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  Urban One Shot Special #1 : La fin des Architectes
 
Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Février
« Quel est le programme, aujourd’hui ?
- Pas grand-chose. Les affaires sont plutôt calmes depuis l’intervention.
- Vraiment ?
- Oui. Les élections sont en pleine préparation. Nous devrons bientôt décider de qui nous mettrons à la place de George, mais rien ne presse. Pour le moment, les deux partis s’amusent avec leurs petits primaires, laissons-les faire.
- Il n’y a pas de danger qu’ils choisissent un candidat qui nous déplaise ?
- Pour cela, il faudrait qu’ils aient leur libre arbitre, mon cher.
- En effet. Donc tout va bien. »

Les deux hommes sourirent et s’assirent à la table où ils avaient l’habitude de se réunir. Des verres d’eau étaient posés à côté de chaque dossier, et ce n’était qu’une question de minutes avant que tous leurs collègues n’arrivent. La réunion pourrait alors commencée, et tous retourneraient après à leurs occupations de chef d’entreprise, gouverneur ou autre membre de conseil d’administration.

« Tout le monde sera présent ?
- Oui. Même si Kenneth nous a malheureusement quitté.
- J’ai appris ça. Qui l’a eu, finalement ?
- Sara Pezzini.
- Celle qui lui avait volé son gant ?
- Tout à fait. Il n’a jamais réussi à le retrouver, et il est mort d’avoir essayé.
- Il n’était peut-être pas à la hauteur.
- Pourquoi peut-être ? Nous savons tous deux que Kenneth Irons était le maillon faible de notre organisation.
- C’est ce que tu dis à chaque départ.
- Parce que c’est vrai. Quand l’un de nous meurt, c’est qu’il n’était plus à la hauteur.
- Je me demande qui prononcera ces mots lors de ta disparition. »

Osarias renifla lourdement en jetant un regard noir à Anton Lamont, l’homme avec qui il avait passé bien des années pour gagner de l’argent et du pouvoir, mais dont il se méfiait terriblement. D’ailleurs, c’était une constante dans leur groupe : personne ne se faisait confiance et personne n’aurait confié sa vie à un autre en espérant que celui-ci la sauve. C’étaient des vautours qui auraient vendus père et mère pour réussir ; certains l’avaient déjà fait, d’ailleurs.

« Nous verrons à ce moment-là. Ca ne semble pas vraiment d’actualité.
- En es-tu aussi sûr ? »

Lamont se leva pour regarder dans la baie vitrée. Ainsi, il surplombait tout New York, et pouvait voir les travaux de réfection des bâtiments qui avaient été endommagés par l’attaque du groupe de Luthor. Beaucoup de choses avaient changées depuis cette tentative, et pas vraiment en bien. Plusieurs membres des Architectes étaient tombés, et leur nombre se réduisait de plus en plus : peut-être faudrait-il penser à recruter. Peut-être Luthor serait-il toujours intéressé, étant donné qu’il avait prouvé qu’il avait la carrure pour être membre de leur groupe.
Néanmoins, comment faire accepter ça aux autres ? Ils ne rêvaient que de la mort de Lex et de leur puissance passée. Seul Anton semblait comprendre que les Architectes étaient sur une pente descendante et qu’il faudrait soit changer, soit mourir.

« Comment ça ? Tu oublies à qui tu parles.
- Non, je sais très bien que tu te crois invincible parce que tu as ton Ordre derrière toi, et parce que tu vis depuis plus d’années que moi. Je sais tout ça, Osarias, ne crois pas le contraire. Seulement, le monde change, et je ne suis pas sûr que cela soit dans une direction qui nous soit favorable.
- Pourquoi ?
- Les surhumains ont toujours existés, nous le savons bien. Même quand il y a eu un petit pic au milieu du XXe siècle, nous avons réussis à les gérer à notre avantage, mais peut-être que cela ne sera pas toujours ainsi. Après tout, nous n’avons dû notre salut qu’à l’intervention d’un groupe de « héros » que nous ne contrôlions pas…et que nous ne contrôlons toujours pas. Cela est dangereux, surtout que les membres de cette équipe ne sont pas des menaces minimes.
- Peut-être, mais rien n’est terminé encore, et tu le sais bien. Même si cela semble difficile en ce moment, nous réussirons encore à tourner la situation à notre avantage. Nous ne serions pas où nous sommes aujourd’hui sans notre capacité à toujours parvenir à nos buts, non ? »

Le vieil homme acquiesça, mais il ne pensait pas comme Osarias : pour lui, les choses étaient beaucoup trop simples et faciles. Evidemment, cela cachait sa rage de n’avoir pu arrêter jadis Bruce Banner et de le garder avec son Ordre, mais il était heureux de pouvoir continuer ses expériences sur lui. L’Egyptien s’acharnait véritablement sur le chercheur plongé volontairement dans le coma, et même Lamont se demandait si il n’allait pas parfois un peu trop loin. Néanmoins, il fut tiré de ses rêveries par l’arrivée des autres membres des Architectes.

Sans précipitation, il alla s’asseoir, posant les mains à plat sur la table pour observer les différentes personnes qui gouvernaient le monde en secret avec lui. Il soupira légèrement et attendit que chacun soit à sa place et que la réunion commence. C’était toujours Osarias qui faisait cela, et il ne manqua pas de continuer l’habitude avec sa voix mielleuse et quelque peu énervante.

« Bien. Bonjour à tous. Aujourd’hui, l’objet de la réunion est de savoir où nous allons envoyer les prochaines troupes américaines, après l’élection de cet automne. Nous devons aussi décider de l’attitude de l’Union Européenne face à cela, et quelles en seront les conséquences internationales, au niveau africain et asiatique. Cela devrait nous prendre assez de temps, mais si nous avançons assez rapidement, nous pourrons nous occuper de l’avancement de nos recherches personnelles au niveau des surhumains. Voilà, débattons désormais. »

Anton Lamont posa son regard sur Emma Frost, Chen Lu, Vandal Savage, Laynia Petrovna et Richard Fisk. Tous, à part ce dernier et Savage, étaient âgés et approchaient de la soixantaine. Evidemment, les injections de botox et autres progrès chirurgicaux avaient faits leurs ouvrages et ils paraissaient moins, mais lui connaissait la vérité. Ils avaient encore une quarantaine d’années devant eux grâce à leurs petites découvertes, mais le gros de leur existence était derrière eux, et ça ne faisait pas plaisir de se rendre compte de ça. Il resta silencieux alors que les premiers se mettaient à parler, préférant se plonger dans ses réflexions plutôt que dans des discussions qui ne l’intéressaient guère.

