Auteur : Ben Wawe
Date de parution : Juillet 2007
Résumé : Barry Allen est Flash, l'homme le plus rapide du monde et héros de Los Angeles. Sauveur de plusieurs personnes, il est désormais une icône, aidé par Hartley Rathaway, jeune homme fondu d'Internet ayant dédié un site à Barry et le seul à connaître son identité secrète.
Le jeune homme jongle donc entre sa vie privée difficile à cause de la mort de son père et sa carrière de super-héros, ponctuée parfois de grandes douleurs étranges dues à son pouvoir. Aujourd'hui, Barry affronte le Zodiaque, une organisation criminelle ayant prit en otage l'US Bank Tower. Mais alors que Flash fonçait dans l'immeuble après avoir parlé au commissaire Garrick, celui-ci a explosé, et on est toujours sans nouvelles du héros...
« Mon dieu… »
Hartley Rathaway n’en croyait pas ses yeux.
Depuis deux heures maintenant, la télévision de Los Angeles passait en boucle les images de l’explosion de l’US Bank Tower, qui avait été faite par des terroristes qui se disaient être le Zodiaque. Si tout le monde avait commencé à plaisanter en apprenant comment ces dingues s’appelaient, l’humour n’était plus de mise, maintenant. Des hommes et des femmes innocents avaient été tués par ces cinglés qui n’avaient même pas laissés à la police le temps de faire quelque chose, et certaines rumeurs sur Internet commençaient à apparaître…et à dire que le Zodiaque n’était pas mort, que ce n’était que le début.
Il avait peur, réellement. Des terroristes avaient réussis à entrer sur le territoire, dans leur ville, et ils étaient parvenus à détruire un des fleurons de Los Angeles. L’US Bank Tower n’existait plus, désormais, et en dehors des retombées violentes sur l’économie et le pays en lui-même, d’autres choses l’inquiétaient. D’autres choses lui faisaient vraiment peur. D’autres choses plus proches de son quotidien, et surtout plus proches de lui…comme Barry, par exemple.
Evidemment, Hartley craignait pour sa sécurité, mais il savait que cette peur n’était pas vraiment fondée : il était dans un quartier relativement calme, et à moins d’attaque atomique, il n’y avait pas de raison pour qu’il s’inquiète réellement pour sa vie. Il avait d’ailleurs choisit cet endroit pour ça…ou plutôt, il avait choisit de rester dans cet endroit pour ça. Pour la tranquillité, la stabilité, la sécurité…mais aussi parce qu’il n’avait aucune envie de faire l’effort de déménager. Son côté fainéant était assez fort pour ça, et il aimait bien se trouver certaines excuses pour ne pas trop culpabiliser face à ça.
Donc non, ce n’était pas vraiment pour lui qu’il avait peur. Il avait peur pour Barry, en fait. Pour son ami Barry, qui était certainement mort à l’heure actuelle.
Barry Allen. Flash, maintenant.
Grâce à lui, cet adolescent timide et certainement mal dans sa peau à cause d’un vieux complexe que Rathaway n’avait pas encore trouvé était devenu le nouveau héros officiel de Los Angeles. La cité n’avait jamais eue, pour l’instant, de vrais justiciers, et même si certaines rumeurs avaient courues sur un pseudo homme volant, il n’avait pas fait long feu. Barry était donc le principal et le premier même justicier agissant dans la ville, et il avait aidé à sa création. Il avait apporté sa petite patte dans les idées du jeune homme. Et maintenant…et maintenant, il était mort. Ou pas loin.
« Pff… »
Il se passa lentement la main dans ses longs cheveux roux. Il n’avait plus envie de rien. Hartley avait toujours su, au fond, que sa vie était nulle. Même si il avait réussi à se créer une pseudo existence sur le Web et de pseudos excuses à son comportement…au fond de lui, il savait que tout ça était faux, et qu’il était un loser. Oui. Un vrai loser.
Oh, bien sûr, il savait qu’il n’était pas le pire.
Même si il était bien le gros geek bien cliché, avec ses collections de figurines, ses connaissances pointues sur des univers de fiction et une certaine lâcheté face au monde extérieur, il n’aimait pas ça. Il n’aimait pas cette existence, mais il ne faisait rien pour la changer. Rathaway se sentait trop bien dans ce petit monde confectionné durant son adolescence difficile, et il n’avait pas envie d’en changer…même si il savait qu’il vivrait mieux ainsi. Il n’avait pas envie de tenter, en fait. Mais surtout…il avait peur. Il avait terriblement peur de changer, oui.
