Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Septembre 2005
La ville devient dingue, pense-t-il tandis qu’il sort lentement de sa voiture banalisée noire discrète et qu’il attend que son jeune coéquipier fasse de même. Tout part en vrilles, tout devient fou, hors de contrôle…et il n’aime pas cela. Pas du tout, même. Lui qui contrôlait toujours sa vie, celle des autres et même parfois la paix de la ville, il déteste avoir ainsi quelques points de retard et n’avoir que quelques minutes pour faire basculer le match…bien sûr, ça lui ait déjà arrivé, mais il n’aime pas cela. Il va réussir, mais il trouve qu’il l’a déjà trop fait, surtout dernièrement…
Lui, c’est Fury. Nick Fury. Une ombre, une silhouette anonyme dans la rue que vous croiseriez sans même vous en rendre compte. Pourtant, il est plus que cela. Bien plus que cela. Il est une sorte de légende, craint et haït dans toute la ville, mais respecté et admiré aussi. Parfois. Mais c’est rare. Et c’est par ceux qui ne l’ont jamais rencontrés.
Son coéquipier sort finalement de la voiture après avoir prit son sac qui était sur la plage arrière. Quatermain. Clay Quatermain. Un nom de héros de bouquins du siècle dernier…enfin du siècle précédent le siècle dernier. Pas un méchant bougre, mais ce n’est encore un gosse. Ses premiers pas dans le métier, et ils le collent à Fury parce que son équipe est occupée à autre chose. Ou se repose. Avec la crise de ces derniers temps, c’est normal. Mais le grand noir aurait préféré avec ceux à qui il a apprit à faire confiance. Ceux qui ont survécus à l’horrible galère qu’ils viennent de vivre…
Mais il devrait chasser ces souvenirs de ses pensées. Tout cela était bel et bien terminé, et même si la fin de cette enquête avait été difficile pour tous, il devait passer à autre chose. A ce nouveau cas, donc. A ces nouveaux cas, en fait.
Depuis plusieurs jours, il y avait des morts inexpliquées. Un étrange combattant balancé dans un appartement à Hell’s Kitchen. Un mec dans le Lower East Side abattu. Une fille massacrée sur les docks. Et maintenant une sorte d’école ravagée par quelque chose dans la banlieue New York…
Normalement, tous ces cas n’avaient rien en commun, sauf qu’en fait, si. Tous ces cas s’étaient passés dans les territoires de personnages étranges qui commençaient à se faire connaître dans la ville. Daredevil, un démon selon certains, s’occupait d’Hell’s Kitchen. Spider Man, une sorte de gosse qui avait des facultés extraordinaires, sévissait dans le Lower East Side. Les docks étaient le territoire de Richards et de sa bande de monstres de foire. Il y avait aussi eu une attaque de mutants dans la banlieue où il se trouvait actuellement…
Toutes ces coïncidences ne pouvaient être le fait du hasard. Quelque chose, ou quelqu’un, s’amusait à défier ou peut-être à faire du mal à ces sortes de…choses. Et si cela continuait, ils risquaient de répliquer et la ville pourrait être mise à feu et à sang. Et Fury était chargé d’empêcher cela.
Le grand noir avant déjà étudié les différents dossiers des défunts.
Le premier mort était un certain Stick mais on ne savait rien de lui, et son dossier avait été soigneusement effacé de plusieurs ordinateurs de renseignements des Etats-Unis, voir du monde. Il avait été frappé à mort par quelqu’un qui semblait avoir une grande connaissance des arts martiaux et des techniques de combat. Apparemment, on s’était bien appliqué à le faire énormément souffrir avant de le tuer…
Le deuxième, Georges Stacy. Un propriétaire de bar dans le Lower East Side. Famille tranquille : une femme, une fille et un gamin qui vit chez eux. Le gamin a eu pas mal de problèmes, sa famille a été massacrée et il a été porté disparu longtemps. Mais il était partit chez un oncle en Australie. Fury s’était noté qu’il fallait enquêté sur ce cas pas très clair.
La fille qui était morte avait été tuée par plusieurs coups d’objets tranchants un peu partout sur son corps, et semblait avoir été violée, mais cela n’était pas sûr. Les légistes planchaient encore dessus mais le corps était tellement découpé et en lambeaux qu’il était vraiment difficile de donner un avis dessus. Un boulot de professionnel. De professionnel sadique. Les pires.
Enfin, il y avait cette sorte d’école qui était devant lui. Un grand immeuble comme on en a plein dans la banlieue de la plus grande ville au monde, mais au lieu d’une belle entrée et d’un bâtiment bien tenu se trouvait une porte fracassée qui donnait sur un intérieur totalement détruit apparemment, du sang se trouvant encore sur le sol.
