Auteur : Zauriel
Date de parution :
Il y a longtemps. Enfin, il faut dire qu’à cette époque, le temps était encore lui même très incertain. La terre venait d’être crée, et déjà, dans les armées célestes, certains, comme Lucifer, contestaient le fait que les humains, ces créatures mortelles et fragiles, fussent les préférés du Créateur. Le mal, en tant qu’entité, n’allait pas tarder à faire son apparition dans l’Histoire Universelle. Lucifer avait acquis la connaissance de toutes choses. Il était de loin l’ange préféré de Dieu, son chouchou. Mais la connaissance avait fait germer en lui l’ambition. Il avait levé une armée d’anges renégats, parmi lesquels on trouvait Satan, Belzébuth, Baal, Méphistophélès, et bien d’autres grands seigneurs du mal. Mais dans cette liste d’anges déchus, on en oublia un, et pas des moindres. On oublia l’histoire de Zarathos. Avant d’être enrôlé dans cette funeste rébellion, Zarathos était un ange qui, comme Lucifer, se posait beaucoup de question quant à l’omnipotence de Dieu. Mais contrairement à l’Etoile du Matin, il préférait en débattre calmement avec son plus grand ami, Anadriel. Bien malgré lui, Zarathos se retrouva dans le camp des forces du mal, et se vit devenir un boucher de feu, détruisant nombres d’anges qui avaient été ses amis. Mais il était tombé. Il avait juré allégeance aux démons. Mais c’en fut trop quand il vit Anadriel tomber. Il se rangea, au dernier moment de la bataille, du côté céleste. Il en fut applaudi, mais cette rédemption fut trop tardive. Les portes du Paradis lui étaient désormais fermées. Il descendit par dépit aux Enfers, mais sa trahison ne fut pas acceptée non plus par les Démons. Alors, il décida de tenir compagnie aux hommes, et durant des millénaires, se nourrissant de cette humanité belliqueuse et haineuse, il cherche à défaire, à lui tout seul, les forces qui influencent l’avenir de l’Homme, qu’elles soient du Ciel, ou bien des Enfers.
“ Johnny, Johnny attends moi!”
Qu’est ce qu’elle avait à le suivre tout le temps ? On dirait un petit chien. Elle ne le lâchait jamais. Merde, ça faisait combien de temps qu’ils n’étaient plus ensemble ? Presque un an. Elle avait pas compris qu’il voulait plus d’elle ? Qu’il valait mieux qu’elle ? La fille courrait derrière lui. Johnny en eut assez. Il se retourna violemment.
« Qu’est ce qu’il y a, Rachel ? »
La jeune fille ne tenait pas en place. Elle dégagea une mèche qui tombait sur son front plusieurs fois, sautait d’un pied sur l’autre. Elle souriait et paraissait toute excitée.
« Johnny, il y a mon cousin qui joue ce soir avec mes amis, tu veux venir ? »
Combien de fois lui avait-il répété ? Combien de fois avait-il gentiment refusé ses invitations, persuadé qu’elle comprendrait, persuadé qu’elle finirait par comprendre ? Il ne comptait plus. Mais elle était tellement gentille, tellement innocente. Comment voulait-il lui dire ? Elle allait avoir mal, mais la seule solution était de frapper fort et vite, comme l’éclair.
« Ecoute, Rachel, je ne crois pas que ce soit possible ce soir.
C’est pas grave, ils jouent toute la semaine. On peut aller les voir plus tard.
C’est pas ça. Je suis avec une autre fille. Ca n’a pas bien marché entre nous, on s’est quittés et c’est fini. »
Voilà, c’était dit. Depuis le temps qu’il lui envoyait des signaux qu’elle ne percevait jamais ! Il aurait voulu être moins brutal, mais elle ne lui avait pas laissé le choix. Elle ne lui avait jamais laissé le choix. Soudain, il ressentit de la colère envers la jeune fille. Elle le faisait toujours se sentir coupable, mais cette fois-ci, ça ne marcherait pas. Non, sa relation avec elle appartenait au passé. Un passé terminé.
