Histoire : Cable
Date de parution : Juin 2005
Nate n’a jamais aussi bien dormi de toute sa vie… il n’a simplement jamais été aussi bien de sa vie, et rien ne semble pouvoir entacher son bonheur. Tout ça, il le doit à la plus jolie fille de la Terre : Maddie. En émergeant doucement du sommeil, il se demande encore comment il a pu vivre aussi longtemps sans elle, elle lui apporte paix et quiétude.
La tête enfoncée dans l’oreiller, Nate hume le parfum sucré de celle avec qui il a passé la nuit. Il tend alors une main vers la deuxième moitié du lit, ne rencontrant que du vide et des couvertures froissées. Intrigué, il se relève et constate que Maddie n’est plus là.
« Maddie ? Maddie t’es où ? » Il commence à s’inquiéter. Il ne l’a pas « senti » partir. Il dormait si profondément que toutes ses « perceptions » étaient au point mort… pour la première fois de sa vie il ne s’est pas senti menacé ! Il s’habille précipitamment pour explorer le reste du chalet, et au moment où il se dirige vers la porte de la chambre celle-ci s’ouvre, laissant passer la jolie rousse, en mini peignoir rose très transparent, avec un immense plateau de petit déj’. « Coucou, mon cœur… Bah ! T’es déjà levé et habillé ?
- Je m’inquiétais, quand je me suis réveillé tu n’étais plus là…
- Tu croyais que je m’étais enfui parce que tu es un amant désastreux ?
- Euh… c’est vrai !?
- Mais non, nigaud ! J’ai passé la plus belle nuit de ma vie ! » Tout en disant cela, Maddie ne peux s’empêcher d’éclater de rire en voyant la grimace de Nate après sa boutade. « Mon pauvre, je te malmène… il faudra vraiment améliorer ton sens de l’humour !
- T’es vache avec moi !
- Peut-être, mais je t’aime comme une folle ! »
Maddie glisse un léger baiser sur les lèvres de Nate, l’invitant à retourner au lit pour goûter au festin de pancakes préparé par Angela. Le jeune couple se régale tout en se dévorant des yeux… et bientôt le plateau est évincé du lit pour laisser libre cours à leurs ébats amoureux.
Un peu plus tard, dans les bras l’un de l’autre, Nate caresse la base du cou de Maddie et trouve une petite cicatrice qui n’était pas là la veille. Par réflexe, il sonde l’esprit de sa petite amie. Il aurait pu simplement lui demander si elle s’était blessée mais quelque chose l’a poussé à « s’informer » seul. Sa curiosité est d’autant plus piquée qu’il n’y a rien d’inscrit dans sa mémoire depuis hier soir… comme si cela avait été effacé ou dissimulé. Quand on vit dans la crainte permanente de voir surgir un ennemi on devient un peu paranoïaque. Nate ne voudrait pas que cela rende leur relation difficile, pourtant il ne peut pas s’empêcher de penser que cette cicatrice n’est pas normale et qu’il ne doit pas en parler à Maddie directement. Il se décide toutefois à l’interroger : « Pourquoi tu t’es levée si tôt ce matin ?
- Oh… euh… un cauchemar m’a réveillé… rien de bien grave…
- Ah ? Y’avait quoi dans ton cauchemar ?
- Oh, je sais plus… j’ai tout oublié en réveillant, ne t’inquiète pas ! »
Nate pense qu’elle lui ment, mais il ne sent rien de menaçant. Peut-être a-t’elle eu un de ces « ennuis féminins » pendant la nuit et qu’elle ne veut pas lui en parler. Il est trop heureux pour croire qu’un problème puisse se présenter. Il serre un peu plus son étreinte autour de Maddie et l’embrasse avec fougue, faisant glousser de plaisir cette dernière. Non, vraiment, il n’y a aucun problème…
Threnody s’est arrêtée dans une station service à mi chemin des Crystal Mountains. Elle change de vêtements car le temps se refroidi… il faisait meilleur à Seattle. Elle se demande comment Nathan a pu parcourir plus de 50 km en aussi peu de temps, il n’avait aucun moyen de transport, elle aurait dû au moins le croiser en arrivant sur les lieux… En volant évidemment ! Elle a lu dans son journal qu’il s’était entraîné à ça. Elle reste tout de même très impressionnée, elle semble avoir eu raison de placer tous ses espoirs en lui.
