Histoire : Ben Wawe
Date de parution :
Le Guinty.
Un bar. A Boston.
Y un an, j’étais déjà là. Avec un ami. Un de mes rares amis. Strange. Stephen Strange. Sorcier Suprême. Maître des Arts Mystiques. Protecteur de la Terre contre toutes les saloperies magiques qui veulent la contrôler. Un pote, vraiment. Un type que j’avais aidé plusieurs fois, et qui m’avait rendu la pareille. Un des seuls à avoir pu me comprendre quand je lui avais parlé de la perte de ma famille…ce qui est de ma faute, même si tout le monde me répète le contraire. Lui aussi avait perdu sa famille, et par sa faute. On se comprenait. On était comme frères. On était frères, en fait. Mais il est mort. Et je suis seul. Encore.
Je ne sais pas pourquoi je suis là, à boire cet alcool que mon pouvoir supprime dès qu’il est dans mon estomac. Je pourrais jamais être saoul à cause de ça. Je pourrais jamais m’oublier dans la boisson à cause de cette puissance qui est au fond de moi, et qui est responsable de tout ce que je vis. Pourtant, je bois quand même. Pour le plaisir. Pour le fun. Pour l’habitude. Pour essayer de me rappeler de bons souvenirs dans cet endroit où j’ai vu Stephen pour la dernière fois, même si c’est dur.
J’ai pas assuré avec Stephen.
Je l’avais aidé à « piéger » ses élèves pour qu’ils souffrent et sentent qu’ils avaient besoin de lui, mais après…je l’ai laissé tomber. Il m’avait demandé de l’aide. Il m’avait presque supplié d’être là quand l’Apocalypse viendrait. J’avais dis oui, bien sûr. Il m’avait dit que ça se passerait dans un an, environ. Ça fait trois cents soixante cinq jours aujourd’hui. Et Stephen est mort. En évitant l’Apocalypse. Et ses élèves sont morts. Et j’ai pas été là. Ni pour Stephen, ni pour eux. Putain.
J’ai pas été là pour aider mon ami. Bien sûr, je savais pas que ça allait se passer. A cause des soucis avec Sinestro, et des autres missions que les Gardiens m’avaient filés avant. Ouais. J’ai des excuses. Mais n’empêche. J’ai pas été là quand mon ami avait besoin de moi, et même si l’Apocalypse est arrivée trop tôt, j’ai pas assuré. Et pire encore. J’en ai même pas tiré de leçons…
Stephen avait rassemblé sept gamins, en fait. A ce que je sais, ils ont participés à l’Apocalypse, et ce sont eux qui ont finis le boulot. Ils représentaient toutes les parties de la Magie, et étaient donc, ensemble, les êtres les plus puissants du monde. Stephen mort, ils ont repris sa suite. Ils l’idéalisaient. Logique, en fait : il les a tirés de leurs trous à rat, leur a donné un but, des pouvoirs, un entraînement et une façon de s’amuser. Il ne leur a bien sûr jamais dis qu’il était responsable de ce qu’ils avaient vécus. Sacré Stephen. T’étais vénéré par des gosses que t’avais piégé. T’as toujours réussis en étant le pire salopard…
Ouais.
Ces gamins étaient extrêmement forts.
Vu comment ils avaient finis le boulot commencé par Strange, vu leurs pouvoirs et vu surtout mes emmerdes, je me suis pas occupé d’eux. Même après que les cas Sinestro et Parallax soient terminés, quoique rien n’est sûr, je suis pas aller les voir. J’aurais dû. Ils étaient les élèves de mon ami. Ils étaient les nouveaux protecteurs de la planète contre les entités magiques. J’aurais dû aller leur donner quelques conseils. Mais je l’ai pas fais. Putain.
Maintenant, ils sont morts. Assassinés par des tarés commandités par les « grands » de ce monde, c'est-à-dire ceux qui dirigent en sous main. Simplement parce qu’ils plaisaient pas à certains de leurs associés, si on peut dire. Enfoirés. J’aimerais bien me les faire, eux aussi. Mais ce n’est pas en mon pouvoir. Non pas que j’en ai pas la puissance…je peux les faire rôtir sur place si je veux. Nan. C’est pas ça le problème. Je peux juste pas, en fait.
