Urban Comics
  Urban Deadman #3
 
Auteur : Baragon
Date de parution :
 


New York Post, article du jeudi 17 novembre :

NOS MORTS, CES HEROS…

Hier soir encore, d’étrange actions posthume défraie la chronique dans notre ville. En effet, les pompier ont été amené à intervenir sur les docks, l’alarme ayant été donnée depuis l’un des déclencheur manuel d’un entrepôt. Quel ne fut pas leur surprise de découvrir trois personnes visiblement passée à tabac et détrempée, ayant échappé de peut à la noyade.

Rien d’extraordinaire jusqu’ici me direz vous. Seulement, deux des personnes désignaient la troisième comme leur sauveur dans ce qui aurait pu être leur noyade, le diagnostique des pompier était malheureusement sans appel : leur sauveur avait la nuque brisée depuis plus d’une demi heure… il lui était impossible de leur venir en aide dans ces conditions… et pourtant !


Une vague de " mort héroïque " commencerait elle à déferler sur notre bonne veille New York ?


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Avez vous déjà pris le train la nuit, or des villes ? Quand tout le monde à éteint sa lampe. Cette sensation de solitude, alors que vous savez le monde en mouvement autour de vous mais que seul une nuit d'encre vous entoure, ne pas savoir si on existe vraiment ou pas, être immobile dans un néant en mouvement…

Et bien si c’est le cas, vous vous rapprochez de ce que je ressent devant cette pierre tombale. Sauf que vous savez que la lumière va revenir, qu’une gare vous attend. Moi je viens seulement d’apprendre que je suis sensé être mort depuis trente ans. La gare me semble bien loin à cette instant.

La question à 100$ c’est : si je suis mort qu’est ce que je fou là ?

Je veux dire on nous bassine de tant de chose a longueur de temps… la vie après la mort, le paradis, l’enfer, le néant… toute ces conneries pour vous vendre quelque chose en générale, que ce soit une religion ou un remède miracle. Moi je suis là et je tremble comme une feuille en tendant le bras vers la stèle… passera à travers ou pas ? C’est peut être bête, mais si je suis mort, celons toute " conneries vendeuse " je passerais à travers… et franchement, j’hésite à tenter le coup. Après tout, ça peut être un homonyme… avec la même année de naissance et le même surnom…

Le temps me semble une éternité pendant que je tend la main. Si je touche la pierre, j’en serais bon pour avoir une anecdote ridicule à raconter, sinon… aller, encore quelques centimètres.

Là je frôle la crise cardiaque, enfin, je me comprend. A force d’ergoter, la stèle m’arrive déjà au milieu de l’avant bras. J’en tombe sur le cul, au propre comme au figuré. Et maintenant ?

Retour à la première question : Mais qu’est ce que je peux bien foutre là ?

Et surtout : Pourquoi ?

C’est vrai après tout, la plupart des bouquin sont unanime, les fantômes sont là pour une raison, vengeance, veille rancune ou truc du genre…

Le problème c’est que je ne me souviens de rien de tel. Pour être franc, je ne me souviens même pas être mort alors… de là à vouloir venger quoi que ce soit… et puis soyons honnête, niveau vengeur ou protecteur je serais plutôt en catégorie poids plume, voir minable. C’est quand même mon petit fils qu’on met en bière à une trentaine de mètre d’ici. J’était là et maintenant c’est moi qui vais devoir lui rendre visite sur sa tombe.

On dis toujours qu’il n’y a rien de pire que de survivre à ses enfants… et bien j’expérimente bien pire en ce moment, je " survie " à mon petit fils. Si on peut parler de vivre évidemment.

Et maintenant ? Le tunnel, la lumière au bout tout ça… c’est pour quand ? Limite l’oublie même, je trouverais ça préférable.