« Quelle horreur… »
Les images continuaient de tourner devant lui alors qu’il se rendait compte de l’importance de Barry Allen dans sa vie. Oui, il avait peur de changer. Oui, il était terrifié à l’idée de transformer son existence et son quotidien. Mais…mais il s’était quand même forcé. Il avait essayé. Quand cet adolescent était venu le voir, quand il s’était rendu compte que le site qu’il avait créé pour lui n’était pas une de ses nouvelles conneries…Hartley s’était sentit bien. Pour une des rares fois de sa vie, il s’était sentit bien. Et il avait aimé ça.
Avec Barry, il n’était pas un nul.
Avec Barry, il était le conseiller du super héros de Los Angeles, et ça lui faisait du bien. Même si ils ne se connaissaient que depuis quelques jours à peine, Rathaway avait espéré qu’ils puissent devenir amis et le rester longtemps. Il avait pensé que le jeune homme pourrait le prendre comme assistant ou quelque chose du genre, ou du moins qu’il le laisse l’aider encore après ces quelques semaines où Flash devenait réel et plus seulement une légende urbaine.
Oui. Il avait vraiment espéré ça, et il avait sentit que ça pouvait être possible. Il avait sentit que Allen était quelqu’un qui le laisserait faire ça…quelqu’un qui changerait sa vie en le faisant sortir de sa coquille, en le faisant devenir quelqu’un dans le monde extérieur, et plus seulement sur des forums.
Mais c’était fini, malheureusement. Ses rêves s’envolaient alors que la cassette de l’explosion tournait en boucle, et que son cœur se déchirait en pensant que le justicier de la ville était mort…et qu’un ami l’était aussi.
« …avons une nouvelle de la plus grande importance sur la prise d’otage du Zodiaque, et la destruction de l’US Bank Tower. »
Il releva les yeux vers son écran de télévision. La présentatrice habituelle de la chaîne se penchait en avant pour mieux voir le prompteur, plaçant en plus « par hasard » son décolleté plus près de la caméra pour que les téléspectateurs puissent bien l’observer. Hartley secoua la tête en voyant ça. D’ordinaire, il aurait apprécié le spectacle, mais ça, cette basse manœuvre pour se faire apprécier par ceux qui la regardaient…il trouvait ça minable. Oui. Là, maintenant, il trouvait ça minable, et il avait envie de shooter dans l’écran pour ne plus voir cette face de siliconée alors qu’il était endeuillé.
« Nous avons pu accéder aux bases de données des locaux des agents de sécurité de l’US Bank Tower, placés en sous-sol et non touchés, apparemment, par l’explosion et la destruction du site. Depuis quelques heures que la catastrophe s’est produite, nos collègues tentent d’en apprendre plus sur cette tragédie, et leurs efforts semblent avoir portés leurs fruits. »
Rathaway s’approcha de sa télévision. Sa curiosité était exacerbée, surtout que si il pouvait voir une dernière fois Barry en action…qui sait, ça lui ferait peut-être du bien. Et ça lui permettrait aussi de lui offrir l’hommage qu’il méritait sur Internet…Même si ça n’était pas grand-chose, au moins pourrait-il faire ça…Un dernier hommage…
« En effet, nos collaborateurs viennent de parvenir à entrer en possession des enregistrements récents. La qualité n’est certes pas excellente, mais au moins pouvons-nous désormais savoir ce qu’il s’est passé… »
Il secoua la tête en entendant ça. Les hackers de la chaîne avaient dû utilisés toute leur science et tout leur art pour essayer de casser les codes des systèmes de sécurité de l’US Bank Tower, et qu’est-ce que leurs patrons faisaient, maintenant qu’ils y étaient parvenus ? Donnaient-ils ça aux flics pour faire avancer l’enquête ? Est-ce qu’ils essayaient d’aider la police, même si ça ne l’avancerait pas beaucoup ?
Nan, évidemment.
Ces enfoirés passaient la bande, se fichant complètement de ce qu’elle pouvait contenir, voulant juste être les premiers à balancer ces images morbides, et donc à recevoir un joli chèque pour toutes les reprises. Conneries. Ils allaient avoir des procès, mais ils s’en foutaient. Ils allaient gagner énormément de fric, et ils se fichaient totalement des retombées que ça pourrait avoir.