Ça m’est interdit. Les Green Lanterns doivent rester discrets, même si mes actions ne le sont jamais. Je peux pas m’attaquer directement à des humains avec mon pouvoir. Je suis surveillé, maintenant. Le GLC de l’Espace me regarde, et vérifie que je suis à la hauteur. Big Brother Is Watching Me. Fun. Très fun, même.
Ces gosses ont été assassinés, et je peux même pas les venger. Bien sûr, je vais trouver quelque chose pour leur montrer ce que je pense de leurs gestes. Ils ont tués les héritiers d’un ami…d’un frère. Je peux pas laisser passer ça. Pas maintenant. Pas ici. Pas dans cet endroit où j’ai vu pour la dernière fois ce bon vieux Strange, et où toute ma culpabilité refait surface. Putain. Comment Stephen faisait pour oublier à ce point sa conscience ?!
Ce type était une des pires ordures que je ne connaissais. Il pouvait manipuler ses amis, ses élèves, ses proches, simplement pour atteindre son but. Il a fait souffrir les gamins, et après est venu en héros les sauver. Il s’est même sacrifié lui-même pour en finir avec tout ça. Et ce sans jamais avoir de problème de conscience. Ou alors il le cachait bien. Enfin…j’aimerais bien avoir ça. Ça ferait du bien.
Les gamins sont morts, et j’ai rien pu faire pour eux.
Pire encore, j’ai d’autres emmerdes qui m’attendent, et je sais pas comment les arrêter. Alors que je suis calmement en train de boire ma quatrième bouteille de ce Whisky et de fumer les cigarettes créées par mon pouvoir dans cet endroit reculé et sombre du bar, les Dark Lanterns sont en train de s’amuser sur Terre. Ils veulent le retour de leur boss. Ils veulent que celui qui a tué celle que j’aime et m’a forcé à la frapper revienne. Ils veulent que Parallax les guide à nouveau. Et je sais pas quoi faire.
Arisia tremblait de trouille quand elle m’a racontée toute l’histoire. Les Dark Lanterns sont les membres du GLC de l’Espace qui ont suivis Parallax quand il a rendu son tablier et qu’il a décidé de s’amuser tout seul. Il a constitué sa petite armée personnelle, et a commencé à détruire des planètes…à faire le Mal, en fait. Ils étaient environ une quinzaine, à ce qu’elle m’a dit. Et il a fallu l’intervention de tout, d’absolument tout le Green Lantern Corps dans une bataille épique pour les stopper.
Parallax a donc été emprisonné, et la majorité de ses hommes assassinés. Logique. On préserve le boss qui est le plus dangereux, et on tue ses lieutenants. Crétins de Green Lanterns. Ils pensaient que mettre dans une cage leur ennemi serait une meilleure solution et une pire punition pour lui. Si ils avaient fais ce qu’il fallait faire, bien des choses auraient été évitées. Emy serait encore en vie, peut-être…
Nan.
Pas Emy.
Ne pas penser à elle. Ne pas se rappeler qu’elle est dans une chambre, sans esprit, à attendre un miracle. Parallax a détruit ce qu’il y avait en elle. Il ne reste plus que son corps. Son corps qui continue à vivre, mais qui ne bougera plus jamais. Elle est morte. Cérébralement morte. A cause de Parallax. A cause de cet enflure…A cause de ce monstre que j’ai combattu de toutes mes forces et que j’ai vaincu…ou que je croyais avoir vaincu. Parce qu’il est apparemment de retour. Avec ses potes. Deuxième round, donc.
