Urban Comics
  Eots #2
 

Histoire : Ben Wawe & Nicoalk13
Date de parution : Juin 2005

C’était un matin un peu plus dur que les autres. La télé encore allumée diffusait de la neige. La marque sur sa joue définissait a elle seule son réveil et sa nuit un peu agité. Il aurait fallu regarder le DVD une fois de moins, au bout d’un moment ça lessive le cerveau et ne permet pas d’avoir un sommeil réparateur optimal. Mais ce n’est pas grave car pour Chris le rêve est réel, et habite en ville. Et de sa fenêtre il le contemple en train de survoler. Eots fait sa ronde du matin, et les habitants de Washington peuvent se reposer sur leurs deux oreilles. Puis il plonge et disparaît entre deux grattes ciel, et pour Chris la journée commence agréablement.

Encore une journée de routine pour monsieur Stown. Il avait vaqué à ses occupations matinales habituelles avant de se laver, de se raser et de descendre pour prendre son petit déjeuner avec son fils et Erwin, le majordome qui les servaient. Quand Simon arriva dans la grande salle peinte en blanche, il y trouva Chris l’air rêveur et souriant, en train de tourner distraitement sa cuillère dans son bol de céréales.

« Chris ? Un problème ? Tu sembles bien distrait et…heureux ce matin… »

Le jeune homme sortit de sa rêverie, et mit quelques instants à s’habituer à l’endroit où il était, tant ses précédents gestes avaient été robotisés. Il bredouilla quelque peu.

« Euh…oui, enfin non…euh si en fait, papa…
- Y a-t-il une raison à cela ?
- Oui. Enfin je ne sais pas vraiment, je me sens bien, c’est tout…
- Excellent. Je vais te conduire en cours aujourd’hui.
- Ah ? »

Chris eut l’air déçu, ce qui intrigua son père. Il refusait qu’il l’accompagne, lui qui n’espérait que cela généralement ?

« Tu es déçu ? Tu ne veux pas que je t’accompagne ?
- Si, si, bien sûr…
- Je vois bien que non. On ne ment pas à Stown, Chris. Erwin, faites préparer ma voiture, je pars. »

Et Simon Stown sortit de la salle à manger sans n’avoir rien ingurgité, sous le regard stupéfait de son fils, qui ne l’avait jamais vu énervé…

C’était un matin un peu plus dur que les autres. Un camion s’était retourné sur Madison Drive, renversant toute sa marchandise, occasionnant d’important bouchon. Le nez a la fenêtre Chris, regardait les flux et reflux des passants de la capitale, arriver en retard était le cadet de ses soucis. Erwin par contre au volant était légèrement plus tendu.
- Je n’aurais pas dû prendre le pont, on était déjà en retard. Si vous arrivez de nouveau en retard monsieur, votre père m’en tiendra encore pour responsable.
Chris ne portait aucune attention a Erwin, plongé dans ses pensées il se demandait comment Eots s’y prendrait pour déboucher la circulation. Il arriverait en volant, gonflant ses pectoraux et sa cape. Il atterrirait sur la chaussée acclamé par toutes les personnes qui s’empresserait de venir l’encourager. Il remettrait le lourd camion sur ses roues, et le trafic reprendrait son cours. Il arriverait peut être même a l’heure.
- Vous savez, monsieur, si vous le désirez je peux sortir de la voiture pour me changer en Eots, mais vous ne craignez pas que ça ne soit pas discret ?
Enfin, Chris avait entendu la remarque, et Erwin en fut content.
- Vous vous moquez de moi Erwin ?
- Il est vrai monsieur, mais je suis souvent dans l’obligation de raconter de telles idioties pour vous tirer de vos rêveries. Vous pensiez a lui, non ? Vous vous demandez pourquoi il n’est pas déjà arrivé pour nous débloquez la situation ?
- Euh… Oui… enfin, non… je l’ai vu ce matin… il doit être occupé ailleurs…
Erwin arborait un large sourire, l’admiration du jeune homme était sans limite. Il pensait tout bas que c’était une bonne chose que devant l’exemple paternel, Chris arrivait à conserver un semblant de rêve.
- Ne bougez pas monsieur, je crois que j’ai ce qu’il vous faut dans le coffre.

La tête plongée dans le coffre, Erwin farfouillait dans la glacière, de quoi permettre à un jeune et son chauffeur de grignoter. Quand il se releva, les bras chargé, et qu’il referma le coffre, il pu le distinguer. Chris penché à la fenêtre, le contemplait alors qu’il abordait sa descente. Eots arrivait…

Le héros était sublime dans son costume impressionnant dont les couleurs vives éclataient au soleil. De grands cris fusèrent dans la foule quand le justicier, le protecteur de la ville, posa pieds à terre, et en un mouvement, réussit à remettre le camion sur place.
Superbe, c’était superbe pensa Chris en priant secrètement pour ressembler un jour à ce héros invincible, immortel, invulnérable…ah, si seulement son père avait un peu de cette classe et de cette grandeur, si seulement il n’était pas cet industriel anonyme et dont personne ne se souviendrait…
Avec encore ses rêves dans la tête, Chris n’arriva qu’avec cinq minutes de retard à l’école, passant la journée à dessiner dans ses cahier Eots sauvant le camion ou bien Eots le sauvant lui, devenant ainsi amis…ah, quel beau rêve…




