Urban Comics
  Enforcers #3
 

Histoire : Zauriel
Date de parution : 

Dans l’appartement d’Elizabeth Braddock, dans la matinée

« Plus vite, espèce de larve »
Dane n’en pouvait plus. Cela faisait à peine deux jours qu’il était sorti de l’hôpital, et voilà que ce cher et brave Brian le remettait dans le bain. Cela dit, il en avait besoin. Il sentait que chaque membre de son corps était raide comme du bois mort. Ses articulations craquaient à certains de ses mouvements et il ne pouvait pas tout le temps réprimer la grimace de douleur qui s’en arrachait. Il se trouvait dans la salle de gym de son mentor. Enfin, celle de la sœur de son mentor. Sœur qui paraissait charmante, sur les photos, mais que Dane n’avait jamais vu. Brian lui avait expliqué qu’elle partait souvent sur les routes, pour vanter les mérites de son entreprise d’informatique. Il l’avait laissé dormir toute la journée de la veille. Sans prévenir, ce matin là, à cinq heures, il était venu le réveiller en jouant du clairon. Il avait beau être cinglé, il avait quand même de l’humour. Puis petit jogging dans les rues, sur une dizaine de kilomètres, à l’aller seulement. Retour à la case départ, t’as le droit à un croissant. Avec un café dégueulasse en prime, mais pour Dane, c’était le Paradis, car il savait déjà ce qui s’ensuivrait. Une cinquantaine de pompes, des haltères… Puis vint l’entraînement à l’arme. Brian le laissa avec une épée dans sa main droite. Dane eut du mal à prendre bien la garde entre ses doigts. Il avait l’impression que son poignet allait se relâcher et qu’il allait laisser tomber l’arme. Mais pendant à peu près une heure, il la fit tourner dans sa main, pour s’habituer aux mouvements, au poids de l’épée. Et soudain, il se trouva à se battre contre des mannequins. Pourquoi pas contre son maître, me direz vous ? Eh bien il se trouve que celui ci était féru de technologie, et qu’il avait fait une très belle affaire.

Il entraîna Dane dans un coin de l’immense salle de sport. Les murs étaient entièrement recouverts de mousse. Dane se retrouva face à un miroir. Cela lui faisait un drôle d’effet. C’était la première fois qu’il se voyait ainsi. il n’avait pas eu la curiosité de regarder à l’hôpital et le voici face à lui même. Une confrontation que bizarrement, il avait pensé pouvoir écarté. Mais il savait que cela était chose impossible. Il contemplait avec une fascination morbide son reflet. Le manque. Le petit bout de chair et d’os à l’épaule d’où aurait dû émerger un bras. Mais les paroles de Brian le sortirent de ses pensées.
« Attention à ce que tu fais »

Du mur sortit un automate, un robot tout de fer construit. Il se déplaçait sur des roulettes, et sa tête représentait un crâne humain. Dans ses deux mains il portait de longs sabres qu’il s’était mis à tournoyer en approchant dangereusement de Dane. Celui ci recula en appuyant bien sur ses talons, pour ne pas perdre l’équilibre, et se mit en garde. Le robot salua son adversaire et attaqua, fendit sur la gauche. Dane l’évita mais avait oublié le deuxième sabre de son adversaire qui lui tailla un peu l’épaule. Dane cria, et d’un coup de son épée fit valdinguer la première arme de ton adversaire. Surpris, le robot recula prudemment, mais Dane se rua sur lui, envoya son épée dans ce qui semblait être la gorge du robot, qui s’affaissa avec un bruit de cafetière que l’on éteint. Il baissa la tête sur son torse d’acier et la petite lumière dans ses yeux s’éteignit. Braddock regarda le robot avec un air blasé.
« De toute façon, fallait que je le change. »
Dane s’assit sur le sol, sans lâcher son épée. Son torse se soulevait rapidement.
« C’était quoi, ça ? »
Braddock haussa les épaules.
« Robot d’entraînement Ultron V. Pas mal, hein ? »
Dane prit quelques gorgées d’eau de sa bouteille. Une vraie saloperie, oui. On peut dire que son mentor d’autrefois avait toujours un sacré sens de l’humour.
« Ca vient d’où ? »
Brian fit quelques pas devant la glace, regardant l’ampleur des dégâts que Dane avait porté au robot. Il fit un bruit de bouche, et répondit
« Betsy bricole beaucoup. »

Voyez vous ça. Elle bricole. Et pas des voitures, ou de la simple menuiserie. Non la demoiselle fabrique des robots de combat. Tu parles d’une famille.

