Urban Comics
  Urban Deadman #1
 

Auteur : Baragon
Date de parution :
 

J’aime ces lieux…

Le vieux cimetière près de la cathédrale Saint Patrick est un endroit tranquille pour passer le temps et méditer. Depuis la retraite, je viens ici régulièrement, presque chaque jour en fait. J’ai presque l’impression d’être devenu l’un de ces monuments de pierre… un élément de décor, on sait qu’ils sont là sans vraiment les voir.


Certain jour, j’aime à plaisanter que je passe tant de temps ici uniquement pour m’y habituer… pour le jour où je n’en repartirais plus. Mais personne ne rit des mots d’esprits d’un vieillard " invisible ".


Le seul avec qui je parle de temps à autres, c’est le gardien, le vieux Thadéus Freeborn à quasiment mon âge. Je me souviens d’un de ses matchs, du temps où il était boxeur, un des premiers boxeurs noirs à s’être fait un semblant de noms dans les années 30, bien avant le "petit Cassius " comme il dit souvent. De cette époque lointaine, il ne garde pas grand chose, une patte folle et quelques brouettes de souvenirs à raconter, accompagné d’une unique médaille en "poids moyen ". La vie est étrange parfois, depuis, il est passé par pas mal de petits boulots, un peu comme moi. A l’époque j’étais trapéziste et acrobate… et puis l’âge à fini par me rattraper.


Avec le temps, j’ai fini par connaître un peu tous les habitués des lieux. La veuve Radnick par exemple, vient fleurir son mari et son frère toutes les semaines. Elle passe, dépose ses deux bouquets, verse une larme et repart, réglée comme une horloge. Elle représente le visiteur type ici, les gens qui viennent par réflexe, sans regarder autour d’eux. C’est bien plus triste que le cimetière en lui-même à mes yeux… mais je ne suis qu’un vieux radoteur…


Parfois je me demande à quoi servent encore les cimetières ? A part donner du travaille ou un lieu de promenade aux vieux comme Thadéus et moi. A voir la plupart des gens, une vitrine avec des plaquettes suffirait amplement.


- Salut mon gars. Comment va aujouwd’hui ?

- Bien m’sieur Thadéus, merci. Et comment vous portez-vous de votre côté ?


Ça c’est le " petit " Thomas… je dis ça parce que Thadéus et moi le voyons venir ici depuis qu’il est gamin, sa mère l’emmenait pour fleurir la tombe de son grand-père et s’en occuper. Je l’aime bien ce gamin, il a plus de 20 ans maintenant et vient toujours, pas régulièrement, mais au moins avec conviction. Si une autre tombe sur son chemin à besoin d’un petit coups de pouce, peu de chose, comme redresser un pot ou une coupelle de fleur renversée, il n’hésitera pas, il le fera au lieu de passer à côté comme la plupart des gens… ce n’est pas grand chose, mais moi, ça me réchauffe le cœur.


- Allé, file gamin… si tu en as pouw un peu plus de temps, passe me voiwe pouw que je te wouvwe la gwille pouw sowtiw…


- Merci m’sieur, j’essayerais de ne pas vous déranger trop tard, c’est sympa de me laisser du temps en rab…


Et le voilà qui s’éloigne avec son sac. A mon avis il va encore bricoler pour entretenir le monument de son grand-père… et peut être bien ceux qui le jouxte si le besoin s’en fait sentir…


- C’est un brave garçon… hein Thadéus…

- Un bwave gamin… ouaip…

Me wappel Jo Stud en 32, aussi gwand et costaud que lui… on s’est salement colletés à l’époque. Quatwe jouw pouw pouvoiw wevoiw avec mon œil gauche, mais sa mâchoiwe a dû le lancer au moins aussi longtemps…


- Je vais te laisser Thadéus, je sortirais pour la fermeture, comme d’habitude.


- Ou alows c’était Will Trent en 36, celui là il…


Il est comme ça Thadéus, nostalgique mais un peu perdu dans la masse de ses souvenirs, une fois lancer, il peut tenir un sacré moment. Moi aussi il m’arrive d’être nostalgique du temps où le nom de Boston Brand faisait vibrer les foules, l’as volant…

Toute une époque révolue maintenant, il ne reste plus que Brand, le vieillard radoteur, comme ce bon vieux Thadéus…

A bien y réfléchir, tout ça me paraît si loin. Les petits boulots miteux pour recaser un acrobate qui à vieillit, j’ai même remplit les sacs dans une épicerie… boulot de vieux.


