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  Cable #0 : L'Oeil de Râ
 
Histoire : Cable
Date de parution : Août 2005

Les rues du Caire, octobre 1898.
La Grande Egypte n’est plus depuis bien longtemps. Aujourd’hui, elle n’est que l’enjeu commercial des colonisateurs européens. Ses tombeaux sont pillés pour finir dans des musées ou, au pire, comme bibelot chez de riches pillards ! Le pays est à dix mille lieues de la glorieuse époque des Pharaons et il se prépare à des heures encore plus sombres…

Dans les bas-fonds, une femme tente de survivre à la naissance de son enfant. Elle n’a pas assez mangé, elle n’aura même pas de lait en son sein pour nourrir sa progéniture… mais elle lui donnera la vie et il deviendra fort, elle en est persuadée. L’homme qui l’accompagne lui a assuré que le destin de son fils sera glorieux… cet homme voit plus loin que l’horizon, il sait de quoi il parle.
« Poussez, Sha’re, l’enfant arrive… poussez encore.
- Je n’en peux plus, Ozymandias, c’est trop de souffrance !
- La vie est une souffrance, Sha’re, mais cet enfant mérite qu’on lui donne ! Il faut être forte !
- Aaaaaaah… ! Je n’en peux plus… je…
- Le voilà ! Il sort… c’est un garç… par Horus !
- Qu’il y a-t-il, Ozymandias, le bébé ne va pas bien ? Que…
- Sha’re, il… oh, que le grand Osiris ait pitié… mais c’est mieux ainsi, elle n’aurait pas compris. Tu es tel que je t’attendais, En Sabbah Nur ! »
Ozzymandias pause sa paume sur les yeux de Sha’re et lui ferme doucement ses paupières. Il emmaillote l’enfant dans les haillons de sa mère et se faufile dans les ombres de la ruelle.

Novembre 1922, Vallée des Rois
Howard Carter est surexcité. Il a enfin trouvé une piste, un escalier qui mènerait à la tombe du tant recherché Toutankhamon. Après des années à n’amasser que du sable, il obtient enfin la récompense de son entêtement. Demain, il décèlera la dalle qui le sépare du tombeau et il découvrira ce qu’aucun autre n’a jamais vu avant lui… il en est persuadé, ce pharaon n’était pas comme les autres ! Toutefois, il veut s’assurer que personne n’essaiera de le devancer, il va faire surveiller l’entrée. Carter se dirige vers la tente d’un jeune égyptien qui l’a guidé depuis son arrivée sur les terres des rois d’autrefois. Nur a 24 ans, bien constitué, mais défiguré par d’atroces marques sur le visage, cependant il tire sa force de sa différence et Howard a totalement confiance en lui.
« Nur ? Tu es là ? Je peux entrer ?
- Entrez, Sahib, je me préparais pour la nuit…
- Comment ça ?
- Bien, Sahib, il faut surveiller l’entrée du tombeau. C’est à vous d’entrer le premier dans cet endroit, cet honneur vous revient de droit ! »
Carter est une fois de plus surpris par la perspicacité du jeune homme. Il sourit et adresse quelques encouragements et remerciements à Nur. Si un jour il a un fils, il espère qu’il sera comme lui !

La nuit tombe et le froid succède à la chaleur du jour. Le désert n’a pas de pitié pour les faibles, c’est un monde où seuls les forts survivent. Howard Carter aurait pu être de cela mais il n’est pas de sa race, et, de ce fait, En Sabbah Nur ne peut lui donner plus de considération. Cela fait 3 ans qu’il l’emmène sur les traces de Toutankhamon, pas pour la satisfaction de l’explorateur mais pour la gloire de son propre destin. Ozymandias lui a souvent répété qu’il devait trouver le tombeau du jeune pharaon, c’est une étape essentielle de son ascension. Là, dans ces profondeurs, quelque chose lui donnera le pouvoir de réaliser tout ce qu’il devra entreprendre. Le monde n’attend plus que lui !
Les heures passent, le campement est entièrement endormis. Il est seul, à l’entrée de l’escalier. Vérifiant une dernière fois que personne ne pourra le surprendre, il descend vers le tombeau. Dans un coin encore recouvert de sable, il dégage une partie du mur et en descelle une pierre. Comme prévu, il trouve une sorte de poignée qu’il actionne. La dalle fermant la tombe glisse alors sur le côté dans un léger nuage de sable. A la lumière de sa torche, Nur découvre le splendide tombeau de Toutankhamon. Dorures, sculptures, bijoux, hiéroglyphes… tout n’est que magnificence et luxe. Quiconque aurait passé le pas de cette tombe serait resté en extase devant ce spectacle, mais Nur n’a que faire de tout ceci. Il se dirige vers le mur du fond où est représenté un immense soleil, symbole du dieu Râ. Au centre du cercle, un œil semble gravé à même la paroi… Nur sait ce qu’il doit faire. Il exerce une pression sur l’œil ainsi que sur le 7ème rayon en partant du haut, enclenchant un mécanisme qui dégage une petite cache en bas du mur. Là se trouve le plus grand trésor du tombeau aux yeux du jeune égyptien : 3 parchemins et une petite boite pyramidale sur laquelle est gravé l’œil de Râ. Son destin est en marche, mais il doit dissimuler tout ça, son heure n’est pas encore venue. Nur referme la cache et effrite le soleil avec un caillou, afin de bloquer le mécanisme. De même, il referme la tombe, détruit la poignée et enterre le tout sous des cailloux et du sable. Il reprend sa place en haut des escaliers, attendant que le jour se lève…

