Urban Comics
  X-Files #9 : Never Forgotten
 
Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Décembre 2007

Note : Cet épisode prend place après le story-arc de Urban X-Men, contenant Philadelphie : Intolérance Zéro, Run Away, The Other Way, Reddition ? et la suite.

Un barbu aux cheveux longs jusqu’aux reins explosa la baie vitrée et s’écroula sur le sol, des éclats de verre enfoncés sur son visage. Le sang commençait déjà à couler alors qu’il sentait son corps entier crier de douleur. La stupeur était de mise à l’intérieur du bar. Et la soirée ne faisait que commencer.

« J’aime pas qu’on se foute de ma gueule. »

L’homme qui venait de parler passa son regard sur chaque personne présente. Malgré ses lunettes de soleil rectangulaires, tous pouvaient comprendre qu’il ne rigolait pas et qu’il valait mieux éviter de le mettre en colère. Il craqua ses phalanges avant de montrer du pouce la loque qui ne s’était toujours pas relevée, à l’extérieur.

« Ce type s’est foutu de ma gueule. Il en paye le prix. J’hésiterai pas à faire la même chose à chacun d’entre vous. Je veux des réponses. Et j’ai pas de temps à perdre. Ok ? »

La vingtaine de personnes dans le bar ne bougea pas. Le propriétaire avait bien posé ses deux mains sur le fusil de chasse qu’il gardait sous le comptoir, mais il sentait qu’il n’avait pas intérêt à se défendre. Ce type ne rigolait pas, et il n’avait pas envie de se retrouver avec un coup de couteau ou une balle. La vie était bien assez courte pour qu’il ne joue pas au kamikaze pour en finir encore plus vite.

« Je veux tout savoir sur Spider Man. Comment on l’a tué. Pourquoi. Et qui est celui qui a appuyé sur la détente.
- Tu dates un peu, mec. Spidey, ça fait des semaines qu’il est froid ! »

Un homme aux cheveux mi-longs venait de parler, un verre à la main. Assit à une table, avec deux types à ses côtés, il affichait un sourire qui n’avait pas vraiment lieu d’être. Vêtu simplement d’un t-shirt blanc et d’un pantalon noir, il semblait confiant et relaxe. Il pensait que tout irait bien. Il avait tort.

« Et alors ?
- On est passés à autre chose, mon vieux. Spidey, c’est de l’histoire ancienne. Ce petit con s’est fait buter, et il a eu ce qu’il méritait. Gaffe à pas suivre son chemin. »

Celui qui faisait peur au bar entier s’approcha lentement. Il portait une chemise blanche avec un simple jeans, et son crâne rasé attirait l’œil. Il semblait plus que normal, mais quelque chose chez lui troublait ceux qui l’observaient. Ce type n’était pas commun. Il dégageait une aura étrange…dangereuse.

« C’est une menace ?
- Plutôt un conseil.
- Un conseil ?
- D’un ami, ouais ! »

Le buveur leva son verre de bière vers l’étranger, croyant que celui-ci entrait dans son jeu. Il était le seul à penser ça, en fait, vu l’attitude frileuse de toutes les personnes autour de lui. Il courait un grave danger. Mais il ne le savait pas encore.

« Je ne suis pas ton ami. »

L’homme aux lunettes de soleil posa ses mains sur le dossier de la chaise de celui qui parlait trop. Celui-ci n’appréciait pas vraiment ça, mais il ne pouvait rien faire sans commencer une bagarre dont il n’avait pas envie. Le type derrière lui pouvait lui exploser la tête en une seconde, et il ne pouvait pas se défendre. Il commençait enfin à comprendre qu’il jouait avec le feu.

« J’étais celui de Spider Man. J’étais celui du cadavre qui repose au cimetière en attendant vengeance. Je n’ai pas été là pour l’aider. Mais je suis là maintenant. »

Il serrait fortement le dossier de la chaise. La tension était à son comble, et le buveur avait posé sa bière. Ses yeux n’arrêtaient pas de fixer les autres personnes présentes, cherchant de l’aide et des alliés. Il ne trouvait rien de tout ça, sauf la peur et la lâcheté.