En fait, j’en sais rien. Je sais pas si il est encore vivant ou non. Je sais pas si ce que m’a dit Arisia sur le fait que ses troupes restantes de Dark Lanterns soient venues ici pour le faire revenir. En fait, quand le GLC n’a pas tué tous ces tarés, certains des survivants se sont cachés. Dans des planètes perdues, dans des étoiles mortes. Là, dans la pénombre, ils se sont entraînés. Ils ont augmentés leurs pouvoirs. Ils ont fais en sorte d’atteindre un niveau de force, de puissance extrême. Ils ont le même niveau que leur maître, maintenant. D’où comment je me suis fais frapper, il y a quelques jours.
Et en fait, quand Parallax est revenu à la vie, si on peut dire, ils l’ont sentis. Ils ont sentis que leur patron était de retour, et ils sont venus le chercher. Mais apparemment, ils étaient à l’autre bout de l’Univers et ont dû se faire discrets pour ne pas se faire prendre par le GLC, qui avait évidemment aussi été avertit du retour de leur ennemi.
Et maintenant, ils sont là. Ils sont arrivés sur Terre, et veulent faire revenir leur patron à la vie. Pour contrôler l’Univers, détruire la Terre, faire le Mal, déchiqueter tout le monde…la routine, quoi. Et c’est moi qui dois les stopper. C’est moi qui dois faire le héros. Encore. Encore une fois.
Je suis fatigué de faire ça, en fait.
Je suis un Green Lantern, bien sur, et j’en suis fier.
Je sais que c’est ma mission, mais elle me fatigue. J’ai déjà affronté Parallax. Je l’ai déjà vaincu. A cause de ça, Thomas Blake est handicapé et Emy est morte. Je n’ai plus rien à part ma mission. Alors j’ai essayé d’en être digne. J’ai essayé de devenir quelqu’un de bien, quelqu’un de fort. J’ai essayé d’oublier mon vocabulaire apprit avec Stephen, et de plus boire ou fumer. Vraiment. J’ai essayé. Ça a tenu. Un peu. Mais pas longtemps.
Dire des conneries, être un peu grossier, fumer et boire tout en sachant que ça me fera rien…c’est moi, en fait. Je me suis perdu là-dedans quand ma famille est morte, et je n’en sortirais pas. C’est ma façon à moi d’être détendu. Me perdre, ouais. J’aime faire ça. J’ai besoin de ça, en fait. Je suis Hal Jordan. Je suis Green Lantern. Je dois sauver le monde, mais j’en ai pas envie. Mais je le ferais quand même. Comme toujours.
Sauf que là, je sais pas quoi faire.
Comment vaincre des types avec le pouvoir de Parallax ?
J’ai dû puiser au fond de moi pour le détruire, et apparemment, il va revenir. Arisia m’a bien dit qu’il était sûrement déjà en train de reprendre forme humaine, si on peut dire. Il va revenir bientôt, et je devrais l’arrêter. Mais comment ? Les Dark Lanterns sont aussi forts que lui. Affronter une armée de Parallax bis plus l’enfoiré lui-même. Ça risque d’être drôle…surtout que je suis vraiment seul, sur ce coup…
Hum…ça risque d’être drôle, maintenant. Alors que je continue à boire ces trucs qui ne me feront de toutes façons rien, deux types viennent d’entrer. Vu l’heure tardive et vu le nombre de personnes normales encore dans les rues à trois heures du matin, je les sens pas. Et j’ai raison. Ces types traînent une aura sombre derrière eux. Même si ils ont l’air normaux, je sais qu’ils ne le sont pas. Mon coté Green Lantern me la joue sonnerie d’urgence dans ma tête. Je sais que je peux accéder au Green World, avec eux. Ils cachent pas leurs liens avec moi, en fait. Pas comme le premier que j’ai affronté. Je sais pas comment il a fait, mais je savais pas qu’il était lié au GLC. Eux ne font rien de ça. Je sens au fond de moi que je peux accéder au Green World, et ils me regardent.
Des Dark Lanterns. Deux Dark Lanterns rien que pour moi. Joie.
Ils bougent pas.
Ils me regardent juste, avec leurs étranges auras noires derrière eux.
