Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Août 2005
Jimmy Olsen marchait tranquillement dans la rue, une cigarette à la bouche. Doucement, il avançait sur les trottoirs plus ou moins propres de Washington, la capitale américaine…Washington, une des villes les plus importantes et les plus craintes du monde du fait qu’elle abritait un fou furieux qui avait les moyens de financer ses guerres personnelles pour qu’il se fasse du fric, selon Olsen…Washington, sa ville à lui…
Le journaliste arrivait aux bureaux du Washington Post, le grand quotidien de la ville. C’était là où il travaillait depuis ses débuts, sa base, son QG, presque son chez lui si sa petite femme ne l’attendait pas à la maison chaque soir…c’était là où il se sentait le mieux en-dehors des bras de Lana.
Le rouquin entra dans le grand bâtiment orné du titre du journal d’un pas tranquille et assuré. Il entrait presque en territoire conquis, sachant que sa rédaction le suivrait presque toujours si il n’allait pas trop loin…il se demandait d’ailleurs souvent jusqu’où il avait le droit d’aller, vu que personne ne l’avait jamais censuré, et pourtant il y avait eu matière à cela…mais il chassa ces pensées en s’approchant de l’accueil.
« Salut, Martha.
- Salut, Jimmy. Ça va aujourd’hui ?
- Fatigué, comme toujours…et toit ? Comment va Clark ?
- Bien, il grandit normalement…enfin, si on veut bien sûr…
- Ouais, je vois…bon j’vais aller dormir un peu dans mon bureau avant d’aller boire une bière…
- Euh non je crois que tu as un autre programme…
- Ah ? »
Olsen n’aimait pas être dérangé dans son programme. Pour lui, une journée au bureau commençait toujours par deux heures de sieste, une heure au bar du coin, un sandwich et ensuite l’écriture d’un article et la recherche de sujets dans la rue. Il n’aimait pas qu’on change cela.
« Oui. Tu as un rendez-vous.
- Un quoi ? Je prends jamais de rendez-vous, tu le sais bien Martha…je déteste parler avec mes fans…
- Ecoute, Jimmy, ce gamin était si gentil, il avait des yeux tellement implorants…ça fait une semaine qu’il vient tous les matins tôt à l’ouverture pour pouvoir te parler…y a un moment où tu peux plus refuser…
- Un gamin ?
- Oui.
- Quel âge ?
- Quinze ans.
- Putain l’âge con en plus…bon, ben je vais lui parler au gremlins…mais tu me revaudras ça toi…
- Avec plaisir. »
Jimmy lui fit un clin d’œil avant de monter les deux étages à pieds qui menaient à la grande salle de rédaction, alors que le premier étage servait à la petite rédaction du sport. Le troisième était les bureaux des directeurs tandis que Perry, le rédacteur en chef, régnait en maître sur l’étage de la grande rédaction. En finissant de monter les dernières marches, Olsen, toujours la clope au bec, se demandait si les directeurs avaient conscience que Perry White était plus puissant et plus aimé qu’eux…sûrement, mais comment faisaient-ils avec leur ego ? L’argent qu’ils gagnaient avec le journal devait aider à faire oublier ce genre de choses, pensa-t-il…
Le journaliste arriva finalement devant son bureau où étaient écrits en noir « Jimmy Olsen, le reporter le plus haï et aimé d’Amérique ». Cette petite blague de ses collègues le faisait toujours rire, et c’est le sourire aux lèvres qu’il pénétra dans la petite pièce qui avait vu tant d’articles provocants s’écrire.
Il y avait bel et bien un adolescent à l’intérieur. Pas très grand, les cheveux un peu longs et pas très bien coupés, il semblait fatigué et un peu énervé…voir surexcité. Un putain de fanboy pensa Olsen en se forçant à sourire et en présentant sa main au jeune homme.
« Bonjour, je suis Jimmy Olsen. Vous vouliez me voir ?
- Comment osez-vous écrire cela sur Eots »
L’adolescent lui jeta alors à la figure plusieurs articles du Washington Post, et sa voix trahissait la rage et la colère. Bon, pas un fanboy de moi apparemment pensa Jimmy en rentrant sa main et en s’asseyant à son bureau.
« Bon déjà tu vas te calmer et me parler correctement, Fanboy ok ? Parce que sinon je me fâche et je demande à mes amis de la sécurité de te mettre dehors de la manière pas sympa, d’accord ? Déjà comment tu t’appelles ? »
Olsen ramassait les articles et les posait en ordre sur son bureau devant lui tandis qu’il mettait les pieds sur le côté droit du meuble.