« Et tu vas tout me dire. »

Apeuré, l’homme comprenait qu’il était dans une très mauvaise posture, et qu’il allait s’en prendre une. Instinctivement, il sortit une lame de la poche de son jeans et voulut frapper l’étranger avec, mais celui-ci l’avait vu venir et se saisit de son poignet avant qu’il n’ait pu faire le moindre geste menaçant. Il serra fortement l’os sous ses doigts, et le buveur cria de douleur. Il n’arrêtait pas, continuant de le faire souffrir et lui faisant lâcher son arme.

« Pitié ! Aaaah…putain ! Pitié ! Arrête !
- Non. »

Avec son autre main, l’homme aux lunettes de soleil le frappa violemment au visage, et le buveur tomba brutalement au sol, inconscient. Son vainqueur se tourna ensuite vers le reste du bar, toujours serein et dangereusement calme.

« Ca fait deux types qui se fichent de moi. Deux types que je corrige. Ce petit manège doit encore durer longtemps avant que j’ai mes réponses ?
- On sait pas qui a tué Spidey. Mais on sait où il vivait. »

Il se tourna vers le barman. Celui-ci avait lâché son arme en comprenant que l’étranger ne voulait que son renseignement. Il n’était sûr de rien, mais son instinct lui criait que ce type n’était pas là pour détruire son établissement et qu’il partirait dès qu’il aurait ce qu’il voulait.

« Où ?
- Lower East Side. Bar Trasher.
- Trasher ?
- Ouais. Tu devrais trouver, c’est juste près du fleuve.
- Merci.
- Hey, attends !
- Quoi ?
- Pourquoi tu cherches celui qui a buté Spidey ? Tu veux le venger ? »

L’étranger se dirigea vers la porte du bar avant de regarder à nouveau le barman et propriétaire.

« Oui.
- Bien. Fais-lui mal, à ce connard.
- Pourquoi ?
- Spidey était un des rares types qui faisaient du bien à Manhattan. Les autres ne sont que des monstres en qui on peut pas avoir confiance. Avec Daredevil, il était le seul à être avec nous et à gérer nos problèmes, pas seulement les grosses menaces. C’était un mec bien.
- Oui. »

Il sortit par la porte et s’assit sur sa moto, une Harley Davidson Roadster Sport rouge. Il mit le contact alors que sa première victime se relevait péniblement de l’asphalte, saignant de tout le visage et en piteux état.

« Putain…mais qui t’es, toi… ?
- Qui je suis ? »

L’homme enleva ses lunettes, découvrant ses yeux bleus purs.

« Bobby Drake. Et ce soir, je règle une vieille dette. »

Il fit vrombir la moto avant de s’élancer dans les rues de New York. Il n’était pas plus avancé que lorsqu’il était entré dans le bar, mais au moins avait-il une adresse. Il ne savait pas si il en apprendrait plus là-bas, mais il pourrait interroger ceux qui avaient vécus avec Ben pour savoir comment son ami était mort. Et pour retrouver son assassin.

Bobby était là parce qu’il s’en voulait, en fait. Il avait quitté la ville après la guerre lancée par Lex Luthor et après avoir découvert que Charles Xavier, celui qui avait réuni les X-Men, était un beau salaud. Depuis, lui et ses amis parcouraient les routes du pays à la recherche d’un endroit pour survivre et être heureux. Et ça n’était pas facile.
Néanmoins, il se sentait assez bien avec Jean, Scott, Hank et Warren. Tout n’était pas toujours rose, mais ils étaient une sorte de famille, toujours prêts à s’entraider et à tout faire les uns pour les autres. Il n’avait jamais connu ça, et savourait ce lien qui l’unissait aux autres. Il avait tout sacrifié pour les suivre. Et il mesurait désormais la gravité de son geste.

Ben Reilly avait été son premier ami, la première personne avec qui il s’était vraiment sentit bien. Il lui avait donné un toit après la mort de ses parents, et l’avait même empêché de faire une belle connerie quand Bobby avait voulu se venger des assassins. Après, ils s’étaient éloignés parce que Drake se sentait honteux, mais il avait toujours considéré Spider Man comme un ami, comme quelqu’un qu’il respectait profondément et pour qui il était prêt à tout.

