Auteur : Diablo
Date de parution :
Je suis l’homme le plus puissant de ce monde. Je le sais, j’ai jaugé tous les héros et aucun ne m’arrive à la cheville. Même EOTS, même Steelman. Même ce géant vert que l’on aperçoit parfois. Mais vous vous demandez pourquoi je n’agis pas. Pourquoi personne ne connaît mon nom, pourquoi aucune ville ne s’assure mes services, voir même l’ONU si je suis si puissant. Pourquoi me direz-vous ? Car je n’en ai pas la force. Ce n’est pas que je manque de muscles ou que ma peau ait peur des balles, non je vous l’ai déjà dit, je suis plus puissant qu’aucun autre, voir même l’égal d’un dieu. Non j’ai peur car je suis fou, j’ai peur qu’une de mes crises détruisent une ville, des vies innocentes et plus encore. Alors je me terre, je me cache derrière une vie qui n’est pas la mienne. Je dois m’efforcer de ne pas utiliser mes pouvoirs, car sinon les crises reviendront. Et chaque fois que j’y pense je tremble comme une feuille l’automne venu. Je pourrais être le maître de cette planète, mais je ne suis que Clark Kent simple journaliste au Boston Herald. Vous me croiseriez dans la rue que vous ne vous retourneriez même pas. Je suis banale et cette banalité me protège de mon pire ennemi : moi-même.
Toutes mes journées commencent par d’effroyables cauchemars. Je suis allongé sur une table de métal froide. Je ne vois pas autour de moi, mais des voix me parviennent. Une étrange odeur, une lumière aveuglante. Puis la douleur effroyable qui me réveille. Je retombe lourdement sur mon lit. Une fois de plus j’ai volé lors de mon sommeil. Heureusement que le lit a été fait sur mesure… je me lève, j’essaye de chasser les images qui me parviennent encore. J’essaie de ne pas penser que dans mon sommeil j’utilise mes pouvoirs. Qu’une crise peut arriver aujourd’hui. Alors je ne pense plus à rien, de peur que le simple fait d’y penser aggrave ma situation. Je bois mon café, je me douche, je m’habille. Le tout sans réelle envie, plus par réflexes.
Puis j’arpente douloureusement les rues de Boston, direction le journal. Je ne peux peut être pas sauver le monde avec mes pouvoirs alors j’essaie de devenir un journaliste qui met en évidence le mal de ce monde. Pour le moment je suis reporter économique, mais qui sait ? Peut être qu’un jour je ferais ce reportage sur la famine dans le monde ou les enfants soldats en Afrique et en Asie. Ou sur le port d’armes dans mon pays. Mais je sais que c’est un fantasme, que je me donne ce but uniquement pour ne pas me sentir coupable.
J’arrive au travail et fonce me barricader dans mon bureau. J’ai mon bureau à moi, avec mon nom sur la porte c’est tout. Ma seule consolation c’est que cela me coupe du monde. Je suis comme un fantôme sur ce monde ou comme un virus qui éviterait l’épidémie. Oui un virus qui essaierait de ne pas en être un. Je me plonge dans mon travail. J’écris sur le Down Jones, la Bourse, la politique économique de l’administration Bush. Avec ça j’ai presque l’impression de faire avancer quelque chose. Mais les Etats Unis se foutent de l’information qui n’est pas inscrit en couleur brillante sur un poste TV. Comme le reste du monde je crois.
« Bonjour Kent.
Loïs Lane. Une fille magnifique, des cheveux noirs comme des ailes de corbeau. Des yeux bleus comme un diamant pure. Un corps qui vous ferait oublier le mot impuissance. Elle dégage une sorte de beauté animale, mais pas vulgaire. C’est même tout le contraire, elle est superbe dans ses tailleurs très cintrés, mais aussi horriblement chers. Elle est aimable avec moi, sans plus. Je la désire, bien que je sais que cela aussi m’est interdit. Elle est un rêve inaccessible pour moi.. Tous les matins elle ouvre la porte de mon bureau pour me dire bonjour. Ensuite elle repart belle à mourir
- Bonjour Loïs. Comment ce porte notre reporter vedette ?
- Bien, dites-moi vous accepteriez de boire un café avec moi.
Cette phrase m’estomaque. Moi le reclus, moi le paria à lunette invité par ma collègue super sexy, on frôle la crise cardiaque dans ces cas là, je vous le dis.
- Euh… oui…
Je ne savais plus où donner de la tête, une brèche s’ouvre dans ma forteresse de solitude. Et son nom est Lois. La suite est floue. On a bu un café, discutant de tout et de rien. Je me sentais vivant, mon attirance pour elle s’intensifiait. Je connaissais son corps, j’apprenais maintenant à aimer la personne. Elle était pleine d’humour et possédait une analyse brillante sur de nombreux sujet. Dommage qu’une discussion autour d’un café dure si peu. Lorsque nos gobelets échouèrent ensemble dans la poubelle elle me lança un « A demain ! » Qui me remplit d’espoir.