Brian considéra son ami avec une sévérité mêlée d’inquiétude.
« Tu sembles perdre facilement le contrôle. Ca vient de la perte de ton bras ? »
Dane se releva et passa sa bouteille d’eau à Brian. Celui ci but une gorgée en attendant la réponse.
« Est ce que tu sais comment James est mort ? »
« Je le sais, oui. Avec l’archer, vous vous êtes occupés de lui, et d’un magnat de la presse, aussi. Un certain Sebastian Shaw. »
Dane acquiesça. Il fit quelques pas, regardant son reflet dans les miroirs face à lui.
« James est mort, parce qu’il a succombé au même mal que mon père. A l’ambition. Au démon Proctor. Mais je n’ai jamais possédé l’épée. »

Brian haussa les sourcils.
« L’épée d’ébène ? »
« Oui, l’épée d’ébène. J’ai affronté et battu James, enfin Proctor. Et quand il a rendu sa liberté à mon frère, j’ai senti que l’épée était redevenue qu’un simple objet. Alors je l’ai prise avec moi. Pour honorer la mémoire de James et de mon père, tu comprends ? »

Brian comprenait. Il avait connu Nicolas. Il l’avait vu devenir fou devant ce bout de bois où habitait une puissance démoniaque. Brian l’avait vu se donner la mort, du haut des reliques du château familial, après avoir hurlé comme un damné pendant plusieurs heures. Il n’oublierait jamais le visage de son ami, pâle comme celui d’un mourant, convulsé, avec un regard de folie et de haine. Puis l’espace d’un instant, Nicolas avait retrouvé le contrôle, et s’était jeté dans le vide. Brian avait eu l’impression que l’esprit de l’épée était parti avec lui, mais ce que venait de lui dire Dane prouvait que non. L’esprit devait partir se régénérer dans l’épée en attendant qu’un nouvel hôte se présente.
« Tu l’as revu, n’est ce pas ? »
« Oui. Je rêve de lui. Je vois mon père et James, tous deux habités par lui, qui viennent m’emmener dans un lointain désert avant de me sacrifier à lui. »
Le regard de Brian s’éclaira.
« Où est l’épée ? »

Une demi heure plus tard, ils étaient chez Dane, au dessus du Médiéval.
« Sympa, ton tripot. C’était l’idée de qui ? »
« De Clint »
Dane fouilla dans ses affaires et sortit d’un tiroir de son armoire une longue boite en chêne. Il l’ouvrit. Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vu, cette arme ? Il n’avait pas ouvert cette boite depuis qu’il y avait déposé la lame maudite. Ce n’était plus le simple morceau de bois taillé qu’il avait déposé, il y bientôt un an. La lame commençait à briller du même mauvais éclat que lorsque Proctor apparaissait. Dane referma soudain la boite.
« Qu’y a t-il ?, demanda Brian »
Dane s’était mis à trembler. Il entendait la voix. La voix que James avait, avant de mourir.
« Mon Dieu, aidez moi. »
Il se sentit alors tomber dans la folie.