Enfoirés. Connards. Rathaway n’avait pas d’insultes assez fortes dans son esprit pour dire ce qu’il se passait de ces chiens…de ces salauds de capitalistes de merde…
« Et voila donc les premières images en exclusivité de ce drame. »
Hartley soupira alors.
Il y eut quelques secondes de flottement à l’antenne, avant qu’une image en noir et blanc n’apparaisse. On y voyait l’intérieur de l’US Bank Tower, où plusieurs personnes, quelques dizaines sûrement, étaient entassées. Ces gens étaient entourés d’hommes étranges, couverts des pieds à la tête de sortes d’armures spéciales, avec des armes bizarres. Sûrement du kevlar, pensa-t-il alors que lui-même se penchait en avant pour mieux voir ce qu’il se passait…ou plutôt, ce qu’il s’était passé.
Evidemment, la cassette de sécurité, ou plutôt le film volé sur le circuit interne de l’US Bank Tower qui devait être sous terre pour continuer à émettre vu son piratage, n’avait pas de son, mais il savait déjà ce qui était dit à l’écran. Menaces, injures, insultes, demandes de pitié…la routine, malheureusement. Les employés de l’immeuble semblaient être paniqués, et il y avait de quoi. Une demi douzaine de types armés et apparemment prêts à tout avaient été autour d’eux, et les menaçaient de tout faire sauter.
Et ils l’avaient faits. Ces enfoirés l’avaient faits. Il soupira lourdement en pensant que ça s’était passé…qu’il n’y avait aucun foutu suspense dans ce qu’il voyait…
Mais soudain, alors que la tension semblait monter crescendo, quelque chose apparut sur l’écran. Et Rathaway le reconnut immédiatement. Un petit sourire triste fut formé sur son visage tandis qu’une traînée sombre, qu’il devinait rouge, passait sur les images en noir et blanc de son écran de télévision.
Flash. C’était Flash qui venait d’apparaître.
Il savait que Barry avait réussit à s’introduire dans le bâtiment, et c’était bien pour ça qu’il le pensait mort. Mais là…là, il le voyait. Il le voyait dans son poste de télévision, attaquant les types qui avaient prit en otage des innocents, et qui avaient menacés de tous les tuer pour une cause plus ou moins inconnue.
Oui. Il le voyait. Et contrairement à ce qu’il avait pensé…ça ne lui faisait pas du bien. C’était le contraire, même.
« Pff… »
Hartley ne pouvait voir ça.
Il éteignit le poste, ne se sentant pas bien. Il avait mal, vraiment. Voir son ami, celui qu’il considérait à juste titre comme un héros, en train de se battre et savoir qu’il allait mourir…il ne le supportait pas. Il sentait son cœur lui tambouriner la poitrine, et il savait que ça serait encore pire si il assistait à l’explosion. Si il voyait l’écran de sa télévision montrer une image blanche suite à la mort de Flash et des victimes innocentes de ces enfoirés du Zodiaque. Non. Il ne le supporterait pas. Et il ne voulait pas le supporter.
« Monde de merde… »
Il se leva et regarda alors par la fenêtre. Il n’allait pas bien, et il savait que ça allait empirer. Barry était mort. Des innocents étaient morts, et la ville allait tomber dans le chaos à cause de ça. Tout le pays allait la suivre, d’ailleurs. Flash aurait pu arranger les choses, mais…il était mort. Atomisé par une explosion de tarés qui se faisaient appeler le Zodiaque.
« Barry… »
Il soupira lourdement en collant son front contre la vitre. Son cœur continuait de battre extrêmement fort alors que l’émotion venait à ses yeux, et que ses oreilles lui faisaient encore mal suite au choc qu’il avait subit quand Allen était allé trop vite lorsqu’il avait tenté de mesurer sa vitesse. Le souvenir de cet incident le fit sourire, mais cela disparut rapidement quand il se rendit compte que c’était fini…que plus jamais il ne subirait ça…que plus jamais il ne profiterait de ça… »
« Barry… »
Rathaway ferma alors les yeux tandis que des larmes commençaient à couler sur ses joues. Il en avait assez. Il en avait assez de tout ça. Sa vie était nulle. Sa vie était sans intérêt. Seul cet adolescent avait réussit à lui redonner un peu de tonus et de vigueur, de motivation pour son existence, mais c’était fini maintenant.