Je vais voir où en est le gamin tient. Je me demande ce qu’il trimbale dans son sac… la curiosité est un vilain défaut, je le sais bien… mais c’est un passe-temps de vieillard comme un autre.


Voyons voir… une cartouche de silicone, ce brave petit refait donc les joints avant l’hiver, ça évitera que la pierre tombale ne se fende aux premières gelées. Bon, au moins je suis fixé, ça détend. Tout le monde ne porte pas autant d’attention. Je crois me souvenir qu’il n’a même pas connu son grand-père. Si plus de jeune avait ce respect des aînés et des disparus, on aurait moins de voyous dans les rues… le respect se perd de nos jours. Je vais le laisser à son recueillement, ils méritent bien un peu d’intimité.


Avec tout ça je n’ai même pas vu l’heure, à la lumière je dirais qu’on en est au début de soirée… il va falloir passer par Thadéus pour ressortir maintenant.




SBLING BELONG


Qu’est-ce que c’est que tout ce boucan ?


- Fais gaffe pauv’truffe !

- T’as peur de quoi ? Qu’on nous entendent ? Y a jamais personne à c’t’heure ci dugland…

- Ouais ben ça excuse pas la connerie Max…

- On avait dit pas de nom bordel !

- Bah… t’as peur de quoi ? T’as dis toi même qu’y avait personne pour nous entendre patate…


Nom de nom ! Que viennent fiche deux traîne-savates de ce genre dans mon cimetière ? Un sac de barres à mines n’est pas l’accessoire idéal pour le recueillement.


- Lou à dit que c’était la tombe Parillo, le long du mur d’enceinte…

- Ouais ben y en à une borne de ce foutu mur… alors boucle là un peu et aide moi à chercher !


Bon, au moins je sais qu’ils cherchent une tombe, la question à 20$ c’est " pourquoi ? "…


SNAP

C’est quoi ce bruit encore ?

Ah non… c’est pas le moment de filer ces margoulins gamin ! Un vieux débris tel que moi c’est largement suffisant. Mais il tiendra jamais caché derrière cette petite pierre tombale… faudrait au moins un mausolée bâti comme il est…


- Hey… gamin…mais planque-toi donc triple buse !


Bon sang… il n’a pas l’air de m’entendre et si je hausse la voie, on sera prit tous les deux… et je ne crois pas que nos paroissiens prennent bien la nouvelle…


- T’as pas entendu un truc Stan ?

- Arrête de baliser pour rien… y a personne ici j’te d… HE TOI LA !


Aïe, il c’est fait repérer… joue la fine gamin.


- Vous n’avez rien à faire ici !


C’était pas une bonne réponse ça gamin… très chevaleresque, mais tarte aussi.


- T’entend ça Stan ? On a rien à faire ici ? T’y crois-toi ?

- Je sais pas Max, j’ai du mal à me convaincre… mais je crois que j’ai le bon argument là…


Trop vite pour que ce pauvre gamin ai le temps de plonger, voilà ce fameux Max qui lui enfonce une belle longueur de cran d’arrêt dans l’abdomen. Pauvre gamin… et moi qui ne peux rien faire… foutu vieillesse…

Je reste planqué là où je suis et je regarde ce pauvre gosse glisser à terre. J’espère qu’ils vont filer avant qu’il soit trop tard, que je puisse appeler des secours avec Thadéus.


Nos deux profanateurs en herbe ont fini par repartir après avoir extrait une mallette de l’une des tombes. Salle affaire, pour sur, mais d’abord voir où en est le gamin.

Quand je lui effleure l’épaule il est prit d’un soubresaut. Le voilà qui commence à doucement se relever… j’ai rarement été aussi heureux de voir quelqu’un bouger !


- Tu m’as fichu une de ses frousses gamin… j’ai bien cru qu’il t’avait pas loupé, heureusement que tu as une bonne veste en cuir, la lame à due partir de travers après avoir glissée sur le cuir. Tu as eu une chance insolente.