Mais il était parti. Il avait quitté New York avec les X-Men, et il n’avait plus donné de signes de vie. Il avait fait sa vie sans Ben, et ne s’était même pas tenu au courant de l’évolution de Spider Man. Jusqu’à hier. Jusqu’à ce qu’il apprenne que le héros de Manhattan avait disparu, et que beaucoup pensaient qu’il s’agissait de Ben Reilly, le jeune homme retrouvé avec une balle dans la tête près du fleuve.

Immédiatement, Bobby avait laissé les X-Men et « emprunté » une moto pour venir à New York. Il s’était renseigné sur le chemin et avait appris que ça datait de quelques semaines déjà, et que Spider Man avait vécu beaucoup, beaucoup de choses durant son absence. Ben avait perdu ses parents, avait été déclaré mort avant que l’administration ne se rende compte de son erreur. Il avait aussi perdu sa copine, qui était décédée maintenant aussi, et en avait retrouvé une autre, qui avait eu le même destin. Et l’homme qui l’hébergeait avait aussi été tué.
En clair, son ami avait perdu ses parents, ses petites amies, l’homme qui l’avait accueilli chez lui et était devenu plus violent et destructeur sans qu’il ne soit là pour lui. Sans qu’il l’aide à traverser ces épreuves. Et il ne se pardonnait pas ça.

Evidemment, il avait beaucoup d’excuses : il n’avait pas accès aux informations avec les X-Men, il n’avait pas eu le temps avec tout ce qu’il avait vécu de passer un coup de fil, tout ça était resté bien secret et il avait eu assez de soucis pour faire un joli concours avec Ben. Mais pour lui, ça ne voulait rien dire. Son ami avait souffert et était mort sans lui. Il se sentait coupable.

C’était pour ça qu’il était. C’était pour ça qu’il fusait dans les rues de la Grosse Pomme sur une moto volée. Ben était mort. Son assassin courait toujours. Il n’avait pas été là pour le sauver. Il le serait pour le venger.

Bobby éteignit le moteur en arrivant devant le bar Trasher, situé à quelques mètres du fleuve. C’était fermé. Il n’aimait pas ça. On était samedi soir, et à New York, aucun bar ne pouvait être fermé à ce moment-là. On se faisait beaucoup trop d’argent avec tous ceux qui fêtaient le week-end et voulaient s’amuser. Il y avait quelque chose d’anormal.

Il descendit donc du véhicule et tenta d’entrer, mais la porte était fermée à clef. Il recula légèrement pour essayer de trouver un signe d’une présence humaine à l’intérieur, mais il ne vit ni n’entendit rien. Il ne semblait y avoir personne, dans le bar.
Qu’allait-il faire, maintenant ? Le peu d’informations qu’il avait obtenues se résumait en cette adresse et le fait que Ben ait vécu chez des Stacy, à ce qu’il avait entendu. Il n’avait pas pu avoir leur adresse par Internet et par les journaux, et il avait dû aller dans le précédent bar pour en apprendre plus. Apparemment, les Stacy vivaient ici et Ben avait dû faire de même. Mais ça semblait fermé et abandonné. Ca n’allait néanmoins pas l’arrêter. Il avait trop envie de savoir comment son ami était mort pour ça.

Drake posa donc sa main sur la poignée de la porte et jeta quelques regards autour de lui avant d’activer son pouvoir. En quelques secondes à peine, il gela la poignée et put l’arracher. Il passa ensuite ses doigts dans le trou et enleva le loquet, puis entra dans le bar abandonné.

« Hum. »

L’intérieur était rempli de poussière et de toiles d’araignée. Ca devait faire des semaines que personne n’avait fait le ménage ici. Ca devait faire des semaines que personne n’avait dû faire fonctionner le bar. Peut-être depuis la mort de la fille de la maison et de Ben…

« Mains en l’air. »

Il entendit la phrase peu après le déclic de la sécurité d’une arme qu’on enlevait. Immédiatement, le mutant se tourna vers l’endroit d’où provenaient les deux sons, et il put entrevoir une vague forme, assise dans l’ombre.