Plusieurs heures plus tard, dans une salle de réunion ou sont réunis plusieurs des hommes les plus importants de la ville. Le maire, de puissants industriels, de puissant patron de journaux. Assis au fond de la table, discret comme à son accoutumé, Mr Stown ne prend pas la parole pour ne rien dire.
Le climat est tendu au moment ou l’écran de vidéo conférence s’allume, sur deux silhouettes, debout l’un à côté de l’autre, regardant une affiche visible par un rayon de soleil. Il s’agit d’Eots en train de sauver des enfants, avec un petit texte invitant du monde à une fête organisée pour les enfants du Tiers Monde, Eots participant pour faire augmenter les dons. L’un des deux parle après avoir soupiré.
« Bonjour messieurs, j’espère que vous reconnaissez tous notre ami, le grand justicier qui se trouve être aussi être notre plus gros problème.
- Il devient de plus en plus populaire. Trop même. Repris l’autre homme se tenant dans l’ombre.
Le maire qui présidait la réunion intervint.
- Trop ? Je ne vois pas pourquoi. Il nous a toujours servit à contrôler notre plan, plan qui se déroule très bien. Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Alors, l’homme qui avait pris en premier la parole, et qui semblait supérieur a l’autre.
- Son influence sur les enfants et la population est trop grande. Il y a des risques de dérives très grandes, selon moi. Déjà, la majorité…voir tous les adolescents l’ont pour idole.
- Tous ? »
Toutes les personnes présentes s’était alors retourné vers celui qui avait prononcé cette phrase anodine mais ou l’on pouvait discerner un manque de retenue évident. Il se reprit prestement :
- … Euh, je vous demande pardon…

L’homme de l’ombre reprit donc son discours.
« Tous, absolument tous. Nous perdons de l’influence, il devient trop puissant, trop aimé. Il nous faut l’arrêter. »

L’assistance réfléchit alors de longues minutes. Cela devenait une évidence, cela devenait dangereux et de grandes mesures devaient être prises au cas où.

Le maire, repris la parole pour parler au nom de l’assistance.
« Encore une fois, votre avis est le bon…
- Il est vrai et je vous remercie de votre confiance. Faites ce qu’il y a à faire : rumeurs, témoignages, sexe, drogue, etc…la totale… vous pouvez utiliser les informations que l’on possède en notre possession.
- Bien. Ce sera fait.
- Merci. »
L’homme à l’écran se tourna alors en face de l’objectif qui le filmait, sans qu’aucun ne puisse encore découvrir son visage. Ses yeux devinrent rouges, comme s’il se chargeait d’énergie, avant qu’un flash aveugla tout la salle de conférence. La téléconférence prit fin à cet instant qui plongea chacun dans une peur indéfinissable. Après tout pourquoi, cet homme ne s’occupait pas lui même de Eots, il pouvait très bien le défier. Non, tous ne diront rien et s’occuperont de son coté de nuire au héros.




Mardi matin, généralement la pire journée de la semaine. Ce n’était pas le lundi où on avait les bons souvenirs du week end. Ce n’était pas le mercredi où on se disait qu’on avait fait la moitié de la semaine. Ce n’était pas le jeudi où on pensait qu’on avait fais le plus gros, et ce n’était pas le vendredi où on se disait qu’il ne restait qu’une journée. Non, c’était le mardi, le pire jour dans la semaine scolaire.

Chris était au petit déjeuner tôt. Comme d’habitude depuis quelques temps, il se levait plus rapidement pour pouvoir lire les journaux. Sa soudaine passion pour Eots le poussait à engranger beaucoup d’informations sur son héros, et donc à lire les dizaines d’articles journaliers parus sur le justicier et qui en faisaient l’éloge. Plus que tout, il adorait regarder les photos où on voyait son idole en pleine action…

Ce jour-là, le jeune homme avait rapidement avalé son premier repos de la journée pour se jeter sur la presse. Mais là, la surprise l’attendit. Alors qu’il s’attendait à voir des titres du genre « Eots le Sauveur », « Eots a remis sur pied le trafic », « Eots toujours là », il vit des titres horribles ! « Eots accusé de mythomanie », « Eots : vrai héros ou méchant menteur ? », « Eots aurait des liens avec le crime organisé »…

Mais pourquoi ces journalistes disaient-ils cela ? Ils n’avaient pas le droit ! Non, pas le droit ! Eots avait sauvé la ville plus qu’on ne pouvait le compter, il avait toujours été là pour nous ! La haine et la colère montaient en Chris tandis qu’il se mit à lire un à un les articles pour pouvoir écrire une lettre rageuse détruisant leurs arguments. Mais tout ne se passa pas totalement comme prévu…

En effet, au fur et à mesure des lignes, les certitudes de l’adolescent tombaient les unes après les autres, et fébrilement après avoir lu le dernier mot du dernier article, Chris osa se poser cette question : et si Eots n’était pas un héros ?

 
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