« Je pense qu’il faudrait mettre fin au problème iranien une bonne fois pour toutes. Ils n’ont pas respectés les accords que nous avions avec eux, et cela ne me plaît pas. Nous avions été clairs : nous les laissions faire leur République Islamiste, et en échange ils formaient des kamikazes pour nos opérations. Ils vont trop loin, en ce moment.
- Tu veux dire que ça ne te plaît pas qu’ils menacent autant Israël ?
- Sur le fond, je m’en fiche, et tu le sais bien. Seulement, Israël est une place financière et boursière forte, et je ne voudrais pas la perdre. En plus, cela pourrait mettre le feu aux poudres, si elle venait à disparaître.
- L’effet sera le même si les Etats-Unis attaquent l’Iran.
- Il suffira de faire un nouvel attentat. Et cette fois-ci, il faudra le prévoir…d’ailleurs, je reviens juste sur ça pour appuyer mon argumentaire : l’Iran n’a pas respectée les règles du jeu en faisant exploser le World Trade Center. Encore une raison de les punir.
- Ce n’est pas l’Iran le responsable, et tu le sais très bien. C’est Ben Laden qui l’a fait tout seul, comme un grand, pour nous piéger. Ce n’est pas pour rien qu’il a utilisé des méthodes aussi obsolètes : il voulait passer les sécurités américaines, mais surtout éviter qu’on détecte son action. L’Iran n’avait rien à voir là-dedans.
- C’est ton jeu aujourd’hui, Richard, que de me contredire ? »

Emma Frost soupira lourdement en lançant un regard noir au trentenaire. Lui souriait grandement, et tous savaient qu’il adorait la mettre en rogne. Elle avait vingt ans de plus que lui, mais elle en paraissait à peine quarante, et était logiquement une des femmes les plus puissantes du monde. Directrice de Frost Industries, elle était aussi au conseil d’administration des plus importantes compagnies de pétrole du monde et vivait entre Tokyo et Sydney. Elle était redoutable, acharnée et n’aimait que cinq choses au monde : le pouvoir, la nourriture japonaise, sa propriété en Australie, l’argent et le sexe. C’était bien pour ça qu’elle s’était tant rapprochée de Richard Fisk : ils couchaient ensemble depuis six mois, et aucun ne trouvait à redire sur les performances de l’autre. Ce qui ne les empêchait pas de ne pas se supporter en dehors, évidemment.

« Non. Mon jeu, c’est de gagner de l’argent et de faire en sorte que le monde ne parte pas totalement en sucette, si vous me pardonnez l’expression. Si les Etats-Unis attaquent l’Iran, tout le Moyen Orient explosera et nous ne pourrons rien contrôler. Soyons quand même réalistes : quelle influence avons-nous sur ce genre de personnes ? Ce sont des fous de Dieu pour la plupart, et nous savons par expérience qu’ils sont imprévisibles. Trouvons plutôt une autre cible, plus sécurisée et moins dommageable à long terme. »

Richard n’était pas un président directeur général ou membre d’un conseil d’administration, comme les autres personnes présentes. Il avait un poste autant important, mais bien plus secret : Maître du Club des Damnés. Fils de Wilson Fisk, petit caïd de New York, il avait grimpé lentement les échelons dans le Club dans sa jeunesse et avait coupé tous les liens avec son père. Il avait profité de la débâcle de Shaw pour reprendre les rênes et s’affirmer comme le seul leader capable de ce qui restait alors du groupuscule secret. En quelques mois, sa politique violente, réaliste et surtout efficace avait redonnée sa force au Club, et cela lui avait valu son acceptation au sein des Architectes, dix mois plus tôt. Personne ne trouvait rien à redire sur son recrutement.

« Et qui proposes-tu ? Car je ne vois pas grand monde comme cible pour les Américains : nous n’allons quand même pas leur faire attaquer l’Europe ou l’Afrique…il leur faut de vrais adversaires, pas des larves sans intérêt. »

Vandal Savage : simplicité, réalisme et efficacité étaient ses maîtres mots, qui se retrouvaient d’ailleurs chez beaucoup d’Architectes. Ils étaient parvenus à une telle puissance en suivant leurs instincts et en complexifiant au minimum leurs actions, car ils avaient vite compris que ce qui était simple était souvent le plus efficace. Savage disait toujours qu’une balle dans la tête était plus rapide et plus porteur que d’engager quelqu’un pour faire le sale boulot.
Il avait démocratisé ça dans leur groupe, et utilisait cette simplicité dans toutes ses actions : une OPA sauvage et violente était plus efficace qu’un long rachat de parts de marchés. Il était clairement l’élément destructeur des Architectes, mais aussi un des plus respectés. Certainement parce que tous ici avaient entendus leurs parents dire qu’ils avaient connus Vandal étant jeunes, et qu’il n’était toujours pas mort et n’avait pris aucune ride depuis qu’il l’avait intégré au groupe…

« Je proposerais bien la Corée du Nord, mais…
- Hors de question.
- Inacceptable. »

Laynia Petrovna et Chen Lu avaient parlés d’une seule voix. Les deux Architectes étaient placés l’un en face de l’autre, mais alors que leurs pays respectifs, la Russie et la Chine, avaient encore beaucoup de rapports, eux ne pouvaient pas se voir ou s’apprécier. Anciens agents secrets pour leur patrie, ils s’étaient écharpés des années durant, et aucun n’avait oublié les actions de l’autre. Chacun avait une ardoise entière de collègues abattus, et ils comptaient bien leur rendre justice un jour ou l’autre.
Néanmoins, dès qu’il était question de l’Asie, tous deux étaient souvent d’accords : aucun ne voulait que la situation ne change, et ils acceptaient même des compromis pour arriver à leurs fins. Ainsi, c’était grâce à cette alliance que la Chine pouvait continuer son affaire au Tibet et que la Russie pouvait toujours s’occuper de la Tchétchénie. Les autres avaient bien voulus y envoyer les Etats-Unis pour rouvrir la Guerre Froide, mais ils s’y étaient toujours refusés. Pour eux, leurs intérêts nationaux passaient avant tout, ce qui les plaçait quelque peu à part chez les Architectes.

« Allons, il faudra quand même un jour les mettre au pas, non ? On ne peut pas les laisser continuer ainsi trop longtemps. Surtout que même les chefs d’Etat et de gouvernement se trouveront un jour vraiment concernés par ce problème. Ils pourraient user du peu de liberté qu’ils ont pour se lancer dans une guerre dont nous n’aurons pas programmée l’issue, et là nous n’aurons vraiment rien gagné. »

Fisk tentait de négocier son avis, mais déjà Emma volait au secours de ses collègues pour damer le pion à son amant. Osarias, Savage et Lamont ne disaient rien, préférant attendre de voir comment la situation évoluait pour décider pleinement de quelle position prendre.

« Et alors, Richard ? Même si une guerre éclate, au moins ça fera bouger les affaires, qui en ont bien besoin ! Et puis, qui te dit que nous ne pourrons pas reprendre la main au bout d’un moment ? Ces chefs d’Etat ont trop besoin de nous, rappelles-toi. Vandal contrôle 80% de l’alimentation mondiale et il a l’Afrique sous sa botte. Un mot de lui, et ce continent peut devenir une réelle menace pour l’économie des autres pays. Crois-tu qu’ils se risqueront à nous défier ? Personne n’est assez fou pour ça !
- C’est faux, et tu le sais très bien. »

Anton ouvrait la bouche pour la première fois. Il se leva, comme à son habitude lorsqu’il se lançait dans un petit discours, et alla à nouveau près de la vitre. Etrange, se dit-il : les ouvriers avaient désertés les lieux des réparations. Peut-être était-ce la pause de midi. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, lui qui passait ses journées dans l’avion avec des horaires déments et l’absence de routine alimentaire. Il chassa ces pensées insignifiantes de son esprit pour reprendre d’une voix lourde.

