Auteur : Smile
Date de parution : Mars 2008

Il avait fallu que ça arrive. Bon, évidemment, il ne pouvait pas être immortel, personne ne l’est, mon père en sait quelque chose. Mais pas lui, ça n’aurait pas dû lui arriver à lui. Avant cette ville était ce qu’il y avait de pire. Mon père est mort tabassé dans cet univers, à force de refuser la protection de ces pourris de mafieux. Mon père a subi leur loi, Batman avait su ajouter la sienne. Je n’ai eu l’occasion de le rencontrer qu’une seule fois dans ma vie, et ce fut le moment le plus impressionnant de mon infime existence.

Je rentrais comme chaque soir de mes cours de fac, ennuyeux, comme d’habitude, mais sans cela, je n’aurais aucune chance d’avoir un jour un emploi correct. Et comme c’est arrivé à des milliers de jeunes femmes dans cette ville, un détraqué m’a eu au coin d’une rue. J’étais trop faible pour lui résister. Mes vêtements en lambeau, mon soutien gorge arraché, il aurait pu finir sa vile besogne si mon ange de la nuit ne m’avait pas secouru. D’un coup il dégagea cet enculé, d’un second il lui brisa les genoux et le ficela suffisamment pour qu’il souffre encore de longues heures. Il enleva sa cape pour couvrir ma nudité bafouée, et jamais je ne m’étais sentie si bien dans un regard. Après m’avoir aidée à me relever, il repartit dans sa quête de Justice. Fascinée, je le suivis du regard le plus longtemps possible.

Une fois chez moi, la porte fermée à double tour, je ne pus rien faire d’autre que rester prostrée toute la nuit, assise sur mon canapé. Certes mon viol m’avait humilié au plus profond de moi, mais malgré cela, j’étais en joie, calme et rassurée. Etonnant n’est ce pas pour quelqu’un qui venait de se faire agresser ? Agresser, mais sauver, sauver par cet ange de la nuit. Imaginez, découvrir que vous avez dans la ville les plus pourrie que vous connaissez existe une protection invisible qui peut vous protégez à n’importe quelle heure de la nuit. Découvrir cela peut vous rendre la femme la plus heureuse du monde quand vous venez de rencontrer ce justicier. Comme j’aurais aimée que cela dure toujours. Je pris tout de même des cours d’autodéfense afin d’être certaine de réussir à me défendre, pour ne plus avoir peur du tout de sortir de chez moi, même si désormais on savait tous que l’ange vengeur veillait sur nous, les ripoux le savaient, mais à présent, tout ça c’était bien fini.


Même si je n’étais pas invitée, il fallait que je sache, que je vois ça de mes propres yeux. Comme tout le monde, j’ai finis par apprendre la nouvelle, mais je ne pouvais y croire, c’était impossible, si ça l’était, tout mon univers s’écroulerait. J’avais réussi à me glisser discrètement dans cette foule. Il fallait que je sois sûre. Comme presque chaque personne dans l’église, je vins rendre hommage avec un dernier au revoir à notre héros. Le cercueil était à sa hauteur, et là ce fut le choc, je vis le corps exposé de mon homme de la nuit. Il était si beau, comme endormi, mais d’un coup, tout le rêve s’effondrait.


De retour dans mon minuscule appartement, je pris conscience que Batman ne serait plus là pour veiller sur Chicago, cette ville qui enfin s’améliorait. Tout allait redevenir comme avant, et tout serait pire, personne ne ferait rien, les flics redeviendraient aussi pourris qu’avant. J’en voulais à Batman de s’être laissé abattre, comment avait-il pu ? On avait besoin de lui pour nous aider, nous aiguiller, nous protéger. Personne ne le faisait dans cette ville. Il n’y aurait plus personne pour nous protéger des viols, des enlèvements, des meurtres, de toute cette corruption. Je ne pouvais laisser faire ça, je ne le pouvais, je devais agir, pour lui, pour eux, pour tous ceux qui ont déjà subi la noirceur de cette ville. Il m’avait donné un signe, il m’avait laissé de quoi le remplacer. En cette occasion, en prenant cette décision, je saisis toute la portée du message qu’il m’avait laissé en me donnant ce bien si précieux. J’ouvris la porte de mon armoire et sortit un magnifique tissu noir de sa protection. Je le défroissai, calmement, méticuleusement, précieusement. Je l’étendis de tout son long sur mon lit. Comme elle était belle, grâce à elle, je prendrais sa relève. Avec elle, je serais la nouvelle Batwoman, elle et moi en équipe, cette cape, La Cape de Batman et moi. Chicago me voilà, je ne te laisserais pas retomber, je serais ton nouvel espoir. Grâce à lui, tu as le droit à une nouvelle héroïne, et elle se nomme Batwoman !