Histoire : Zauriel
Date de parution :
« Strange ! Strange, vous rêvez ! »
Stephen sursauta. Monsieur Parker, le prof de physique, lui fit un regard de reproche. La classe rit en chœur devant l’air ahuri de Stephen, qui fut heureusement sauvé par la sonnerie. Il sortit vite du lycée, la tête baissée. Le soleil commençait à décliner. Il était seul, il avait toujours été seul. Brillant aux concours ou devant un contrôle, il était incapable de communiquer intelligiblement avec un être humain plus de cinq minutes. Ses yeux bleus et profonds lui donnaient un air intelligent, mais étant le souffre douleur de la classe, et de son père, il les gardait obstinément baissés. Les caïds du coin, Sam et compagnie, l’attendait à la sortie.
« Alors, Doc. On essaie de partir sans dire bonjour à ses potes ? »
Stephen tenta de s’enfuir mais le costaud, et neuneu de la bande, Big Bill, le stoppa et lui envoya un coup de poing. Stephen tomba. Sam, qui s’allumait une cigarette, dit simplement :
« Piquez lui ses thunes, les mecs. »
Les deux autres se ruèrent sur Strange et lui volèrent son porte feuille.
« Regardez moi cette tête. Ce qu’il est chouuuu, fit Stan en exhibant sa carte d’identité. Sam s’accroupit devant Strange et lui dit doucement :
« On n’oublie jamais l’oncle Sam, abruti. »
Il lui donna un coup de pied là où ça fait mal et il partit avec sa clique en riant. Stephen se remit péniblement debout et quitta rapidement le lycée, de peur que ses tortionnaires ne reviennent. Alors qu’il marchait sur l’avenue, son regard fut attiré par un boutique d’antiquités orientales : « Trésors d’Orient ». Il entra. Derrière son comptoir, le propriétaire, un vieil homme asiatique qui portait une casquette des Yankees, lisait Vogue. Il salua Stephen d’un signe de la main sans lever les yeux de sa revue. Stephen flânait entre les rayons mais son attention se porta à l’arrière boutique, dont la porte était entrouverte. Après avoir vérifié que le Vieux ne le voyait pas, il y entra. Accroché au mur se trouvait un bijou orné d’un œil. Stephen tendit la main, pour le toucher, pour savoir si c’était ce bijou qui l’avait attiré ici. La voix du vieillard ne lui en laissa pas le temps.
« C’est l’œil d’Agamotto. »
Stephen sursauta. Le Vieux esquissa un sourire de bienveillance.
« Ce talisman augmente la précision des sens et des sorts. »
Stephen se confondit en excuses. Le Vieux fit un signe de la main, pour le faire taire.
« Passe me voir demain. Je t’apprendrai à t ‘en servir. »
Etranges proposition, mais elle l’enchanta. Le lendemain, dès la sonnerie, il courra chez l’Ancien.
« Maître, je n’y arrive pas. »
Il gardait les yeux fermés mais n’arrivait pas à faire le vide dans son esprit. Cela faisait plusieurs semaines qu’il apprenait les arts mystiques auprès de l’Ancien.
« Jeune idiot. Je t’explique encore une fois. Visualise une porte blanche. Tu la vois ? Bien. Maintenant, ouvre la et plonge dans la lumière.
-J ‘y arrive ! J’y arrive ! »
Le Vieux était fier de son élève mais il avait peur que les ténèbres ne l’engloutissent. Stephen était doué. Il lévitait , bougeait les objets, lisait les pensées. Il apprenait rapidement. L’Ancien avait bien vu en lui un enfant des Vishantis. Il serait bientôt prêt.
« Maître, je suis dans la tête d’un chat.
-Ca suffit Stephen. Rentre chez toi te reposer. »
Pourquoi devait-il rentrer, auprès d’une mère qui se shootait pour ne plus sentir les coups que lui envoyait son mari, alcoolique ? Il prit son sac, salua son maître, et sortit. Il marcha dans la nuit froide arriva devant chez lui. Il devinait les bruits de coups et les hurlements de ses parents. Home, sweet home.
Il rentra. Dans le salon, sa mère pleurait, recroquevillée sur le canapé. Son père s’était retranché dans la cuisine, avec pour seule compagnie une bouteille de Whisky aux trois quarts vides. Il se leva et se dirigea vers son fils.
« Alors, qu’est ce qu’il t’a fait le vieux asiat’, aujourd’hui ? »
Stephen fut surpris. Comment son père savait-il ?
« Cela fait plusieurs semaines que tu rentres tard. Je t’ai suivi à la sortie de ton lycée. »
Son père se traina jusqu’à lui, accompagné des vapeurs d'alcool. il avait collé une bonne claque à la mère, c'était pas le branleur qui allait l'emmerder. il leva son bras et le laisse retomber, machinalement. Stephen, surpris par la violence du coup, vacilla.
« Je t’interdis de revoir ce vieux fou !, hurla-t-il. »
Stephen foudroya son père du regard, et il lui répondit doucement.
« Tu n’as plus rien à m’interdire »
Il sortit, son œil commençant à se teindre de bleu. Il courut jusqu’à la boutique et cria presque de soulagement quand il vit que l’enseigne « Trésors d’Orient » brillait encore dans la nuit. L’Ancien était derrière son comptoir et parlait calmement avec un homme cagoulé qui le menaçait avec un revolver. Il resta calme quand son agresseur lui tira dessus. Stephen était resté spectateur, mais Strange devait entrer en piste. Il envoya la porte dans la tête du tueur alors que celui-ci tentait de fuir. Il lâcha son revolver et l’œil d’Agamotto. Stephen, par la seule force de son esprit, le propulsa dans la boutique. Toujours sans le toucher, il lui enleva sa cagoule. C’était un homme d’âge mur, roux. Stephen s’accroupit devant lui et demanda :
« Pourquoi as tu fait ça ? »
L’homme fut effrayé par l’éclat meurtrier qui brillait dans les yeux du garçon.
« C’est, c’est, on m’a payé… pour le faire, balbutia-t-il.
-Qui ?, gronda Stephen
L’homme trembla
« Quoique tu me fasses, il me fera pire. «
Strange se rapprocha encore.
« Tu as vu ce dont j’étais capable ».
-C’est un parrain. Un type du Milieu, hyper bien placé. Un vieil enfoiré d’italien. Beneccetti qu’il s’appelle. Il m’a payé 5000 dollars pour voler cet œil. »
Stephen ferma les yeux, se releva et posa sa main sur la tête du type. Sa chair commença à fumer. Une désagréable odeur de brûlé envahit la pièce. Les yeux de l’homme furent éjectés des orbites comme des balles de ping- pong. Son costume noir brûlait. Encore conscient, l’homme hurlait. Il cuisait. Quelques secondes plus tard, il ne restait plus qu’un squelette accroupi. L’Ancien agonisait. Stephen s’assit devant lui et lui prit la main
« Maître, laisser moi vous aider. »
L’Ancien tourna la tête vers lui, lentement. Il paraissait encore plus vieux.
« C’est mon heure Stephen. Laisse moi m’en aller. Je suis si fatigué. »
Stephen bloqua alors son cœur et il mourut deux secondes après, sans souffrances. L’œil d’Agamotto, comme mû par une volonté propre, vint s’incruster au centre de la poitrine de Stephen. Le jeune homme se releva, les yeux baignés de larmes. Son visage était fermé, ses yeux haineux et le nom qui flottait sur ses lèvres était une promesse de vengeance.
« Beneccetti