Urban Comics
  Batwoman & Catwoman #2 : L'ennui
 
Auteur : Smile
Date de parution : Mars 2008

Comme à chacune de ses sorties, Maia Falconi était accompagnée d’une suivante, d’un garde du corps, d’un porteur pour ses multiples paquets, d’un chauffeur...une véritable meute en somme. Non pas qu’elle ait véritablement besoin de toute cette troupe, mais quand on a pour père Ricardo Falconi, que l’on est sa fille tant chérie, on ne peut sortir sans être accompagnée. Cela Maia l’avait compris depuis bien trop longtemps, et à force, c’en devenait de plus en plus pesant.
Maia avait une vingtaine d’année, elle avait un tempérament de feu, elle avait le sens du risque, mais comment assouvir sa soif d’exploit quand vous avez 24 heures sur 24 quelqu’un pour vous ramener dans le droit chemin ? Avoir ce qu’on veut facilement au moment où on le veut peut tuer toute envie d’avoir quelque chose, sauf s’il y a un risque derrière cette envie. Maia y pensait de plus en plus.

Ce n’était pas obtenir un quelconque bijou ou objet qui ruminait de plus en plus Maia mais la façon de l’obtenir. Lors de l’un des ses achats, Maia fut fascinée par la beauté d’une émeraude monté sur une bague aux reflets les plus prestigieux qu’elle ait jamais vu et se dit que ce serait si simple de l’obtenir, il suffirait qu’elle sorte sa carte bancaire, mais si elle y mettait un challenge, si elle obtenait cette bague sans sortir sa carte, si je l’obtenais en la volant par exemple, là ça deviendrait risqué et du coup amusant. Maia réfléchit à cette idée si fascinante.
Deux cas s’offraient à elle : si elle réussissait à voler l’émeraude, cela n’aurait été que l’instant palpitant, mais si elle se faisait attraper, là cela deviendrait piquant. Son père en serait fou...et peut-être qu’ainsi il comprendrait toute l’importance qu’avait la liberté pour sa fille.

Maia était si connue dans cette bijouterie qu’on lui laissait libre accès aux bijoux sans surveillance, elle tendit le bras pour prendre la bague si captivante, mais se retint dès qu’une vendeuse approcha. Elle n’osa finalement pas.

- Quelque chose ne va pas mademoiselle Maia ? Lui demanda Antonio son porteur, alors qu'elle contemplait toujours le bijou.
- Non, non, ça ira Antonio.
- Si mademoiselle désire s’offrir le bijou, il lui reste de l’argent crédité sur sa carte.
- Quel bijou Antonio ?
- Celui que mademoiselle fixe depuis déjà un quart d’heure.
- Antonio, vous divaguez.
- Mademoiselle, je ne suis là que pour vous servir.
- Alors occupez vous des paquets au lieu de m’espionner. Nous rentrons !

Maia se sentait tellement oppressée avec toute cette surveillance. Elle savait très bien qu’une fois arrivée chez elle chacun irait faire son rapport auprès de son père. Chacun raconterait ce qu’elle avait fait et en détail, où elle avait pu se rendre, qui elle avait vu, voir même ce qu’elle avait regardé ou mangé. Elle montait directement jusqu’à sa chambre pour être seule, enfin, sans surveillance. Elle aimait sincèrement ses parents, mais à son âge, on ne pouvait vivre ainsi. Elle désirait tant sa liberté. Son frère, Lucas, lui avait réussi à l’obtenir en quittant la maison, en fondant son entreprise, en gagnant sa vie, mais tout ça, il l’avait payé cher. Désormais tous les contacts avec son père étaient coupés. Lucas en était horriblement triste, mais ça ne l’empêchait de combler sa sœur de milles et uns objets insolites, telles une magnifique dague dont la lame couperait aussi aisément une gorge qu’une tranche de papier, quelques étoiles asiatiques aux pics exacerbées, un saï dont le prénom de Maia était gravé sur la lame, qu’il ramenait de ses différents voyages à l’étranger. Son frère était pour Maia le seul confident dont elle savait que rien ne serait répété à son père.



Alors que personne ne s’y attendait justement Lucas profita d’un instant de répit dans son atelier automobile pour passer prendre des nouvelles de sa mère ainsi que sa sœur. « Lucas » hurla celle-ci quand elle entendit la voiture vrombissante de son frère. Elle sortit de sa chambre comme une furie, courut dans les escaliers malgré les réprimandes de Marie la femme de ménage. « Lucas » hurla-t-elle encore une fois sur la pas de porte. Elle courut et celui-ci l’attrapa en la faisant voltiger.