Trois mois se sont écoulés. Howard Carter est déjà considéré comme un héros dans son pays. Grand bien lui fasse de profiter de cette gloire éphémère, bientôt il finira lui aussi dans un tombeau… Nur sourit. Les humains parleront encore de la malédiction de Toutankhamon qu’il aura déjà répandu moult fléaux sur Terre ! En attendant, il lui reste encore des choses à déterrer… Avec l’aide d’Ozymandias, il a réussit à décrypter les parchemins dans leur quasi totalité, ses « capacités » faisant le reste pour pouvoir utiliser « l’œil de Râ ». Le scribe Rama-Tut de Toutankhamon possédait un grand savoir issu de son ère : en effet, Rama-Tut était un voyageur du temps et il a traversé les âges à la recherche du pouvoir. Et malgré l’assassinat du jeune pharaon, Rama-Tut n’a pu conquérir l’Egypte. Il est donc reparti tout en laissant nombre de ses « machines », dissimulées dans le plus mystérieux monument du pays : le Sphinx. Rama-Tut était de la race de Nur, mais Nur, lui, saura conquérir le monde !
Il décida que le moment était venu. Au soir, bien après le passage d’une ribambelle d’Européens en quête de sensations fortes, Nur se dirigea au pied de l’immense lion à tête d’homme. Rien sur la paroi ne laissait entrevoir la possibilité d’une cache existante, mais Nur avait la seule clé capable de révéler tous les secrets. Il leva la petite boite triangulaire trouvée dans le tombeau et prononça quelques mots en vieil égyptien. L’œil de Râ se mit à briller d’une vive lueur qui éclaira tout le désert environnant. Un tremblement se fit alors ressentir et les pierres à la base du Sphinx émirent un gémissement, ou plutôt un grincement semblable à celui d’un vieux rouage mal huilé. Soudain, le sable au pied de la gigantesque statue disparaît pour laisser place à un petit escalier, descendant sous le corps de l’animal de pierre. Enfin, Nur touchait au but !
L’escalier s’enfonçait d’une dizaine de mètres sous le monument avant d’atteindre un petit couloir tout aussi long. Au bout de celui-ci, une immense porte de métal interdisait à tous visiteurs non désirés d’aller plus loin, mais Nur était désormais le maître des lieux ! Il brandit l’œil de Râ, accompagné d’une incantation, et la porte se souleva. Au moment où il passa celle-ci, des lumières venues de nul part éclairèrent la pièce qu’il venait de découvrir. Ce qu’il vit dépassa son entendement : cette pièce était tout en métal et comportait des machines dont il ne soupçonnait même pas leur utilisation. Ce moment d’étourdissement fût pourtant bref, Nur est fort et il sait ce qu’il doit faire. Selon les parchemins, une machine avait la forme d’un croissant de lune et elle devait lui donner le savoir pour accéder à sa prochaine gloire. Il l’a trouva rapidement, elle trônait au milieu de la pièce. Il passa derrière celle-ci et déposa l’œil de Râ à l’emplacement qui lui était réservé. Suivant scrupuleusement les instructions, il appuya sur les bons boutons, dans le bon ordre… et à la fin de toutes ces manipulations, Nur ne su dire quel fléau s’était abattu sur lui ! Un fin rayon vert, sortant du plafond, pointait sur le dessus de son crâne, révulsant ses yeux et immobilisant le moindre de ses muscles. Il ne pouvait ni bouger ni respirer, et pensant qu’il trouverait la gloire il s’apprêtait maintenant à recevoir la mort. Pourtant, au bout de quelques secondes de panique, des choses vinrent affluer dans son cerveau… des connaissances par millier venait enrichir son pauvre savoir d’enfant des rues. Au fur et à mesure, Nur revoyait les derniers évènements de sa vie avec un œil neuf : plus rien ne semblait avoir de mystère dans ce qu’il avait vu, même les machines de Rama-Tut lui semblaient désormais familières.