« Dernièrement, nous avons été défiés de toute part et nous ne nous en relevons pas. Soyons réalistes : depuis bientôt trois ans, nous vivons pratiquement un enfer hebdomadaire. Malgré nos mesures, rien ne fonctionne et nous sommes constamment menacés par nos adversaires. L’avènement des Mutants n’a pas été géré par l’annonce de Bush, ce que nous avions programmé pourtant, et au contraire, cela semble empirer : nous n’avons aucun contrôle sur les événements.
De plus, comment oublier l’Anarchiste ou la Question ? Notre action avec Osborn devait les stopper définitivement, et le contrecoup arriva ! Bien sûr, nous avons pu enlever différents surhumains et pratiquer des expériences dessus, mais soyons sérieux : cette opération ne fut pas un franc succès. Osborn nous a tourné le dos et nous avons failli y perdre beaucoup, lors de son attaque. L’Anarchiste est bien mort, mais la Question a eu le temps de former Sara Pezzini avant son décès, et elle semble bien plus forte et dangereuse que lui, ce qui n’est pas pu dire. Et dois-je vous rappeler l’existence de la Ligue ? Des Titans ? Nous sommes en crise, et il me semble que vous ne vous en rendez pas compte. »

Un long silence prit place dès qu’il eu fini de parler. Tous réfléchissaient à ses paroles, et à ce qu’elles voulaient dire pour chacun. Lamont soupira lourdement avant de se tourner vers ses collègues, et ce fut à ce moment-là que Osarias prit la parole.

« Je crois que tu dramatises un peu, Anton. Nous avons toujours eu des moments de crise, et nous nous en sommes sortis. Bien sûr, la Ligue est un souci, mais les Titans n’existent plus, non ? De même que la Question ou l’Anarchiste. Nous n’avons presque plus d’adversaire, à part cette équipe composée de différents héros. Il suffira de leur envoyer un groupe de mercenaires et tout sera réglé.
- Réglé ? Peut-être. Mais pour la disparition des Titans et de la Question, voyez nos pertes ! Kenneth Irons est mort. Joey Wilson aussi. Nous sommes sans nouvelle de notre ami inconnu qui s’occupait du problème mutant avec Essex, et je rappelle quand même que la majorité de nos lieutenants disparaissent. Simeoni à Chicago, les Krees à New York, Worthington même si cela est plus ancien, ou encore d’autres ! Même John Lynch a été tué, alors qu’il était des nôtres et parmi les hommes les plus dangereux de la planète. Cette crise est plus forte que les précédentes, Osarias.
- Et alors ? Que comptes-tu faire contre ça ?
- Il faut frapper à la tête, vite et bien. Comme nous avons toujours fait.
- Peut-être est-il temps de changer nos méthodes, Vandal. Nous t’avons suivi en recrutant Osborn, mais cela n’a pas bien fonctionné…du moins, pas selon nos espérances.
- Chacun a pourtant eu ce qu’il voulait, Anton. Personnellement, je suis ravi de mes expériences sur Banner. Je l’ai ramené, d’ailleurs, je vous ferais une petite démonstration après.
- Il est ici ?
- Oui. »

Richard Fisk fronça les sourcils. Savoir que cette bête enragée était dans les murs de leur immeuble ne lui plaisait pas vraiment. Il avait mené ses propres recherches, en secret, sur Banner, et ce qu’avaient découverts les scientifiques du Club des Damnés n’était pas très rassurant.

« D’accord, tu as pu t’amuser avec Banner, mais cela ne change rien à notre problème de sécurité. Nous sommes toujours potentiellement en danger avec tant d’êtres surhumains dehors connaissant notre existence. Car ils savent que nous sommes là ! La Ligue n’aurait pas pu être formée sans cela. Nous sommes en danger, et il faut tenter de nous sortir de là.
- Mon cher, je suis sûr que tu dramatises, comme l’a dit Osarias. Il suffira de taper sur les doigts de ces surhumains, et ils retourneront dans le rang. Les précédents ont fait ainsi, je ne vois pas pourquoi ceux-ci seraient différents.
- Parce qu’ils ont eu de l’inspiration et parce qu’ils sont déterminés, Emma : l’Anarchiste et la Question ont fait envoyer leur vidéo sur tout Internet, et tous les surhumains savent désormais ce que nous avons faits. Nous ne parlons pas non plus ici de simples justiciers : nos adversaires ont souffert à cause de nous, et ils se sentent investis d’une mission…d’une double mission, même.
- Et qu’est-ce ?
- Nous arrêter pour que le monde soit libre. Et se venger de nous.
- Tu crois vraiment qu’ils pourraient s’en prendre directement à nous ?
- J’en suis persuadé, Laynia. »

Anton soupira. Il savait qu’il allait être difficile de tous les convaincre, mais au moins pouvait-il faire germer le doute chez certains d’entre eux. Après la réunion, il pourrait toujours commencer les tractations discrètes habituelles pour arracher les accords du groupe.

« Anton n’a pas forcément tort, mais je crois qu’il va un peu trop loin. Il est vrai que le danger est présent, mais je ne pense vraiment pas que ces soi-disant justiciers soient prêts à nous attaquer de face. Pas la Ligue, en tous cas : ils semblent avoir une sorte de morale, et ne voudront pas nous tuer. Cela est déjà plus rassurant.
- Peut-être. Mais quid de Sara Pezzini, alors ?
- Celle qui a tuée Kenneth ? Elle n’est rien. Il nous sera facile de la débusquer et de…
- ROOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRH !!! »

Chen Lu ne put continuer sa phrase : un hurlement horrible et animal venait de se faire entendre et de glacer le sang des Architectes. Immédiatement, tous les regards convergèrent vers Osarias, qui blêmit alors que ses doigts se crispaient sous l’effet de la peur et du stress.

« Osarias…qu’est-ce que c’était ?
- Je…je n’en sais rien.
- Est-ce que ton monstre est capable de se dégager ? Est-ce qu’il peut se libérer ?
- N…non ! C’est impossible. Il est enclavé, et personne ne peut s’échapper de ces chaînes. Elles sont en adamantium, le métal indestructible. Même si les expériences l’ont rendues plus fort, il est endormi et emprisonné…à jamais !
- Plus fort ? Comment ça, plus fort ?
- Sa…sa masse a doublée de volume, ses muscles sont encore plus puissants…il est deux fois plus destructeur qu’auparavant. Nous n’avons pu faire autrement : c’était ça, ou il restait à jamais Joe Fixit…
- Joe Fixit ?
- On s’en fiche de tout ça ! La seule chose importante est de savoir qui vient de crier comme ça et de… »

De violents coups répétés contre la structure du bâtiment vinrent arrêter les paroles de Richard Fisk. Celui-ci sentit alors tout le danger de la situation, et se leva rapidement, prêt à fuir à tout moment, même si il pressentait que c’était peut-être déjà trop tard.

« Merde…il faut sortir, et vite. Le bâtiment peut résister à un tel monstre ?
- M…mais c’est impossible…il est emprisonné…
- La preuve que non. Le bâtiment est sécurisé contre ça ?
- Normalement, oui.
- Normalement ?
- On n’a rarement eu affaire à ce genre de choses. »

Richard soupira à la réponse de Laynia et se dirigea vers la sortie. Il n’avait aucune envie de risquer sa vie ici, et il se doutait bien que le monstre allait vouloir se déchaîner contre eux…enfin, contre tout ce qui tomberait sous sa main. Il avait encore en mémoire les images de ses précédentes victimes, et il ne tenait pas vraiment à en être.
Mais alors que le trentenaire allait ouvrir la porte sécurisée et à l’abri de tout ce qui était humainement concevable avec son code secret, celle-ci vola en morceaux sous l’arrivée d’un homme. Fisk tomba au sol, et reconnut immédiatement un des gardes du corps asiatiques de Chen Lu. Il blêmit, alors que ses yeux tentaient de discerner quelque chose dans la fumée devant lui.

« Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Je ne sais pas, Emma…attends, je crois que je vois quelque chose…
- Quoi ?
- Oh… »

Le trentenaire déglutit difficilement. La fumée se dispersait, et il pouvait maintenant voir les corps des dizaines de gardes du corps qui étaient venus accompagner leurs patrons. Ils étaient là pour les protéger dans cette pièce interdite à quiconque, mais apparemment ils n’avaient pas été à la hauteur pour arrêter ceux qui leur en voulaient. Et vu qu’il s’agissait des meilleurs des meilleurs, Fisk avait raison de sortir son arme, même si c’était plus par réflexe que par réelle espérance d’en user pour sauver sa vie.

« Il…il se passe quelque chose, je crois… »

Soudain, le plafond au-dessus d’eux explosa, même si c’était normalement impossible : cette pièce était sensée résister à absolument tout ce qui était connu sur Terre, et voir plus encore. Tous les tests avaient été accomplis dessus, mais apparemment certaines armes avaient été oubliées. Les débris tombèrent lourdement par terre, alors que Vandal Savage sortait une dague ancienne couverte de sang séché et que Chen Lu tentait d’appeler ses autres gardes du corps. Il informa les autres qu’il n’avait pas de réseau ; cela ne surprit personne, évidemment.
Ils savaient qu’ils risquaient un jour d’être attaqués, et chacun avait assez risqué sa vie pour s’être préparé à ce moment-là. Tous sortirent donc leurs armes et préparèrent leurs défenses, prêts à se battre jusqu’à la mort pour leurs vies.

Ils attendirent ainsi de longues secondes, sachant bien que l’ennemi jouait ainsi avec leurs nerfs. Ils avaient utilisés cette technique de bien nombreuses fois, pour faire craquer l’adversaire et ainsi le cueillir plus rapidement, mais ils n’allaient pas se faire avoir. Ils étaient des professionnels, les maîtres du monde : pas de vulgaires amateurs.

« Ok, restons calmes : nous sommes attaqués, et il faut partir du principe que Banner s’est libéré. Il n’y a pas d’autres possibilités : nous devons fuir.
- Je n’aime pas fuir, Fisk. Et d’ailleurs, qui t’a nommé chef ?
- Si tu veux aller combattre, libre à toi, Vandal : nous n’avons pas tous ta longévité, peut-être certains préfèrent-ils la retraite pour pouvoir contre attaquer. Jamais les Architectes n’ont combattu de face leurs adversaires, et je ne crois pas qu’aujourd’hui soit une bonne journée pour tenter de nouvelles choses. Après, libre à vous de me suivre ou non, mais moi, je monte. »

Richard était étonnamment sûr de lui et charismatique, alors qu’il n’était que depuis peu dans le groupe : normalement, d’autres auraient dû prononcer ces paroles. Mais vu la situation et surtout la perte récente de Irons et Wilson, la majorité des Architectes avaient peurs, même si ils refusaient de se l’avouer : se savoir mortels et attaquables était une perspective qu’ils avaient toujours crus impossible. Les récents événements s’étaient chargés de leur prouver le contraire, et ils suivirent donc le trentenaire jusqu’à la lourde porte blindée qui fermait la pièce.
Cette porte était construite dans un matériau provenant de la fusion de bien des métaux : son prix était supérieur au PIB de plusieurs pays d’Afrique, mais rien n’était trop cher pour la protection des Architectes. Fisk tapa le code pour sortir, qui était changé aléatoirement et quotidiennement pour être transmis au groupe par téléphone grâce au concours du concepteur de la porte, un homme dont les pires menaces pesaient sur sa famille. Si il avait l’idée de les trahir, les souffrances des siens achèveraient de le rendre fou.

La porte s’ouvrit lourdement, et la stupéfaction s’empara des membres du groupe quand ils virent que tous leurs gardes du corps, la vingtaine d’hommes et femmes surentraînés qui assuraient leurs sécurités étaient allongés sur le sol…morts. La pièce n’était même pas remplie de sang : la cause de leur décès était encore inexpliquée, mais il semblait clair pour les Architectes que leurs adversaires étaient plus que dangereux. Pour parvenir à cette hauteur, il avait fallu tuer tous les autres agents de sécurité, et ça voulait dire qu’ils ne pouvaient plus compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Ca leur indiquait aussi que l’escalier était certainement rempli d’ennemis, et qu’ils ne pouvaient descendre.

« Mon hélicoptère est en haut. Nous pouvons tous y monter.
- Il n’y aura pas assez de place.
- Nous nous passerons du pilote : je sais manier ces engins. »

Ils acquiescèrent à l’idée d’Anton Lamont et à la proposition de Laynia et se dirigèrent vers les escaliers supérieurs. Ils n’avaient qu’un étage à monter, celui qui s’était pratiquement écroulé sur eux, et ils pourraient partir au loin, préparer leur revanche contre ceux qui avaient eu l’impudence de les défier. Beaucoup imaginaient déjà comment ils feraient souffrir leurs adversaires quand, alors qu’ils étaient tous en train de gravir les escaliers leurs armes au poing, ils entendirent de très inquiétants craquements dans les murs. Tous s’arrêtèrent immédiatement pour se regarder, et plusieurs fissures apparurent sur l’escalier et sur le béton autour d’eux.
Emma Frost voulut dire quelque chose, mais alors qu’elle ouvrait la bouche, le sol sous ses pieds explosa tout simplement !

« Aaaaahhhh !!! »

Les Architectes s’arrêtèrent en voyant leur collègue, qui était bonne dernière, tomber. Un seul regard leur suffit pour voir qu’il n’y avait rien en dessous d’elle et qu’elle mourrait rapidement, mais leurs cœurs se stoppèrent une seconde en se rendant compte que le sort de Frost serait bien pire. Alors qu’elle tombait à une vitesse stupéfiante, que sa gorge se déployait entièrement pour laisser passer son cri d’agonie et de peur, une chose avait sautée depuis les fondations pour se projeter vers eux…et elle avait captée Emma au passage.

En quelques secondes, cet être monstrueux était passé du sous-sol à l’avant-dernier étage, en tenant dans ses bras une Architecte totalement morte de peur et bien consciente de ses souffrances à venir. Elle était entre les mains d’un monstre à la peau vert foncée de trois mètres de haut, aux muscles hypertrophiés, nu, les yeux injectés de sang et la respiration tellement forte qu’elle s’entendait deux étages plus bas. Cette horreur avait été un jour humaine, mais la folie des hommes et le sadisme d’Osarias l’avait transformé en l’incarnation pure de la rage et de la violence.
Hulk était de retour, et il allait faire payer ceux qui l’avaient fait souffrir.

« Dieu tout puissant… »

Ca faisait longtemps que Anton avait arrêté de croire en un être supérieur qui présidait aux destinées de l’Humanité, mais en voyant cette horreur, cette force de la nature, il ne put s’empêcher de prononcer ces quelques mots. Ca lui rappelait son enfance, quand il disait souvent ça en le pensant réellement, tout plein d’une moralité chrétienne apprise à l’église et chez lui. Cette apparition faisaient resurgir des souvenirs engloutis depuis longtemps, et il se demanda si ça se passait ainsi pour ceux qui allaient mourir : peut-être que l’idée que les mourants voyaient leurs vies avant leurs morts provenait de ce genre de phénomène. Evidemment, ça ne le rassurait pas.