Ils attendent. Ils attendent que je fasse quelque chose. Que je me jette sur eux, pour qu’ils puissent me détruire et me réduire en cendres, comme ils veulent le faire. Bien sûr, ils essayent de se cacher…un peu. Mais avec ce qu’ils dégagent, leurs visages trop sombres et leurs imperméables et chapeaux noirs, ils croient vraiment que j’ai pas compris ? Je suis peut-être pas toujours une flèche, surtout quand je bois et que je déprime, mais je suis pas crétin non plus…
« Ok, enfoirés… »
Ma voix est rauque et fatiguée. Même si je ne ressens pas les effets de l’alcool, ma gorge montre quand même que j’ai trop bu…du moins pour un humain normal. Je craque lentement mes phalanges. Ils savent que je les ai reconnus. Ça va chier. Ils veulent me tuer. Ils veulent me détruire. Ils ne sont venus ici que pour ça. Connards. C’est pas votre jour de chance. J’ai pas pu sauver Strange. J’ai pas pu sauver ses élèves. J’ai pas pu sauver Emy. Ok. Mais je vais sauver les clients de ce bar. Je vais sauver cette planète. Je vais stopper Parallax. Et je vais vous massacrer. C’est aussi simple que ça…
« …que le spectacle commence. »
« Comment se débrouille-t-il ?
- Excellemment bien, Maître.
- Comme je l’avais prévu ?
- Exactement.
- Parfait… »
Deux hommes observaient Guy Gardner dans l’ombre. L’un d’eux était un Dark Lantern, étant donné que son étrange forme sombre flottait légèrement avec seulement ses deux yeux blancs visibles, et parfois sa main. Le jeune homme avait déjà vu ces êtres quand ils n’étaient pas ainsi, mais c’était rare. Il ne savait pas qui était l’autre. Et il ne les entendait pas. Mais il se doutait bien qu’ils parlaient de lui. Et qu’il devait tout faire pour leur donner la meilleure impression possible…sa vie en dépendait.
Ça faisait plusieurs jours que Gardner avait accepté son destin, maintenant.
Les Dark Lanterns, ces êtres qui l’avaient enlevés à son existence insipide, mensongère et presque schizophrénique, lui avaient expliqués qu’ils n’étaient pas ses ennemis. Ils lui avaient expliqués qu’ils étaient venus le chercher parce qu’il était quelqu’un de spécial. Quelqu’un d’unique. Quelqu’un propre à changer le monde, et à rendre réellement fiers ses parents, qui le regardaient.
En fait, ils ne lui avaient jamais voulus le moindre mal. Il était un des rares êtres de sa génération à avoir une capacité spéciale, au fond de lui, et ils devaient l’utiliser. Ça faisait des années qu’ils l’observaient, et qu’ils veillaient sur lui. Ils n’avaient rien pu faire pour sauver ses parents étant donné qu’ils avaient dû affronter des ennemis puissants à ce moment-là, mais ils le regrettaient. Et ils voulaient maintenant que Guy prenne vraiment en main son existence. Ils voulaient lui offrir une chance de faire réellement quelque chose. Quelque chose de bien.
Les Dark Lanterns étaient des sortes de protecteurs de la planète. Ils avaient été mandés il y a des milliers d’années pour veiller sur la Terre, et ils usaient pour ça d’une énergie sombre qu’il réussissait peu à peu à contrôler par d’étranges exercices. Bien sûr, au début, Gardner avait été un peu sceptique. Pourquoi personne ne les connaissait ? Pourquoi n’en avait-il jamais entendu parler ? Pourquoi Dark Lanterns pour des êtres qui devaient normalement combattre pour le Bien ?
Mais ils avaient eus les réponses à ses questions. Ils se faisaient discrets pour éviter que leurs ennemis ne profitent de leurs présences publiques pour faire des victimes innocentes, et préféraient combattre dans l’ombre pour être plus efficaces. De plus, montrer à tous leur existence risquait d’entraîner des complications comme un rejet de certains conservateurs, et même si le monde changeait…il n’était pas encore prêt pour eux.
