Histoire : Zauriel
Date de parution :
L'appartement de Crystal Alquin, huit heures trente du matin.
Danny avait demandé à Crystal de s'assoir. Sans un mot, elle avait pris une chaise, la seule qui restait. Elle fixait le sol avec une intensité hors du commun, comme si elle voulait qu'il se soulève. Ses yeux étaient rougis par les larmes de frayeur qu'elle avait pleurées. Danny la laissa dans le salon, enfin ce qu'il restait du salon, pour se diriger vers la cuisine. La demoiselle avait besoin d'un remontant, c'était évident. Il chercha pendant plusieurs minutes le sachet de café, trouva la cafetière, et attendit quelques temps que le café passe. Une fois terminé, il prit deux tasses et les remplit. Il revint avec les tasses et et un sucrier. Crystal prit une des mains hésitantes le récipient que lui proposait Danny et un sucre. Elle but une gorgée. Danny la regardait d'un oeil inquiet. Elle n'avait rien dit depuis qu'il était arrivé. Elle était en état de choc. Il regarda l'appartement. Il ne restait plus rien. Les tableaux qu'avaient peints Crystal étaient zébrés de coups de couteaux. Les quelques tables avaient vu leurs pieds sciés. On avait cassé les vitres, disséminé du verre brisé partout dans l'appartement, vidé les bouteilles d'alcool sur le sol, renversé la télévision, cassé le magnétoscope et le lecteur DVD avec un outil d'une certaine taille. Une masse, sûrement. Ils avaient tout détruit. Beaucoup disent qu'une maison, ce n'est qu'un amas de pierres superposées les unes sur les autres. Ce foyer n'était pas réductible à cela pour Crystal. Il représentait tout ce qu'elle avait vécu avec Henry, et, en l'espace de deux jours, il disparaissait et la représentation matérielle de leur vie commune était partie en fumée. Danny avait décidé de ne pas la laisser comater longtemps. Il prit la voix la plus douce qu'il put.
« Est ce que tu les as vu »?
Elle secoua vigoureusement la tête. Elle n'avait rien vu. Elle était partie faire des courses, pour le retour de Harry. La concierge lui avait dit quelque chose qui lui avait mis la puce à l'oreille. Quelque chose comme quoi les amis qu'elle recevait étaient vraiment trop bruyants. Elle était montée, très vite, laissant ses sacs devant la concierge hebétée. Mais elle ne les avait pas vu.
« Tu es sûre de vouloir rester ici? On pourrait sortit un peu. »
Elle releva la tête. Ses yeux étaient toujours rouges, mais ils luisaient d'un éclat de colère particulièrement effrayant. La pièce toute entière se mit à bouger, comme si un tremblement de terre s'était focalisée sur l'appartement, puis tout cessa brusquement. Danny avait oublié que Crystal n'était pas comme toutes les autres filles, et qu'il ne fallait mieux pas la contrarier. Sa voix était tremblotante, mais déterminée.
« On va rester. Ils n'ont rien piqué, les bijoux, l'argent, le high tech. Tout est là. Et tu sais pourquoi? Parce que ces sales connards ne cherchaient pas de fric. »
Elle se leva. D'instinct, il se leva avec elle. Dans son état, elle pourrait facilement tombée. Son rimmel avait coulé sur ses joues. Ses jambes flageollèrent un instant, puis elle se stabilisa.
« Attends moi ici »
Danny se rassit sur le sol, à côté d'un cadavre de table, surpris de la rapidité avec laquelle la frêle jeune femme se remettait des événements. Deux minutes plus tard, elle revint avec une grande enveloppe en papier kraft dans la main gauche. Elle la tendit à Danny. Dessus, au marqueur, il y avait marqué : « A n'ouvrir que s'il m'arrive quelque chose ». C'était l'écriture de Harry. Crystal eut un rire amer, triste.
« Je pense que l'on ne peut pas choisir meilleur moment. »
Elle l'arracha des mains de Danny, et l'ouvrit d'un geste sec. Des feuilles remplies au stylo d'une main pressée et nerveuses tombèrent sur le sol, ainsi que plusieurs photographies. Ils lurent chacun avec avidité et curiosité le contenu de la mystérieuse enveloppe. Le contenu d'une partie de la vie de Harry Pierce. Le contenu, selon le seul survivant, d'un projet expérimental illégal nommé projet Olympus. Ils lurent tout en une dizaine de minutes. Ils se rendirent compte dans quel effroi avait dû vivre Harry. Un effroi fondé. Un nom marqué au stylo rouge retint leur attention. Celui de Edward Silvermane. Ils prirent leurs manteaux, descendirent dans la rue, et attendirent le premier taxi qui passerait.