« Bon, tant pis. Tu dirais bonjour à cette traînée de ma part ».
Dans un claquement de talons, elle le laissa seul. Il y était allé un peu fort. Il l’avait blessé. Au diable ! Il n’allait quand même pas lui courir après pour lui faire des excuses. Elle était assez mûre pour comprendre que le monde n’était pas un conte de fée, et que lu, Johnny Blaze, était loin d’être un prince charmant. Il se remit à marcher, pensant au petit cadeau qu’il avait pris pur Maria. Il traînait dans sa poche, et Johnny le touchait parfois à travers la doublure pour être certain qu’il était encore là. C’était une vieille bague, qu’il avait récupéré dans le grenier. Elle avait dû appartenir à une de ses grands mères, mais comme il ne lui restait plus de familles, il avait décidé de l’offrir à celle à qui appartenait déjà son cœur, Maria Sandoval. Il arriva devant chez lui, le petit nid d’amour qu’il avait acheté, enfin que l’héritage de ses parents avait pu lui fournir. Petit nid d’amour, c’était vite exagéré. Il s’agissait simplement d’un studio de moins de trente mètres carrés, situé dans une banlieue des moins appréciées de la Grosse Pomme. Il se composait d’une petite pièce à vivre, d’un coin cuisine, d’une chambre à peine plus grande qu’un placard à balais, et une salle de bains avec toilettes. Les voisins n’étaient pas non plus de la meilleure compagnie. Celui de gauche battait sa femme à chaque fois que son équipe de base-ball favorite, les Soxs, peut être, perdaient. Un autre souffrait de crises d’angoisse, qui, chez lui, se manifestaient par es crises de violence. Il n’était donc pas rare alors de l’entendre balancer ses meubles par la fenêtre à trois heures du matin Mis à part ceux là, ils restaient toujours les squatters qui se fumaient un joint dans l’escalier, un poste de radio avec eux, histoire d’accompagner ce nirvana artificiel d’un peu de notre ami Bob Marley. « No woman no cry », hein les mecs? Enfin bon, il vivait avec Maria depuis peu de temps, mais il n'avait jamais aimé quelqu'un comme elle.Il l’avait rencontré à un concert. La musique ne lui disait trop rien, mais il avait promis à un cousin, mort depuis dans une émeute, de venir. Il avait très vite repéré la buvette et avait laissé ce cousin s’éclater tout seul avec sa bande de dégénérés de copains. La rousse qui était accoudée au comptoir n’arrêtait pas de lui lâcher des clins d’œil. Il s’était senti obligé de lui payer un verre, et puis deux, enfin une dizaine, et pour finir, comme elle ne tenait plus debout, il s’était senti obligé de la ramener chez elle. Ils avaient passé la nuit ensemble, et ne s'étaient plus lâchés. Un amour passionné les liait. Mais des bruits courraient sur elle. on disait qu'elle avait un passé de prostituée, et et qu’aujourd’hui encore elle ne refusait pas de tapiner pour ses faire quelques dollars. Johnny avait cassé la tête de tous ceux qui lui avaient sorti ça. Et depuis, personne ne lui en avait parlé. Mais tout le monde les pointait du doigt quand ils sortaient ensemble. L’attitude de Maria n’était pas non plus irréprochable. Elle le rendait jaloux à chaque fois que l’occasion se présentait, et se moquaient de lui. A la longue, elle s’était mis à le mépriser, le trouvant modeste, sans audace, et surtout, sans argent. Car il fallait le dire, Johnny n’avait aucune conscience de l’argent. Pour faire plaisir à des amis, ou bien à lui même, il était capable de faire des folies extraordinaires, et c’est comme ça qu’il avait dilapidé l’héritage de ses parents, morts dans un tragique accident de voiture alors qu’ils