Tout était fini. Et les larmes qui coulaient sur son visage montraient bien sa peine, son désespoir et surtout sa douleur face à ça…
« Quelle horreur.
- Oui. Et le pire est à venir. »
Stan et Jake observaient, eux aussi, leur écran de télévision. Dans leur chambre d’hôtel peu impressionnante, voir minable, ceux qui avaient été envoyés pour essayer de savoir qui pouvait dépasser faire exploser les appareils contrôlant le niveau sismique du continent et spécialement de la Côte Ouest étaient dépités.
Ils n’appréciaient pas ce qu’ils devaient faire, et surtout, ils n’avaient pas de résultats. Même si ils étaient sûrs que l’être qu’ils recherchaient était ce surhomme, ce Flash, ils ne pouvaient plus rien faire maintenant. Tout était fini, pour eux aussi. Tout était fini avant même d’avoir commencé, et ils avaient le cœur lourd. Très lourd, même.
« Comment ça ? »
Jake ouvrit sa bière et en but une grande gorgée avant de se tourner vers son ami. Il était fatigué par toutes les heures passées dans leur voiture à chercher un type qui courrait plus vite que n’importe qui, et ça se voyait. Tous deux avaient besoin de repos, avaient besoin de retrouver leurs familles, et ils allaient peut-être y avoir droit, maintenant. Mais ce n’était pas pour ça que leur moral remontait…c’était même tout le contraire, d’ailleurs.
« Déjà, on est dans la merde. »
Il soupira lourdement en ayant le regard posté sur la fenêtre de la chambre qu’ils partageaient depuis le début de leur mission. Il n’aimait vraiment pas cet endroit…il s’y sentait trop enfermé. Le scientifique se leva donc pour ouvrir la fenêtre, espérant avoir un peu d’air et surtout avoir un peu de fraîcheur sur lui…il en avait terriblement besoin, à ce moment-là, même si il ne savait pas pourquoi.
« Parce qu’on a perdu notre sujet ?
- Ouais. »
Jake s’assit sur le rebord de la fenêtre avant de se tourner vers son ami. Celui-ci ouvrit aussi une cannette de bière, attendant quelque peu pour boire, tandis que son collègue reprenait la parole.
« Les patrons vont pas aimer.
- C’est pas de notre faute.
- Ils en auront rien à foutre. Et tu le sais.
- On est pas des détectives privés.
- Ni des flics.
- Bah voila ! Qu’ils fassent pas chier alors ! »
Il sourit légèrement à sa remarque, avant de finir sa cannette en une seule gorgée. Il n’avait porté ses lèvres que deux fois à l’ouverture de l’objet qui avait contenu de l’alcool, et ça lui avait suffit pour la terminer. En général, ça voulait dire que le savant était soit de mauvaise humeur, soit triste. Et là, c’était les deux, ce qui n’augurait rien de bon pour le stock de bières dans leur petit réfrigérateur.
« Tu sais bien qu’ils vont quand même nous mettre des bâtons dans les roues.
- Ouais…mais c’est pas notre boulot, merde !
- Je sais. Mais ils nous ont quand même donnés cette putain de mission.
- Y en a marre, Jake. J’ai pas passé mes diplômes pour ça.
- Je sais. Mais les patrons s’en foutent.
- Mais on est des scientifiques, bordel ! »
En général, c’était Jake qui se plaignait et Stan qui réussissait à le calmer, à lui montrer qu’il ne fallait pas se laisser aller comme ça. Mais ce soir-là, c’était le second qui n’avait pas envie d’être paisible…c’était lui qui avait envie de déverser son fiel sur leurs employeurs et leurs ordres stupides.
D’un geste rageur, il but un tiers de sa bière, soupirant lourdement après ça…ça avait été vraiment une journée de merde, pensa-t-il en se grattant lentement la tête.