Et ça, Guy le comprenait.
Il savait bien que tout ce qui était différent était rejeté par les gens « normaux »…il en avait fait souvent l’amère expérience. Il comprenait donc parfaitement l’idée que les Dark Lanterns restent cachés, et qu’il fallait aussi faire le plus attention possible à leurs ennemis…ceux qui étaient responsables de la destruction de Roswell et de tant d’autres choses possibles…les Green Lanterns.
En fait, ces derniers étaient le contraire des Dark Lanterns. Oeuvrant pour le Mal, ils ne vivaient que pour détruire et amasser le plus de pouvoir possible. Ils étaient monstrueux, même si ils semblaient plus humains que les nouveaux amis…ou plutôt collègues de Gardner.
Parce que oui, l’adolescent était des leurs, maintenant. Il avait accepté les explications des Dark Lanterns, et avait comprit que les tortures infligées quand il avait été enlevé ne l’avaient été que parce qu’ils voulaient s’assurer qu’il n’était pas un Green Lantern infiltré. Bien sûr, il avait eut du mal à accepter tout ça, mais…ça se comprenait. Il pouvait très bien être une de ces ordures transformé en lui, et les Dark Lanterns avaient voulus s’assurer du contraire. Ça avait été dur, mais compréhensible.
Ça faisait donc maintenant plusieurs jours qu’il s’entraînait. Il arrivait de plus en plus à atteindre l’énergie obscure au fond de lui, et même si il souffrait énormément dès qu’il tentait quelque chose…ça commençait à venir. Guy avait encore du chemin à parcourir, mais il y arriverait. Il deviendrait un Dark Lantern. Il deviendrait un des protecteurs du monde. Il veillerait à la survie de tous. Il serait un héros. Et surtout…il rendrait fier ses parents. Oui. Ils allaient être fiers…terriblement fiers, même…
« A ce que je vois, le contrôle mental semble bien fonctionner.
- Il n’y en a pas vraiment.
- Ah ? Comment ça ?
- Il est d’accord pour combattre et s’entraîner, Maître.
- Etonnant. Qu’est-ce que vous avez fais pour ça ?
- Nous lui avons fais croire que nous sommes des protecteurs de la planète, et nous jouons sur son lien avec ses parents décédés. Nous lui faisons croire qu’il va les rendre fiers de lui, ainsi.
- Intéressant. Bonne idée.
- Merci, Maître.
- J’aimerais le rencontrer.
- Bien sûr, Maître.
- Annonce-moi à lui, je te prie.
- Evidemment, mais…
- Quoi ?
- Qui dois-je annoncer, Maître ?
- Et bien annonce l’identité du corps que j’occupe. Je ne pense pas qu’il connaisse déjà mon autre nom.
- L’identité de votre corps… ?
- Scott, voyons. Alan Scott… »
On est à l’arrière du Guinty.
Ces deux enfoirés me regardent. Ils veulent me faire ma fête. Ça se voit. Ça se sent. Je m’en fous. J’en ai marre. J’en ai marre de devoir toujours subir les événements et de décevoir les autres, même si je m’en sors miraculeusement à la fin. Ma famille est morte. Tom est handicapé. Strange est mort. Ses élèves sont morts. Le GLC est détruit. Tout ça par ma faute. Parce que j’ai pas assuré. Parce que j’ai pas été là quand il le fallait. Y en a marre. Y en a plus que marre, même.
« Hal Jordan…Tu vas mou…
- Ta gueule. »
Il est surprit. Il ne s’attendait pas à ce que je lui parle ainsi, à ce que je le stoppe dans sa tirade. Il regarde son pote, et tous deux ont quelques secondes d’hésitation. Parfait. Ils ne sont donc pas omniscients, et ne comprennent pas ce que je fais. Ils doivent connaître le Jordan sympa’, cool et drôle dont j’ai montré le visage à Venise. C’est cool. Sauf qu’ici, on est à Boston, pas à Venise. Et que j’en ai marre. Et que ça va chier. Maintenant.
