Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Avril 2005
Carla était très nerveuse. Tandis qu’elle se regardait pour la quinzième fois dans son miroir pour vérifier encore une fois qu’elle était resplendissante et que son discret maquillage la mettait en valeur, la jeune fille ne pu s’empêcher de craindre que le jugement de son père soit défavorable sur Hal…Hal, qui d’ailleurs devrait bientôt arrivé pour son test face à Carlo Simeoni…mon dieu, comme la jeune femme avait peur que l’homme qu’elle aimait ne plaise pas à son père…
Car oui, Carla était folle amoureuse de l’étudiant qui l’avait abordé il y a deux mois…deux mois déjà…deux mois qu’une torride passion s’était insinuée entre eux…elle n’avait jamais été aussi heureuse…et elle aimerait tant que son père accepte ce jeune homme…
Mais pourquoi était-elle si nerveuse ? Son père n’allait pas manger ou tuer Hal ! Il n’était pas un criminel ! C’était son père adoré, celui qui prenait tant soin d’elle ! Peut-être serait-il attristé de voir que sa fille devenait adulte (en fait, pensa-t-elle, elle l’était déjà mais n’osait l’annoncer à son cher géniteur), mais Carla était sûr qu’il serait heureux pour eux ! Son moral remontant, la jeune fille se dépêcha de descendre les escaliers de la luxueuse demeure familiale pour ouvrir la porte d’entrée, qui venait de sonner.
Hal venait d’appuyer sur la sonnette de l’imposante maison des Simeoni. Il avait été surprit et stupéfait de voir que ce fils de chien avait réussit à trouver une aussi belle maison. Mais après avoir réfléchit, le jeune homme s’était dit qu’en tant que parrain de la ville, et bien c’était soudain plus facile d’avoir une belle maison et une belle situation.
Secco, habillé assez classe avec un smoking noir et un beau pantalon noir aussi, afficha un large sourire quand la porte devant lui s’ouvrit pour laisser place à une Carla magnifique dans une étonnante robe verte, peu décolletée mais très sexy quand même. Hal voulut l’embrasser, mais elle l’en empêcha en le serrant dans ses bras avant de lui murmurer quelques mots.
« Mon père n’accepterait pas, mon amour…comprends moi, je t’en prie…
- Pas de problème, ce n’est pas grave… »
Hal entra alors dans la superbe entrée de la maison Simeoni, un peu au nord de Chicago. Il remarqua rapidement les gardes du corps du propriétaire, qui étaient en fait les derniers porte-flingues du parrain de la ville. Bien, ils n’étaient pas beaucoup, ce qui faciliterait son travail.
Secco et Carla entrèrent alors dans une pièce sur leur gauche. C’était un lieu magnifique et très grand, sûrement une ancienne salle de bal. Au milieu se trouvait une très grande table rectangulaire en bois ancien, placée sous un grand lustre en diamant, vu de loin et avec des sculptures grecques sur la droite. Plusieurs beaux tableaux âgés et européens étaient accrochés au mur tandis que le sol était recouvert de tapis persans. Prises à part, toutes ces beautés étaient superbe, mais les rassembler fut certainement la pire erreur de goût qu’Hal n’ait jamais contemplé...
Les deux jeunes personnes s’approchèrent alors d’un fauteuil non loin de la cheminée au fond de la salle. Carlo Simeoni se tourna alors avec son siège pour faire face à celui qui voulait lui prendre sa fille. Il résista un instant à l’envie de l’égorger sur place avec le coupe lettres qu’il tenait entre les mains, mais se ravisa : il allait humilier ce jeune homme devant sa fille ce soir avant de le faire tuer par ses hommes. Une soirée d’amusement, en somme…
« Monsieur Simeoni, je suis heureux et ravi de rencontrer enfin le père de Carla…je suis aussi honoré de rencontrer le célèbre Simeoni, dont le nom est très, très connu en ville…
- Je suis aussi content de te rencontrer, mon enfant. Il est rare que ma fille ramène de jeunes gens chez nous, et tu dois être important pour elle. J’ai hâte de faire ta connaissance. Si vous le permettez, allons à table, j’ai faim ce soir. »
Carlo Simeoni, habillé d’un smoking et d’un pantalon blanc, se leva et marcha en premier vers la table, où il s’assit en bout. Sa fille s’assit à sa droite et Hal voulut s’asseoir à côté d’elle, mais un des gardes du corps, un grand chauve, lui montra fermement la place à gauche de Simeoni.
