du devoir du Gorille et de Spider Man d’empêcher cela.
Quitte à tout faire et tout sacrifier pour l’arrêter…

Après une bonne quinzaine de minutes de marche, les deux adolescents arrivèrent à une bouche d’égout totalement explosée et ouverte au ciel. Ce fut le Gorille qui parla en premier, impressionné par un tel massacre.

« Wow…Volt est passé par là, et il ne semble pas être de bonne humeur…
- Ca c’est sûr…Mais il va falloir l’arrêter. Et vite.
- Oui…Mais avant, je voudrais savoir une chose…
- Laquelle ?
- Pourquoi n’as-tu plus ton costume noir, et pourquoi semblais-tu si surpris de pouvoir survivre à l’attaque de l’autre taré ? Je préférerais être sûr de bien être en face du vrai Spider Man, et pas un clone ou quelque chose du genre… »

Ben, qui avait commencé à monter le mur ravagé par le pouvoir électrique de leur ennemi, s’arrêta alors. Dos au Gorille, l’Américain soupira lourdement et resta quelques instants ainsi, avant de redescendre lentement dans l’égout, et de regarder son nouvel ami.
De longues secondes passèrent, les deux héros se lançant un étrange regard tendu. Finalement, Spider Man rompit le silence d’une voix difficile, bien que calme.

« C’est…compliqué. Normalement, je ne devrais plus avoir mes pouvoirs. Je les ai quittés avec mon autre costume. Mais, apparemment, on ne se libère pas aussi facilement d’une telle…malédiction… »

Le jeune homme devint alors plus sombre.

« …et j’ai donc encore mes capacités. Mais elles semblent moins étendues qu’auparavant, bien que cela devrait suffire à arrêter notre ami l’excité. Ça te va ? Et me traite pas de clone. J’ai vraiment une gueule à avoir un clone, sérieusement ? »

Matthieu resta alors silencieux, bien qu’un petit sourire s’était nerveusement affiché sur son visage. Il ne savait que dire à cet homme devant lui, qui semblait avoir énormément souffert de ses pouvoirs…Une malédiction ? Jamais le Français n’avait vu le Gorille comme cela…Il le prenait plus, en général, comme de l’amusement et une sorte de mission.
Mais Spider Man était dans le « métier » depuis bien plus longtemps que lui…allait-il aussi devenir comme lui, plus tard ? Est-ce que ses pouvoirs deviendraient aussi l’horreur pour lui ?

Mais le Gorille ne put aller plus loin dans ses pensées. L’air se chargea alors d’électricité, tandis que les poils et cheveux des deux héros se levèrent sur leurs corps. Du même geste, ils levèrent la tête…pour voir le visage d’un Volt enragé qui crépitait de pouvoir.

« Vous allez mourir !!! »

Le jeune homme leur balança alors deux rafales d’énergies chargées à bloc, mais cette fois-ci les deux héros sautèrent à temps, et évitèrent une mort certaine. S’accrochant aux parois de l’égout, ils attendirent l’arrivée de leur ennemi pour le rouer de coups et l’arrêter…mais jamais il ne vint.
En effet, le crépitement des balles se fit alors entendre, et Ben et Matthieu entendirent alors des ordres en français aboyés à des soldats…

« Groupe en position ! Arrêtez-moi immédiatement ce taré en protégeant les civils ! Allez, allez, allez ! »

Spider Man rampa sur le mur jusqu’à la surface, avec le Gorille. Les deux héros purent alors voir un petit groupe de six personnes en habits militaires qui tiraient sur Volt. Celui-ci faisait fondre les balles avec son électricité avant qu’elles n’arrivent sur lui, et semblait prêt à tuer tous les soldats d’un moment à l’autre…

« On peut pas laisser faire ça…
- Non… »

Matthieu s’était surpris à parler en premier. Il tourna lentement la tête vers Ben, qui le regardait aussi. Ils sourirent ensemble avant de se serrer la main.

« Content de t’avoir connu, frenchie.
- Content d’avoir pu rencontrer le super héros le plus connu de New York.
- Je te signerai un autographe s’il me reste un bras, après ça.
- Et avec tes pieds, tu sais rien faire ?
- Non, ça c’est Hank… »

Le Gorille ne comprit pas, mais sourit. Les deux héros se jetèrent alors sur Volt qui, de dos, ne put les éviter. Le Français et l’Américain commencèrent alors un monstrueux combat, usant de poings, coups de pied et pouvoirs monstrueux pour arrêter celui qui menaçait innocents et habitations.
Il fallait qu’ils y arrivent. Il fallait qu’ils le stoppent. Il fallait qu’ils arrêtent cette menace. Ils étaient les seuls à pouvoir le faire, ils avaient des responsabilités. Et les deux adolescents décidèrent, pour une fois, de les accepter. De se conduire comme des hommes. Enfin.


