Urban Comics
  Urban Deadman #2
 
Auteur : Baragon
Date de parution :
 

J’ai l’impression que je n’avais pas arpenté les rues depuis une éternité… et pourtant je dois bien aller jusqu’au cimetière chaque jour.


De mon temps, la ville avait une odeur, une personnalité… de nos jours il n’y a plus rien. Des gaz d’échappement et de la musique agressive, c’est tout ce que la ville nous renvoie maintenant. Beau reflet de ce que nous devenons, en vérité. On ne croise plus de gens, mais une foule anonyme et étouffante, une immense bête qui vous ignore ou vous piétine et vous incorpore à sa masse. Heureusement, je fais partie des ignorés et ça me convient parfaitement. Je pensais être "invisible " dans le cimetière parce qu’un vieillard semble "à sa place " au milieu de tombe de son âge, comme un poupon qu’on ne remarque pas vraiment tant qu’il est dans son landau. Mais même en pleine avenue ça continu, un car rempli de gosses à faillit me renverser, comme si je n’avais pas existé.


Mais au diable les radotages, je ne suis pas encore suffisamment sénile pour m’y adonner à longueur de journée, j’ai autre chose à faire. Les événements du cimetière ont eu lieu il y a déjà deux jours. Pauvre gamin, j’ai appris dans les journaux qu’il ne s’en été pas tiré… il méritait tout de même mieux. IL faudra que j’aille à ses obsèques demain. C’est la moindre des choses. Je me demande ce que le barman avait bu pour ne pas me remarquer. En tout cas les petits malins vont être relaxés aujourd’hui et même si je ne suis plus tout jeune j’aimerais avoir le fin mot de l’affaire. Et puis si personne ne me remarque, au moins, je pourrais essayer de les suivre un peu. Enfin le suivre, l’un des deux à la mâchoire brisée en trois points et restera encore à l’hôpital un jour ou deux. Stan reste en liberté et me mènera bien quelque part. En espérant que je ne me colle pas encore dans une merde noire.


C’est quand même fou le nombre de chose qu’une petite frappe se sent obligé de faire après avoir prit une rouste. La journée est presque passée et Stan en est à son huitième bar et sa troisième fille de joie. C’est qu’il a besoin de se prouver que c’est un gros dur après s’être fait étaler comme ça, sa fierté en a pris un sale coup et plus ça va, plus ses lieux de débauche sont mal famés. Et alors que la nuit est bien avancée et que le videur le jette dehors, c’est le coup de chance.


Deux gars à la mine patibulaire se pointe et le ramasse sans rien dire. Tel que je commence à le connaître, Stan va faire une bourde d’ici peu…


- Qué qu’vous m’voulez ? Lâch… lâchez moi ou j’vous pète ta gueule !


Bingo… la grande gueule avec un coup dans le nez c’est prévisible au possible.

L’une des deux armoires à glaces tourne lentement le visage vers lui… et il n’a pas une tête à faire de la broderie pour passer le temps.


- Monsieur Glenn n’est pas content, Stan. Et nous allons lui rendre une petite visite tout les trois.


- Mniueumn… l’merde ton Glenn, j’vais où qu’j’veux... pis j’ai encore soif moi d’abord ! Et j…


Un coup sourd au niveau de l’estomac et Stan par pour le pays des songes sans même épancher le contenu de son estomac sur le trottoir. L’inconscience est venue trop vite pour sauver son foie… avec le nombre de cirrhose qui se préparent pour la décennie avenir on ferait mieux d’accélérer les formations médicales.


- Merci monsieur Bud, un peu plus et c’est moi qui le faisais taire. Ramenons le rapidement, Monsieur Glenn n’aime pas attendre.


Alors le silencieux s’appelle Bud… à croire que plus personne n’utilise de vrais noms de nos jours. C’est comme Stan… à croire que les voyous trouve dégradant de porter les prénoms que leurs parents ont choisis sans les passer au hachoir.


Le problème c’est que maintenant il va falloir suivre une voiture. Ce n’est pas avec ma canne que je vais rivaliser de vitesse avec une berline. Heureusement, la ville regorge de moyen de transport simple et discret. Les taxis sont si présents qu’ils en deviennent aussi discrets que les personnes âgées, il ne faut pas croire les films où le chauffeur brave tous les dangers du parcours pour suivre coûte que coûte les mauvais. Ici c’est la vie, et sauter dans un taxi en lui disant "suivez cette voiture " ne procure qu’un éclat de rire.


Et bien pour une fois je suis tombé sur un chauffeur silencieux. A peine un début d’objection le temps que je lui prenne le bras à la fenêtre de son véhicule, et là, aussi difficile à croire que cela pourra paraître, il se tait et prend la course. Silencieux à ce point s’en est même frustrant. Pas une blague, pas un commentaire, il conduit presque comme un automate. Soit il en tient une belle couche, soit il attend les caméras pour lui dire que ce n’était qu’un gros canular…

En tout cas il exécute sa tache avec efficacité et après avoir vu Bud sortir de l’hôpital avec Max sur le dos, nous sommes presque sur les docks. A la vitesse à laquelle ils sont passé par l’hôpital ça sent le pot-de-vin à plein nez.