Ce soir là je n’ai pas fait de cauchemar, et j’ai pu passer une nuit agréable comme j’en ai rarement. Je me suis même dirigé vers mon travail avec le sourire. Le café d’hier me fait oublier le poids du monde qui pèse sur mes épaules. Lorsqu’elle me réinvite pour un café, mon esprit s’emballe. Mon cœur s’affole. Je me sens heureux depuis la première fois depuis 3 ans. Depuis le jour ou je me suis retrouvé nu dans un désert complètement entouré de ma folie.
Cela dure depuis une semaine maintenant. J’apprends à la connaître, et elle aussi. Un léger jeu de séduction se met en place. On commence à se sourire. A chercher le contact. Son parfum m’entête, ses lèvres me hantent. Puis un jour elle m’invite à manger avec elle le soir même. Mon cœur fait un bond. Je ne pensais même pas que la vie puisse être aussi agréable ! Je n’osais même pas y rêver. Mais ce plaisir engendre en moi un gouffre de doutes. Puis-je la prendre dans mes bras sans la casser ? Si dans un moment de passion je ne me maîtrisais plus ? Et si… et si je me contrôlais ? Et si j’arrivais à vivre ma vie, pas celle de Clark Kent, mais celle qui m’est destinée depuis toujours ? Toutes ses questions tournent dans ma tête, pendant toute la matinée, depuis que j’ai répondu oui à la fameuse question. Elle m’a griffonné son adresse et elle est partie comme une nymphe regagnant son abri…
Toute la journée j’avais pesé le pour et le contre. J’avais finalement décidé d’y aller, me disant que ce n’était qu’un dîner, que je n’aurais pas à l’embrasser, qu’elle ne courait aucun risque, que je ne la briserais pas en morceau si je dois la serrer dans mes bras. Car bien sur je contrôle ma force, mais sous l’émotion on ne sait jamais… je me mens à moi-même alors que je marche vers son appartement. Une silhouette me barre la route. Une personne portant un imper, un chapeau. Mais ce qui choque c’est son visage. Seul une tache figure dessus, rien d’autre… vraiment rien d’autre…
« Combien de temps cela va-t-il duré ?
- Comment ? Que voulez-vous ?
- Pourquoi tu n’agis pas ?
- Pourquoi cette question ? Qui êtes-vous ?
- Vas tu les laisser mourir Kal El ?
Kal El, ce nom… c’est impossible…
Un violent mal de tête me met à genoux avant que je puisse répondre… cette souffrance était insupportable… je me mords la lèvre pour ne pas crier. Des flash firent irruption, des visages, des champs, des mots incompréhensibles, des étoiles… Tout ce mélangeait dans mon crâne. Lorsque je relève les yeux, la tête vibrante encore de douleur il n’y a plus personne. Il ne me reste que les questions. Je me relève difficilement. Mes yeux sont injectés de sang, mon cœur battait plus vite. Mes cheveux sont décoiffés et mon costume et complètement chiffonné.. Je dois ressembler à un fou. Cette pensée me fit rire. En fait c’est ce que je suis, un fou…
Des cris me sortent de mes pensées. En levant les yeux j’en aperçoit la cause. Une grue vient de s’abattre sur un immeuble. La vieille bâtisse supporte pour l’instant le poids de l’engin. Mais pour combien de temps ?
« Combien de temps cela va-t-il durer ?
- Pourquoi tu n’agis pas ?
- Vas-tu les laisser mourir Kal El ? »
Toutes ses énigmes me reviennent en tête, que vais-je faire ? Les regarder mourir ? Une femme hurle à l’aide. Elle porte un bébé sous les bras. Je pense qu’il y a longtemps on m’a inculqué la notion du bien et du mal. Je revois presque un visage.. J’ai une sensation de flou, je suis petit face à lui.. Il me regarde et me parle, je ne comprends rien… que veut-il me dire ? Je vois des lumières aveuglantes, des scalpels. Mon esprit s’échappe, je perds le fil. Je dois me concentrer. Je nage en plein brouillard, je ne sais même plus qui je suis… j’entends une voix… « Clark… Clark… » qui est Clark ? … Un sinistre craquement brise mon cauchemar, craquèle ma prison de rêves. J’entrevois la vérité…. Puis une force me retire et me replace dans mon corps, celui de Clark Kent… L’immeuble ne va tenir plus longtemps. Je redeviens maître de moi-même, je domine mon esprit. Non je ne fuirais pas…Je sens que je dois utiliser mes pouvoirs, ma malédiction. Ma décision est prise.
Mais c’est trop tard, la grue s’enfonce dans les murs et l’immeuble s’effondre alors que je cours plus vite que le son pour arrêter ça. Mais même avec mes pouvoirs j’arrive trop tard, il n’y a plus que des ruines. Parce que j’ai réfléchit, parce que j’ai peur. La honte me submerge lorsque j’aperçois un bras sans vie qui sort des décombres, lorsque mes oreilles m’avertissent qu’il n’y a plus personne à sauver. Je m’éloigne du gros tas de briques, de fumée et de corps. J’ai besoin d’être seul… car je vois le visage d’un bébé qui me regarde dans les yeux, alors que sa maison part en miettes…