Autour de lui, les autres Architectes ne bougeaient pas, à la fois apeurés et stupéfaits. Ils avaient toujours pensés qu’ils pouvaient manipuler le monde sans problème, qu’ils survivraient à chaque fois et que personne ne viendrait jamais leur demander des comptes. Evidemment, ils avaient sentis un peu de peur en eux quand ils avaient réalisés que Joey Wilson et Kenneth Irons étaient morts, mais ils se croyaient encore à l’abri et intouchables…jusqu’à aujourd’hui.
En face de ce qu’était devenu Bruce Banner, il semblait clair que le temps de la sécurité était révolu. Tous comprenaient maintenant qu’il était arrivé le temps de payer l’ardoise.

Laynia Petrovnia leva son arme pour viser le monstre énorme, plus par réflexe que par réelle envie de lui faire du mal. Elle savait bien que rien ne pourrait vraiment toucher cette chose, mais elle trouvait rassurant de tenir ainsi son arme levée et d’avoir son doigt sur la gâchette. Elle avait passée toute sa vie à slalomer entre les pièges de l’Ouest et ceux de son propre pays, et elle était encore là, ce grâce à sa capacité de toujours se sortir des situations…mais sans ses partenaires.
A chaque fois, ceux qui avaient partagés ses missions ou son lit, ce qui n’avait pas été rare, étaient morts durant leurs opérations. Elle avait une chance folle, mais n’en faisait pas profiter les autres. C’était arrivé à un point tel que ses anciens collègues du KGB l’avaient appelés l’Etoile Noire : ce n’était pas une référence au film de Georges Lucas, mais plutôt au fait que sa bonne étoile portait plus la guigne aux autres.

Mais, ce jour-là, cette chance l’abandonna : alors qu’elle levait son arme vers son adversaire, celui-ci réagit plus que rapidement et étira son bras vers Laynia. Elle ne put l’éviter, et fut violemment écrasée contre les marches de l’escalier. En un coup, ce qui avait été une des meilleures espionnes de tous les temps fut détruite, tout simplement : il ne restait plus d’elle qu’une marre de sang et d’os.

Chen Lu vit rouge à ce moment-là. Même si il n’avait jamais beaucoup aimé cette femme, même si il l’avait souvent combattue, il la respectait et elle était une des leurs : autant les autres n’avaient pas vraiment cette solidarité, autant lui était prêt à beaucoup pour que les Architectes fonctionnent et survivent. Il avait trop besoin de leur concours pour tenir l’Asie.
Il visa donc Hulk et tira sur lui, roulant immédiatement après sur le sol pour éviter un autre coup du géant monstrueux. Celui-ci le loupa, et hurla de rage sous la déception. Cela eut pour mérite de réveiller les autres Architectes, qui s’activèrent enfin : Fisk, Lamont et surtout Osarias, qui était resté extrêmement discret jusque là, montèrent rapidement les marches d’escalier, alors que Vandal Savage s’était mis en position de combat, aussi fou que ça puisse paraître.

Emma, qui était toujours dans les bras du monstre et qui surtout n’avait pas bougée sous l’effet de la peur, se mit alors à crier. Elle était tétanisée par la situation dans laquelle elle se trouvait, et était totalement incapable d’y faire face : elle n’arrivait même pas à user de ses pouvoirs télépathiques. Aucun Architecte ne savait qu’elle avait de telles capacités, et elle avait toujours tout fait pour que cela reste le plus secret au monde. Elle avait même effacée toutes les traces de ses passages en asiles psychiatriques étant jeune pour que personne n’ait de soupçon. C’était une partie de sa vie que ses « amis » pourraient user contre elle, et elle n’avait aucune envie d’être en leur pouvoir.

Malheureusement, donc, ces pouvoirs, qui lui avaient permis de se hisser à la tête d’une des plus grandes entreprises au monde, même si elle était toujours cachée par des sociétés fictives et des PDG qui ne faisaient pas grand-chose, étaient inactifs pour le moment. Jadis, ils la faisaient souffrir car ils apparaissaient quand elle était en pleine phase émotive importante : désormais, c’était le contraire, et elle savait bien que lors de crises de stress intenses, elle ne pouvait y accéder. Elle se mit à trembler en pensant à ce que le monstre collé contre elle pourrait lui faire si elle ne s’échappait pas rapidement.

Frost tenta donc de sauter en dehors du bras de Hulk, mais celui-ci la retint violemment avec sa main qui la retenait jusque là, la serrant violemment contre lui. Il utilisa sa main libre pour tourner sans douceur sa tête vers lui, et il sourit sadiquement en parlant d’une voix rauque et gutturale.

« Tu vas souffrir. Les autres, je les tuerais rapidement, mais je vais vous garder, toi et Osarias. Lui parce qu’il est responsable de ce que j’ai subi, toi parce que j’ai des envies que seule une femme peut combler. Es-tu à la hauteur de cette tâche ? »

Elle faillit défaillir, mais le rire sadique qu’elle entendit par la suite glaça tant son sang qu’elle ne pourrait sûrement plus dormir avant longtemps, si elle survivait à tout ça. Le monstre se tourna ensuite vers Chen Lu, qui venait à nouveau de lui tirer dessus et qui avait un genou à terre, dans une parfaite position de tir. Savage était quelques mètres à côté, toujours armé uniquement de sa lame, avec un sourire étrange sur le visage.

Aucun mot ne fut échangé. Aucun cri de rage ne sortit de leurs gorges. Ils savaient tous qu’ils allaient se battre jusqu’à la mort : ils étaient là pour ça. Vandal se jeta en premier vers Hulk, mais celui-ci utilisa sa main libre pour lui donner une baffe violente, le faisant voler dans l’étage inférieur comme si c’était une simple mouche. L’Architecte glissa brutalement sur le sol jusqu’à s’arrêter contre le mur de leur salle de réunion. Il ne bougeait plus.
Chen Lu tira à nouveau vers le monstre, mais celui-ci sourit : les balles ne lui faisaient rien, elles ricochaient sur son corps apparemment indestructible. Il éclata même de rire au bout d’un moment, avant de taper violemment de son pied monstrueux sur le sol : cette partie de l’escalier s’écroula en un éclair, faisant ainsi tomber l’Asiatique et Savage. Toujours sous les rires de Hulk.

« Quelle horreur… »

Anton Lamont s’était arrêté dès que l’autre partie de l’escalier était écroulée. Désormais, il y avait deux étages manquants au niveau des marches, et il n’y avait aucune solution de sortie : où ils parvenaient à l’hélicoptère, où ils mouraient. Il vérifia par réflexe le chargeur de son arme avant de regarder Osarias, qui se terrait dans un coin, Fisk à ses côtés.

« Tu mériterais que je te jette en pâture à ce monstre.
- Qu…quoi ? »

L’Egyptien, recroquevillé sur lui-même dans un coin du dernier étage de l’immeuble, serrant au minimum son arme dans sa main, posa des yeux apeurés vers le vieil Architecte. Richard, lui, ne bougeait pas, les yeux rivés sur le reste de l’étage : il se rappelait que le plafond avait explosé quelques minutes plus tôt, et s’attendait donc à rencontrer ici une résistance.

« C’est à cause de toi que Laynia est morte, que Chen Lu et Vandal sont en train de la rejoindre. Emma va périr par ta faute, aussi. Tout ça est de ta faute. Tu mérites de mourir. »

Lamont s’approcha à grands pas avant de poser le canon de son arme sur le front nu d’Osarias. Celui-ci tomba à genoux, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait ou ayant plutôt peur de saisir.

