Histoire : Ben Wawe
Date de parution : Octobre 2005
Il faisait froid ce soir-là dans Washington tandis que Chris Stown attendait patiemment son domestique et chauffeur, Erwin, pour qu’il vienne le chercher à la sortie de son lycée. Il était en retard, et l’adolescent commençait à être impatienté…déjà que la journée avait été difficile, il ne lui fallait pas cela… Oui, se dit-il, la journée avait été difficile. Très difficile.
Le lycée de Chris n’avait pas été touché par l’étrange attaque qui avait balafrée une grande partie du centre de la capitale américaine, mais plusieurs de ses camarades avaient perdus des amis, des parents, ou tout simplement étaient tristes de ce qui était arrivé. Le jeune homme était de cette dernière catégorie.
Quelque chose…ou quelqu’un avait frappé la ville. Durement, violemment, avec rage et précision. Eots, bien sûr, était allé tenter d’arrêter cette chose. On l’avait vu voler en ville à une vitesse folle, franchir le mur du son et les possibilités humaines de façon à aller sauver encore une fois ceux qui avaient mis leurs destins dans les mains de ce surhomme qui avait été toujours là pour les protéger. Mais là…et bien, cela ne s’était pas passé comme d’habitude.
Eots était allé là-bas, avait tenté d’arrêter celui qui faisait cela, mais il n’était pas revenu…la chose ou l’homme avait été vaincu, ou du moins il était partit et la destruction s’était arrêtée, mais Eots avait semble-t-il disparu lors de ce combat…ou pire, encore. Peut-être était-il m…peut-être n’avait-il pu vaincre et avait-il sacrifié sa v…mais Chris ne pouvait aller au-delà de ses pensées. C’était trop dur pour lui. Trop blessant, trop violent émotionnellement.
Bien sûr, l’adolescent n’était plus aussi fan et fou de son héros, mais au fond de lui il avait toujours foi dans le protecteur de la ville, il avait toujours espoir qu’il vienne et arrange tout, pour que tout redevienne comme avant…mais…mais si il ne revenait pas, et bien sa réputation serait à jamais entachée, et on le verrait toujours comme les medias le montrent aujourd’hui…mais…mais peut-être, pensa-t-il, peut-être que Eots avait profité de cette situation pour faire croire à sa mort…
Tandis que la nuit tombait peu à peu devant le lycée et que Chris attendait, assit sur les marches, le jeune homme se demandait si il n’avait pas trouvé la réponse à ses questions. Eots était peut-être fatigué de tout ce qu’on disait sur lui dans les journaux, peut-être en avait-il assez d’être traité ainsi après tout ce qu’il avait fait pour la ville…peut-être avait-il alors décidé de ne plus revenir, pour ne plus être embêté et pour donner une leçon à ses concitoyens…ou alors…
Ou alors tout ce qu’on disait sur lui était vrai. Ou alors Olsen avait vu juste, et Eots était bien un menteur, un manipulateur qui voulait quelque chose et qui usait de ses pouvoirs pour satisfaire la population de manière à la frapper alors qu’elle était en pleine confiance. Et, voyant qu’on l’avait découvert, il a décidé de se supprimer pour ne pas risquer d’être arrêté.
C’était la réponse la plus logique, pensa l’adolescent…mais aussi, la pire pour lui…
Soudain, une voiture noire descendit lentement l’allée qui menait au lycée. Grande, longue et impressionnante, dans la nuit il était facile de prendre ce véhicule pour celui conduit en général par Erwin : après tout, tous les chats ne sont-ils pas noirs dans la nuit ? Cela devait être pareil pour les automobiles…
Chris se leva et sourit alors, croyant toujours à tord que cela était Erwin. Quand la voiture s’arrêta, trois hommes grands et forts en sortirent pour se diriger rapidement vers l’adolescent. Celui-ci comprit de suite que quelque chose n’allait pas et qu’on lui en voulait. Il voulut fuir, courir, mais il fut prit de vitesse par les trois mastodontes qui lui donnèrent quelques claques si fortes que le jeune Stown en tomba dans l’inconscience la plus totale tandis que ses agresseurs le mettaient sans ménagement dans le coffre arrière de leur voiture, avant de filer dans la nuit noire avant qu’Erwin n’arrive, quelques instants après, énervé par les embouteillages qui ont fais son retard…
Une salle de réunion perdue au sommet d’une tour anonyme de Washington.