Tout ce temps où je pensais parler avec Thadéus je ne faisais que répondre au soliloque d’un vieillard qui radote seul dans son coin. Remarquez, pas que je m’en pleine, j’aurais eu une illusion de compagnie pendant une paire de décennies. Et maintenant me voilà assis sur ma tombe, le visage entre les mains à attendre… attendre quoi ? Et bien qu’importe, de toute façon je n’ai plus rien à perdre, ni à gagner, attendre que le temps passe, que quelque chose change à mon état. Attendre ce qui ne se produira sans doute jamais.

J’en suis là de mon cafard et Thadéus approche une bouteille à la main. Il fait déjà nuit maintenant. J’ai toujours cru que le temps passait vite, mais là c’est quelque chose, je n’ai plus de prise dessus, plus de repère. Le voilà qui rempli deux verres et en dépose un près de moi… enfin sur la tombe, beau hasard d’être aussi près.

- Y faut pas bwoyer du noiw mon gars. T’as encow pas mal de chose devant toi.

Il reprend un de ses soliloque… ça me passera toujours le temps, la douce illusion d’exister.

- Et d’abowd fait moi une place que je me pose. C’est ta tombe mais j’ai besoin de me poser moi aussi. Si tu veux qu’on puissent boiwe à la mémoiwe du gamin, faudwa déjà que tu pousse ton séant.
- De la p-place ? tu me.. tu me vois ?
- Comme je te vois depuis twente ans, gwos malin… d’ailleuw ce n’est pas une heuwe pouw twainer dans un cimetièwe.
- Mais je ne suis même pas sensé être là… je suis…
- Mowt ? Et alows ? Depuis le temps tu auwais pus t’en wendwe compte non ?
Depuis que j’ai awwêté le boxe, je vois deux ou twois twuc en plus… toi entwe autwe. J’ai pwis pas mal de coup suw la cafetièwe à l’époque et ça m’a… ouvewt les yeux.
- Euh…
- Laisse pas pendwe ta machoiwe comme ça… on se le bois se vewwe à la mémoiwe de ton petit fils oui ou non ? Si tu es twanquille, moi j’ai encowe le sens du fwoids dans mes vieux os…

La scène était surréaliste, et croyez moi je commence à en connaître des trucs surréaliste. Un vieux fou qui parle tout seul avec une bouteille… c’est ce que le monde peut voir à ce moment. Moi je vois la vérité et j’ai plus de mal à y croire qu’à ma propre mort ou peu s’en faut… l’être humain n’utilise que 5% des capacité de son cerveau…. Et il aura fallu 10 ans de dérouillé sur un ring pour que ce bon vieux Thadéus en découvre une partie de plus et puisse me voir. C’est fou non ?

On est resté là à boire sur le malheur du monde pendant une bonne heure. Enfin Thadéus est resté à boire… moi je n’ai droit qu’a regarder mon verre.

Il finit par me dire que, si ce que raconte les journaux est vrai, j’ai du posséder le corps de ces pauvre gamin inconsciemment, voir que je devrait pouvoir le refaire volontairement. Faut avouer que ça ouvre des possibilités…. Et ça en ferme principalement une, cette fois c’est certifié conforme : je suis mort.

Thadéus va finalement se coucher et je reste là à vagabonder dans mes pensés. Rien de passionnant mais au moins ça me mène jusqu’au matin sans que je voie trop passer le temps.

J’ai l’éternité devant moi et peu de chose à en faire, la première chose à laquelle je pense c’est de me renseigner sur mon décès. C’est vrai quoi, que je sache au moins l’un des tenant qui m’a amené à cette galère.

En route pour la bibliothèque, si les chose n’ont pas trop changé, il devrait y avoir un recueille d’article de journaux ou des bande sur microfilm, je consulte la date de ma mort et je me cherche dans la rubrique nécrologique… en espérant ne pas me trouver dans les faits divers. Là où j’en suis c’est bête, mais j’espère quand même que ça n’a pas été trop douloureux ou trop moche.

Bon, et maintenant que je suis enfin arrivé à bon port, je fais comment ? J’attend que quelqu’un ai la merveilleuse idée de consulter les journaux qui m’intéresse ?