« Qui t’es ? Un voleur ? Y a plus rien à voler, ici. Plus d’argent et presqu’plus à boire…m’enfin, bientôt y aura plus rien à boire.
- Je ne suis pas un voleur. »

Les mains en l’air, Bobby essayait de voir le visage de la femme, car c’était bien une voix de femme qu’il avait entendue, qui le menaçait. Elle était assise contre le mur, son arme difficilement levée vers lui et une bouteille dans son autre main. Elle semblait saoule.

« Qu’es’tu veux, alors ?
- Des réponses.
- J’suis pas Wikipedia !
- Quel humour.
- Ta gueule, p’tit con. Ta gueule.
- Je suis là pour avoir des réponses sur la mort d’un ami. Sur la mort de Ben Reilly.
- PAS CE NOM ! »

La femme se leva brutalement de son siège et fut en quelques pas devant Drake, l’arme pointée sur son visage. Il pouvait maintenant mieux la voir, et elle n’était pas très belle à voir. Fatiguées, les traits tirés, l’haleine emplie d’alcool, elle s’était laissée complètement aller et n’était plus qu’un déchet, une loque. Elle n’avait pas dû se laver depuis des jours, et ça se sentait. Mais il se retint de le dire, vu que c’était elle qui avait l’arme.

« Dis jamais ce nom devant moi…jamais. Plus jamais…
- Si vous voulez. Mais je veux quand même en savoir plus sur lui. Il a vécu ici, et…
- Et il a détruit ma famille. »

Toute rage avait quittée son être, et la femme se laissa lourdement tomber sur une chaise, reposant son arme sur une table à côté. Elle but une grosse gorgée d’alcool avant de relever des yeux rougis par le scotch et la fatigue vers lui, tout son visage suant la douleur et la tristesse. Elle faisait vraiment peine à voir.

« Vous êtes Anna Stacy ?
- Oui…
- Je vois. »

Il tira une chaise et s’assit juste en face d’elle. Il était clair qu’elle ne lui ferait pas de mal et qu’elle était totalement détruite depuis la mort de Ben et de sa fille, quelques semaines plus tôt. Il aurait voulu l’aider et l’amener de suite à l’hôpital, mais il en voulait en apprendre plus sur la mort de son ami. C’était son objectif avant tout.

« Je ne vais pas dire que je sais que c’est dur, que je vous comprends…c’est le cas, mais ce n’est pas à moi de vous aider. Je ne vous connais pas et je n’ai aucune raison de vous aider à vous sortir du trou dans lequel vous êtes. Ben était mon ami et je veux retrouver son assassin. Vous en savez plus que moi sur lui. Dites-moi tout ce que vous savez. S’il vous plaît. »

Anna Stacy fit des yeux ronds quand elle entendit tout ça. Drake était sûr de faire son petit effet, et ça fonctionnait bien. Elle devait s’être attendue à ce qu’il compatisse et essaye de lui remonter le moral, mais au lieu de ça, il se la jouait honnête et allait droit au but. Elle hésita à lui jeter sa bouteille à la tête pour tout ce qu’il venait de dire, mais elle s’arrêta avant de le faire. Elle soupira et prit lentement la parole, la douleur se lisant toujours sur son visage.

« T’es un p’tit con. T’viens chez moi, t’entres par effraction et tu m’dis que t’en as rien à foutre d’moi et que t’veux juste en savoir plus sur lui…t’es vraiment un p’tit con.
- Oui.
- Mais t’es honnête, et t’es bien l’seul à l’avoir été avec moi d’puis des années…donc okay. Je vais t’parler d’ton ami. Pose-moi tes questions. »

Elle prit une lourde inspiration alors que Bobby parlait calmement.

« Il vivait chez vous ?
- Ouais.
- Il sortait avec…avec votre fille ? »

Se rappelant sa réaction quand il avait prononcé le nom de Ben, il se retint de dire celui de sa propre fille. Ca serait encore pire.

