Urban Comics
  Enforcers #2
 

Histoire : Zauriel
Date de parution : 

Dane s’était présenté à l’aéroport JFK vers midi. Il avait demandé à une jolie standardiste s’il y avait des vols en partance pour Londres Heathrow dans la journée. Avec un sourire plus qu’éclatant qui lui aurait permis de faire de la publicité pour Colgate, elle lui répondit par l’affirmative. Mais il n’y avait pas de vol avant huit heures du soir. Dane se demanda quoi faire. Aller faire un tour au Médiéval, ce bar qu’il tenait il y a encore un mois, mais où il ne se sentait plus chez lui ? Essayer de retrouver Yelena, cette femme qu’il connaissait à peine, mais qu’il avait l’impression de connaître depuis toujours ? Tenter de contacter Clint Barton, qui était parti depuis un bon bout de temps sur la côte Ouest, aider une de ces vieilles connaissances, une nana surnommée Mocking Bird ? Et une seule réponse, quand il se posait toutes ces questions, lui venait à l’esprit. Et quelle réponse : A quoi bon ? Il devait tirer un trait sur ce passé. Il devait tirer un trait sur sa carrière de super héros, les personnages qu’il avait rencontré durant cette période et toutes les péripéties qu’il avait vécu. C’était désormais terminé. Assis dans le hall 4 du terminal H de l’aéroport JFK, Dane, le bras droit posé sur le siège d’à côté, et la manche vide étalée sur sa cuisse , la tête penchée en avant, passa deux heures à écouter les standardistes annoncer les vols. Barcelone. Dublin. Mexico. Pékin. JFK était un carrefour en plein milieu du monde. Il releva la tête. Il avait la bouche sèche. Il se leva, prit son sac avec lui, bien que le distributeur de boissons se trouvait juste en face de lui, et sortit trois dollars de sa poche en petite monnaie. Il mit successivement plusieurs pièces dans la fente et appuya sur la case « Coca ». Il en avait déjà l’eau à la bouche. La boisson tomba, et Dane la récupéra. Puis il retourna s’asseoir. Il regarda sa montre. Encore six heures . Il ouvrit sa bouteille et but à petites gorgées. Ca changeait des boissons pâteuses de l’hôpital. Une petite fille et sa maman arrivèrent dans le grand hall. La mère, qui devait avoir la trentaine, évita de le regarder.

On ne regarde pas les inconnus. Car on ne veut plus les connaître.

Mais la petite fille ne semblait pas être au courant des conventions tacites qui régissaient la vie des citoyens du monde depuis la deuxième moitié du vingtième siècle. La petite fille s’approcha de lui, et fouilla dans ses poches. La mère, affolée, la rappelait sans cesse, sans pour autant oser venir la chercher. La petite fille, qui s’appelait Emilie d’après ce que disait sa mère, sortit trois bonbons de sa poche. Elle les offrit à Dane, sa petite paume ouverte. Dane les prit tout doucement en lui adressant un grand sourire. La petite fille rosit, et alla retrouver sa maman en chantonnant. Dane en avait les larmes aux yeux. Il remercia encore une fois la petite fille, mais intérieurement. Puis une grosse voix familière le surprit.

Je connais ce rire.

Il se retourna et se prit un coup de poing qui le propulsa hors de son siège. Brian Braddock avait l’air en colère. Ses cheveux gris, jadis longs et retenus en catogans, étaient maintenant coupés courts. Son visage affichait plus de rides, et plus de cicatrices, que la dernière fois que Whitman l’avait vu.
« Tu étais où ? Je suis venu te chercher à l’hôpital, j’ai attendu une plombe avant qu’un connard de médecin me dise que tu t’étais barré. Alors, petite tête, tu peux me dire pourquoi tu m’as fait jouer à cache-cache pendant…. »
Il regarda sa montre puis lança avec effarement.
« Pendant deux heures et demie. Tu veux tuer un vieil homme ? »

Vieil homme, cela restait à voir. Braddock n’a que quinze de plus que moi , et il a tous ses membres. En plus, il péter la forme.

« Dis moi, où tu voulais aller dans ce état ?