Apres avoir enfilé un jean bleu et son blouson de cuir noir, Threnody fait le plein de sa moto et paie rapide le gérant de la station. Elle frissonne quand il lui rend sa monnaie, ce gros porc n’a pas cessé de la déshabiller du regard depuis qu’elle est arrivée. Elle est dégoûtée par ce qu’elle perçoit de cet homme, si elle n’avait pas à être discrète elle lui aurait fait rentrer ses yeux dans leur orbite !
Elle chasse vivement cette idée de sa tête, puis enfile son casque tout en faisant vrombir sa Honda. Elle adore les sensations que lui procure la moto… elle se sent libre ! Surtout sur des routes telles que celle-ci… loin de tout, loin des hommes… loin du Maître. Threnody n’était pas particulièrement une « solitaire » avant, mais depuis son « changement », elle apprécie les endroits désertiques, voir perdus !
Une heure de route plus tard, le paysage devient plus montagneux et les premières côtes apparaissent. Au détour d’un virage, elle découvre une magnifique vallée dont les flancs supérieurs sont encore enneigés,
Nathan se trouve là-haut
Puis elle s’engouffre dans un tunnel creusé à même la montagne.
L’endroit est étrangement sombre, aucune lumière ne semble fonctionner et son unique phare avant perce difficilement les ténèbres. Elle n’y prête guère attention, du moins elle essaye. Threnody supporte mal les endroits clos et sombre… une légère claustrophobie développée lors de son séjour à l’asile. Le tunnel ne semble pas finir et aucune lumière n’annonce son extrémité. L’angoisse monte de plus en plus, atteignant son paroxysme quand une silhouette se profile dans la lumière de son phare, juste devant elle, en plein milieu de la route. Elle freine tout en tentant de dévier sa course pour éviter l’individu. Sa moto part de biais et elle tombe sur l’asphalte, l’engin glissant seul sur une dizaine de mètres… Threnody est plongée dans les ténèbres. De petites étoiles viennent lui piquer les yeux mais elle ne semble pas plus choquée que ça par sa chute. Elle essaye de se relever quand une voix surgit derrière elle : « Attention, jeune fille, il faut conduire prudemment !
- Qui… qui est là ? Attention je suis armée… !
- Oh, je n’en doute pas… aussi belle et dangereuse qu’une rose.
- Que voulez-vous ? Où êtes-vous ?
- Je viens m’assurer que tu remplis bien ta mission, Threnody. Tu ne voudrais pas décevoir le Maître ?!
- Ma mis… le Maître… vous…
- Oh, oui, je manque à toutes politesses. Je me présente, Sinistre, Mr Sinistre, prélat d’Apocalypse ! »
A ces mots, toutes les lumières du tunnel se remettent en marche et Threnody découvre le nouveau bras droit de son Maître. C’est un homme, du moins il y ressemble, à la peau totalement blanche et dont le front est pourvu d’un bijou rouge, couleur de son regard fou. Il est entièrement habillé d’une sorte de combinaison noire au dos de laquelle pendent une dizaine de lanières de la même couleur, lui donnant l’aspect d’un menaçant corbeau.
Threnody veut demander à Sinistre comment il sait où se trouve Nathan quand un camion pénètre dans le tunnel. Elle se relève rapidement, se précipite pour écarter sa moto puis se retourne dans la direction de son nouveau « supérieur » pour constater qu’il a disparu. Un frisson lui parcourt le dos : déjà qu’elle se savait surveillée par Apocalypse, mais désormais il s’est trouvé un nouveau chien de garde qui a l’air d’aimer son travail. Sinistre. Oui, tout cela est sinistre… Qu’est-ce que cela cache ? Il a dû faire quelque chose pour s’assurer que Nathan sera bien piégé… mais quoi ? De plus, le Maître a des doutes sur ses intentions… et bien soit, elle n’a plus rien à perdre après tout ! Toutefois, il faut qu’elle se dépêche, le temps lui est compté maintenant…
Profitant que Nate se glisse sous la douche, Maddie va se scruter devant le miroir. Elle examine ses nouvelles cicatrices. Une à la base du cou, et deux autres un peu plus bas sur la colonne vertébrale. D’où viennent elles ?