« M…mais qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu me menaces ? On…on est collègues ! Amis !
- Collègues, peut-être. Amis, jamais. Je n’ai pas d’amis : aucun d’entre nous ne peut en avoir. Tu as cru être arrivé au sommet quand nous t’avons acceptés, mais j’ai toujours su que c’était une erreur. Depuis toujours, je sais que tu n’es rien d’autre qu’un être abject et sans intérêt. Bien sûr, ton Ordre nous a aidés plusieurs fois, mais toutes tes propositions, comme d’engager Osborn, furent des échecs. Et là, tu es le responsable de notre destruction. Cela mérite la mort. »

Il enleva la sécurité. Anton n’avait jamais été quelqu’un de bien ou de sympathique : il avait toujours été une ordure, un salaud. Il n’éprouvait pas de remords d’avoir agit ainsi, mais il n’en ressentait pas non plus de la gloire : il avait fait ce qu’il fallait faire pour réussir, rien de plus. Il était aussi acharné qu’un Luthor à réussir, et c’était bien pour ça qu’il s’était opposé jadis à son recrutement : il savait que Lex était capable de tous les détruire de l’intérieur si on lui en laissait la possibilité. Il avait eu plus tôt projet de le faire assassiner, mais les événements actuels avaient tout changés. Il aurait pu s’en faire un allié, mais tout était fini maintenant.

« Tu veux le tuer parce que les autres sont morts ? Tu étais si attaché à eux ? »

Fisk parlait en fixant toujours le reste de l’étage.

« Ca m’avait jamais semblé aussi fort, entre toi et eux.
- Détrompes-toi : je me contrefiche de leurs morts. Ce sont les conséquences qui m’ennuient : sans eux, les Architectes sont finis.
- Nous pouvons reconstruire.
- Non. Ce groupe a fait son temps : il fonctionnait lors de la Guerre Froide ou dans les années 90 avec les nouveaux pays qui naissaient chaque jour, mais au jour de la mondialisation et des manœuvres en coulisses, les Architectes sont trop voyants. Je continuerais toujours, mais sans vous.
- Et tu vas faire quoi, alors ? Le tuer et me descendre après ?
- Non. »

Lamont sourit alors que Osarias tremblait comme une feuille. Il était bien loin le « grand manipulateur » qui avait cru avoir le contrôle de Bruce Banner.

« Je vais le tuer et nous allons partir tous les deux : j’ai besoin de toi pour piloter. Après, je te laisserais vaquer à tes occupations. Du moment que tu ne me gênes pas, je te laisserais tranquille. J’espère la même chose de ta part.
- C’est une sorte de marché ?
- Prends-le comme tu veux. Que décides-tu ? »

Le trentenaire tourna son visage et acquiesça. Il jeta ensuite un regard vers Osarias.

« Tu vas le tuer comme ça ? D’une balle dans la tête ?
- Non. Ce crétin s’est cru trop fort en voulant contrôler ce petit chercheur : je lui avais dis moi-même que c’était de la folie. Il n’a jamais voulu m’écouter. Qu’il en paye maintenant le prix.
- M…mais… »

Osarias voulut lever son arme pour se protéger, mais déjà le vieil homme l’avait frappé au visage. Du sang coulait de sa tempe, mais l’Egyptien ne tomba pas dans les pommes : il était encore conscient, malheureusement. Affaiblit et encore patraque par le coup, ayant lâché son arme, il se laissa traîner sans ménagement par Anton, qui avait plus de force que son frêle corps ne le laissait penser. Il l’amena jusqu’à l’immense trou, et posa son pied sur son corps inerte avant de le regarder une dernière fois. La seule chose qu’il voyait était un homme pathétique, aux rêves de grandeur trop énormes pour lui et qui n’avait jamais eu le standing de leur groupe.

« Tu n’as jamais été à la hauteur. »

Il donna un petit coup de pied dans le ventre de l’Architecte, et celui-ci tomba dans le vide, retrouvant à ce moment-là la conscience pour hurler toute sa peur alors qu’il se rendait compte de ce qu’il allait se produire. Anton resta quelques secondes à observer, le visage neutre jusqu’à ce qu’une énorme main verte sorte des escaliers d’un étage inférieur pour capter au vol Osarias. Un rire sadique arriva alors à ses oreilles, et il sourit de plus belle.

« On ferait mieux de partir. Je ne sens pas trop cet endroit. »

Le vieil homme acquiesça avant de monter les marches vers le toit. Normalement, ils pourraient fuir et retrouver leurs vies pour commencer à se venger. Il recruterait tous les mercenaires qu’il connaissait pour retrouver ceux qui étaient responsables de tout ça. Et il ferait venir les bouchers nazis encore vivants en Amérique du Sud qui étaient maîtres de la torture : ils étaient un peu vieux, maintenant, mais toujours terriblement efficaces. Rien ne serait assez terrible pour punir les coupables, pensa-t-il en suivant Fisk dans les escaliers.

Plus bas, Osarias voyait son pire cauchemar devenir réalité. Enserré entre les bras du monstre qui avait été Bruce Banner, à sa merci, il savait que sa vie allait prendre fin et qu’il souffrirait mille morts auparavant. A quelques centimètres de lui se trouvait le visage monstrueux de Hulk, souriant sadiquement à ce qu’il allait lui faire. Plus loin, il voyait les corps apparemment sans vie de Chen Lu et de Vandal Savage. Emma, elle, devait être inconsciente : elle ne bougeait plus, en tout cas.

« Osarias…rien que ton nom me donne envie de réduire cette ville en bouillie. Tu n’as pas idée de ce que je vais te faire…de ce que je vais vous faire, à toi et à la fille. Tu es la pire ordure que je connaisse, fils de chien. Tu m’as enlevé, tu m’as pris tout mon empire et tu m’as torturé…tu m’as torturé ! Et j’étais conscient ! Tu le savais ! Tu faisais paralyser mon corps, mais tu laissais ma conscience être toujours là ! Tu voulais que je souffre ! »

L’Egyptien ne savait pas quoi faire ou quoi dire : il allait mourir, et rien ni personne ne pouvait le sauver. Pour une des premières fois de son existence, il était totalement seul. Face à son destin.

« Fi…Fixit ?
- Ouais.
- M…mais…c’est impossible…Le Hulk vert…c’est un crétin sans cervelle, et…
- Révise tes papiers, papy. Le premier Hulk était débile mais invincible : j’étais plus qu’intelligent mais très faible. Seulement, tu as voulu faire mumuse avec moi : tu m’as torturé, tu as fait des tas d’expérience sur moi…et ça n’a fait que réveillé la force et ce corps dans les gènes de Banner. Bruce est mort depuis des mois, maintenant : il a abandonné la lutte quand je suis arrivé, et il a disparu peu après. Il n’y a plus que moi dans ce corps que tu m’as donné. »

Hulk rit à nouveau, alors que Vandal Savage se relevait lentement des décombres. Malgré la chute qu’il avait subie et qui avait tuée Chen Lu, lui était encore vivant et ivre de rage. Il mit quelques secondes à se réadapter, avant de se tourner pour voir son adversaire : il lui présentait son dos comme si il voulait qu’il le frappe. Le barbu sourit en serrant sa lame dans sa main, et il se jeta sur le monstre en hurlant toute sa rage.

Mais alors qu’il allait tomber sur le colosse, celui-ci lâcha sans ménagement Osarias et se retourna en un éclair pour saisir Savage au vol. Serrant ses poignets entre ses mains, Fixit explosait à nouveau de rire, malgré toute la détermination de son ennemi à se défaire de son étreinte.