« Ouais.
- Vous saviez qu’il était Spider Man ?
- Nan…il nous a jamais rien dit. Mon mari l’a accueilli à cause de…à cause de la gamine, et on l’a gardé.
- Elle le savait ?
- Paraît que ouais. Mais…mais ça l’a perdu.
- Pourquoi ?
- T’as pas lu les journaux, p’tit con ?
- Non.
- Gwen, c’est…c’tait l’Bouffon Vert.
- Le Bouffon Vert ?
- A la mort de Georges, elle…elle a craqué. Elle a pensé que tout ça, c’était d’la faute à…à lui. Elle voulait plus être avec lui. Elle en pouvait plus. Et…et selon les journalistes, elle a rejoint la Société du Scorpion.
- La quoi ? »

Au fil de la conversation, Anna Stacy revenait un peu à elle et son discours était plus clair. Se rappeler des choses difficiles la faisait pleurer, mais son esprit n’était plus aussi obscur qu’avant. Ca plaisait à Drake.

« La Société du Scorpion. Les ennemis de…enfin, ses ennemis quoi. Ils ont détruit sa vie.
- Détruit sa vie ? Comment ça ?
- Ils ont fait tuer ses parents. Ils ont enlevé sa première petite amie et son meilleur ami pour les transformer en machines de guerre. Ils ont manipulé B…ils l’ont manipulé depuis le début. Et ils ont transformé ma fille…ils m’ont pris mon bébé. »

Alors que la femme pleurait de plus belle, lui tentait de réunir les informations dans son esprit. Les parents de Ben avaient été tués par la Société du Scorpion. Fanny et un des amis de Ben, sûrement Michael vu qu’ils étaient très proches, avaient été transformés pour s’en prendre à lui et lui faire mal. Et ils avaient fait quelque chose à Gwen Stacy pour en faire le « Bouffon Vert ».
En clair, ces types avaient tout fait pour réduire à néant l’homme qu’était Ben Reilly. Ils avaient tout tenté pour saper sa vie et son être. Bobby serra les poings. Ils allaient payer pour ça.

« Ils…ils l’ont transformé. Ils en ont fait un monstre. Ils…ils ont utilisé la mort de Georges pour lui faire croire que tout était de sa faute…qu’il devait payer pour ça. Ils l’ont fait tuer des gens…ils me l’ont prise…
- Je suis désolé. Mais qui était derrière la Société ?
- T’en as vraiment rien à foutre de moi, hein ? »

Les yeux d’Anna Stacy étaient désormais contrôlés par sa colère et sa rage. Il avait été sûrement un peu loin. Elle avait perdu son mari et sa fille, et lui était froid et distant avec elle. Il avait été trop dur, et il le comprenait maintenant.

« T’es vraiment un p’tit con. Mon mari est mort. Ma fille est morte. Tout ça parce qu’on a croisé le chemin de…de Ben Reilly ! Tout ça parce qu’on l’a accueilli et aimé ! J’ai tout perdu à cause de lui ! Ce petit enfoiré m’a prit tout ce que j’ai jamais aimé ! Tout est de sa faute ! Qu’il brûle en enfer !
- Je comprends. Mais ce n’est pas non plus de sa faute. »

Il soupira. Ca n’allait pas être simple.

« Oui, votre mari et votre fille sont morts parce qu’ils l’ont connu, mais il a perdu ses parents. Il a perdu ses amis. Il a perdu les deux femmes de sa vie. Et il est mort. D’accord, votre malheur est énorme et je compatis. Et d’accord, tout ça est arrivé parce qu’il a croisé votre route. Mais et lui alors ? Et lui ? Vous pensez que ça a été simple pour lui de comprendre que tout était arrivé par sa faute ? Que tout ce qui vous fait souffrir est là à cause de lui ? Vous vous rendez compte à quel point il a dû se sentir coupable ? A quel point il a dû vouloir mourir à ce moment-là ? »

Bobby se leva. Il comprenait la douleur de cette femme et mère, mais il avait d’autres choses à faire. Il n’avait pas le temps de rester avec elle. Sa nuit était réservée à autre chose.

