Histoire : Zauriel
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Les hommes en noir approchaient lentement, leurs épées pointés vers l’avant. Le chef, en blanc, restait en retrait, fumant cigarette sur cigarette. Strange attendait de pied ferme. Cinq hommes attaquèrent. Ils se placèrent en cercle autour du jeune homme qui n’avait pas bougé. Leurs épées formaient de larges cercles dans les airs. Tous ensemble, sans que le moindre signe ne fût fait, sans que la moindre parole ne fût prononcée, ils chargèrent. Strange leva un bouclier autour de lui. Il sourit de satisfaction, pensant que ses agresseurs se casseraient les dents sur sa défense invisible. Il eut tort. Un homme, sur la droite, perça sa carapace aussi aisément que si c’était du beurre. Strange esquissa une grimace où se mélangeait douleur et stupéfaction. Sur sa joue se dessina un trait rouge. Comment ont-ils pu ? Qu’importe, il fallait réagir. Il envoya un éclair contre l’homme le plus proche de lui, sûr de son triomphe. L’homme esquissa un signe dans l’air avec son épée et l’éclair qu’avait envoyé le jeune sorcier vint se briser contre sa lame. Strange, devant ce spectacle, resta bouche bée. Son inattention lui valut un coup de genou contre sa poitrine. Le souffle coupé, il se plia en deux. Un des hommes s’approcha et leva son épée, prêt à le décapiter. Mais le jeune homme se releva et lui décocha un coup de pied dans l’entrejambe. L’homme roula sur le côté. Strange lui prit la tête et lui brisa la nuque. Les autres avaient reculé. Mais le jeune homme voyait dans leurs yeux qu’ils n’étaient pas prêts de renoncer
« Rends toi. T’es qu’un gamin. Tu ne fais pas le poids. Et tes attaques sont inefficaces . Agamotto ne peut rien contre nous. »
Le mec avait tort. La preuve, c’était son copain qui avait la tête à l’envers à côté. Les éclairs ne leurs faisaient peut être pas d’effet, mais le physique avait du bon. Physique…
Strange ferma les yeux et leva la tête vers le ciel. De ses lèvres entrouvertes sortirent des paroles d’une langue millénaire. Un éclair aveuglant tomba droit sur lui. Et de ce chaos de lumière ressortit… une douzaine de Strange. Les hommes commençaient à paniquer. Quel était donc cet étrange garçon qui parvenait à maîtriser l’œil ainsi ? Ils se retournèrent vers le chef, qui était rendu à son énième cigarette. Il leva les yeux vers ses hommes et sourit. Rassurés, les hommes chargèrent contre la douzaine de Strange, qui sautait, virevoltait, tuait, massacrait. Un véritable ballet où s’enchaînaient des figures à l’issue mortelle. Les ninjas furent bientôt submergés par cette marée de Strange. Désespérément, ils tentaient d’en venir à bout, mais chaque fois que leurs épées en touchaient un, un autre apparaissait. La fin de ce combat ne tarda pas, et les ninjas se retrouvèrent tous à terre. Les doubles de Strange revinrent dans le corps de l’original Le chef en blanc avait regardé la joute jusqu'à la fin. Ses yeux étaient brillants. Il jeta sa dernière cigarette d’une pichenette et murmura.
« Il semble que ce soit à moi d’entrer en lice ».
Il enleva alors sa chemise, pour dévoiler une musculature plus qu’honorable. Strange attendait. Il sentait que de cet homme se dégageait une aura de mort et de larmes. L’homme traçait des ligne dans l’air avec ses doigts pointés vers le ciel. Il regardait Stephen et lui parlait comme s’il était un enfant de quatre ans.
« Tu as un grand pouvoir, jeune Strange. Mais tu n’as pas accès à sa totalité. Tu ne sais rien d’Agamotto, et c’est cela ta faiblesse. Beneccetti m’a payé une très grosse somme pour te mettre hors d’état de nuire, mais j’avoue que moi, le baron Mordo, j’aurai peine à te laisser à cet homme. Mais un contrat est un contrat. Prêt ? »
Stephen hocha la tête.
« Bien. Commençons. »
Des doigts de Mordo sortirent des traits de lumière qui blessèrent Strange au visage. Le jeune homme tomba sur les genoux. Mordo sourit. Sûr de sa victoire, il s’approcha doucement de sa victime. Mais Strange feintait. Il lui attrapa les jambes et ses mains commencèrent à chauffer. Mordo hurla quand il sentit que sa peau commençait à brûler. Il gigotait sa jambe dans tous les sens mais le sale gamin ne voulait pas le lâcher. Il ouvrit sa main en direction de Strange et une boule noire se forma dans sa paume. Sentant le danger, Strange lâcha la jambe de son adversaire et roula sur le côté. Le sourire avait reparu sur le visage de l’homme en blanc.
« On pourrait se battre des heures et des heures, jeune homme. Sans qu’il n’y ait un seul vainqueur. Cela m’aurait amusé, dans le temps. Mais là, je n’ai pas trop le temps, vois tu. Je vais donc en finir rapidement avec toi. »
Il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, cinq secondes plus tard, ils étaient rouges. Sa peau se durcit d’écailles et des poils verts apparurent sur sa tête. Strange faisait face à un véritable dragon humain. Ses mocassins en croco avaient explosé pour laisser sortir des pattes griffus. Un rire caverneux sortit de sa gorge. Sans prévenir, il se précipita sur lui et planta ses crocs dans sa gorge. Strange défaillit. Il n’arrivait plus à respirer. A côté de lui, Mordo reprenait forme humaine. Sa chemise déchiré laissait entrevoir une peau blanche comme le marbre. Il sortit un mouchoir de sa poche et s’essuya les lèvres.
« Ce n’est pas seulement la blessure, qui t’a fait défaillir. C’est le poison que mes crocs ont projeté vers tes veines. Tu vas sombrer dans l’inconscience. Et quand tu te réveilleras, tu regretteras de ne pas être mort. »
Sur le seuil de la boite de nuit était apparu un gros bonhomme en costume. Il se frottait les mains de satisfaction.
« Mordo, vous avez été efficace, comme d’habitude.
-C’est Baron Mordo, Monsieur Beneccetti.
-Qu’importe. »
Il jeta une épaisse liasse de billets que Mordo rattrapa au vol
« Cela devrait vous suffire pour racheter vos titres, Baron. Partez maintenant. »
Strange convulsait. Mordo lâcha un regard de pitié.
« Crois moi, mon garçon, tu es tombé de Charybde en Scylla »
De ses mains jaillirent des volutes de fumée qui l’englobèrent, lui et ses hommes. L’instant d’après, il n’était plus là. Beneccetti claqua des doigts et des armoires à glace prirent Strange sous les aisselles. Ils l’amenèrent devant leur patron.
« Ah ! Le jeune Strange. Quelqu’un veut te rencontrer, jeune homme. Quelqu’un du nom de Dormammu… »