« Alors, mon gros ? On veut me couper ? C’est pas gentil, ça…pas gentil du tout ! »

Vandal lui donna un violent coup de pied dans les parties intimes, et le monstre le lâcha par réflexe. L’Architecte se réceptionna parfaitement et allait tenter de le couper au ventre, mais déjà son adversaire s’était jeté sur lui. Il était couché sur Savage et avec l’aide de tout son poids, l’empêchait de bouger. Hulk souriait sadiquement, alors qu’il écrasait les doigts de son ennemi qui tenaient son arme.

« T’es une p’tite ordure, toi… »

L’Architecte lui cracha au visage, mais l’horreur verte ne bougea même pas : son sourire s’agrandit encore plus.

« C’est tout ce que tu peux faire ?
- Je suis Vandal Savage ! Je suis le plus grand guerrier de tous les temps ! Je suis immortel ! »

Il tentait de se débattre : malgré la douleur, malgré le danger, il restait toujours le plus combatif, le plus hargneux. Il était sûr de vaincre, même si ça semblait désespérer : il avait passé tous ces siècles à mener ce genre de duels, et il les avait toujours remportés, quelque soit la taille ou la puissance de l’adversaire.

« Ah ouais ? »

Fixit sourit avant de planter ses dents dans la gorge de Savage. Celui-ci hurla comme jamais et tenta de se débattre, mais le monstre était plus fort. Il tenta de lever la main vers Osarias pour réclamer de l’aide, mais son collègue était immobile, comme une poupée désarticulée attendant que son maître vienne jouer avec. Le monstre arracha un énorme morceau de chair de son adversaire, et du sang éclaboussa tout son visage. Il souriait comme jamais.
Il cracha cette fois-ci au visage de Vandal qui tentait encore de se débattre, avant de recommencer à le mordre, cette fois-ci à l’épaule. Il fit cela plusieurs fois, avalant sans cesse les morceaux qu’il arrachait. Il prenait bien soin d’y aller lentement et doucement, tandis que son ennemi criait de toutes ses forces pour appeler à l’aide. Il hurlait en des langues anciennes et oubliées, et se mit même à pleurer à la fin, tant il espérait que la mort vienne pour lui.

Finalement, Hulk le décapita et ouvrit sa tête pour sucer d’un coup sa cervelle. Il rota violemment et hurla à nouveau de rire.

« Immortel ? P’têt pas…mais t’avais bon goût, mec ! »

Il cracha sur ce qui restait du cadavre à moitié cannibalisé de Vandal Savage, avant de se lever et de s’approcher d’Osarias. Il le prit par le bras sans ménagement pour le traîner auprès d’Emma Frost, toujours inconsciente. Le monstre sourit à nouveau en voyant la femme encore séduisante pour son âge, grâce à tous ces soins chirurgicaux.

« Hé, hé, hé…ils sont funs, tes potes, Osarias : j’peux manger à ma faim et même avoir une poulette rien que pour moi ! J’m’occuperais de toi après, t’en fais pas… »

Son rire monstrueux sortit à nouveau de sa gorge, et fit frissonner Richard Fisk et Anton Lamont, qui étaient désormais à quelques pas à peine du toit. Ils avaient montés les escaliers sans dommage, mais le souci était qu’entre la porte et les marches se trouvait une zone d’ombre opaque, et ils n’y voyaient rien du tout. C’était l’endroit parfait pour une embuscade, et ils le savaient. Seulement, ils n’avaient pas le choix : leur salut passait par là, et ils devaient parcourir ces quelques mètres.
Accroupit sur les dernières marches, les armes levées, les deux hommes restèrent silencieux quelques secondes, à simplement écouter les bruits étranges provenant des étages inférieurs. Un seul regard leur suffit pour comprendre que le monstre ne les laisserait pas survivre, et qu’ils devaient se dépêcher de fuir. Lamont soupira lourdement, et indiqua par geste qu’il allait passer. Fisk acquiesça en lui faisant comprendre qu’il allait le couvrir.

Debout, le trentenaire regarda le vieil homme courir en agitant bien son arme partout, prêt à tirer dès qu’il virait quelque chose bouger dans le noir, mais rien ne se produisit. Anton s’arrêta et lui sourit, avant de se remettre à courir vers l’hélicoptère. Craignant que son collègue ne la joue solitaire, Fisk le suivit, ayant baissé son arme étant donné qu’il n’y avait apparemment rien à craindre. Mais alors qu’il allait passer la porte, il vit juste le canon d’une arme sortir de l’obscurité sur sa droite. Le coup de feu partit aussitôt, et Richard tomba, mort d’une balle dans le crâne.

Evidemment, Anton fut plus que surpris d’entendre la détonation et de voir l’autre Architecte s’affaler. Néanmoins, il ne s’arrêta pas de courir vers l’hélicoptère : sa vie passait avant tout, et surtout avant une éventuelle vengeance pour un trentenaire qu’il n’avait jamais apprécié plus que ça. Lui comptait, pas les autres.

Il ouvrit avec violence la porte de l’hélicoptère pour s’engouffrer à l’arrière. Il avait pensé à tuer le pilote, mais maintenant que Fisk n’était plus là, ça n’en valait plus la peine : il pouvait bien se faire emmener et se calmer ainsi. Il s’assit donc, posa son arme et soupira violemment, heureux d’être parvenu à destination sain et sauf. Le vieil homme jeta un coup d’œil vers la porte de sortie et vit une forme en sortir…et il sentit son sang se glacer.

« Pilote, on s’en va ! Démarrez le moteur ! »

Lamont tremblait comme jamais. L’homme dont l’arme fumait encore le regardait, et il savait que c’était impossible…qu’il était mort. Il avait aidé Kenneth à le faire supprimer, et il avait vu son corps de ses yeux. Il ne pouvait pas être là, pas vivant. La Question ne pouvait pas être revenu de l’enfer où il avait aidé à l’envoyer.

« Démarrez ! »

Lentement, l’homme au masque si reconnaissable se mit à marcher, et Anton remarqua qu’il était habillé différemment : plus de chapeau, plus d’imperméable. Il portait un jeans noir, un t-shirt à manches courtes de la même couleur avec deux étuis à flingues, des gants eux aussi sombres et juste son masque. Une queue de cheval voletait aussi dans le vent.
Peut-être était-ce quelqu’un d’autre. Peut-être un autre fou avait-il repris le flambeau : ça expliquerait au moins sa présence ici, mais il n’avait pas envie d’approfondir la chose. A nouveau, il se tourna vers le pilote qui était étonnamment stoïque.

« Pilote ! Je vous paye pour faire voler cet appareil, alors faites-le ! »

Il se leva légèrement pour lui toucher l’épaule, mais à peine avait-il posé sa main dessus que le corps sans vie de son employé tomba sur le côté, la gorge tranchée. L’Architecte fit de gros yeux, alors que l’autre porte de l’hélicoptère s’ouvrait sans ménagement sur une femme qu’il connaissait : Sara Pezzini.

« Vous… »

Il voulut reprendre son arme, mais elle lui coupa la main en un éclair ! Il n’en crut d’abord pas ses yeux, mais hurla de douleur alors que le sang éclaboussait les sièges et que sa main tombait vulgairement sur le sol.

« Mais…mais…
- Anton Lamont, tu es responsable de la mort de centaines de personnes. Tu domines le monde depuis longtemps…trop longtemps. C’est terminé. Saches avant tout que nous sommes passés par chez toi avant de venir ici : tous tes projets sont à lot. Barry Allen ne sera pas inquiété par ton projet secret incluant Léonard Snart : il a été remis en prison il y a deux heures, et il n’a pas beaucoup discuté. Tes deux employés, ces Stan et Jake, ont été licenciés mais avec de jolis parachutes dorés. L’enfant que tu voulais corrompre ne subira pas ton influence. »

Malgré la douleur, le vieil homme ne pouvait accepter de voir tous ses plans être réduits à néant. Même si il savait que tout était terminé, il ne s’avouerait pas vaincu aussi facilement : il tenta de reprendre son arme avec son autre main, mais déjà la hache que Sara Pezzini s’était faite avec son gant lui coupait la tête. Celle-ci roula et s’arrêta contre le siège du pilote, dans un bruit sourd.