Quand il sont visiblement sur le point de s’arrêter, je fais signe au chauffeur de continuer comme si rien n’était, naturel. Il me dépose trois entrepôts plus loin et, à ma grande surprise, ne réclame pas de pourboire. Un taxi aussi silencieux, discret et bon marché s’en est presque louche… mais autant ne suivre qu’un lièvre à la fois. Et à vue de nez, je dirais que celui que je suis en train de lever à de grande oreilles…


C’est presque cliché, mais il y a toujours une pile de truc que l’on peut escalader pour voir ce qui se passe dans un hangar, à croire que c’est étudié pour. Par contre, pas de carreau cassé… il va falloir que je colle l’oreille à l’un de ceux que j’ai sous le nez si je veux avoir des bribes d’information.


L’intérieur est plutôt bien éclairé. Il semble qu’il y est quelques container mais c’est trop propre pour servir régulièrement d’entrepôts. Dans la série difficile à rater, il y a une table au centre de l’immense pièce, un homme est nonchalamment assis sur l’un des coins. Blond platine, bronzage qui sent la séance UV à 10 kilomètre et brushing impeccable, un costume blanc qui vaut sûrement au moins un an de ma retraite. De mon temps on appelait ça un foutu californien… je crois que le terme n’a pas trop changé dans son essence.

Ce qui marque c’est la loque qui est ligotée à la chaise près de lui. Ce type à été passé à tabac par un troupeau de joueur de foot universitaire, ou alors c’est très bien imité.


Stan et Max sont ligoté à leur tour, chacun sur sa propre chaise. Je sais bien qu’ils sont sensés faire partie des méchants mais je crains le pire pour ces deux jeunes coqs. Max roule des yeux fous sans pouvoir articuler quoi que ce soit et, pour le moment, Stan profite encore d’une inconscience bienheureuse… qui ne dure pas.

C’est dingue ce qu’un grand sot d’eau froide et la peur peuvent faire pour la lucidité. Stan n’a pas l’air de savoir exactement de quoi il en retourne mais il en vient presque instantanément à la même conclusion que Max… ils sont dans de sale draps et leur avenir s’annonce des plus sombre. Il reste quelques instant à contempler l’homme au visage ravagé et une horrible connaissance peint ses traits.


- Meeeerde… Lou… la vache comment t’as morflé ! Mais dans quel bordel tu nous as foutu ?


- Hum, si je puis me permettre, monsieur Stanley, c’est vous qui avez mis votre employeur habituel, comment dis t on déjà ? " Dans une merde noire " ?


- Mais t’es qui toi nom de…


Là je crois qu’il vient de se rendre compte qu’il ferait mieux de se taire… mais trop tard. A croire que les jeunes d’aujourd’hui parle d’abord et réfléchissent ensuite, quand ils réfléchissent.


- Pour vous se sera Monsieur Glenn, mais je crois que vous avez besoin d’apprendre à ne parler que quand on vous le demande. Monsieur Bud, je vous prie.


Le silencieux abat sur Stan une main de la taille d’une palme et lui arrache un long filet de sang et de salive. Les hommes de mains semblent tous coulés dans le même moule maintenant. Gigantesque, fort comme des taureaux aux hormones et un peu limité. Par contre ils sont pour le moins efficaces dans leurs offices.


- Maintenant que je dispose de toute votre attention, j’aimerais que nous parlions de la petite affaire qua vous avez lamentablement ratée il y a quelques jours. Il n’y avait pourtant rien de difficile dans le petit travail que j’avais fourni à votre ami. Une simple récupération de nuit dans un lieu désert… tsk…

Et regardez dans quel état vous vous êtes retrouvé.


Ce grand escogriffe semble prendre un malin plaisir à saisir Max par la mâchoire pour le forcer à relever le regard vers lui.


- Et bien monsieur Maxwell, vous ne trouvez rien à dire ? J’aimerais croire que vous êtes plus réfléchi que votre camarade. Mais ce n’est visiblement que l’effet de voter mâchoire brisée. Ce mutisme m’est agréable vous savez. Regardez monsieur Bud, silencieux, professionnel, d’une efficacité éprouvée. Malheureusement vous ne m’êtes pas aussi indispensable, enfin, malheureusement pour vous. D’ailleurs si vous ne m’êtes pas utile…


Mais il se prend pour un méchant de film d’espionnage celui là. Il soliloque en faisant les cents pas d’une démarche traînante. Et là il vient de faire signe au silencieux Bud qui s’approche du petit Max, c’est pas bon.


OUILLE ! Il avait déjà la mâchoire fracturée mais là… d’un revers Bud a renversé chaise et occupant au sol. Il en reste sur le carreau ce pauvre gamin.

Stan semble de plus en plus inquiet… on le serait à moins, il faut bien le dire. Par contre il à retenu la leçon et ne pipe pas un mot.