Une douzaine d’hommes sont réunis autour d’une table ovale.
Un siège est manquant.
L’un des leurs les a quittés. L’un des leurs les a trahis. L’un des leurs a décidé qu’il n’avait plus rien à faire avec eux, et malgré tout ce qu’il a fait pour et avec eux, il a décidé de ne plus être de leur groupuscule. Pour raisons familiales, ont dis leurs informateurs.
Bien, avait dit celui qui dirigeait la réunion d’alors, faisons en sorte que ces raisons soient supprimées. Faisons en sorte qu’il nous revienne à jamais.
Tous avaient acceptés, tous avaient acquiescés. Tous savaient que Chris Stown devait disparaître pour que son père revienne avec eux : ils ne pouvaient se passer de l’affaire de Stown et de son intelligence.
Si seulement ils avaient su l’erreur qu’ils faisaient…si seulement ils connaissaient les connaissances de leurs actes, jamais ils n’auraient fais cela…jamais…
La douleur et le goût du sang réveillèrent en premier Chris. Il n’avait pas vraiment l’habitude de se faire tabasser, ni de se faire enlever, donc le jeune homme commença légèrement à être inquiet et à stresser tandis que ses yeux lui faisaient un mal de chien à voir clairement où il se trouvait…déjà que l’effort pour lever ses paupières avait été intense, l’adolescent semblait avoir maintenant un corps détruit, en miettes, comme si chaque os était brisé et chaque muscle prit de crampes…
« Ah, monsieur Stown Junior…vous êtes réveillé ? »
Une voix grésillante vient agresser ses oreilles tandis que le jeune homme sentait qu’il ne pouvait bouger et que ses bras étaient en croix : apparemment, soit on voulait le crucifier, soit on voulait le torturer…aucune des deux versions ne lui plaisait vraiment, en fait…
« Je suis certain que la situation dans laquelle vous êtes vous semble floue et étrange, n’est-ce pas ? Cela est normal…vous n’êtes point habitué à être enlevé et séquestré, voila tout ! C’est une simple habitude à prendre, vous savez. L’on se fait à tout, paraît-il… »
Chris se demandait qui était celui à qui appartenait cette voix si dérangeante, et pourquoi il lui parlait ainsi…vu son vocabulaire, il semblait être quelqu’un d’intelligent et de potentiellement charmant…mais en général, c’étaient les pires ennemis et les pires sadiques dans les films, ce qui étaient ainsi…
« Vous devez sûrement vous demander qui je suis et pourquoi j’ai demandé à mes employés de vous faire venir ici, n’est-ce pas ? Je suis d’ailleurs désolé de la manière dont votre arrivée ici s’est déroulée, mais nous pensions bien que vous n’alliez point accepté aussi facilement une telle invitation…me suis-je trompé ?
- Euh…non, pas vraiment…
- Je m’en doutais. Mais passons. Je manque à tous mes devoirs, laissez-moi me présenter : Rudy Jones, pour vous servir. J’ajouterais que je suis enchanté d’enfin vous rencontrer.
- Mais…mais qu’est-ce que vous me voulez ? »
Chris se sentait peu à peu revenir à la conscience, et même ses douleurs, hormis celles du visage où il avait été frappé, partaient peu à peu. Même sa vue revenait lentement, et il pouvait discerner une immense ombre devant lui : certainement son interlocuteur…
« Ce que je vous veux ? Cela est simple. Je dois te tuer. Je dois faire en sorte que tu disparaisses de la surface de la Terre, et à jamais. J’ai tout loisir pour la façon dont je dois te supprimer, d’ailleurs.