« Justice est faite. »

La jeune femme, plus froide que jamais dans sa combinaison noire et avec ses lunettes sombres, s’approcha ensuite de la Question, tandis que son gant réabsorbait son arme. Elle s’arrêta devant lui, alors qu’il regardait l’hélicoptère et sa cargaison sanglante.

« C’est fini ?
- Presque. Fisk est mort, Chen Lu et Savage aussi. Petrovna avait été tuée avant.
- Ne restent que Frost et Osarias.
- Banner…enfin, Fixit s’en occupe.
- Il va les faire souffrir ?
- Je crois. Ca risque même d’être crade et gore.
- Bien. C’est ce qu’ils méritent. »

La voix de Sara Pezzini était tranchante.

« Mouais…peut-être pas autant. Ils doivent mourir, mais il y a des limites.
- Non. Nous sommes en guerre, et nous devons agir comme tel.
- La guerre est finie, Sara.
- Elle ne le sera jamais, Danny. »

La Question enleva son masque, et le visage fatigué de Danny ShanLi apparut.

« Les Architectes sont morts…il n’y a plus rien à faire, maintenant. Tu peux arrêter toute cette folie.
- Non. Nous avons coupés une branche…une grosse branche, certes, mais il y en a encore d’autres. Je dois arrêter tous ceux qui font du mal aux innocents et qui manipulent les gens pour en faire des pantins.
- Tu ne t’arrêteras jamais, alors ?
- Non. La Question m’a montré le chemin…je dois être digne de lui. Mais arrête, toi : tu n’as pas à t’impliquer, tu n’as pas à faire ça.
- Bien sûr que si. Tu oublies qui je suis. »

Lentement, il remit son nouveau visage.

« La Question est mort, et je prends le relais. Le monde a besoin de moi…de nous. Nous pourrions agir ensemble contre ceux qui doivent être châtiés. Ca te dit ?
- Je ne suis pas vraiment forte pour les duos. Ca ne m’a jamais réussi, jusque là : j’ai toujours perdu l’autre partie. Et je ne veux pas que tu meures.
- Ça n’arrivera pas : tu veilleras sur moi, et je veillerai sur toi.
- Je n’ai pas besoin qu’on veille sur moi.
- Ok…alors tu veilleras sur moi et je ferais en sorte de dézinguer à tout va. Ca marche ? »

Sara sourit légèrement, une première depuis des semaines.

« Ca marche.
- Super. On fait quoi, maintenant ? L’endroit va grouiller de flics dans pas longtemps.
- On attend Sue et les autres. Ils ne devraient pas tarder.
- En fait, nous sommes déjà là. »

A quelques mètres, cinq personnes très différentes firent leur apparition. Sue Tempest était habillée d’un jeans bleu taille basse sexy mais pas vulgaire avec un débardeur blanc qui lui allait bien, et elle souriait à Sara et à son acolyte. Johnny Rainbow portait uniquement un short bleu, ce qui paraissait fou vu l’hiver glacial dans lequel ils évoluaient, mais Danny avait rapidement compris les qualités des pouvoirs du jeune homme au visage fermé et dur. Ben Grimm était comme d’habitude de pierre, avec son énorme pantalon craqué pour cacher son anatomie. Reed Richards, lui, portait un gros anorak bleu avec un pantalon noir. Il semblait replié sur lui-même, fatigué et rêveur. Sara savait qu’il avait beaucoup lutté pour les faire sortir de leur prison, et apparemment pas sans sacrifices.
Enfin, il restait le dernier membre du quintet, un inconnu qui portait une grande veste à capuche qui lui cachait une grande partie du visage. Le reste de ses habits était classique : jeans, chaussures normales. Néanmoins, la jeune femme fronça les sourcils en se rendant compte qu’elle ne pouvait voir son visage : elle n’aimait pas ça.

« Ca fait longtemps ?
- Assez pour être satisfaits de ce que vous avez fait.
- Merci, Sue.
- Merci à vous : nous voulions nous venger, vous nous avez aidés.
- Nous nous sommes apportés mutuellement. Quelle est la suite, maintenant ?
- Nous allons laisser Fixit s’amuser et après nous le prendrons avec nous.
- Il ne sera peut-être pas d’accord.
- Nous n’allons peut-être pas lui demander son avis. »

Sue sourit légèrement.

« Fixit n’est qu’une forme malsaine de Bruce Banner, et j’ai décidé d’utiliser nos pouvoirs pour aider au lieu de dominer.
- Ah oui ? Finis les petits caïds ? »

Tempest sourit à nouveau avant de jeter un regard triste vers Richards, qui ne bougeait pas et avait les yeux dans le vague.

« Faire ça nous a amenés à être pris pour cible par beaucoup trop de monde : Luthor, les Architectes…et nous avons beaucoup perdus. Je ne veux pas que ça se reproduise. Nous allons aider Banner à revenir, et nous aviserons après. Par contre, ne t’attends pas à nous voir en costumes paradant dans les rues ou sauvant la planète : ce n’est pas notre boulot.
- Et c’est quoi, votre boulot ?
- Je te le dirais quand on l’aura trouvé. »

En l’observant et en l’écoutant, Sara Pezzini se rendit compte combien l’ancienne prostituée avait changée. Le fait que Reed soit désormais dans un état quasi catatonique avait demandé que l’un d’entre eux prenne le relais, et Sue avait d’abord acceptée à contrecoeur de s’occuper du groupe. Néanmoins, cela faisait plusieurs semaines déjà, et il était clair qu’elle était faite pour ça. L’ancienne policière ne put que se féliciter de cela : elle n’aurait pas à les poursuivre pour les stopper, vu la nouvelle direction du groupe.

« Très bien. On va y aller, nous.
- Est-ce qu’on se reverra ? »

Ben avait parlé un peu trop rapidement : il était clair dans le ton de sa voix et dans ses beaux yeux bleus qu’il tenait un peu à Sara, et celle-ci lui sourit tant qu’il en rougit.

« Seulement si tout va mal.
- A bientôt, alors.
- Pessimiste, Sue ? »

Tempest sourit à la remarque de celle dont elle n’aurait pas été honteuse d’appeler son amie, dans d’autres circonstances.

« Non. Seulement réaliste. »

Les deux femmes acquiescèrent en silence, et Sara et la Question rentrèrent dans l’hélicoptère après en avoir délogé les deux cadavres. Ils partirent en vitesse au loin, prêts pour leur nouvelle mission et leur nouvelle vie. Les cinq personnes sur le toit les regardèrent en silence, attendant que les horreurs s’arrêtent plus bas pour aller récupérer Bruce Banner et tenter de l’aider.
Avec lui, ils pourraient faire ce qu’ils avaient prévus. Et même si ça avait gênée Sue de mentir à Sara, elle savait que c’était la meilleure solution : elle n’aurait jamais pu comprendre leur plan. Bien des révolutionnaires avaient été arrêtés parce qu’ils avaient communiqués leurs idées : ils n’allaient pas faire cette erreur. Leur utopie verrait le jour…même si ils devaient tuer les deux personnes qui disparaissaient à l’horizon.

 
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