Le petit ne me répond pas… en même temps à son air un peu abruti je pense qu’il doit être en état de choc, on le serait à moins.


- Bon, on va passer voir Thadéus et appeler la police. A si j’avais eu 20 ans de m… bon d’accord 40 ou 50 ans de moins, je te les aurais rattrapé en moins de deux pour leur apprendre à vivre.


Là-dessus le petit part doucement vers le pan de mur au-dessus duquel ils sont passé. Avec une agilité que sa masse ne laisse pas deviner, le voilà de l’autre côté… à le voir, je me serais cru au bon vieux temps des spectacles. Ça me semble bien plus dur à moi… la vie est injuste, d’une main elle vous accorde de rester sur cette bonne vieille terre, de l’autre elle vous assèche et vous épuise pour que vous regrettiez les années passées… chienne de vie…


Je retrouve le gamin et nous voilà sur la piste de ses satanés pilleurs.

Nous les retrouvons à peine quelques rues plus loin, il faut dire que patasser dans les parterres de fleur d’un cimetière ça laisse des traînées de terre…


- Bon écoute gamin, le petit rodéo pour les retrouver, admettons… mais là on est pas de taille. Je te l’ai dis, si j’avais un paquet d’années de moins… mais là…


Et revoilà le gamin qui part d’un roulé-boulé vers leur voiture pour se relever pile sous leur nez… je vous ai déjà dis qu’il m’impressionne ce petit gars ?

Comme si ça ne suffisait pas, le voilà qui les étend en deux coups vif et lourd… ceux là, Thadéus ne les aurait pas renié…


- Et bé fiston… avec un punch pareil Thadéus te ferait faire de grandes choses…

Bon… qu’avaient-ils dans cette fichu mallette ?


Quand je vous disais que la curiosité est un vilain défaut… me voilà avec quatre sacs d’une poudre d’un blanc immaculé… de la drogue… j’ai horreur de ça.


Une fois nos deux lascars bien ficelé avec leur ceintures, nous voilà à chercher une cabine téléphonique. Le petit a une voie lente, un peu traînante… mais les condés finissent par acquiescer et promettre de se mettre en route. Avec une voie comme ça il doit vraiment être salement choqué... mais comme disait Saly, un bon café bien serré ça éclairci toujours les idées…


Le pub de Mc Gwiguin n’est pas bien loin, on y trouvera un bon café bien chaud et il pourra souffler. Brave gamin je vous dis…


Bien qu’il ai une tête de déterré, le barman fini par nous apporter un café… et évidemment ma propre commande est encore oubliée. Mais bon, ce n’est pas moi qui en ai le plus besoin. Je vais laisser le petit siroter son café et rentrer chez moi. Je prendrais de ses nouvelles demain, il sera sûrement dans le journal avec ce qu’il à fait…


- A la prochaine gamin…


Et la nuit se referme sur moi…








New York Post, article du lundi 14 novembre :


PUNITION POSTHUME ?



Hier soir, aux environ de St-Patrick, deux jeunes vandales ont extrait d’une tombe une mallette contenant 4 kilos d’héroïne pure. Que faisait-elle là ? Qui l’y avait mise ? Comment deux jeunes gens savaient-ils où la trouver ?

Autant de questions qui restent actuellement sans réponse tant que la police ne rendra pas son rapport sur cette affaire.


Mais le plus exceptionnel n’est pas là. Ces criminels semblent avoir été appréhendé par un jeune homme habitué des lieux. Le gardien du cimetière, Thadéus F. nous confiait il y a quelques heures le connaître depuis plusieurs années et déplorer sa perte. En effet, le jeune Thomas V. a été retrouvé dans un pub non loin de là. Le barman jure l’avoir vue rentrer seul et demander un café, l’air épuisé certes, mais bien vivant. Or, le rapport du légiste indique que son cœur avait cessé de battre depuis plus d’une heure au moment où il est entré dans l’établissement, le décès étant dû à une plaie important à l’abdomen.


Une questions semble donc demeurer sans réponse ni possibilité d’en avoir une… comment ce jeune homme a-t-il pu faire ?

 
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