Fury s’avança alors avec Quatermain vers le petit escalier menant à l’entrée. Plusieurs voisins avaient appelés la police la veille et on avait déjà mit les fameuses bandes jaunes pour empêcher les curieux de venir souiller les lieux. Le propriétaire du bâtiment, un certain Charles Xavier, avait disparu et ses étudiants avaient été transférés à l’hôpital avant qu’ils ne réussissent à s’enfuir, encore blessés selon les médecins.
On avait alors de suite chargé Nick de venir ici avec Quatermain pour enquêter plus en profondeur. Mais on ne lui avait rien dit sur la nature des étudiants et des agresseurs. Apparemment, on savait beaucoup de choses sur cette école, mais on ne voulait rien lui dire…et Fury n’aimait pas vraiment cela…
« Bon, allons-y… »
Le noir entra avec Quatermain derrière lui et chercha un quelconque signe de vie. Tout avait été laissé en place et on pouvait vraiment voir qu’il y avait presque eu une guerre ici tant tout avait été ravagé…c’était impressionnant.
Pour Fury, qui avait déjà vu de tels spectacles, c’était plus l’étonnement qui était présent en lui, étonnement qui montrait bien sa surprise de voir une telle scène dans un quartier qui semblait si calme et si tranquille.
Mais pour Quatermain, dont c’était la première mission sur le terrain, l’étonnement le rendait totalement inactif et dispensable dans cette mission, et Nick allait lui faire une remarque désobligeante quand une voix douce et tranquille se fit entendre à leurs oreilles.
« Messieurs ? Puis-je vous aider ? »
Fury se retourna alors pour voir un grand homme au crâne rasé et au sourire sympathique. Trop sympathique pour être naturel. Si il était bien Charles Xavier, et il était comme sur la photo, ce n’était pas normal d’être si détendu et si calme alors que sa maison avait été ravagée, que ses élèves avaient été tabassés et qu’ils étaient en fuite. C’était suspect. Trop pour un flic comme Nick.
« Attendez, je vais vous aider… »
Quatermain s’était réveillé suite aux questions de Xavier et avait mit sa mallette avant d’aller voir le chauve pour…le prendre dans ses bras en le soulevant ?! Qu’est-ce que c’était que ce gosse, pensa Fury ? Qu’est-ce qu’il foutait, bon sang ?
« Quatermain ! Qu’est-ce que tu fous ?! »
Le jeune homme se tourna vers Nick alors qu’il s’était accroupit et allait prendre les jambes de Xavier. Il semblait stupéfait par la réaction de son chef.
« Ben…j’aide monsieur à monter la petite marche, avec son fauteuil, il n’y arrivera pas…
- Son quoi ?!
- Son fauteuil, chef. Je sais pas…vous voyez pas qu’il est en chaise roulante ? »
L’incompréhension se lisait sur les visages des deux policiers alors que Xavier fronçait aussi les sourcils. Que disait ce Quatermain ? En fauteuil roulant ? Pourtant, il n’émettait aucune suggestion mentale vu que l’autre le voyait tel qu’il était vraiment…à moins que…à moins que le schéma mental du jeune policier ne soit proche de celui de Deadpool et qu’il perçoive encore les restes de la rafale mentale qu’il avait envoyé au mercenaire pour lui faire croire à son infirmité…oui, cela devait être cela…
« Mais bougre de crétin ! Regarde donc, il n’est pas en fauteuil mais aussi debout que moi ! »
Xavier décida alors d’enlever le reste de la rafale mentale qui flottait encore un peu dans l’atmosphère de la pièce et quand Quatermain le regarda, il le vit debout et sans aucun problème aux jambes, ce qui le fit légèrement rougir.
« Ah, euh, désolé…
- Ce n’est rien, cela doit être le stress…que désirez-vous, au fait ? »
Charles avait dit cela d’un ton doux et gentil, voulant à tout prix éviter de s’attarder sur cette histoire qu’il aurait tout le loisir d’analyser plus tard, trouvant quand même étrange qu’un autre être soit affecté par les restes d’une rafale destinée à quelqu’un…
« On voudrait vous interroger et faire des tests dans votre maison, monsieur Xavier. Suite à votre agression et à celles de vos élèves, c’est la routine et on doit le faire. Cela ne vous gêne pas ?
- Pas du tout, bien au contraire. Je suis ravi de voir que la police de New York cherche à m’aider et à aider mes pauvres étudiants en retrouvant ceux qui ont fait cela.
- Vous pourriez les décrire ? Vous connaissez leur nombre ?