Quelques minutes plus tard, Nur était étendu par terre. Sa tête bourdonnait mais ce mal lui apportait satisfaction : il n’était plus le petit égyptien défiguré, il était désormais un dieu parmi les hommes. Cette réflexion le fit rire de bon cœur… il allait devenir un nouveau pharaon, mais son pouvoir s’étendrait à l’échelle planétaire, l’Egypte ne serait qu’un avertissement pour les autres pays qui décideraient de s’opposer à lui. Nur se releva, et observa toutes les machines. Il trouva celle qui allait lui servir. Autant il devait faire de l’Egypte un exemple, autant il devait aussi se constituer une armée avec les plus forts, et pour cela il devait opérer à une sélection que seul le disrupteur de Tut pouvait réaliser. C’était une arme terrible qui envoyait des ondes tuant toutes personnes dont le génome n’était pas « différent ». Nur n’avait que ces informations, il ne savait pas que différent ne voulait pas dire fort mais mutant ! Compte tenu de son époque, il sera le seul à survivre dans un rayon de 1000 km. Enclenchant le mécanisme, un boucan infernal retentit dans toute la pièce : l’arme était dissimulée dans le Sphinx et elle remontait à l’intérieur de celui-ci pour émerger au sommet de la tête de la statue. Nur entama alors la procédure de sélection et commença à augmenter l’intensité des ondes. A 10 km de là, un camp nomade se réveilla dans les cris des femmes et des enfants, les hommes se tordaient en se prenant la tête entre les mains avant de s’effondrer, un filet de sang sortant de la bouche. Nur ne savait pas comment agissait l’arme qu’il avait entre les mains, il estimait qu’il en parcourrait les résultats au petit matin.
Alors qu’il s’apprêtait à augmenter l’intensité des ondes mortelles, une voix l’interrompit : « Apocalypse ! Stoppe cette machine ! »
Nur se retourna pour voir l’homme qui l’avait appelé ainsi. Son « visiteur » était plus vieux que lui, près de 35-40 ans. Une grande mèche blanche venait trancher le châtain déjà grisonnant de ses cheveux, son œil gauche semblait luire d’une étrange lueur et son bras gauche avait l’air d’être en métal. « Qui es-tu pour oser ainsi interrompre la marche de mon destin ?
- C’est justement le mien d’interrompre tes projets de mort et d’éviter l’avenir de merde que tu réserves à cette planète !
- Que sais-tu de l’avenir ? Qui es-tu ?
- T’as pas grand chose à savoir vieux, juste mon nom peut-être, et ça sera la dernière chose que tu entendras avant de mourir ! »
A ces mots, l’étranger regarda fixement Nur qui sentit une force prendre son corps pour l’éjecter au bout de la pièce. Le choc lui broya la plupart des côtes qui, pour la plupart, pénétrèrent dans ses deux poumons. La surprise avait été totale, Ozymandias ne lui avait absolument pas prévu cela… il devait devenir fort et puissant, il devait réduire le monde en esclavage, il devait… Respirer devenait pénible et le goût du sang envahissait sa bouche, la fin était proche ! L’étranger s’approcha de lui : « C’est terminé, Apocalypse ! Tu ne feras plus jamais le mal autour de toi !
- Qui… qui es-tu ?
- Mon nom est Cable. »
Nur plongea dans les ténèbres. Il ne sait pas combien de temps cela dura, mais il n’était pas encore mort. Une voix le tira de son néant : « Mon fils, réveille toi, ton destin t’attend !
- Oz… Ozymandias… vieux… vieux traître… pourquoi… pourquoi ne m’as-tu pas prévenu ?
- C’était nécessaire… l’intervention de l’homme du futur était nécessaire à ton ascension. Maintenant dis moi où est le sarcophage ?
- Au… au fond… à droite… donne… donne moi l’œil….
- Tiens, sur quel bouton je dois appuyer pour enclencher le long sommeil ?
- En bas… le… troisième… à gauche…
- C’est fait. Tu reviendras, mon fils, encore plus fort et plus puissant que maintenant…
- Et… tu seras… là… pour le voir…
- Comment ? »
Juste avant que le sarcophage se referme, une vive lueur émergea de la boite pyramidale et étreint Ozymandias qui poussa un cri à la fois de surprise et de douleur. Puis, toutes les lumières s’éteignirent et toutes les issues se refermèrent. Nur était mort et Apocalypse allait naître un jour prochain. Pour le moment, le Sphinx et l’Egypte avaient retrouvé leur calme.
 
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