Ils avaient encore passés plus de dix heures à essayer de trouver ce Flash, à essayer de comprendre qui il était et comment il pouvait agir ainsi, et ils avaient encore faits chou blanc. Bien sûr, les deux scientifiques avaient rapidement compris que ce type voulait être un héros et essayait d’aider les gens…mais à quoi ça les avançait ? Ils ne pouvaient pas prévoir où et quand de nouvelles menaces apparaîtraient, et ils n’étaient pas assez bien payés et surtout pas assez tarés pour mettre eux-mêmes des gens en danger, uniquement pour avoir le « droit » de ramener ce mec à leurs patrons.
D’ailleurs, au fond, ils n’avaient pas vraiment envie de réussir.
Aucun ne comprenait pourquoi leurs employeurs voulaient tant retrouver celui qui pouvait mettre en folie leurs instruments, et même si eux-mêmes s’étaient demandés ce qu’il s’était passé à ce moment-là, au fond…ça ne les regardait pas. Ils étaient des savants sismiques, chargés de l’analyse de la Côte Ouest, et rien d’autre. Et leurs patrons n’ont plus n’avaient normalement pas d’autres responsabilités.
Alors pourquoi étaient-ils tant intéressés par cet apparent surhomme ? Pourquoi les forcer à essayer de le retrouver dans Los Angeles ? Pourquoi tout ça, finalement ?
Stan et Jake n’en savaient rien, et ils n’aimaient pas ça. C’était donc pour ça qu’ils ne se donnaient pas tant de mal que ça, et qu’ils n’avaient pas été pressés de ramener ce dénommé Flash à leurs patrons.
« Mais de toutes façons, c’est fini maintenant…
- Ouais. »
Les deux amis se tournèrent l’un vers l’autre et soupirèrent en cœur. Ils avaient le cœur lourd. Même si ils ne connaissaient pas ce Flash, même si ils ne l’avaient jamais vus et qu’ils avaient passés leur temps à essayer de l’attraper…ça leur faisait mal de savoir que le seul héros de la ville était mort. Ca leur faisait mal de savoir que le seul type apparemment vrai bien de Los Angeles avait perdu la vie à cause d’enfoirés de terroristes. Ca leur faisait vraiment mal, oui. Et même si ils refuseraient de l’avouer…ils auraient bien eues envie de verser quelques larmes sur cet acte d’héroïsme désespéré qu’avait fait celui qui était décédé, maintenant.
« …interrompons nos programmes pour un flash spécial et de la plus haute importance. »
Les deux scientifiques braquèrent en même temps leurs regards sur le poste de télévision, leurs cannettes toujours dans la main. Qu’est-ce qu’il se passait encore ? Qu’est-ce qui pouvait encore être de la haute importance aujourd’hui, après tout ce qu’il s’était passé et les horreurs produites dans l’après midi ?
« Un bulletin d’information vient de nous être délivré par Internet, et après vérifications auprès de la police, nous pouvons affirmer qu’il est certifié…qu’il est réel, que ce n’est pas un faux. »
Jake et Stan froncèrent les sourcils. Le présentateur ne semblait pas assuré, il ne semblait pas sûr de lui, et ce n’était pas normal. Tous deux savaient que ce genre d’événements était l’occasion rêvée pour des journalistes comme ça de gravir les échelons en se présentant bien et en étant professionnels, et ce n’était donc pas normal qu’un type comme ça se laisse aller…qu’un type comme ça ne soit pas maître de lui, finalement.
Ca sentait mauvais, en fait. Ca sentait très mauvais, et tous deux dressèrent encore plus l’oreille, étant à la fois impatients de savoir ce qui mettait ce journaliste dans cet état, mais pressentant aussi que le pire était à venir, malheureusement.
« Le Zodiaque, l’organisation terroriste qui a fait exploser l’US Bank Tower cet après midi et qui a causé la disparition de plusieurs dizaines d’innocents et du justicier Flash…le Zodiaque, donc, vient de nous envoyer un message. Une menace. »
Les deux savants déglutirent en même temps. J’avais bien senti que ça avait l’air mauvais, pensa Stan alors qu’il serrait dans sa main sa cannette de bière pleine aux deux tiers, tandis que le présentateur à l’écran n’arrivait pas à masquer son trouble, sa peur…mais aussi sa colère, étrangement.