Un laboratoire, dans un lieu inconnu, à une heure inconnue

Henry se réveilla avec un mal de crâne pas possible. Ah les enculés ils y étaient pas allés de main morte. Il regarda autour de lui pour déterminer l’endroit où il se trouvait. Des grandes consoles d’ordinateurs bordaient les murs. Le plafond était orné d’un grand néon blanc et des machines ne cessaient de lancer des petits bip bip. Il était attaché. Non pas attaché. Il avait les poignets englués dans une substance peu ragoûtante qui était aussi scotchée à ses pieds.
Merde, c’est quoi ce truc ?C’est des scientifiques qui m’ont chopé, pas des aliens sortis d’un film de Carpenter.
Il n’était pas scotché au mur, comme il l’avait d’abord pensé. Non, la matière gluante était attachée à une sorte de plate forme verticale. La pièce était vraiment petite, à l’image d’une cellule de prison. Sauf qu’il n’y avait pas de barreaux. Seulement des murs, et une porte. Marrant quand même. Une simple porte pour une pièce aussi étrange. Il tenta de se dégager les poignets. N’avait-il pas été, il y a longtemps bien sûr, l’un des hommes les plus forts du monde en tant que membre du commando Olympus ? Mais dès qu’il commença à bouger, les consoles se mirent à vrombir à côté de lui et à pousser des cris suraigus. Bon, c’était loupé pour l’évasion. La porte s’ouvrit, et un grand homme en blouse blanche apparut. Il était vraiment grand, presque aussi grand que Pierce lui même. Il portait ans ses mains un grand calepin, comme ceux des médecins dans les hôpitaux, et une paire de lunettes. C’aurait très bien pu être un simple médecin. Mais Henry savait qui cet homme était. Il avait lu son dossier, quand il bossait pour l’Hydra. Il avait eu raison de penser, quand il s’était fait démonté dans la rue par le mec et ses tentacules, quand les autres en armure le poursuivaient, qu’ils ne bossaient pas pour l’Hydra. La preuve en image. Le mec devant lui avait trahi l’Hydra depuis bien longtemps. Il en avait eu assez de cette organisation néo-nazie qui souhaitait renverser les différentes démocraties du monde. Ce qu’il voulait, cet espèce d’intello à la mord moi le nœud, c’était accomplir ses expériences sans qu’on le gêne. Hors, l’Hydra trouvait que ses recherches ne progressaient pas assez vite. Alors ils l’ont viré. Mais on dirait que la donne a changé. Le fils prodigue est devenu un grand garçon.
Georges Tarleton s’approcha de Henry, tout en gardant les yeux rivés sur son calepin.
Sûrement mon carnet de santé.
Puis il leva les yeux et examina Henry comme ci c’était une bête curieuse. Une espèce inconnue qu’il venait de découvrir.
« Alors, fit-il avec un ton teinté d’admiration, alors vous êtes un Olympus. »
Henry fut plutôt interloqué. Ben oui, il était issu de ce damné projet. Qu’est ce que cela pouvait-il bien faire ?
« Vous êtes le dernier. Le tout dernier rescapé de ce projet. Vous le saviez. Sûrement pas. »
Non, Henry n’en savait rien. Il s’était échappé de l’Hydra sans en avertir ses compagnons, et il n’avait jamais su ce qu’il était advenu d’eux.
« Vous serez mon unique Olympus. Le joyau de ma garde personnelle. »
Une chose était sûr. Les fichiers disaient vrais. Tu es complètement fêlé.
« Je ne serai votre rien du tout, monsieur le savant fou. Sincèrement, tu penses que l’on va me laisser croupir ici longtemps ? J’ai laissé des preuves chez moi, au cas où je me ferais piqué par des cinglés comme toi. Tu crois que mes potes vont se tourner les pouces. ? »
Tarleton réajusta ses lunettes. Il sourit avec ambition, avec mépris.
« J’ai envoyé chez vous des collègues à moi. Des gens peu soigneux. Ils n’ont rien laissé. Absolument rien. Vos fichiers, les articles qui parlaient de l’Hydra, et de tout ce petit monde, y compris moi, est parti en fumée. Vous êtes comme mort, Olympus. Vous avez remarqué cette colle ? C’est un ami à moi qui me l’a fabriqué. Vous devez le connaître. Il se nomme Petruski. »
Oh non. Voilà qu’il me cause de mes anciens camarades de classe. Attends, Petruski ? le martyr du lycée que j’avais revu à l’Hydra ?
« Je vois que vous vous en souvenez. Petruski a travaillé pour l’Hydra, mais il a préféré me rejoindre. Comme moi, il est un scientifique. Bien sûr, notre mouvement n’oublie pas la phase terrorisme, mais nous la confions à des hommes de main. Pour revenir à cette colle, vous n’êtes pas son seul prisonnier. Un individu du nom très charmant doté du pseudonyme très éloquent de Bolt se trouve dans la pièce à côté dans les mêmes conditions que vous. "
Henry commençait à se mettre en colère.
« A quoi ça rime, tout ça ? »
« A la création d’une petite armée. Il y en a marre de vous voir faire les justiciers au grand cœur dans les rues. Un parrain de la mafia a déclaré la guerre aux super héros, mais il est bien trop lâche pour s’attaquer de front à des héros tels que Spiderman et Daredevil. Il a cependant arrêté, à l’aide de mercenaires, les héros Hawkeye, qui est maintenant poursuivi par la police, et Dane Whitman.
- Whitman ?
- Ma parole, vous vous connaissez tous. Enfin, toujours est-il que dès qu’un des vôtres tombe, deux le remplacent dans les rues. Et ce n’a pas plu au gentleman qui nous emploie. Mais ça, je m’en fiche. Ce qui m’intéresse, c’est vous étudier, et tenir compte de vos formidables capacités à tous. Grâce à vous, je dépasserai ma condition d’être humain . »

Puis, il sortit, sans rien dire, avec les yeux dans le vague, totalement ahuri, totalement fou, laissant Pierce à son désespoir.