Après qu’ils furent tous trois installés, ce fut le père qui parle en premier, d’une voix toujours douce et simple, mais derrière laquelle le jeune homme trouva de la haine et de la violence.
« Alors, vous êtes vous aussi étudiant, Hal ? Je peux vous appeler Hal ?
- Oui, monsieur Simeoni. Et oui aussi, je suis étudiant comme Carla en cours de droit.
- D’où venez-vous ?
- Du Kansas, monsieur.
- De quelle ville ? J’ai passé quelques années dans cet Etat…
- De Smallville, monsieur Simeoni.
- Smallville ? Je ne connais pas, mais ce n’est pas grave…
- Personne n’est parfait, si je puis me permettre, père.
- En effet, Carla, et ce n’est pas moi qui dirait le contraire ! »
Le vieil homme ri de bon cœur, de même que sa fille, et Hal dû se forcer à faire de même et à ne pas le tuer sur place. Il était là, à quelques mètres de lui…il n’avait qu’à prendre sa petite cueillere pour lui enfoncer dans le cou et Simeoni mourrait…mais non, cette ordure devait souffrir comme lui avait souffert…
Le repas dura plus de deux heures, Simeoni et Hal parlant surtout entre eux, délaissant Carla qui avait l’habitude et semblait être rassurée : le courant semblait passer entre les deux hommes les plus importants de sa vie. Soudain, Hal tapota son verre par sa fourchette et se leva.
« Puis-je dire quelques mots ?
- Mais bien sûr, Hal… »
Simeoni était ravi. Le jeune homme était en confiance, semblait heureux et était très à l’écoute de ses paroles. Vraiment, cela semblait être un bon garçon, mais il avait eu l’audace de se frotter à sa fille…chose que Simeoni ne permettait absolument pas…
« Merci. En venant ici, je suis venu voir Carlo Simeoni pour être accepté par lui car j’aime profondément sa fille, Carla. Je t’aime, mon amour. Je ne viens pas ici vous demander sa main, je sais que vous me la refuseriez. Mais j’espère qu’un jour, vous accepterez. Je l’aime de tout mon cœur. Hal Secco t’aime, Karla… »
Carlo dû s’empêcher de ne pas exploser de rire. Ce petit con voulait épouser Carla plus tard ? Ah ! Voila qui n’étais pas commun…
« Nous verrons cela plus tard, Hal. Comme tu le dis, c’est un peu prématuré et…
- Je n’ai pas finis, monsieur.
- Quoi ? Euh et bien d’accord…
- Merci. J’ai donc dis ce que je venais faire ici. Mais pas totalement. En effet, monsieur Simeoni et Carla, je dois vous avouer certaines choses. Je ne m’appelle pas Hal Secco et je ne viens pas du Kansas. »
Carla et son père faillirent tomber de leur chaise. Que disait-il ? C’était un imposteur ? Pourquoi avait-il fait cela ? Les mots d’amour qu’il avait murmuré à la jeune fille étaient donc faux ? Qu’était-ce donc que cette plaisanterie ? Tant de questions qui assaillirent tant la jeune fille que des larmes commencèrent à couler tandis que l’homme parlait toujours, un sourire s’affichant sur son visage.
« Je me nomme en fait Cole Cash. Tu me connais, hein Carlo ? Mais pas toi, Carla, et à cause de cela, je vais te parler un peu de moi et du passé commun que ton père et moi-même avons… »
Cash ? C’était lui ? Non, impossible…et pourtant, cela ressemblait à ce petit con ! Carlo voulut appeler ses gardes du corps, mais n’en trouva aucun, ce qui était étrange…
« Ne cherche pas tes hommes, Carlo. Ils sont payés par moi depuis un mois, comme toute ta mafia.
- Mafia ? Que raconte-t-il, père ?
- Rien, rien mon enfant…ne l’écoute pas…
- Si, écoute moi. Ton père est le parrain de la mafia de Chicago depuis 10 ans. Depuis 10 années, il contrôle le racket, la prostitution et toutes les activités illégales de la ville.