- Mais…mais pourquoi ? Qu’est-ce que je vous ai fais ?
- A moi ? Rien du tout. Apparemment, tu gênes mes employeurs dont je ne connais même pas le nom…mais passons. Je dois te tuer. J’arrête le vouvoiement, cela sera plus simple pour ton trépas.
- Mais…arrêtez ! Mon père est riche ! Il pourra vous payer ! Pitié ! Vous aurez tout ce que vous voulez ! »
Chris avait peur, extrêmement peur. Tout adolescent se croit immortel et invincible, il se croit aussi capable du plus grand courage, de l’acte de sacrifice le plus grand dès qu’il en aurait besoin. Cela est dû à l’influence de tous les films Hollywoodiens, et cela favorise le fait que beaucoup deviennent des trompes la mort dont la durée de vie est très courte. Mais le jeune Stown, qui s’était toujours dit qu’il accueillerait la mort en homme si elle devait venir à lui, fit alors une affreuse découverte : comme tout homme sur Terre, tout homme normal, il avait peur face à la mort et voulait la fuir…
« De l’argent ? »
Le jeune homme voyait normalement maintenant, il pu discerner un sourire sur le visage de son possible futur assassin. Assez grand, doté d’une musculature travaillée mais trop impressionnante, l’homme semblait banal même si ses petites lunettes rondes et noires donnaient un air étrange à son visage un peu mince et sans graisse.
« Je n’ai aucunement besoin d’argent, Christopher. Je n’ai besoin que du pouvoir, et du contrôle de celui-ci. C’est ce que mes employeurs m’ont donné si je réussis à te tuer, et à accomplir l’autre mission. Et je ne dois point échouer. »
Rudy Jones s’approcha alors du visage de Chris. Celui-ci remarqua alors que l’homme devant lui portait deux gants noirs, et approchait ses grandes mains de sa gorge. Le jeune homme voulut crier, voulut hurler, appeler à l’aide, mais aucun son ne sortait de sa bouche, la peur le bloquait et précédait la mort violente et inéluctable qui se profilait lentement au fil des secondes et des centimètres que franchissaient lentement les doigts de l’assassin.
Soudain, alors que Jones allait poser ses doigts sur la gorge de Chris et commencer à l’étrangler, une explosion horrible et brutale vint détruire le plafond de la petite salle grise et sombre qu’ils occupaient. Souriant tandis que la poussière des gravats voletait lentement partout autour d’eux, l’assassin lâcha l’adolescent pour se tourner vers l’éboulement, d’où quelque chose semblait sortir.
« Ah…enfin. Je pensais que vous ne viendriez plus.
- Lâche-le. »
La voix était dure et violente tandis qu’une forme humaine sortait lentement des gravats et que la poussière et des morceaux de bétons tombaient doucement de ses épaules à mesure qu’il se relevait. Etrangement, Chris semblait connaître cette voix…
« Le lâcher ? Mais cela est prévu, Monsieur. Mais pour cela, il vous faudra m’arrêter.
- Cela ne sera pas un problème.
- Oh ! je me doute que vous pensez ce que vous dites…mais je vais vous donner plus de fil à retordre que vous ne le pensez… »
Jones sourit alors en faisant tomber le long manteau noir qu’il portait. Il était prêt à se battre, et Chris se vint à se demander ce qu’il cachait derrière cette assurance. L’assassin semblait être sûr de vaincre…mais pourquoi ? Etait-il donc fou ? Personne ne pouvait vaincre son ennemi…personne ne pouvait vaincre Eots, celui qui était venu sauver le jeune Stown et qui se trouvait dans une rage folle et étrange !