Histoire : Zauriel
Date de parution :
Dans le bureau situé au premier étage du Bimbo Club, Beneccetti lisait la rubrique sport du Daily Bugle. Les Yankees s’étaient encore fait plumer. Un voix s’éleva et le fit sursauter :
« Bneccetti, qu’as tu fait de l’œil ? »
Le mafieux avait pensé que l’Ombre lui laisserait plus de temps. Il ne chercha même pas d’où venait la voix de l’Ombre. Elle devait sûrement virevolter au dessus de lui.
« Un jeune homme, Stephen Strange, l’élève du vieux, s’en est emparé ». Derrière Benneccetti, un ricanement se fit entendre. Le mafioso sentit sur sa nuque un souffle glacé.
« Strange. Un enfant des Vishantis. Ramène le moi avec l’œil.
-Il sera fait comme vous le souhaitez ».
L’école.
« Où se situe le Kremlin ?
-A Moscou
- Como se llama el autor de Don Quichotte de la Mancha ?
- Cervantes.
- A quoi correspond le zéro absolu ?
- - 273 degrés celsius. »
Stephen, au fond de la classe, mitraillait ses réponses, un sourire blasé aux lèvres. Les professeurs étaient ravis. Enfin le jeune Strange, brillant à l’écrit, se réveillait à l’oral. Une maîtrise presque parfaite, une reflexion posée : ils étaient aux anges. La classe était partagée. Certains étaient stupéfaits, d’autres amusés mais le reste était furieux. Depuis quand le Doc faisait de la lèche ? En plus, où était passé son pull à rayures, son air de martyre et son manteau traînant ? A la place, il arborait un T-shirt à l’effigie d’un groupe de hard-rock, un air fier et un long blouson en cuir. Sam se pencha vers la droite et dit à Big Bill :
« On va s’occuper du branleur »
Sam sourit et montra à son ami le couteau fixé sur sa cuisse. Big Bill ressentit un frisson mais répondit tout de même au sourire de Sam.
La sonnerie retentit. Miss Mac Taggert, la prof de biologie, dicte en vitesse les dernières phrases de son cours. Les élèves se ruent vers la cantine. Mais cinq adolescents restent en retrait dans la cour. Sam et compagnie encercle Strange qui pose son sac à côté de lui. Le cercle se resserre. Big Bill charge le premier, le bras levé. Comme le père de Stephen lève le bras pour le frapper. La colère éclate en Stephen, et l’œil d’Agamotto s’ouvre au niveau de son torse. Mais ça, ils ne le voient pas. Ce qu’il voient, c’est un Strange déchaîné qui saute littéralement sur le ventre de Big Bill pour lui décocher un coup de pied dans la tête. Le gros s’écroule, la gueule en sang. Les autres reculent.
« Bah alors, ricane Strange, on sait plus comment faire ? »
Sam explose. Il dégaine son couteau et se rue sur Stephen en criant. Mais quelque chose ne va pas. Il court dans le vide. Son couteau s’échappe de sa main et se retourne contre lui. Sam sent la lame pénétrer sa chair. Une énorme marque sanguinolente apparaît, une ligne rouge qui part du front jusqu’au menton. Il claque des dents. Les autre se sont barrés il y a bien trois bonnes minutes. Le couteau tombe et Strange s’approche.
« T’es une ordure, Sam. Mais je vais vous laisser une chance. Dis à tes potes et à toutes les petites raclures dans ton genre que le Strange nouveau est arrivé ».
Il partit, laissant sa victime, hébétée et mutilée
La nuit devint d’un coup terrifiante aux yeux de A.J. Il pleuvait des cordes. Il tonnait. Des éclairs zébraient le ciel et lui, dealer de bas étage, il se sentait épié. Il sentait cette présence qui le suivait depuis qu’il était entré dans les ruelles du Bas Quartier. C’en fut trop.
Il fit volte face et cria :
« Sors de là maintenant. »
De l’ombre jaillit un jeune homme tout habillé de noir. A.J fut propulsé contre le mur. Le jeune homme lévitait.
« Tu es A.J»
Il déglutit péniblement et acquiesça
« Tu connais Beneccetti. »
Le dealer ricana.
« Eh mec, qui ne le connaît pas ? »
« Où il est ? »
« Crève, je dirai rien ».
Un éclair passa sur le visage du garçon.
La main d’A.J échappa à son contrôle. Elle commença à l’étrangler. Il cligna rapidement des yeux et la main relâcha son emprise. Il toussa et commença à parler.
« Ok. Ok, mec. Son truc c’est le Bimbo Club. Une boite d’enfer. Le rendez vous V.I.P. Beneccetti a des réunions avec ses lieutenants à l’étage. Des fois même avec des rivaux. Le Bimbo Club, mec je te jure que je dis pas de conneries. «
La main recommença à l’étrangler dès qu’il eut fini de parler. A.J était impuissant, incapable de bouger. Sa main était mue d’une volonté propre. Strange regardait en souriant. Deux minutes plus tard, Alphonse Junior Coners, surnommé A.J par ses pairs, et « mon petit lapin » par sa maman, mourut d’étouffement. Stephen quitta la ruelle. La nuit n’était pas finie.
Deux heures plus tard, Stephen se trouvait devant le Club. Une enseigne rose illustrée d’une jeune femme en bikini vert marquait la place. Il ne pleuvait plus. Stephen s’avança vers l’entrée, lentement, calmement. Derrière lui, une voix s’ éleva.
« Tu es Strange ».
Ce n’était pas une question. Strange se retourna. Il faisait face à une vingtaine d’hommes habillés de noir, la bouche recouverte d’une écharpe rouge. Ils tenaient chacun une épée dans chaque main. Leur chef, habillé de blanc, contrastait avec ses sombres troupes. Il tira sur sa cigarette à moitié consumée et, sans la quitter du regard, ordonna d’une voix lasse :
« Chopez le . »
Les hommes en noir commencèrent à bouger. La fête allait enfin commencer