Histoire : Lex
Date de parution : Février 2007
-Repose en paix, Ange Fichetti, toi, dont la générosité était connue par tout tes semblables, oh Ange, puisses-tu vivres éternellement prêt du père . Amen .
Le prêtre referma le livre sacré avec tristesse, quittant ses précieuses paroles bibliques . Ange Fichetti, le parrain de la famille Fichetti, avait toujours était bon avec lui et sa paroisse, n’hésitant pas à faire preuve de largesses envers la communauté catholique de Chicago . Mais tout cela était bel et bien terminé, maintenant . Le vieil homme avait été assassiné de la plus sordide des manières, il y avait deux jours de cela, dans sa propre demeure, par le désormais célèbre Silence, tueur impitoyable et insaisissable, qui signait ses forfaits du sang de ses victimes . Ce psychopathe avait déjà tué Tom Crone, un homme d’affaire qui se trouvait tremper dans des affaires louches avec la famille Fichetti, horriblement éventré, ainsi que son garde du corps et une prostitué slave . L’histoire avait fait grand bruit, la police découvrant ainsi les liens que Crone avait avec les Fichetti . La famille avait été mise en cause dans l’assassinat même et pour la première fois de sa vie, monsieur Fichetti avait été placé en garde à vue . Heureusement, les juges furent cléments et le parrain fut rapidement relâché, sans procès . Mais la justice s’appliqua, au combien cruellement, prenant l’apparence d’un implacable serial killer .
La mort d’Ange avait donc fait naître une profonde et sincère tristesse au sein de la famille et en particulier chez Mikael Fichetti, l’héritier de la famille . C’était à lui, le neveu du défunt, que revenait la difficile tâche de gérer les affaires de la famille, plutôt sombres, en cette période de guerre des gangs, et de retrouver l’assassin . La vendetta devait s’appliquer impitoyablement . Elle prouverait que quiconque osait défier les Fichetti, en payait le lourd tribut et servirait d’exemples à tous . Pour appliquer sa vengeance et retrouver le meurtrier, Mickael avait décidé d’employer les grand moyens en faisant appel aux services de trois personnes qu’il savait d’une redoutable efficacité, des tueurs à gages aux antécédents sans bavures, qui allait débarrasser Chicago de ce Silence, à jamais .
Ils étaient là, les trois, comme prévu à la sortie du cimetière . L’un, vêtu d’un jean noir, d’une chemise colorée, la peau entièrement recouverte de tatouages, s’amusait avec un paquet de carte . Une autre, à la pâleur morbide et au cheveux blonds tirant sur le blanc, l’observait d’un mauvais œil . Enfin, le troisième et dernier, un homme de grande taille vêtu d’un costar-cravate noir et blanc, les yeux cachés par une paire de lunettes noires, regardait l’homme qui se dirigeait vers eux, leur nouvel employeur .
-Bonjour, Prometheus .
-Bonjour, monsieur Fichetti . Toutes mes condoléances pour votre oncle, je suis sincèrement navré de ce qui lui ait arrivé .
-Oui, je sais tout ça . Mais je resterais inconsolable jusqu’à ce que le coupable est été arrêté, vous comprenez ?
-Parfaitement .
Le dénommé Prometheus, à la froideur qui enlevait tout sens de sincérité à ses paroles, se retourna vers ses collègues . Carré d’As était un tueur venu de Las Vegas, un professionnel qui tuait ses victimes à l’aide de ses cartes aussi effilées que des lames de rasoir . Malgré ses penchants pour les drogues et son esprit pervers et sadique, c’était un bon élément qui avait fait du bon boulot pour la famille pendant le début des hostilités qui touchaient la ville, après la mort de Cash . Louise Lincoln était ce qu’on appelait une mutante . Capable de geler tout ce qui entrait en contact avec elle, elle tua ses parents sans le vouloir . Depuis lors, elle avait sombré dans l’univers du crime, les atouts de sa mutation en faisant une arme redoutable surtout en ces temps plus qu’incertains . Avec une telle équipe, Prometheus était sûr d’avoir ce Silence en moins de deux .
All Smart était le propriétaire d’un bar bien souvent mal fréquenté . C’était chez lui que les chefs de gangs se réunissaient pour parler affaire, chez lui que les fugitifs venaient trouver refuge, chez lui que les tueurs se retrouvaient . Oui, les tueurs de toute sorte et de tout bord . Aussi, lorsque accoudé au bar, All vit entrer dans son bar un type en costar-cravate suivi de deux personnes aux allures étranges, l’un couvert de tatouages, l’autre blanche comme un linge, il ne fut pas étonné . Tranquillement, il interrompit sa conversation pour aller voir ces étranges clients inconnus par ici . Ils étaient sûrement nouveaux dans le coin et cherchaient un bon employeur .
-Qu’est ce que je vous offre, gars ? Demanda-t-il aux inconnus, joyeux .
-Nous voulons Silence . Répondit Prometheus d’une voix glaciale .
All recula instinctivement . C’était quoi cette embrouille ? Pourquoi avoir prononcé le nom de ce type que tous craignaient par ici, presque autant que Batman ? Ce gars ou cette chose était une sorte de mythe, un monstre, hélas, bien réel, qui refaisait le portrait de ses victimes et peignait les murs avec leurs entrailles . Billy et Tom Fringers, des tueurs professionnels, s’étaient mesuré à lui la veille . On les avaient retrouvé pendus, le visage sanguinolent . Sur le sol, juste en dessous des cadavres encore chauds, le sang formaient le mot Silence .