* * * * * * * *

« Filmée par un amateur, la confrontation qui a opposé une unité militaire, le Gorille et un individu portant le masque de Spider Man à un jeune homme aux pouvoirs électriques a duré dix minutes, aux termes desquelles les individus armés ont disparu avec l’homme électrique. Le ministre de la Défense a cependant nié toute intervention de l’armée pour stopper le dangereux individu. Le mystère reste donc entier quant à l’identité de ces hommes et de leurs liens avec le Gorille et Spider Man… »
Installés dans le canapé de l’appartement de Matthieu et de sa colocataire, Matt et Ben se remettaient lentement du combat qu’ils avaient dû mener, devant le poste de télévision.
Matthieu jeta un regard étonné à Ben après la dernière phrase de la journaliste : à la fin du combat, Volt était neutralisé mais lui et Ben étaient tellement épuisés qu’ils tenaient à peine debout. C’est ainsi qu’ils ont volontiers confié Volt à ces militaires qui leur avaient apporté soutien, mais les propos de la journaliste de France 3 les laissaient songeurs : et s’ils n’étaient pas ce qu’ils avaient prétendu être ?
On sonna à la porte, et Matthieu se leva pour ouvrir la porte. Emily lui sauta au cou :
- Oh, Matt ! Merde, j’ai eu si peur que tu…
Puis elle lui frappa la poitrine de colère, et Matthieu dut serrer des dents pour ne pas crier de douleur.
- C’est pas possible, tu connais pas le téléphone ?! T’avais disparu, on a cru que tu étais mort !
Puis elle entra dans l’appartement et Marie et Franck apparurent à leur tour sur le pas de la porte, avec une mine en colère.
- Volt a grillé la batterie de mon portable ! se défendit-il avant même qu’ils ne posent la question. Moi aussi j’étais inquiet pour vous !
Le couple entra dans l’appartement, où Emily avait déjà vu Ben.
- Tiens, s’étonna-t-elle avec un demi sourire, vous avez fait ami-ami ?
- C’est… une longue histoire.


Ben observait la ville à travers la fenêtre de la cuisine, seul. Il avait réussi à s’éclipser du quatuor pour réfléchir un peu. Voir Matthieu entouré de ses amis et retrouver le sourire grâce à eux lui rappelait combien lui manquaient les siens. Gwen, sa mère, Phil, Harry… Oui, même Harry. Après avoir déjà perdu Max, Fanny et les autres, tout ce qu’il avait été capable de faire, c’est abandonner à nouveau les êtres qui comptaient pour lui.
Gwen… il l’aimait, de tout son cœur, pourtant il l’avait quittée sans un mot, pour venir se ressourcer dans cette ville. Et qu’est-ce que ça lui avait rapporté, en dehors des bleus causés par Volt ? Rien du tout. Il réalisait que les personnes dont il avait le plus besoin n’étaient pas les membres disparus de sa famille dans ce pays, mais bel et bien ceux qui l’avaient soutenu, ses amis et surtout Gwen.
- Tu ressasses tes pensées ? observa Matthieu, adossé au mur de la cuisine.
Ben s’étonna de ne pas l’avoir senti entrer. Son sens d’araignée s’était lui aussi amoindri.
- Je rentre. Vous êtes sympa, mais ma place n’est pas ici.
- Je m’en doutais, fit Matthieu en haussant des épaules. New-yorkais un jour, new-yorkais toujours, c’est pas ce qu’on dit ?
Ben resta silencieux un moment, puis avec un ton grave :
- Prends soin d’eux, Matthieu, ils sont les seuls à pouvoir t’empêcher de mal finir. Et surtout, surtout, insista-t-il en appuyant sur le mot, prends soin d’elle.
Matt ne répondit pas, il ne réalisait pas vraiment ce que le super-héros voulait dire. En fait, il n’avait jamais envisagé un monde sans son entourage. Que deviendrait le Gorille, seul, sans Emily et les autres ? Mais surtout, sans Annabelle, sa colocataire et amie depuis plus de dix ans ? Annabelle et lui s’étaient brouillés il y a peu, mais jamais il n’avait pensé que cette fille qui l’épaulait depuis le début pourrait quitter sa vie. C’est grâce à elle que le Gorille n’allait jamais trop loin, et ça il ne l’avait jamais réalisé.
- Tu me files le bourdon, Amerloque… répondit-il avec un sourire gêné.
Puis il tendit la main au héros new-yorkais, qui l’attrapa :
- J’espère que tu repasseras un de ses jours. Et promis, t’auras le droit de te poser sur mon banc.
- Je ne l’oublierai pas, le remercia-t-il en souriant.


Il est parti après ça. Accroupi sur le toit d’un immeuble, le Gorille observait l’avion qui quittait le pays. Il n’était pas près d’oublier les quelques heures passées avec Ben Reilly, ça n’était pas tous les jours qu’on croisait un autre super-héros dans les rues parisiennes ! (en dehors de l’Archer, bien sûr, mais depuis le temps qu’il veillait sur la ville, il faisait comme partie des meubles).
- Bonne chance pour l’avenir, Spider Man, murmura le Français. Tu risques d’en avoir besoin…


Petit mot de P'tit LU :
Merci à Ben Wawe d’avoir eu l’idée et d’avoir participé à cette rencontre ! (et surtout d’avoir supporté mes retards Wink ). A une prochaine collaboration ! Et un grand merci également aux lecteurs qui me suivent et me soutiennent, et à tous ceux que ce crossover aura amené à lire la série Mr. Green .

Petit mot de Ben Wawe :
Merci à P'tit LU pour m'avoir permit de "m'aérer" d'Urban Spider Man, en écrivant avec lui ce petit cross over bien sympathique. Ca m'a permit de reprendre en main le personnage de Spider Man et de retrouver une motivation qui faiblissait. Merci donc à lui, aux lecteurs et à tous ceux qui nous lisent.

 
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