Etrangement, j’ai comme un doute sur mes chances de succès, surtout que j’ai une année entière à consulter, ma tombe ne porte que l’année…

Un plan aléatoire mûrit alors soudainement. Si je peux " posséder " temporairement une personne, rien n’indique pour le moment qu’elle doive être morte… plus qu’a trouver un " volontaire " pour me servir de vaisseau.

Je tente une première fois ma chance avec la bibliothécaire, après tout, si quelqu’un peu avoir les renseignement que je cherche, c’est elle. En plus elle est plutôt proche de mon âge, ça nous rapproche dirais-je…

Et bien lourde erreur de ma part… trop de volonté et je me fais " expulser " comme un cafard sur le comptoir d’un bar louche. J’emporte avec moi quelque propos amère sur les jeunes d’aujourd’hui et surtout ce petit écervelé qui fais claquer son chewing-gum dans la bibliothèque. Au finale : Vieille-bique 1 / Boston 0

J’en suis quitte pour une petite migraine et visiblement c’est un peu plus lourd pour elle… Boston revient au score !

En attendant je n’ai pas beaucoup avancé…

Bon, mettons que ce soit un problème de volonté. Logiquement en visant moins haut ça devrait passer.

Hum.. le jeunot au chewing-gum tient, de toute façon au points où j’en suis…

Le contacte est établi et un frisson plus tard j’ai de nouveau des sensations physiques, c’est étrange et réconfortant à la foi. Cette fois je n’ai pas l’impression de voir les événements de l’extérieur… habitude ? Différence pour les êtres vivant ? C’est vraiment une tête de linotte et j’ai " suffisamment de place " dans son esprit pour squatter intégralement ?

En tout cas j’ai les commandes pour le moment.

Un gros quart d’heure plus tard, j’ai mon renseignement et je ne suis pas plus avancé. Ma mort à été violente sans l’être : une crise cardiaque durant un hold-up. En gros ça n’explique absolument rien à mon état actuel.

Par contre je me rends compte d’autre chose et c’est un peu gênant. Je devrais rendre conscience au petit quand je remarque enfin quelque chose. Tout le long de ma recherche j’ai continué machinalement l’occupation d’origine de mon hôte : mâchouiller un vieux chewing-gum au goûts passé.

Le goût… expérience magnifique quand on en à été privé… merveille anodine. C’est embarrassant à dire… mais avec toute les possibilités que m’ouvre mon état en cette instant je ne pense plus qu’a une chose… un soda frais et une cochonnerie de hot-dog bien de chez nous.

Quelques piécettes et un achat plus tard c’était chose faite. On aurait pus qualifier ce hot-dog de médiocre, mais c’est le meilleur qu’il m’ai été donné ces vint dernière années.

Je m’offre encore un court instant de satisfaction et je quitte le gamin. Il s’en sort avec un peu moins de monnaie mais l’estomac plein, ce n’est pas le pire marché qu’on puisse faire.


J’ai pris le temps de faire ce qui restait en mon pouvoir pour aider les forces de l’ordre. Une fois au commissariat j’ai aisément trouvé le chargé de l’affaire. Quand on se retrouve avec une affaire bizarre sur les bras, les railleries des collègues vous désigne vite. Une petite visite impromptue a son bureau et je lui ai fait taper tous les noms et descriptions que je pouvais avoir sur les têtes de l’affaire… j’ai fais de mon mieux, enfiler un collant et jouer les redresseur de tort n’est plus de mon âge… et de toute façon impossible de mettre un collant dans mon état.


Et voilà, la boucle est presque bouclée. J’en reviens à arpenter la ville comme une ombre… que je suis réellement. Invisible et ignoré. Je prend quelques instant de la vie des gens parfois, surtout au repas, que voulez-vous, on ne se refait pas.


Alors si vous vous retrouvez avec quelques instant de " blanc " dans votre journée… j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur…
 
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