-Apparemment tu connais notre homme . Fit Prometheus en observant chacune des réactions de son interlocuteur .
-Je l’ai jamais vu ce type, je vous le jure !
-Toi, non, mais les deux frères qu’on a retrouvé pendus, oui . Je me suis laissé dire que c’était toi qui avait arrangé le rendez-vous .
Comment pouvait-il être au courant de cela ? Sans réfléchir, All se précipita vers l’étage . Prometheus sortit un gros calibre et le poursuivit, ses deux collègues sur ses traces . La serrure de la porte de l’étage ne résista pas longtemps au tueur à gages qui s’élança dans le couloir . Avec rapidité, il analysa les lieux puis poursuivit sa course . Il aboutit à une porte qu’il jugeait correct d’enfoncer . Ne se préoccupant pas des deux gangsta en train de se faire l’une des serveuses du bar sur le lit de la chambre, Prometheus se jeta par la fenêtre ouverte pour atterrir quelques mètres plus bas . Ne ressentant même pas l’impact de la chute, pourtant violente, il se releva en quelques secondes pour continuer sa course effrénée . Arrivé devant une ruelle malodorante, il ne tarda pas à découvrir la cachette du propriétaire du bar, camouflé derrière une poubelle .
-Allons, coopérez et il ne vous arrivera rien . Je vous le promet . Je n’aimerais pas user de la torture pour vous faire sortir les mots de la bouche . Nous nous comprenons ?
-Parfaitement .
-Très bien . Je veux savoir où se trouve le lieu de la rencontre entre Silence et les deux frangins .
-Hope Line .
-Merci .
Prometheus pointa son arme vers le visage décomposé de All et tira une balle en pleine tête . Carré d’As et Louise Lincoln ne tardèrent pas à arriver sur les lieux et découvrirent le corps de Smart sans vie . Le tueur aux cartes éclata de rire tandis que sa collègue attendait les ordres . Ceux-ci ne tardèrent pas à arriver . Direction : Hope Line .
Hope Line avait été dans les temps anciens une bourgade coquette habitée par une classe moyenne occupant de hautes fonctions dans les usines de la région . Mais à présent, ces quartiers délabrés faisaient figure de champ de bataille pour les gangs et les quelques suicidaires qui y vivaient n’y restaient pas bien longtemps . Quelle meilleure cachette pour un tueur en série recherchée par la mafia que l’un de ces vieux immeubles en ruines ? L’un d’eux avait servi de lieu de rendez-vous entre un psychopathe à abattre et deux tueurs à la solde d’un employeur russe . Mais alors, comment se faisait-il que les cadavres des deux frères aient été retrouvés à plus d’un kilomètre d’ici ?
-Prometheus, on fout quoi ici ? Il est pas là .
-Fait comme Louise, ferme là .
-Tu me compare à cette sale mutante ?
Carré d’As se tourna vers la jeune femme et lui lança un regard noir . Ces mutants, par leurs innombrables pouvoirs, tuaient le commerce et les caïds préféraient les employer, délaissant les professionnels dans son genre . C’était en partie pour cette raison qu’il avait abandonné sa carrière autrefois fructueuse à Las Vegas . Ces années là avaient été les meilleures de son existence avec coke, jolies filles et gens à plumer en abondance . Mais hélas, tout cela était bel et bien fini . Parfois, il y avait de quoi courir une vie honnête .
Louise avait muté un sombre jour de novembre, devant les yeux de ses parents et de son petit frère . Devenu d’une pâleur effrayante, tout ce qu’elle touchait se transformait en glace et ce furent ses proches qui en pâtir les premiers . Après la mort de ces derniers, Louise avait quitté son Arizona natal pour l’Illinois . Une fois là bas, la jeune femme fut vite repérée par des gens peu recommandables qui en firent une reine du meurtre . En quelques années, elle était devenue une véritable machine à tuer et ce stupide Carré d’As allait en faire les frais d’ici peu . Rien qu’un contact, rien qu’un contact …
Prometheus ne comprenait pas l’esprit illogique de sa proie . Il avait beau chercher à comprendre la façon dont il agissait, les procédés qu’il utilisait, les moyens engagés, il ne trouvait toujours pas d’indices solides qui le trahiraient . Cet homme était comme une ombre, un fantôme qui n’apparaîtrait aux mortels que pour les tuer . Il y avait bien un but à tout ça mais lequel ? Une vengeance ? Plausible, mais alors pourquoi avoir tué Crone ou les frères Fringers ainsi qu’une ribambelle d’autres personnes, plus ou moins innocentes ? Était-il une sorte de justicier ? Non, les justiciers n’agissent pas ainsi, du moins jusqu’à maintenant . Tant de questions sans réponse le laissait dans l’embarras .
-Vous recherchez Silence ?
Les trois tueurs se retournèrent comme un seul homme vers l’origine de ces paroles . Un vieux clochard, une bouteille à la main, les regardait d’un air benêt en grattant son visage rongé par une barbe de plusieurs jours . Prometheus, pris d’une pulsion automatique, pointa son arme à feu en direction du vieillard qui recula, apeuré .
-Où se trouve-t-il ? Fit Prometheus d’une voix froide .
-Pas loin d’ici, je peux vous conduire si vous le voulez .
-A la moindre entourloupes…
-Ne vous inquiétez pas pour cela . Il n’y aura aucun problème… Aucun .