« Ben était un homme de bien. Il est mort, et son assassin va payer pour ça. Je retrouverai celui derrière tout ça, et après avoir découvert son identité, il comprendra son erreur. Je suis désolé pour vous, mais je ne peux pas faire revenir votre famille et je ne suis pas là pour vous écouter. Reprenez-vous en main. Est-ce que votre mari et votre fille auraient voulu vous voir comme ça ? Je ne pense pas. »

Sa voix était calme et tranquille. Il avait énormément changé depuis son départ de New York, était en homme mûr et sûr de lui qu’il était revenu dans la ville où il avait tout perdu, jadis.

« Je dois y aller. Je dois encore trouver le type derrière tout ça.
- Osborn. »

Il était près de la porte quand Anna Stacy lui dit ce simple nom. Immédiatement, il se retourna et essaya d’en savoir plus.

« Quoi ?
- Osborn. C’est Norman Osborn qui a tué Ben. »

Sa voix était froide et neutre. Elle avait remis la main sur la bouteille. Elle allait bientôt à nouveau se saouler, mais il voulait en savoir plus avant de la laisser retomber dans sa misère.

« Expliquez.
- C’est un criminel, il a été arrêté récemment. C’est dans le journal. »

Elle montra du doigt le comptoir où se trouvait une édition du New York Times, vieille de quelques jours. Immédiatement, il le prit et parcourut l’article sur Norman Osborn et sur l’attaque de Manhattan par des surhumains criminels et l’intervention de héros masqués. Il en avait entendu parler, mais jamais il n’aurait cru que ça ait un rapport avec Ben.

« C’est lui qui l’a tué ?
- Ouais.
- Comment le savez-vous ?
- Il est v’nu me le dire… »

Elle soupira et avala une très longue gorgée de scotch.

« Cet enfoiré est v’nu à l’enterrement d’Gwen et m’a tout dis…il m’a tout balancé en pleine face…
- Pourquoi ?
- Parce que j’étais la seule survivante…la seule à savoir un peu sur Gwen et Ben. Il a voulu m’faire mal. Il a réussi. »

Les larmes coulèrent à nouveau sur son visage. Bobby comprenait combien tout ça pouvait être dur pour elle. En plus de perdre sa famille et Ben, qu’elle avait dû aussi aimer, Osborn était venu remuer le couteau en lui disant tout ce qu’avait fait sa fille et son petit ami. Pas étonnant qu’elle soit détruite après avoir appris que ces deux dernières années n’avaient été que des mensonges et qu’elle n’était qu’un pantin entre des mains maniaques.

« Je suis désolé. Sincèrement. »

Elle ne dit rien, et recommença à boire. Il compris alors que c’était terminé. Anna Stacy allait continuer de se détruire parce qu’elle n’avait plus la force de faire autre chose. Elle allait perdre encore plus pied parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Sa famille était morte et elle n’avait plus rien. Sa seule solution était la fuite dans l’alcool. Il ne pouvait pas la blâmer.

Sans un mot, le jeune homme sortit du bar abandonné et remonta sur sa moto. Il soupira. Ce qu’il venait de faire n’était pas bien. Il avait utilisé une femme détruite et ne l’avait pas aidé, la laissant dans sa merde et dans sa misère. Il s’en voulait, mais il n’avait pas envie de faire quelque chose pour elle.
Anna Stacy n’était rien pour lui. Elle n’avait aucune importance à ses yeux. Et même si ce qu’elle vivait était dur…lui aussi avait vécu des choses comme ça. Il avait aussi perdu ses parents et avait été torturé. Mais il en était revenu. Il avait remonté la pente. Elle aussi le pouvait, mais elle n’en avait pas envie. C’était à elle de faire son chemin pour redevenir elle-même, personne ne pouvait l’aider, et surtout pas lui. Il n’avait plus rien à faire ici.

Il alluma donc le moteur et disparut dans la nuit, bien décidé à en apprendre plus sur Osborn et à le retrouver pour lui faire payer l’assassinat de son ami. Il ne s’en tirait pas ainsi. Pas tant que Bobby Drake serait vivant.






« Norman Osborn au parloir ! »

Le criminel fut accompagné de deux gardiens jusqu’à l’endroit réservé aux « rencontres » entre détenus et visiteurs. Il était considéré comme un des hommes les plus dangereux du pays, et selon les médias, il risquait la peine maximale lors de son jugement. Celui-ci serait dans quelques semaines, le temps que toutes les preuves aient été amassées contre lui. En attendant, il essayait de se prévoir une évasion et un plan pour se venger de Luthor. Mais ça n’était pas facile.