« Le Zodiaque nous prévient que si nous ne diffusons pas leurs images, ils feront exploser nos locaux. Avec nos collègues à l’intérieur, évidemment. »
Jake sentit ses poings se serrer par réflexe alors que son cœur battait la chamade dans sa poitrine. La rage prenait lentement possession de son corps tandis que le journaliste à l’écran parlait d’une voix franche et claire. Ca se voyait qu’il ne lisait pas un prompteur, et ça faisait assez plaisir aux deux scientifiques de voir un type parler ainsi à la face de milliers de téléspectateurs avec une telle franchise…et avec un tel courage, aussi, vu ce qu’il était en train de dire.
« Mais nous n’allons pas faire ça…nous n’allons pas céder. Je sais que le Zodiaque est en train de nous regarder, mais nous n’allons pas suivre vos directives, messieurs. Mes collègues sont en train d’être évacués, et vous n’arriverez sûrement pas à tous nous tuer. En tout cas, vous ne les tuerez pas eux. »
Il déposa la feuille blanche qu’il tenait dans ses mains jusque là, avant de fixer l’écran avec un regard noir et déterminé. Stan et Jake frissonnèrent en voyant une telle motivation. Il croyait vraiment à ce qu’il disait, pensèrent-ils en cœur…il y croyait vraiment.
« Je ne vais pas partir, moi. Je suis journaliste, et je n’obéirais pas à des assassins. Pas après avoir vu ce que vous avez faits à des innocents. Je ne partirais pas, moi. »
Il serra les deux mains sur son bureau, tandis que les deux scientifiques s’étaient levés d’un bond. Le courage de ce journaliste était impressionnant, et même si il allait certainement mourir…ils étaient fiers de lui. Ils étaient fiers d’avoir vus un tel type, d’avoir été dans la même ville que lui. Evidemment, ils espéraient tous deux qu’il s’en sortirait, mais…mais ce type avait des couilles. Il bravait, il défiait des terroristes, et il le faisait en direct. Il n’avait pas peur. Et c’était impressionnant.
« Je suis Victor Sage, et je ne partirais pas. »
Soudain, juste après avoir dit ces mots, l’image du journaliste disparut. Jake alla de suite vérifier si ce n’était pas un souci de télévision, mais non…leur poste n’avait rien. C’était la source qui avait un souci. C’était la source qui venait de cesser d’émettre…
« Mon dieu…tu crois qu’il est… ?
- Nan. »
La réponse de Stan avait claquée dans l’air comme un fouet. Son ami releva des yeux surpris vers lui, peu habitué à tant de fermeté et de violence, même si il connaissait ses coups de sang. Là, le savant avait été extrêmement froid et extrêmement dur…et ce n’était vraiment pas normal.
« On aurait entendu l’explosion. Les locaux sont dans Los Angeles, on aurait entendu l’explosion. Il a pas explosé.
- C’est quoi alors ?
- Je pense que c’est le Zodiaque.
- Le Zodiaque ?
- Ouais. Je pense qu’il est allé là-bas. »
Jake se décala quelque peu de la télévision à ce moment-là.
« Là-bas ?
- Ouais. Ils ont dû voir ça comme un défi, et ils doivent vouloir montrer qu’ils n’aiment pas ça.
- Tu crois qu’ils vont faire quoi ?
- Je pense qu’ils vont donner une leçon à ce Sage.
- Merde…la police sera jamais là à temps. »
Soudain, encore une fois dans cette soirée un peu folle, quelque chose se produisit. Un bruit sourd, violent, dur mais aussi terriblement familier arriva aux oreilles des deux scientifiques. Un énorme BANG claqua dans l’air, et tous deux se regardèrent exactement à ce moment-là. Ils savaient ce que ça voulait dire. Ils savaient ce que c’était…et ils n’arrivaient pas à y croire.
Ce BANG était le même que celui que faisait leur sujet quand il passait la limite du mur du son. Ce BANG était celui qui parvenait aux oreilles de ceux qui étaient là quand la merveille de Los Angeles faisait son apparition. Ce BANG était un symbole d’espoir et de justice, oui. Mais ce BANG ne devait plus jamais être entendu, normalement…Ce BANG devait être mort, en toute logique…
« Mais…Mais qu’est-ce que c’est…
- Qu’est-ce que c’est ? »
Stan sourit légèrement avant de finir sa bière en une gorgée, et de reprendre la parole d’une voix enjouée.
« C’est le deuxième round, mon vieux. C’est le deuxième round. Et crois-moi que cette fois, notre petit pote ne va pas laisser ces enfoirés s’en tirer comme ça… »