L'appartement de Dane Whitman, neuf heures trente.
Danny se réveilla d'un bond. Il était allongé, sur sa moquette, dans sa chambre sombre à cause des volets fermés. Il regnait dans la pièce une odeur de fauve très désagréable. Il ouvrit la porte et regarda l'extérieur.La lumière du jour lui fit mal. Rien n'avait changé dans la rue depuis que Clint et lui avaient emménagés ici. Rien, exceptés eux mêmes. C'était peut être dur de se l'avouer, mais l'archer lui manquait. Il n'avait pas trouvé en la personne de Brian l'image paternelle qu'il lui associait jadis. Il était peut être trop vieux, il avait peut être perdu son idéalisme et se rappeler avec quelle facilité il vivait avant le remplissait d'amerutme. Où étais Brian? Il ne l'avait pas laissé après qu'il se soit évanoui, ce n'était pas son genre. D'ailleurs, s'ils étaient là, c'était à cause de Proctor, à cause de l'épée. Il bondit hors de sa chambre pour se précipiter dans le salon. Brian était assis dans le fauteuil, l'épée dans les mains, une tasse de café devant lui, sur la table basse. Il regarda Dane et eut un sourire d'excuse.
« Désolé, je me suis permis de faire du café. Ca ne te dérange pas? »
Ce n'était pas cela qui dérangeait Dane. C'était la façon qu'avait Brian de caresser le bout de bois, avec une sorte d'obscénité dans ses gestes. Il crut voir l'épée briller et pensa qu'elle commençait à se nourrir de Brian.
« Tu devrais la brûler. Elle n'apporte rien de bon. »
Brian ne répondit pas tout de suite. Ses yeux partaient dans le vague. Il chuchotait. Ses mains continuait d 'effleurer l'ébène. Dane prit subitement le morceau de bois, sortit son briquet, et le regarda se consumer.Brian reprit ses esprits. Il avait l'air atterré.
« Je m'excuse, fit -il la tête penchée. Je n'ai pas résisté, je... »
C'est ok, je sais ce que tu as vu. Cette espèce d'ordure est partie, et nos cauchemars avec .
Je l'espère. En la prenant, j'ai vu ton père, avant qu'il ne tombe, toi quand je t'entraînais. Ma vie avec Meggan. Puis il m'a fait voir, sa mort, la déchéance de ton père, tous les aspects négatifs. Et il m'a dit...
Il t'a dit qu'il pouvait tout te rendre.
Oui. Il m'a dit cela. Et j'ai cru...
Que c'aurait pu marcher. Tu n'as pas à être désolé. »
Le bout de bois s'était consumé entre les doigts de Dane. Le portable de Brian se mit à sonner. Celui ci le sortit de sa poche et décrocha
« Allô?. Oui, bonjour monsieur. Elle n'était pas avec vous? Ah bon? Dans combien de temps? Ok à tout de suite »
Il raccrocha. Il avait l'air sombre?
« Que se passe-t-il?
Silvermane, l'employeur de Betsy. Il me demande de venir de toute urgence. Il semble avoir un problème. IL faut qu'on y aille.
Une voiture, en route vers le centre ville, neuf heures trente cinq.
« T'es sûr que ça va? »
Non, ça n'allait pas. Ca n'allait pas du tout pour le valet de coeur, qui n'appréciait pas réellement la façon de conduire de son acolyte, son nouveau compagnon le très distingué Tommy Monaghan. L'homme en cuir lui avait dit de venir avec lui, pour achever le boulot. Jack l'avait suivi pour ctte simple raison. Il ne voulait pas que d'autres deviennent de véritables pantins à la solde de scientifiques fous ou de mafiosi mégalomanes. Tommy lui avait expliqué son plan. Enfin un plan, c'était vite dit. Il fallait, selon le tueur à gages, pénétrer dans les locaux de l'Hydra et avoir une petite discussion avec le patron de la boîte, j'ai nommé Edward Silvermane.