« Je m’appelle Chris. Chris Stown et…
- Fils de Simon Stown, le grand magnat des entreprises, etc, etc…et je suppose que tu es un fan incontesté d’Eots, c’est ça ? Et tu acceptes pas que j’ai écris qu’il puisse être un bandit, un menteur, un truand ? Je me trompe ?
- Euh, non…vous avez vu juste…
- Ouais…m’en doutais… »
Le reporter écrasa sa cigarette sur un cendrier et s’en ralluma immédiatement une autre.
« Bah écoute, Fanboy, je sais pas quoi te dire…ouais, j’ai écris ça et je le revendique…t’es pas content ? Tu veux me casser la gueule parce que j’ai une opinion différente de toi ? C’est ça ? Bah, vas-y, aller, va jouer à ton petit Hitler Junior…
- Quoi ? Mais…mais pourquoi vous dites ça ?
- Mais parce que c’est vrai, Fanboy…tu viens ici, tu me jettes mes articles à la gueule…tu voulais faire quoi après ? Me dire que c’est pas bien ? Tu es venu ici pour me frapper et me dire d’arrêter, c’est tout, mais tu oses pas te l’avouer…j’ai osé toucher au fils chéri de l’Amérique, et tu m’en veux…mais je suis pas le seul, tu sais…
- Oui…je sais…mais…vous êtes celui qui est le plus méchant avec lui…
- Ouais ben fallait s’y attendre hein…je suis Jimmy Olsen, pas Ben Ulrich hein…donc bon j’ai été trop loin selon toi et tu veux que j’arrête, c’est ça ?
- Euh…oui…
- Je peux pas. On m’a ordonné de le faire pour que je garde mon boulot. »
Olsen avait dit cela d’un ton tranquille et neutre tout en continuant de fumer sa cigarette. Chris, lui, était totalement perdu là…le journaliste l’avait totalement retourné, lui montrant ce qu’il voulait vraiment faire et la débilité de la chose…tout le monde a le droit à dire sa vision des choses, même si on est pas d’accord avec lui…mais qu’est-ce que c’était que cette histoire d’ordre ?
« On…on vous a donné comme ordre de descendre Eots dans vos articles ?
- Oui.
- Mais…pourquoi ? Eots est un héros, il aide les citoyens, il arrête les bandits, il est fort, charismatique…tout le monde l’aime… »
Jimmy baissa alors ses jambes et planta son index droit vers Chris un grand sourire sur le visage.
« Voila ! T’as trouvé, Fanboy ! T’es pas si con que t’en as l’air !
- Je…j’ai trouvé quoi ?
- Pourquoi on m’a demandé de le descendre.
- Hein ? Mais…mais je vois pas…
- Mais si, Fanboy…tout le monde l’aime, c’est pour ça qu’ils veulent qu’on le mette hors jeu…trop populaire, trop aimé, trop gentil, trop cool, trop mielleux, trop une icône…ils se sentent dépassés et ont peur de ce qu’il pourrait faire si il se rendait compte de ce pouvoir…donc ils le mettent en-dehors du terrain pour ne plus avoir peur…
- Ils ? Mais qui, ils ?
- Ah ça…j’en sais rien…le maire, les entrepreneurs…ton père…
- Mon…mon père ?
- Bah ouais. Stown Industries est un des groupes les plus puissants d’Amérique, si pas du monde…ton père fait obligatoirement partie de ceux qui décident de tout dans cette ville et ce foutu monde…je sais pas si il a voté pour faire tomber Eots, mais je suis prêt à mettre ma main à couper qu’il était présent lors de la réunion qui a vu naître la décision de virer le boy scout… »
Chris était perdu…que disait ce journaliste ? Il était venu pour lui demander d’arrêter de salir Eots, mais là, ce qu’il apprenait…son…son père ?! Son propre père lui aurait fait cela ? Il aurait fait cela au héros de la ville, à l’idole de son fils ? Non…non…c’était impossible…jamais il n’aurait…encore que…
Le jeune homme ne connaissait presque pas son père, ils ne se parlaient jamais ou si peu…il ne connaissait pas sa musique favorite, ses films préférés, ses goûts, ce qu’il adorait, ce qu’il détestait…rien…comment dire si son géniteur était capable de cela ou non ?