partaient rendre visite à tante Bertha dans l’Ohio. Johnny mit sa clef dans la serrure. Mais bizarrement, elle ne pouvait pas rentrer. Il poussa la poignée. Maria était-elle déjà rentrée ? Etrange, le vendredi elle finissait bien après 17 heures. Peut être était-elle malade. Il entra, mais s’arrêta net sur le seuil. Dans le lit, on bougeait. On riait, on gémissait. Johnny s’éclaircit la gorge exagérément, faisant s’arrêter les mouvements sous la couette. Il vit Maria sortir la tête d’en dessous du drap, et chercher du regard celui qui avait interrompu ses ébats amoureux. Quand elle vit la silhouette de Johnny dans l’encadrement de la porte, elle blêmit. Une autre tête vint alors rejoindre la sienne à la sortie du drap. Celle de Théodore Henderbach, son meilleur ami. C’est marrant quand même. On croit toujours que ce genre de scène est réservée à d’autres, aux espèces de connards qui ne font pas attention à leur compagne. Mais on se trompe. La preuve en image. Johnny avait été aux petits soins pour elle, l’avait toujours comblée de cadeaux, dès qu’il arrivait à se faire un peu d’argent. Et regardez le résultat. Cette espèce de pouf le trompait avec un petit merdeux, fils d’avocat, et dont le grand frère, Wallace, s’occupait de la pègre locale. Si ce n’est pas malheureux. Maria attrapa son peignoir. Elle s’en habilla prestement et sortit du lit . Elle regardait Johnny avec un air de « c’est pas ma faute sur mon visage » . Bien sûr que non ce n’est pas ta faute, il t’ forcé à rigoler. Johnny serra les poings
« Charmant, lança-t-il. »
Théodore avait aussi attrapé ses fringues, et se battait avec son propre slip.
« C’est de ta faute, lança Maria. »
C’était fort. Après le coup du « c’est pas ma faute » muet, voilà que c’était de la sienne, à présent.
« Ma faute, chuchota Johnny. Ma faute. »
Quelque chose explosa en lui. Boum, la bombe H psychique avait tout détruit de sa raison. Il s’assit sur le lit et saisit Théodore par le bras. Il n’osait pas bouger. C’est vrai que Théodore était un lâche, un petit joueur comparé à son frère et à son père. Mais vu ce qu’il avait fait, il fallait bien qu’il en pâtisse un peu. Johnny sortit son couteau de sa poche, et coupa tout un bout de chair du visage de ce cher Théodore, qui hurla à la mort, de douleur . Maria hurla aussi, de peur, et lui il riait, de jubilation. Dieu que c’était bon de lui refaire le portrait. Puis il le laissa. Il partit, trébuchant, totalement sonné, et on l’entendit tomber dans les escaliers quelques mètres plus loin. Johnny se tourna alors vers Maria.
« Tu veux me massacrer, aussi ?
- Pourquoi t’as fait ça ?
-Mais regarde toi, Johnny. T’es qu’un minable, tu gagnes pas un centime. Tu croyais vraiment que j’allais faire ma vie avec toi ? Théodore est peut être moche, mais il m’a promis de l’argent, si je vivais avec lui.
- Je compte pas alors.
-Non, tu ne comptes plus. Tire toi, Johnny. Wallace t’aura, après ce que tu as fait à son frère. Il te tuera après t’avoir donné aux pires tortures. Tire toi.
-Ok. Je m’en vais. Je ne veux plus jamais te revoir, Maria. Sinon, je te tuerai. »
Il quitta le lit et l’appartement. Théodore avait laissé de grosses traces de sang sur les murs. Il le retrouva plus bas dans la cage d’escaliers. Il lança à Johnny.
« Je te choperai, Johnny. Et mon frère fera de toi de la bouffe pour les poissons.”
Johnny s’arrêta et lança son genoux dans les parties basses de cet enfoiré, qui se plia sous le choc.
« Pauvre merde. »
Il sortit ensuite de l’appartement. Il ne savait pas encore qu’il allait mourir dans moins de dix heures.