Ce dernier avait un étrange secret. En effet, il avait combattu les nazis pendant la guerre, puis avait été emprisonné. Il passa deux ans en captivité. Quand les Allemands le relâchèrent, il était totalement endoctriné. S'apercevant que le monde n'était pas prêt pour accepter la tutelle qu'il voulait lui imposer, Silvermane cacha ses activités illégales, tels que le meurtre, la guerre des gangs, la drogue et la prostitution derrière une façade d'homme d'affaires et d'économiste impitoyable. Mais ce n'est pas ce dont je voulais vous parler quand je parlais d'étrange secret. Silvermane avait vingt ans, en 1943, quand, vers la région de Strasbourg, il fut enlevé par un groupe mystique nazi commandé par celui que l'on appelait le Crâne Rouge, à cause de la cagoule écarlate qu'il portait en permanence. Dans les années quatre vingts, on lui aurait à peine donné quarante ans, et depuis, il semblerait qu'aucune ride supplémentaire n'apparaisse sur son visage. D'aucuns pensent que le Crâne Rouge était en réalité un vampire, et qu'il a fait d'Edouard Silvermane son égal. Mais trêve de discussions sur des sujets mystiques et sur la véritable nature de cet être pour le moins étrange.
Jack avait renversé sa tête en arrière et respirait difficilement. Tommy grommella et arrêta d'un coup la voiture. Derrière eux, un automobiliste cria une insulte. Tommy sortit la main par la vitre et lui adressa un geste amical de la main. Le conducteur se mit alors à klaxonner. Exaspéré, Tommy finit par sortir de la voiture, sous les yeux plutôt inquiétés de l'autre. Il arriva devant la vitre et tapota trois fois dessus. Ayant capté le message, le conducteur baissa sa vitre. Tommy se pencha pour laisser l'autre admirer sa musculature avant de parler:
« Vous êtes pressé? Je suis désolé d'avoir pilé comme ça, mais mon ami a eu un malaise. Et comme vous vous êtes mis à klaxonner, j'ai eu peur que le bruit ne le rende encore plus malade. Vous savez que vous pouvez passer par la gauche? C'est un raccourci. Dépêchez vous, vous allez être en retard. »
Le petit homme murmura un merci, ferma très vite sa vitre et prit sur la gauche, comme le lui avait indiqué Tommy. Le tueur à gages se retourna ensuite dans sa voiture. Des convulsions secouaient son compagnons. Merde. Tommy lui enleva sa cagoule bleue ridicule avec le coeur marqué sur l'oeil gauche. Son visage couvert de cicatrices était trempé de sueur. Tommy le lui essuyaavec un kleenex et lui tapa un peu dans le dos. Jack se reprit et adopta un respiration un peu plus normale.
Hitman le regardait avec nervosité.
« Qu'est ce qui t'est arrivé?
J'ai dû oublier de te parler d'un petit problème.
Oui j'ai vu ça. Qu'est ce que t'as?
Moi? Eh bien mes cellules luttent contre les différents venins que l'on m'a injecté. Je peux mourir d'une seconde à l'autre. Et crois moi, ça te plaira pas.
Et pourquoi?
Parce que quand je crêverai, je ferai boum! »
Eh bah on est mal barrés. Tommy redémarra. Direction, Silvermane Services.
Dix minutes plus tard, ils étaient rendus. La tour Silvermane. Ce vieux salaud avait réussi à faire quelques achats intéressants, ces dix dernières années. Tommy balança à son nouveau copain un sweat Shirt. Il n'allait pas se ballader toute la journée torse nu, ça ferait mauvais genre.Ils montèrent tous les deux dans l'ascenseur, et atteignirent le dernier étage. Avant de pouvoir pénétrer dans le bureau du big boss, il fallait passer par la case secrétaire. Elle tapatit sur son clavier à la vitesse de l'éclair, sans quitter des yeux l'écran. Si bien qu'elle ne remarquât les deux hommes que lorsque Tommy frappa un peu sur le bureau. Elle sursauta et leva la tête. Jack était resté en retrait. Ca fait bizarre un mec avec une cagoule blueue avec un coeur dessus qui se présente chez un des du crime. La fille eut un mouvement de recul quand elle le vit, et elle essaya de se concentrer sur Tommy.
« Vous désirez? »
Il eut un petit sourire.
« J'adorerais passer la journée avec vous, mais mes affaires sont hélas plus urgentes. Monsieur Silvermane est là?