« Et toi aussi, ta gueule. »
Je regarde d’un air méchant son compère avant de soupirer. J’ai une cigarette d’émeraude au coin des lèvres, je suis habillé d’un t-shirt vert clair avec un jeans classique. Et j’ai les nerfs. Ils sont dans la merde.
« Vous êtes des Dark Lanterns.
Vous êtes les héritiers ou peut-être même ceux qui ont été avec Parallax quand il a foutu la merde dans l’espace. Vous êtes sur Terre pour retrouver votre Maître, et le faire revenir à la vie. Et vous êtes ici, là, devant moi, parce que vous voulez me tuer, ou bien assez m’affaiblir pour que votre Maître puisse s’occuper de moi quand il sera réellement de retour. Et vous êtes évidemment extrêmement confiants, étant donné que vous êtes deux, que je suis seul, et qu’un d’entre vous a déjà réussi à me mettre une raclée à Venise. Je me trompe ? »
Ils ne bougent pas. Je n’arrive pas à voir leurs visages, en fait. Cachés sous leurs imperméables et leurs chapeaux des années trente, ce sont de grandes formes d’ombre, avec juste deux yeux blancs visibles. Ok. Ils veulent se la jouer être mystérieux et super puissants, apparemment, ainsi qu’avides de paroles. C’est pas grave. Je sais aussi m’y prendre avec ce genre de types.
« Tu vas mourir, Hal Jordan. Nous allons te détruire, et y prendre un grand plaisir.
- C’est ça… »
Les deux Dark Lanterns me lancent deux rayons d’énergie noire chacun, et ça semble énorme. Une impressionnante décharge de puissance file vers moi, mais je m’en fiche. Qu’ils me frappent. Qu’ils abattent toutes leurs forces contre moi. Je résisterais. Je serais encore là. Je me relèverais. Je suis un Green Lantern. On ne m’arrête pas ainsi.
Alors que les quatre rayons filent vers moi et que je sens, au fond de moi, que ça me tuera si je les laisse me toucher, je lève mon bras droit, et forme un bouclier d’énergie verte. Je fais appel à tout mon pouvoir, à toute ma puissance, et surtout à toute ma rage. A toute ma colère qui explose au fond de moi et me fait comprendre que c’est ça, la clef. Que ce pouvoir, que ce pouvoir infini qui réside au fond n’apparaît que quand je suis en colère. J’étais fou de rage contre Parallax, et je l’ai vaincu. Je ferais de même avec eux. Et avec leurs amis, aussi…
Evidemment, ils ne comprennent pas.
Ils balancent tout ce qu’ils ont dans leurs attaques, et sont ahuris en voyant que mon écran, mon simple écran leur résiste. Ils donnent toutes leurs puissances et tout ce qu’ils ont au fond d’eux, mais ça ne fonctionne pas. Je résiste. Encore et encore. Ils s’y donnent à fond, mais ça ne donne rien. En fait, ils ne le savent pas encore, mais j’ai déjà gagné. Il faut juste qu’ils le comprennent, maintenant.
« Vous êtes nuls. »
Ma voix est délibérément froide et cassante quand je parle. Je fais un pas après l’autre, utilisant une énergie que je croyais ne plus avoir depuis le combat contre Parallax. Peu à peu, je repousse leurs attaques, me protégeant encore par ce mince bouclier. C’est moi le plus fort. C’est moi le plus fort…
« Vous croyiez vraiment m’avoir comme ça ?
Vous croyiez vraiment que le dernier Green Lantern de la planète allait laisser deux représentants de son pire ennemi mettre fin à sa vie ici et maintenant ? Savez-vous seulement quel jour on est, aujourd’hui ? Et où nous sommes ? Et ce que ça représente pour moi ? »
Je m’énerve, et ça se sent. Eux commencent à s’affoler, et ça se voit. Ils reculent, essayent de rester sur leurs positions mais n’y arrivent. Pire encore, ils ne comprennent pas ce qu’il se passe. Ils étaient sûrs de me vaincre facilement d’avoir une prime. Crétins. Votre boss vous a envoyé au casse pipe, les mecs, et ce juste histoire de voir ce que je valais encore. Il va en avoir pour son argent, en tout cas.