Dane fut content de pouvoir enfin en placer une. Il secoua la manche vide.
« Je voulais te parler de ça en fait. et toi ? Que fais-tu à New York ? »

Braddock prit les valises et lui répondit. Sa sœur Elisabeth n’avait pas confiance de le savoir tout seul en Angleterre dans une vieille bâtisse toute délabrée et insalubre. Elle avait fait tout un foin pour qu’il vienne s’installer à New York, là où elle pourrait garder un œil sur lui. Braddock était une tête de mule, une vraie, mais Betsy était l’une des rares personnes en ce monde qui avaient de l’influence sur lui. Alors il était venu s’installer dans un petit appart’, en périphérie de la ville. Après avoir raconté ces derniers événements, il demanda à Dane ce qu’il lui était arrivé depuis les cinq dernières années. Whitman répondit simplement. Proctor, malédiction familiale, duo avec un autre super-héros, mutilation par un mercenaire, séjour à l’hôpital. Braddock ne dit rien. Il était plus ou moins au courant de l’histoire de Nicolas Whitman et il ne voulait pas enfoncer le couteau dans la plaie. Puis vint la question fatidique.
« Pourquoi tu me cherchais ? »
Dane répondit vaguement. Il avait besoin de lui pour devenir l’épéiste hors pair qu’il avait été. Braddock ne semblait pas être étonné outre mesure de ce que lui demandait le chevalier noir. Il accepta de lui offrir son aide, et commença alors l’entraînement intensif qui fit retomber Dane Whitman dans ses jeunes années.


New York. Un bar. 2 heures du matin.

Jed, la tête plaqué sur le comptoir, pleurait. Il y avait de quoi. Le mec en blouson noir qui s’était pointé avait fait fuir sa clientèle, lui avait foutu la tête sur le comptoir, tête que le mec écrasait avec ses grosses pompes. Jed se demandait s’il n’avait pas vu cette tête là quelque part. Le mec, avec de drôles de pistolets à la ceinture, lui avait posé des questions sur le CLT Direct. Sans préliminaires. Seulement avec un air de cinglé peint sur le visage mal rasé . Un air de fou qui se reflétait jusque dans ses yeux. Mais le nom de CLT n’avait rien réveillé dans la mémoire de Jed. Alors le cinglé, qui lui écrasait toujours la tête en mâchonnant un chewing-gum à la banane à l’odeur douceâtre lui parla d’un groupe de scientifiques totalement barges qui kidnappait des mutants pour en faire des armes de guerre. Là, Jed réagit. L’Hydra. Un autre nom dans le répertoire de Monaghan. C’était l’Hydra, ou le CLT qui l’avait payé pour capturer le loup garou, et ensuite avait tenté de le buter ? Enfin, le fantassin lui avait déjà tout raconté sur le CLT, il fallait maintenant qu’il se mette au parfum sur l’Hydra.. Jed avait bossé pour l’Hydra. Oh, il n’en avait pas fait parti. Il n’était rien de plus qu’une sorte d’indic. Le Made in Heaven était un repaire pour méta-humains, Jed le savait, même si ceux ci le cachaient bien. Il y avait toujours des mains à sept doigts qui traînaient, des peaux en métal, des ailes dans le dos, et des yeux en flammes. c’était devenu de notoriété publique. Ca ne gênait pas du tout Jed, peu importe d’où ils venaient, qui ils étaient et comment se lisait leur ADN du moment qu’ils payaient leurs consommations, et qu’ils ne faisaient pas de grabuge. Mais depuis quelques semaines, il avait vu des types louches débarquer. Bien sûr, ça fait bizarre de dire types louches pour de simples êtres humains quand on sert tous les jours des mutants. Ces mecs portaient un uniforme noire, un grand imper gris par dessus, et un œil sans cils sur l’épaule. Jed avait d’abord pensé à une confrérie d’étudiants. Mais les types cherchaient la bagarre, et sont sortis plusieurs fois avec des clients, qui n’étaient jamais revenus depuis, d’ailleurs. Les mecs étaient ensuite venus le voir, au comptoir, alors que la nuit progressait. Ils lui avaient fait comprendre de ne pas faire de vagues au sujet de ces disparitions. Jed avait tenté de protesté, mais il s’était retrouvé avec un revolver sur la tempe, et ça, il ne pouvait pas le supporter. Alors il avait laissé faire. Il avait des gosses, une femme, une famille à nourrir. Il ne pouvait pas se permettre d’être blessé, voire tué. Alors il se taisait.