Oui. Vous avez rendez vous? »
Tommy plongea quelques secondes dans ses pensées et pêcha un nom
« Oui, je suis Frank Calvin, du cabinet Calvin et Hobbs. »
Elle feuilleta rapidement son agenda. Elle fronça un peu les sourcils.
« Vous n'avez pas rendez vous tout de suite, monsieur Calvin.
C'est à dire que j'ai un contretemps, et qu'il faut que je règle mes petites histoires avec monsieur Silvermane le plus rapidement possible. »
Elle lui lança un clin d'oeil complice.
« Je vais vous arranger ça »
La secrétaire décrocha son combiné et tapa le un. Elle attendit quelques secondes et parla.
« Oui, monsieur. C'était pour vous prévenir que monsieur Calvin, de Calvin et Hobbes, est là. Il souhaiterait avancer son rendez vous. Bien. Je vous les envoie.
Silvermane jouait avec une de ses starlettes débiles que l'on peut croiser dans un avion quand Tommy ouvrit la porte sans frapper. La fille assise sur les genoux du Parrain eut un petit cri de surprise, mais Silvermane lui intima l'ordre de fermer sa grande gueule de pute. Vexée, elle se leva, reprit son soutien gorge qu'elle avait posé sur la table, et renfila sa jupe qui était tombée sur le sol. Elle partit en gromellant, adressa un superbe sourire à Jack, qui dut rougir sous son masque, et partit en claquant la porte. Silvermane, cet homme d'une taille assez extraordinaire dans un costume blanc et gris qui faisait ressortir l'harmonie de ses traits, les cheveux blancs couchés en arrière par de la laque, posa les coudes sur son bureau, joignit les mains, et demanda d'une voix faussement sympathique.
« Qui êtes vous? J'attendais maître Calvin.
A tort. Vous ne vérifiez jamais votre emploi du temps? »
Silvermane voulut appuyer sur le bouton rouge sur son bureau, mais Tommy dégaina ses étranges armes et atomisa le haut parleur avant que Silvermane n'eut le temps de s'en servir.
« Bon, vous voulez quoi? »
Pour un homme menacé par deux lascars aux acoutrements pour le moins étrange, Silvermane faisait preuve d'un sang froid à toute épreuve, et Jack eut un petit sourire sous son masque.
« Nous voulons deux liste, monsieur Silvermane. Une liste de noms de personnes qui auraient pu reprendre, contre votre gré, bien sûr, les expérimentations sur les méta humains tels que mon ami masqué et moi même. Et une seconde liste sur laquelle figurait vos cobayes et vos victimes potentielles. »
Silvermane eut un petit sourire. Il se leva et, hautain, jaugea les deux hommes.
« Vous savez que cette liste peut être très longue? Et puis, quel intérêt j'aurais à vous aider, vous les justiciers ou les vilains en collants qui me font perdre du temps? A une époque, votre espèce m'avait servi de pions. Mais vous êtes trop impulsifs, trop incontrôlables pour mon organisation. Il vaut mieux vous laisser vous entre tuer, c'est un spectacle qui me sied tout à fait. »
Tommy rit un bon coup. Son éclat de rire eut comme conséquence de faire sursauter Silvermane,
« Qu'est ce qui vous fait rire?
Eh bien, vous n'êtes pas vraiment spectateur. Ceux qui ont pris votre place, le CLT si ça vous dit quelque chose, a fait croire aux métahumains que c'était vous qui aviez repris l'expérimentation. Comme vous le voyez, nous sommes déjà deux à nous en être sortis, et m'est avis que nous ne sommes pas seuls. Cependant, je ne pense pas que toutes ces victimes feront la différence entre vous et le CLT, qui, c'est plus que probable, a déjà dépêché des tueurs pour vous refaire le portrait et démolir votre petite entreprise. Alors vous allez nous donner ces listes, ou bien...
Tommy Monahghan, le tueur à gages télépathe, n'eut pas le temps de finir sa phrase. Les portes du bureau avaient volé en éclat, et l'on pouvait voir une silhouette menaçante se profiler. L'homme était grands, barbu, portait une tunique verte qui ne couvrait pas toute sa poitrine. Dans ses yeux brillaient un éclat d'une réelle violence. Jack, après avoir examiné le nouveau venu, ne se rendit qu'à une unique conclusion: cet homme était fou.