Bonjour, Maddie
Elle se rappelle vaguement son cauchemar… dans le pré enneigé où elle a trouvé Nate
Tu possèdes un grand potentiel
Elle se rappelle l’ombre… elle se rappelle cet homme étrange
Je vais t’aider, Maddie
Elle se rappelle du fauteuil de dentiste
Et tu vas m’aider…
Elle se rappelle des lumières et de la douleur…
Livre moi Nathan !
Non ! Non, ce n’était qu’un cauchemar. Tout cela n’est pas vrai ! Elle essaye de chasser ces images de ses pensées mais n’y arrive pas. Au lieu de ça, d’autres scènes viennent s’ajouter aux précédentes. Des flashs se succèdent où elle se voit combattre Nate en lui lançant des objets énormes par la pensée… tout en volant dans les airs… Non, c’est faux… c’est FAUX ! Le miroir sur pied de la chambre se brise en milles morceaux sous l’impulsion de son « cri mental ». Maddie n’ose y croire… c’est elle qui… non, c’est impossible ! « Mademoiselle ? Tout va bien ? » Angela avait entendu le bruit de glace brisée et s’était précipitée pour en connaître la raison. « Ce n’est rien Angela, j’ai fait tombé mon pot de poudre…
- Vous êtes sûre, Mademoiselle ?
- Oui, ne t’inquiète pas, ça ira ! »
La vieille nourrice s’en va, peu rassurée. Maddie, quant à elle, ne sait trop quoi faire. Elle voudrait dissimuler ça à Nate, elle ne veut pas lui faire peur… Si seulement elle pouvait réparer ce fichu miroir… A peine y avait-elle pensé que les morceaux s’agitent sur la moquette pour reprendre leur place et « fusionner » entre eux. Le miroir est comme neuf !
Face à cette nouvelle manifestation de ses « pouvoirs », Maddie éclate en sanglots. Que lui a-t’on fait ? Et pourquoi ? Pourquoi cet homme veut Nate ? Elle ne comprend pas ce qui se passe et elle prend peur. Que va-t’il lui arriver ?
« Maddie ? Maddie, ça ne va pas ? » Nate venait d’entrer dans la chambre, trouvant celle qu’il aimait agenouillée par terre, en train de pleurer. « Oh, Nate… » Son esprit va très vite. Elle pense tout lui dire mais se rétracte aussitôt. Elle ne veut pas le perdre… « Tu vas me trouver stupide… j’ai mes petits « soucis féminins » et j’ai parfois de violentes douleurs à l’estomac. J’ai eu une de celles-ci et dans le moment, j’ai renversé le pot de poudre que ma mère m’avait offert. C’était une babiole qu’elle m’avait ramené de Paris quand j’avais 6 ans… c’est bête mais j’y tenais… » Elle désigne du doigt les morceaux de porcelaine blanche éparpillés près de sa coiffeuse. Elle ne sait comment elle a réussi ce tour de « passe-passe » mais elle a rendu son histoire crédible… « Mais non, tu n’es pas stupide, c’est normal que tu sois attachée à de tels souvenirs… tu ne vois pas beaucoup tes parents.
- Tu es tellement gentil, mon amour… »
Elle enlace Nate et regarde le miroir par-dessus son épaule. Un léger tremblement saisit celui-ci et une ombre passe sur le reflet du couple. Maddie croit y voir un visage… « Ne me déçois pas, Maddie ! » L’homme de son cauchemar… il l’a surveille. Elle resserre son étreinte autour du cou de Nate, elle a peur… en même temps, un étrange sentiment de puissance l’envahit. Un feu brûle en elle mais elle ne sait pas encore ce qui l’attise… elle ne sait pas encore ce qui sortira de ces flammes… Son regard change, elle change… mais ça ne lui déplait pas…