L’adolescent se sentit alors très, très seul au monde quand Olsen se leva et le fit faire de même. Il lui ouvrit la porte.
« Je suis désolé, mais si je veux garder mon job, je dois continuer…j’espère que tout ce que je dis est faux et que les preuves qu’ont m’a montré ne sont pas vraies, mais pour l’instant j’en doute…allez, t’en fais pas, ça ira… »
Le journaliste le fit sortir et ferma son bureau à clef avant de fermer les yeux en s’asseyant sur son fauteuil, les pieds sur son bureau. Ce gamin lui avait un peu fait pitié, lui qui aimait tant son héros et connaissait si peu son propre père…sa vie ne devait pas être facile pour qu’il s’identifie tant à Eots, mais bon…il avait l’argent, le luxe et l’aisance…il manquait d’amour, mais plus tard il pourrait se le payer…Olsen s’endormit alors dans un profond sommeil réparateur.
Le soir même. Jimmy Olsen rentrait tranquillement du travail à pied, aucun taxi n’ayant le droit de circuler en ville. Il semblait y avoir des problèmes dans le quartier du cimetière, et le journaliste avait vu Eots s’y diriger, mais il n’avait pas envie d’aller enquêter…il avait déjà ses notes pour son article du lendemain, et ce soir-là, le reporter ne voulait que passer un peu de temps avec sa femme chérie…
Après avoir ouvert la porte de l’immeuble et être monté à pied l’étage le séparant de chez lui, Olsen eut de suite un mauvais pressentiment…quelque chose, un petit rien, dans l’air, dans l’atmosphère faisait qu’il sentait qu’il y avait un problème…que sa femme était en danger, qu’il y avait eu un souci…
Avec excitation, il ouvrit la porte et tomba alors sur une vision d’horreur qui allait hanter ses jours et ses nuits pour le reste de sa vie : là, juste devant la porte d’entrée, dans leur petite entrée, se trouvait…quelque chose…oui, quelque chose était suspendue par un mince fil de soie à la petite lampe au plafond que Lana avait mit tant de temps à installer…oui, là, juste à cet endroit…pendait…un doigt…un doigt humain…de femme…
Olsen s’approcha le plus rapidement possible et reconnut…reconnut l’index de sa femme, qu’il avait si souvent caressé, si souvent léché…si souvent, il l’avait sentit contre ses doigts, sa paume de la main…si souvent, il l’avait sentit contre son corps, son visage…sa présence était rassurante…et maintenant…maintenant il était froid…toute la chaleur de Lana, sa douceur…avait disparu de lui…il était froid comme…comme la mort…
Jimmy tomba à genoux, de longues et difficiles larmes descendant lentement sur ses joues tandis qu’il tenait entre ses deux mains le doigt coupé et froid…des spasmes de douleurs s’emparèrent de son corps tandis qu’il se balançait lentement, n’arrivant presque plus à respirer tant les pleurs étaient violents…
Soudain, alors qu’Olsen se demandait où était sa femme, si il allait encore trouver des objets morbides dans son petit appartement…soudain, le téléphone sonna…dring…dring…dring…dring…le bruit intense, dur, violent résonnait aux oreilles du journaliste effondré qui ne trouva pas la force de se lever, toujours effondré par sa découverte macabre…
Le répondeur se mit en marche et la voix de Lana se fit entendre, ce qui rendit encore plus fou de douleur Olsen qui faisait maintenant des baisers morbides au doigt tranché de sa femme, sombrant peu à peu dans une folie qui risquait de l’engloutir tout entier…
« Coucou à tous ! Ici l’appart’ des Olsen, mais soit nous ne sommes pas là, soit on s’envoie en l’air comme des fous ! Laissez un message, on vous rappellera quand on aura dormi !
- Olsen, on sait que tu es là. On sait ce que tu fais. Ta femme est encore en vie. Mais plus pour longtemps. Si tu veux la revoir vivante, calmes-toi dans tes articles. Fais ce qu’on te dit, mais ne fais pas le style Olsen. Car ta femme n’a plus que neuf doigts et on adore la voir nue, tu sais… »
Il y eut alors un claquement de langue avant que l’homme ne raccroche et que Jimmy Olsen ne s’arrête de se balancer et de pleurer, les yeux rivés sur le doigt mort de sa femme…et il ne bougera pas de toute la nuit et de tout le jour suivant, choqué à vie et conscient que sa femme souffrait par sa faute…