Mais dans quoi je suis tombé ? Crystal, je suis désolé. Je suis désolé.


Un hôtel miteux, aux alentours de 17 heures.

Jack Hart se réveilla. Un peu trop rapidement. Il n’arrêtait pas de dormir depuis qu’il s’était échappé du complexe. Depuis qu’il s’était échappé de l’Enfer. Il était fatigué. Ils l’avaient tué. Il pensait que le sommeil lui ferait oublié les atrocités. Erreur. Dès qu’il sombrait dans le sommeil, il plongeait dans un maelstörm de furie et de folie où les figures de Tarleton, de Petruski, et des autres suppliciés se mélangeaient pour ne former qu’un unique masque d’horreur. Il s’assit et prit sa tête entre ses mains. Puis il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Enfin, la salle de bain n’était qu’un robinet crade collé au mur avec un miroir au dessus. Jack regarda son visage. Ce qu’il restait de son visage. Une bouillie informe, où les yeux n’étaient plus que deux boules de chewing-gum à moitié mâchées. Il attrapa son masque à côté du lit. Une cagoule bleue avec un cœur rouge sur l’œil droit. Il pensa à la période où il portait ce masque plus par plaisir que par nécessité. Il sortait toutes les nuits, pour voler, célébrant les dons surnaturels qu’il avait acquis à la suite d’un accident de voiture. Et puis ils l’ont trouvé, l’ont défiguré, l’ont mutilé, ont expérimenté sur lui plein de saloperies pour faire de lui un pantin assassin voué à leur cause de déments. Mais il s’était échappé. Il avait simulé un arrêt cardiaque, ils l’avaient détaché. Il avait assommé les hommes en blouse blanche puis était parti.
On frappa à la porte. Jack enfila son masque. Il valait mieux qu’il ait l’air d’un original plutôt qu’un monstre. Il ouvrit. Sur le seuil, un homme éteignait sa cigarette sur sa semelle. Il avait un long manteau de cuir, et deux flingues à la ceinture. Ces armes étaient étranges. Ils brillaient d’un éclat particulier. Ils semblaient vivants. L’homme leva les yeux. Des yeux bleus et froids, métalliques, comme ses flingues. Jack savait que le mec était là pour lui. Il bondit en arrière et concentra l’énergie instable qui parcourrait chaque fibre de son corps dans ses mains qui se mirent à briller. L’homme leva les mains, en signe de paix.
« Eh, du calme mon vieux. Je suis pas avec eux. »
Cela n’eut aucun effet sur le mec au masque de carnaval.
Tombé sur un dingue. C’est bien ma veine.
« J’ai besoin de renseignements. Sur eux. Sur le CLT. Ils ont failli me choper, et j’ai pas envie qu’ils recommencent. Alors si t’es pas content, tu pourras essayer de me décalquer la tronche. Je dis bien essayer. Mais tu vas d’abord me raconter ta petite histoire, mon pote. »

Jack invita Tommy à s’asseoir sur le lit, d’un signe de tête. Et il commença son récit. Le rapt, les tortures, son évasion, les autres prisonniers.
« Sous quel nom ils se présentaient ? »
« Hydra. Mais c’est un piège. C’est le CLT. »
Tommy acquiesça.
« Je sais, enfin je pressens, que d’autres personnes se sont mises en guerre contre ces enfoirés. Ou alors vont se mettre en guerre. Mais plus de la moitié vont aller se coltiner l’Hydra pendant que les autres tarés continueront leur business. Faut aller voir l’Hydra. T’es avec moi ? »
le valet de cœur laissa une longue seconde s’écouler avant de prendre sa décision. On l’avait ravagé. Mais il ne devait pas laisser les autres souffrir comme lui avait souffert.
« On y va . »

 
 
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