- Toujours aussi belle chère sœur !
- Flatteur ! Je suis tellement ravie de te voir. Tu m’as tellement manqué, tu devrais venir plus souvent.
- Tu me dis ça à chaque fois que je viens.
- Mais tu me manques tant, je me sens si seule ici.
- Voyons, tu as toute une armée à tes pieds.
- Justement, soupira-t-elle.
- Ne t’en fais pas, je t’ai ramené de quoi t’envoler, murmura-t-il. Sur ces mots, les yeux de Maia s’illuminèrent. Va voir au fond du terrain, dans notre vieille cabane, voici les clés, lui lança-t-il. Mais sois discrète, ce sera notre secret.
- Ho merci, merci, merci, lui dit-elle en se jetant à son cou.

Maia courut autant qu’elle put jusqu’à leur ancienne cabane, là où ils pouvaient jouer, son frère et elle, durant des heures sans que personne ne vienne les déranger. Elle sortit sa clé, dont seul son frère avait une copie, ouvrit la vieille porte grinçante blindée, car leur cabane était quasiment faite dans un vieux bunker. A l’intérieur, elle découvrit rapidement une magnifique moto noire sous un drap blanc, un mot l’accompagnait.

« Très chère petite sœur
Voici un cadeau qui je l’espère t’aidera à sortir de notre odieuse prison dorée. Tu as besoin de fuir je le sais, voilà qui devrait t’y aider. Démarre-la une fois le sentier dépassé, personne n’entendra rien, je te le garantis, j’ai testé cette échappatoire plus d’une fois. Attention, n’en profites pas pour te rendre dans des bar miteux mais grâce à cette beauté, tu pourras t’offrir de belles sensations !!
Ton frère adoré ! »


Maia avait un tempérament dès plus fougueux, et la patience ne faisait pas partie de ses qualités, mais elle dû se retenir au risque de se faire confisquer, voir enfermer ailleurs, son joli nouveau jouet.
Elle bavarda longtemps avec son frère avant qu’il ne reparte dans la soirée, puis elle feignit de se coucher et attendit ainsi jusqu’une heure du matin, car elle savait qu’à ce moment-là ses parents dormaient depuis de longues heures. Pour s’accorder avec la splendeur et le noir de sa moto, Maia sortit de son armoire son costume le plus sexy qu’un styliste lui avait conçu spécialement pour une fête costumée.

Ce costume était noir, en cuir, largement ouvert jusqu’au bas de son dos, un profond décolleté dévoilait sa poitrine généreuse. Elle ajouta une paire de botte, une paire de lunette noire qui lui cintrait les yeux afin de ne pas être gênée au volant de sa moto, et termina sa tenue avec un de magnifiques oreilles félines, pour une touche fun. Ainsi parée, elle courut jusqu’à la cabane, amena la moto le moteur éteint jusqu’à l’endroit indiqué par son frère, et se rendit ainsi au centre de Chicago pour profiter de cette liberté nocturne.
Durant sa course elle roula devant la vitrine de la fameuse bijouterie où elle fut tant fascinée par cette émeraude. Maia observa la vitrine, repéra les caméras de sécurité et le faisceau rouge qui indiquait l’alarme. Pour les caméras, Maia ne s’en faisait pas, sa tête était méconnaissable grâce à son bonnet aux oreilles de chat. L’idée lui venait de plus en plus naturellement, et si elle volait ce bijou ? Pas pour devenir une simple voleuse, mais pour défier de sa routine habituelle, pour changer sa vie d’un grand virage.

Les gestes venaient instinctivement, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Avec les griffes en Titane de son costume elle forma un cercle dans la vitre, rapidement elle attrapa l’émeraude, puis avant même que l’alarme ne sonne, elle fila sur sa moto. Elle fila sans même repenser à ce qu’elle venait de faire. Elle venait de voler, et presque admirablement pour un premier essai. Cela n’était pas encore de l’art, et n’avait même aucune classe, toutefois Maia comptait bien améliorer son style. Elle avait eu ce qu’elle avait voulu, car au moment précis de s’emparer du joyau, elle ressentit cette peur qui résidait dans le risque d’être stoppé au dernier moment par un quelconque système de sécurité. Et c’est cela qu’elle voulait ressentir, une certaine peur mêlée d’excitation, comme cet instant.


Une fois dans sa chambre, elle commença par cacher l’émeraude dans le faux plancher de sa table de nuit, lieu où anciennement trônait son journal intime, mais ce butin là était bien plus précieux. Elle rangea ensuite son costume dans une mallette de son armoire. Elle était ravie du cadeau de son frère, ravie de sa soirée, de son idée, enfin sa vie prenait un tournant, enfin elle allait y mettre du piment, la Femme Chat allait apparaître dans la vie de Maia, et elle aimait ça !
 
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