- Pauvre Maxwell… en tout cas je pense avoir capter voter attention Stanley, je peux vous appeler Stanley ?

Bien, donc, comme je le disais, vous et votre camarade avaient perdu une cargaison d’importance et de grande valeur. Vous avez déçut votre employeur direct, ce pauvre Louis, et, par extension, vous m’avez grandement déçut. La perte pécuniaire n’est pas insurmontable, loin de là. Quand à la police vous avez visiblement eu l’intelligence de ne pas mentionner ce cher Louis. Aucun risque qu’ils remontent à moi donc… mais prudence est mère de sûreté comme dis le proverbe. Dans ce cas vous comprenez aisément que je ne peu pas vous laisser repartir ce soir.


Ah non, ça ne vas pas recommencer ! J’ai déjà vue un gamin risquer sa peau sous mes yeux sans pouvoir rien faire il y a quelques nuits. Et bien qu’ils ne soient pas des citoyens modèle ils restent des gosses à peine sortie de l’enfance.


Le camarade de " monsieur Bud " est en train de lester de chaînes les pieds de Stan, tandis que lui même s’occupe de Louis. Le dandys, lui, s’occupe tranquillement de compter une liasse de billets.


- Voyez vous, le plus drôle dans cette situation c’est que je passe par tant d’intermédiaire que les propriétaire d’origine de la cargaison ne savent pas quel est passée entre mes mains. Mieux encore, ils m’ont engagé pour que je règle le petit problème que vous représentez. Vus le bénéfice raisonnable que vous me faites réaliser je vous devez bien quelques explications.


Il se dirige maintenant vers la sortie pendant que ses sbires ouvrent un trappe qui doit donner directement sur l’Hudson.


- Maintenant que ces messieurs en ont fini avec vous, je vais devoir vous dire au revoir. Un dernier mots peut être Stanley ?


- Mais on a fait le maximum. Le gars qui nous a trouvé à pas passé la nuit, les flics avaient tellement rien contre nous qu’ils nous ont pas gardé ! Pourquoi ?


- Hum… bonne question, oui. Et bien je suppose que je pourrais répondre " par sécurité, pour me couvrir ". Mais avec ma batterie d’avocat ce serait indélicat de ma part de mentir à ce point. Non, en fait c’est surtout pour le principe. Oui, je n’apprécie pas l’échec et j’aime nettoyer derrières moi…


Le temps qu’ils finissent son monologue, les deux garde du corps on fini de bâillonner Stan.

Et moi ?

Et bien j’ai trouvé à me faufiler dans le hangar par l’autre bout, là où l’ombre est suffisamment épaisse pour me cacher. S’ils ne restent pas pour voire les petites frappes couler je pourrais peut être les sortir de là… avec mon arthrose j’ai de l’espoir mais bon. J’arriverais peut être à réveiller Max, ils n’ont pas l’air de vouloir le mettre à l’eau lui aussi. Deux " ploufs " plus tard, les gorilles vident les lieux avec leur patron et je peux enfin y aller, il va falloir faire vite si on veux une chance.

Je ne vois pas trente-six solutions pour réveiller Max… une bonne claque, ça le fera réagir avec ses fractures.


- Navré gamin mais ça va piquer.


" CLACK ! ! !"


- Debout gamin, tes petit camarades ont besoin de toi !


Et miracle, Max se relève d’un coups, si j’était cardiaque, je ne vous raconte même pas.


Maintenant le voilà qui plonge et s’enfonce dans les eaux sombre. Je commence à décompter les secondes, dans l’ignorance de ce qui se passe, comme aveugle. Pas loin d’une minute et je vois une main s’agripper au rebord. Louis prend un grande inspiration, dans son état il risquait de se noyer le premier. A peine Louis sur le bord, Max replonge. Louis respire laborieusement et les secondes continues de s’égrainer. Enfin je vois le visage de Stan émerger, mais il semble inconscient, Max le sort de l’eau et commence à lui faire recracher le liquide qu’il a pu avaler. Le temps de couper les cordes dans lesquelles les chaînes sont emmêlée, encore un mouvement pour déclencher l’alarme incendie et Max s’écroule enfin d’épuisement. Ils sont tous épuisé mais au moins ils sont vivant.




Quelques heures plus tard…




Les événements d’hier soir me préoccupe quand même. Mais là j’observe l’enterrement du petit. Thadéus à été convier à se joindre à la famille, comme j’était en retard je n’ai pas voulu arriver comme un cheveux sur la soupe. Il y a pas mal de monde, ça réchauffe le cœur, la question c’est de savoir s’il se souviendront de lui dans les années à venir et de quel façon. Même si ce n’est pas à une grande échelle, il est mort en héros…


Tout le monde est pris là-bas et c’est bien. Je vais aller voir la tombe de son grand père, que quelqu’un lui " tienne " compagnie. Je n’ai même jamais été voir le nom sur le monument maintenant que j’y pense.


Là je sens mon cœur raté un battement… je lis et relis sans parvenir à me convaincre…


BERTRAN "BOSTON " BRAND

1903 - 1975
 
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