Hitman avait écouté les aveux de Jed sans dire un mot. Il regrettait d’être parfois aussi violent, mais s’il n’avait pas tout de suite joué cartes sur tables, alors le barman ne lui aurait rien dit. Il lui avait juste fait un peu peur, c’est tout. Et puis, il ne voulait pas utiliser sa télépathie. Pour deux raisons. La première, c’est qu’il savait, d’instinct, que Jed était un mec bien, un mec qui ne pensait qu’à sa famille, et ça, il n’avait pas besoin de télépathie pour le savoir. De ce fait, il n’avait pas le droit de violer son esprit. Qui a dit que les chasseurs de primes n’avaient pas d’honneur ? La seconde, il se l’avouait à lui même, était plus égoïste. Il avait utiliser ses dons il y a moins de dix heures, et les utiliser à nouveau tout de suite l’aurait mis dans un état critique. Il sortit plusieurs billets de vingt dollars, qu’il laissa sur le comptoir, et enleva son pied de la tête du barman, qui pleurait. Mais il y avait un truc qui clochait. Le sigle. Les mecs qui étaient venus dans le bar de Jed, qui s’étaient fait passer pour l’Hydra, portaient le même sigle que les enfoirés qui étaient venus le choper chez lui. Il y avait un truc qui clochait. L’Hydra ou le CLT, qui était responsable des attaques sur les mutants ? Bien sûr, Jed n’avait aucune raison de le savoir. Il lui posa cependant une dernière question.
« Après, je ne t’importunerai plus. As tu vu un mec qui est parti avec l’Hydra réapparaître ? »
Jed réfléchit quelques instants. Il repensa à tous ces visages, à tous les gens qui étaient partis. Puis, un nom lui vint à l’esprit. Oui, un mutant s’était repointé. Un homme bizarre, d’ailleurs, qui ne parlait que très peu. Toujours seul à sa table, son jeu de cartes dans les mains. La moitié droite de son visage avait été ravagée par son expérience avec ces scientifiques complètement cinglés.. A la place de l’œil se trouvait un tatouage en forme de cœur.
« Jack Hart. Je l’ai revu. Mais je ne pourrai pas te dire où il est. »
Hitman avait au moins un nom. Jack Hart. Il allait devoir le trouver, pour savoir ce qui s’était passé avec le CLT, ou l’Hydra . Et puis, ils ne seraient jamais trop de deux pour trouver les survivants, et pour démanteler l’organisation qui avait, secrètement, déclaré la guerre.

Chinatown, un appartement, 8 heures du matin.

Aucunes nouvelles. Pas un coup de fil. Pas un message. Rien. Danny avait passé son entraînement, hier, avec dans la tête son ami qui n’était pas venu. Mais où était-il ? Ca ne lui ressemblait pas. Il avait appelé Crystal, la copine de Harry. Mais, des sanglots dans la voix, elle lui avait dit qu’elle ne savait pas où il se trouvait. La pauvre femme croyait qu’il l’avait quitté pour une autre sans même lui laisser un mot. Danny la rassura autant qu’il put. Ca ne ressemblait pas à Harry. Il disait aimer Crystal à la folie, qu’il se tuerait pour elle. Alors pourquoi découcher ? Il ne s’était pas mis une murge non plus. Harry touchait que très peu à l’alcool, il n’aimait pas cette sensation de feu qui lui descendait dans la gorge et puis dans les entrailles. Il n’était donc sûrement pas dans les rues à traîner, une bouteille à moitié vide à la main, totalement beurré. Ce n’était pas normal. Il fallait faire quelque chose, et vite. Mais il devait aller voir Crystal le plus rapidement possible.

La môme semble être au bord de la crise de nerfs.

Il arriva devant l’immeuble et appuya sur le bouton à côté de l’inscription « Harry Pierce et Crystal Amaquellin. » Il sonna et le haut parleur lui renvoya une voix affolée.
« Qui est-ce ? »
Danny eut le besoin de chuchoter, et de se rapprocher du haut parleur.
« C’est moi, Crystal. C’est Danny ».
Suivit alors un grésillement, et Danny poussa la porte, entra dans l’immeuble, et se rendit au troisième étage.

Crystal, contrairement à l’accoutumée, n’avait pas ouvert la porte. Ne l’attendait pas sur le perron. Intrigué, Rand tapa trois fois. Et la même petite voix lui demanda la même chose.
« Qui est-ce ? »

Danny commençait à en avoir marre de ce jeu stupide. Il se présenta à nouveau, et il entendit que l’on cherchait les clefs, de l’autre côté de la porte, afin de mieux lui ouvrir.
Crystal était dans un état déplorable. Ses cheveux étaient collés à son visage. Son rimmel avait coulé. Elle suffoquait. Danny lui posa la main sur l’épaule et découvrit l’état de l’appartement. Il comprit tout de suite l’étrange comportement de Crystal.
Les meubles avaient été renversés. Les coussins, les draps, la télé, la chaîne hifi. Tout avait été cassé. Crystal leva vers Danny des yeux suppliants. Et bien qu’il avait juré de ne pas se faire de souci pour son ami, Danny se dit que Pierce s’était mis dans un drôle de merdier.

 
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