- Hélas, non. Comme je l’ai déjà dis hier aux autres inspecteurs, j’ai été assommé rapidement et je n’ai pas vu mes agresseurs.
- Bien. Vous avez où sont vos élèves ? Nous aimerions les interroger…
- Non, mais je pense qu’ils devraient revenir sous peu. J’espère même… »
Si ils tiennent à leur vie, pensa alors Charles en tentant de calmer la colère qui bouillonnait au fond de lui d’avoir vu ses X-Men s’enfuir sans rien lui dire, le laissant seul avec tous les problèmes…ils me le payeront, se dit alors le chauve tandis que Quatermain sortait les outils de son sac et que Fury montait à l’étage pour aller chercher d’éventuels indices.
Le soir même, Fury entrait tranquillement dans son bureau, prêt à faire son rapport. Bien évidemment, lui et Quatermain n’avaient pas trouvés grand-chose dans l’école de Xavier. A part quelques résidus étranges qui semblaient venir non pas d’armes mais de choses plus puissantes, il n’y avait rien. Du sang, oui. Des dégâts, oui. Mais rien d’autre. Comme si on avait voulu gommer entièrement toutes les traces qui auraient pu lui permettre de chercher les auteurs de cette attaque.
« Si seulement les gosses étaient encore là… »
Nick se pencha en arrière sur son fauteuil et mit les pieds sur son bureau avant de calmement réfléchir à la situation. Il était presque certain que les élèves de Xavier étaient des mutants et que les énergies que Quatermain avait relevées venaient d’eux…et qu’ils avaient fuis à cause de la vindicte populaire qui avait dû être devant l’hôpital. Mais pourquoi Xavier n’avait pas joué franc jeu avec eux ? Et pourquoi les avait-on attaqués ? Comment avait-on pu ainsi les vaincre ? Beaucoup de questions, peu de réponses, mais Fury était habitué à ces situations-là…
Soudain, alors que le policier allait commencer son rapport, le téléphone sonna. Nick le décrocha dès la deuxième sonnerie, comme à son habitude.
« Fury.
- Bonjour, monsieur Fury.
- Qui est à l’appareil ?
- Je ne suis qu’un citoyen anonyme désireux de la bonne survie de notre ville. Je voudrais vous donner un conseil, monsieur Fury.
- Ah ouais ? Et pourquoi ?
- Ne vous mêlez pas des différents meurtres dans la ville. C’est un conseil d’ami, ou même d’associé…vu que nous faisons en quelques sortes le même travail.
- Ah ouais ? C'est-à-dire ? »
Fury tentait de discerner la voix qui était à l’autre bout du fil, mais elle était changée en un son grésillant par un petit appareil qui était souvent le cauchemar des flics. Il réprima alors un bâillement, sentant que la fatigue commençait doucement à le gagner.
« C'est-à-dire que nous faisons tout pour que la ville n’éclate pas comme un baril de poudre. Malheureusement, je crois que si vous continuez votre enquête, vous allez la faire exploser…
- Ecoute, je sais pas qui tu es, petit marrant, mais sache que la plaisanterie est finie et que je m’en tape complètement de ce que tu dis ou de ce que tu me conseilles de faire…t’es pas le premier à me menacer et je suis toujours là, alors tu te tais et tu attends sagement que je vienne t’arrêter, compris ? »
La voix soupira alors au téléphone.
« Je me doutais de votre réaction, mais au moins j’aurais essayé…bon, et bien au revoir monsieur Fury. Et dites bonjour à mes amis qui ne vont pas tarder.
- A quoi ?
- Mes amis. J’avais prévu que vous seriez réticent à mon conseil alors j’ai chargé quelques connaissances de vous faire entendre raison…
- Qu’ils viennent, je vais leur montrer que je suis pas facile à bastonner… »
Nick avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts.
« Dans votre état normal, oui. Sauf que le téléphone était induit d’une solution à base de forts somnifères. Vous sentez la fatigue qui vous gagne, monsieur Fury ? Vu votre silence, oui. Dans quelques minutes, mes amis vont venir et vont vous montrer qu’il ne faut pas prendre mes avertissements à la légère. J’espère que vous comprendrez cette fois. A bientôt, monsieur Fury. »
La voix coupa à l’autre bout du fil tandis que Fury n’avait même plus la force parler ou de bouger, son corps criant fatigue et ne désirant que sombrer dans un sommeil réparateur. Mais l’esprit du policier luttait, luttait de toutes ses forces pour rester éveillé, appeler de l’aide…mais malheureusement, le corps fut cette fois plus fort que l’esprit et Nick ne pu voir que la porte de son bureau s’ouvrir sur deux grands gaillards avant de sombrer dans un sommeil qui sera violent et douloureux…