- Non, c’est impossible…
- Hélas, c’est le cas. Ton père est un monstre, je le sais. Mais qu’il soit ce qu’il est et qu’il fasse les horreurs qu’il fait ne sont pas la raison essentielle de ma venue ici. Tu as trahi le Code, Carlo.
- Quel code ? Mais de quoi parles-tu, bon sang ??
- Le Code de la mafia qui dit de ne jamais trahir un membre de sa famille, Carla. Ou un de ses alliés. Il y a 10 ans, il m’a trahit en me jetant en pâture aux flics après m’avoir arnaqué. Durant 10 années, j’ai ruminé ma vengeance contre lui.
- Mais pourquoi ? Tu étais un criminel, il a fait ce qui était juste…
- Mais ton père était aussi un criminel. Il a fait tué mon garde du corps. Mais le pire est le traitement qu’il a fait subir à ma femme…ma femme était enceinte. Quand je fus jeté en prison, Carlo l’a fit enlever, l’a fit avorter de force et l’a mise sur le trottoir. Il y a 7 ans, elle est morte d’un viol collectif. »
Le regard de Cole s’était changé durant son temps de parole. La haine et le désir de vengeance brûlait désormais dans ses yeux tandis que Carla était déboussolée : qui croire ? Son père qui accusait le coup ou bien ce Cole Cash qui semblait dire des évidences qui s’imposaient maintenant à la jeune fille ?
« Oui, monstre, à cause de toi la femme que j’aimais est morte dans d’horribles souffrances ! Chaque soir, je rêve de te tuer à petits feux, mais même la pire des tortures ne serait pas assez bonne pour toi ! »
Cole fit alors un signe à une des fenêtres, et Simeoni sentit alors une douleur aigue dans le cou, comme si quelque chose rentrait dans sa peau tandis que Cash souriait à pleines dents.
« Aie !
- Quoi ? Qu’y a-t-il, père ?
- Je ne sais pas, j’ai mal…
- Tu viens d’être piqué par une fléchette spéciale. En fait, elle a été infectée par le SIDA.
- Quoi ??
- Oui, le SIDA, Carlo. Tu es maintenant un malade du SIDA. Génial, non ? Je sens que tu vas beaucoup aimer être enfermé en cellule avec cette maladie…
- Enfermé ?
- Oui, la police va bientôt arriver. Beaucoup de tes hommes ont parlé, et tu vas être inculpé. Bien entendu, la prison en hôpital te sera refusée…imagine comment sera la réaction des autres détenus quand ils apprendront que tu as le SIDA…tu sais, la maladie des gays…tu as intérêt à ne pas avoir d’hémorroïdes, mon ami… »
Cole souriait toujours. Son plan se passait à merveille, sa vengeance était faite. Simeoni avait tout perdu : son clan, sa fille qui n’avait plus confiance en lui, sa sécurité et bientôt il serait puni par les autres détenus…il fallait au moins cela pour venger sa tendre épouse…
Cash ne dit plus rien, et sortit lentement de la maison tandis qu’il entendait Carla qui pleurait sur son père qui était tombé dans l’inconscience sous le poids de tous ces chocs. Cole n’avait pas voulu faire du mal à Carla, qui était une belle et gentille fille, mais elle n’était qu’un pion dans son plan, et même si elle avait souffert, la vengeance primait sur le reste.
L’homme sortit de la propriété, marcha un peu dans la nuit en croisant les voitures de police qui arrivaient en trombe dans la rue. Après avoir observé tout ce cirque quelques instants, Cole rentra dans une voiture noire silencieuse au coin. Dedans se trouvait son vieil ami Jérémy.
« Ca a marché ?
- Oui.
- Tu te sens mieux ?
- Un peu. Je ne serais jamais soulagé de ce poids, mais au moins elle est vengée.
- Oui. Tu veux en parler ?
- Nan, merci mon vieil ami, merci pour tout.
- Mes hommes ont fait leur boulot ?
- Très bien. Félicite-les de ma part, tout s’est très bien passé.
- Ok. Tu vas faire quoi maintenant ? Te ranger ? Jouer les justiciers ? »
Cole sourit en se tournant vers son ami.
« Jérémy, le parrain de la ville vient de se faire arrêter…Chicago est orpheline…il faut remédier à cela, non ? »
FIN ?