Surveillé constamment, il lui était impossible de contacter quelqu’un, et il devait donc s’en remettre à d’autres détenus pour joindre ses collaborateurs et alliés. La Société du Scorpion était presque morte, maintenant qu’il ne la dirigeait plus, et il était clair qu’il était dans de sales draps. Surtout après la rencontre avec Matt Murdock, qui lui promettait les plus grandes souffrances dès sa sortie.

Osborn ne savait donc pas à quoi s’attendre en allant au parloir, et il fut des plus surpris quand il vit un jeune au crâne rasé et aux lunettes de soleil rectangulaires. Il ne semblait pas le connaître, et se demandait donc ce qu’il pouvait bien lui vouloir alors qu’il s’asseyait en face de lui, une barrière vitrée les empêchant de se toucher. Le jeune homme prit le téléphone pour communiquer et Norman fit de même, sa curiosité piquée au vif.

« Salut, Norman.
- Qui t’es ?
- Bobby Drake.
- Qui ?
- Bobby Drake. Membre des X-Men. »

Il déglutit difficilement. Il avait entendu parler de l’équipe de Xavier, et n’aimait pas vraiment ces mutants incontrôlables et surpuissants. La présence du gamin n’augurait rien de bon.

« Qu’est-ce que tu veux ?
- T’avertir.
- De quoi ?
- En fait, non. Je viens plus te donner une vision de l’avenir.
- T’es voyant ? C’est toi, le télépathe de la bande ?
- Nan. Moi, je tabasse les connards comme toi. »

Osborn n’aimait pas du tout ce qu’il entendait. Il était bien trop vulnérable dans cette prison et sans tous ses alliés, surtout face à un mutant comme ce gamin. Il se sentait mal.

« C’est quoi cette vision, alors ?
- Quand tu sortiras, je serai là. A t’attendre.
- Pourquoi ? Tu veux un autographe ?
- J’étais l’ami de Ben Reilly. »

Norman se mit alors à trembler.

« Tu l’as tué. Tu as détruit sa vie et massacré ses proches. Tu t’es acharné à le détruire, et tu as réussi. Je vais te faire payer ça. Reste au chaud dans ta prison, Osborn. Prie pour passer sur la chaise électrique. Parce que si tu sors, je serai là. Et je te ferai souffrir pour ce que tu as fait à mon ami. »

Bobby enleva ses lunettes de soleil et le criminel put lire dans ses yeux toute sa détermination et la réalité de ses paroles. Il allait le faire. Il le tuerait si il sortait.

« Ce n’est pas une menace, Norman. C’est une promesse. »

Il raccrocha alors le téléphone, se releva et laissa le criminel seul dans le parloir, avec la menace de deux surhumains sur sa vie et leurs promesses de le tuer dès qu’il sortirait. Bobby savait que ce n’était pas quelque chose de bien et de moral, mais il s’en fichait. Ben Reilly l’avait empêché de faire d’énormes conneries, et il n’avait pas été là pour lui sauver la vie ou l’empêcher de sombrer.

Même si ça n’enlèverait jamais sa culpabilité, Drake se jura de tenir parole. Osborn mourrait de sa main si il sortait. Il avait tué Spider Man, un homme des plus honorables et des plus respectables. Il avait tué son premier ami. Il ne s’en sortirait pas vivant.

Le jeune homme sortit du pénitencier de Otisville et remonta sur sa moto. Il devait partir. Xavier risquait de le capter si il restait trop longtemps à New York, et il n’avait aucune envie de retomber entre les pattes de cette ordure. Mais avant, il avait quelque chose à faire. Avant, il avait un dernier hommage à faire.
Il alluma le moteur et prit donc la direction du cimetière de la ville, là où reposait le premier héros qu’il avait connu et le plus grand de tous. Même si Ben Reilly était mort seul et sans ses amis, il n’était pas oublié et ne le serait jamais. Lui et les autres se chargeraient de ça. Quoi qu’il leur en coûte.
 
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