« Ca fait un an jour pour jour que j’ai vu pour la dernière fois mon meilleur ami, et ce fut ici. Je n’ai pas pu le sauver quand il avait besoin de moi. Je n’ai pas pu protéger ses élèves. Je n’ai pas pu veiller sur ma famille et la fille que j’aime. Et je n’ai pas pu empêcher que mon dernier ami soit handicapé. Et tout ça à cause de votre patron…à cause de vous, en fait. »
La colère brûle au fond de moi. Je la laisse sortir. Ça fait du bien. Enormément de bien, même.
« Je suis un Green Lantern. Je suis LE Green Lantern, en fait. Vous croyiez vraiment pouvoir m’avoir ? pouvoir me tuer ? Vous êtes crétins…et vous êtes des crétins morts, surtout… »
Ils reculent encore, ne sachant pas ce que je vais faire. Moi, je sens tout mon pouvoir exploser au fond de moi. Ma colère est légitime. Ma rage juste. Ma vengeance va se faire. Pire encore…elle ne fait que commencer. Parallax…voici le premier avertissement…Je suis toujours là…Toujours là pour toi…
« In brightest day, in blackest night,
No evil shall escape my sight.
Let those who worship evil's might,
Beware my power…Green Lantern’s light ! »
Et là, l’enfer se déchaîne sur eux.
Tout mon pouvoir, toute ma puissance se dégage de mon corps dans deux rayons destructeurs. J’ai les nerfs. J’ai la rage. J’en ai assez d’être le jouet des autres. Alors que je sens toute ma force, toute ma rage sortir de mon essence dans deux rayons de force lancés contre ces êtres après ce serment que je connais par cœur et qui me donne la foi dans ce que je fais, je vais mieux. Je sens une amélioration. Les Dark Lanterns meurent. Ils sont, peu à peu, en train de disparaître. Je m’en fiche. Je suis moi. Je suis bien.
Ils disparaissent. Ils fondent sous mes rayons, tout droit sortis de ma volonté et de ma colère. Les Dark Lanterns peuvent être détruits. Il faut juste que je m’énerve. Que je lâche la rage que j’ai au fond de moi pour atteindre réellement ma puissance. Je peux le faire. Je l’ai déjà fais. Ces êtres méritent la mort. Ils doivent être détruits. Je ne peux faire autrement. J’ai déçu Stephen. J’ai déçu ses élèves. J’ai déçu Tom. J’ai déçu ma famille. J’ai déçu Emy. Je ne peux décevoir la planète…pas encore une fois.
« Tom ? »
Mon téléphone portable d’émeraude apparaît dans ma main dès que les rayons cessent et que les Dark Lanterns ne sont plus qu’une vague fumée. Je les ai détruits. Je les ai vaincus. Mais leur attaque veut dire qu’ils ont dépassé le round d’observation. La guerre est déclarée. Ils l’ont déclarée. Bien. Je suis prêt. Je suis prêt à vaincre.
« C’est moi, Tom.
Faut qu’on parle. Et vite. Les Dark Lanterns viennent de m’attaquer…Nan, nan, ça va…je te raconterais. Mais j’en ai marre, Tom. Parallax est derrière tout ça. Encore une fois. J’en ai marre. On va se les faire. Et on va se les faire maintenant. »
Je fais disparaître mon portable par mon énergie et regarde les deux imperméables et chapeaux au sol. Je les ai vaincus. Je les ai détruits. Je sais comment le faire. Et je vais le refaire. Encore et encore. Les Dark Lanterns et Parallax m’ont déclaré la guerre. Bien. Très bien, même. Ils vont apprendre que je ne suis pas seulement Hal Jordan. Que je ne suis pas seulement un Green Lantern. Je suis le Green Lantern Corps. Et rien ne peut m’arrêter…Rien…