Urban Comics
  Ghost Rider #5 : Nulle part où aller
 
Auteur : Zauriel
Date de parution : 


Il était maintenant seul. Seul avec la créature qui violait ses pensées, qui violait son âme. Il avait envoyé au loin la seule personne qui aurait pu le comprendre, et voilà qu’il se retrouvait piégé dans une toile mystique. Zaratos ne cessait de lui dire qu’il avait bien fait, que c’était le bon choix, la meilleure chose à faire. Mais lui sentait qu’il perdait peu à peu son humanité. L’autre voulait à tout prix se faire les Henderbach, mais Johnny en avait décidé autrement. Cette vengeance, ce massacre pouvait bien attendre quelques heures, le temps que Johnny renoue avec sa vie, enfin ce qui avait été sa vie.

Le jour s’était enfin levé. Maria avait pleuré et ses larmes avaient totalement trempé son oreiller. Elle ne s’était pas démaquillée avant d’aller se coucher la veille, et les traces de mascara qui avaient coulé sur ses joues lui donnaient un air pitoyable. Avec un reniflement, elle se leva et regarda l’appartement saccagé par les hommes qui étaient passés la veille. Wallace lui avait dit de se barrer, mais elle était revenue trois heures après leur petite… discussion. Elle n’avait pas pu quitter la ville. Pour aller où ? Après tout, elle n’était qu’une péquenaude de plus dont la vision du monde se limitait à un rayon de deux cents kilomètres autour de Kenston City. Ses parents étaient morts ici, elle n’avait ni frères ni sœurs, et c’est dingue la vitesse à laquelle se désagrégeaient ceux qui se disent des amis, lorsque l’on a des emmerdes. Elle prit une longue douche, et c’est à ce moment qu’elle pensa à Blaze. Qu’avait-elle fait ? Elle l’avait donné à ces cinglés, c’est comme si elle l’avait elle même buté. Comme si elle avait appuyé sur la gâchette. Elle était passée en ville, la veille, craignant que quelqu’un lui tombe dessus. Elle avait entendu dire que Johnny s’était fait descendre, alors qu’il était à moto. Mais quand on la voyait arriver, les rumeurs cessaient et tous se réfugiaient dans le silence. Sans un mot, les gens de la ville, ses charmants voisins l’accusaient du regard. « Assassin, assassin, assassin… » Elle n’avait pas pu en supporter plus. Elle était rentrée en courant chez elle, se cassant un talon au passage. Elle était tombé, s’était écorchée le genou, et avait terminé le trajet en saignant et en pleurant. Elle n’avait pas mangé, n’était pas ressortie, et avait passé la nuit dans une solitude et un silence qui semblaient être la pire des punitions. Elle sortit de la cabine de douche et essuya la buée que l’eau chaude avait formé sur la porte. Elle s’essuya avec énergie, se frictionnant pour ne pas avoir froid. Mais ses frissons n’étaient pas dus au froid qui régnait dans le studio, mais à la peur et au sentiment de culpabilité qu’elle éprouvait. Quelqu’un frappa à la porte. Elle s’habilla en vitesse et se précipita à son chevet, certaine d’y retrouver son revolver. Mais elle avait oublié que ce maudit Wallace l’avait embarqué la veille. Elle partit en courant dans la cuisine et chercha n couteau qu’elle dissimula dans la paume de sa main. Lentement, elle traversa la pièce principale, la main dans le dos, et alla ouvrir, sans regarder par le judas qui cela pouvait bien être. Elle ouvrit la porte d’un seul coup. Et tomba dans les pommes.

Johnny avait bien pensé qu’il ferait cet effet là. C’est vrai que c’est pas tous les jour qu’un homme « présumé » mort frappe à la porte de son ancienne maîtresse. Mais il avait espéré un peu plus de fermeté, un peu plus de volonté de la part de Miss Sandoval. On dirait bien qu’il s’était trompé. Il pénétra dans la pièce et la prit dans ses bras. Après l’avoir déposé sur le lit, il alla dans la cuisine se faire chauffer un café. Il observa les lieux. Quel coin minable. Quel coin sinistre. Maria avait peut être eu raison de coucher avec Théo, quand on y pense. C’est vrai, de son « autre vie », Blaze avait été un minable, un gagne-petit sans aucune ambition, et voilà qu’il se retrouvait possédé par une entité qui existait depuis la création du monde et qui voulait à tout prix que son hôte se venge. Mais Johnny avait-il vraiment envie de se venger ? En revenant à la vie, il s’était rendu compte l’existence était trop courte pour que l’on puisse la gâcher en des actes aussi barbares. S’il n’y avait pas eu cet être de feu en lui, il se serait probablement tiré. Mais ce n’était pas le cas et le voilà maintenant qui se préparait une tasse de café. Il entendit la sonnerie de la cafetière et se retourna vers le plan de travail. Il prit la tasse dans sa main gauche et la reposa immédiatement que son autre lui cria « derrière toi . » Il se retourna et prit le bras de Maria qui tenait un couteau. Elle avait les yeux fous, respirait fort et rapidement. Il lui fit lâcher le couteau. Elle essaya de le griffer, de le frapper. Alors il la gifla. Elle tomba sur le carrelage et s’assit en tailleur. Ses cheveux tombaient sur le sol tandis qu’elle se mettait à pleurer.
« Qu’est ce que tu fous là ? , sanglota-t-elle. T’étais mort. »
Johnny la regarda avec mépris. C’était elle, la femme fatale qu’il avait adoré, celle pour qui son cœur s’était embrasé en moins d’une seconde. Le dégoût lui monta à la gorge.
« Je suis revenu, Baby. Il va falloir qu’on cause, tous les deux. »
Elle se releva et essaya de le toucher en murmurant des « je suis désolée » pathétiques. Johnny avait reculé en crachant un « ne me touche pas . » des plus agressifs. Elle n’avait pas insisté et lui avait demandé une tasse de caf. Assis à la table du salon, ils avaient tous deux vidé leur tasse en silence, se regardant dans le blanc des yeux. Puis, Johnny avait commencé à parler.
« Ca faisait combien de temps ? »
Elle avait posé sa tasse et le regardait avec des yeux ronds.
« De quoi ? ».
Il frappa sur la table et monta d’un ton.
« Depuis combien de temps tu t’envoyais en l’air avec lui ? »
Elle passa sa main tremblante sur sa figure.
« Trois mois. »
Elle sortit une clope et commença à fumer.
« Il est venu me draguer. Je lui ai dit que tu me négligeais. Alors il s’est… proposé. »
Les yeux dans le vague, Johnny réfléchissait au terme qu’elle venait de lui sortir. Proposé… Quelle farce.
« Pourquoi tu ne m’as rien dit ?. »
Elle baissa les yeux.
« Je ne voulais pas te le dire. Je ne savais pas comment tu réagirais. J’ai préféré me taire. »
Il se leva.
« Pourquoi tu ne t’aies pas barrée ?
- J’ai nulle part où aller. »
Nulle part. Au moins, lui avait un but, un projet. Mais elle, elle avait tourné la grande roue du destin un peu trop tôt et elle était maintenant piégée par sa propre existence. Il partit dans la chambre et l’entendit lui demander.
« Pourquoi t’es revenu ?. »
Il lui répliqua.
« Pas pour toi. Je suis juste venu prendre quelques fringues. »
Elle ne répondit rien. Dans l’armoire, Johnny trouva un grand sac de sport qu’il remplit rapidement. Il passa le sac sur son épaule et réapparut devant elle. Il l’avait aimé. Mais elle n’était plus qu’une coquille vide, un être superficiel. Il lui jeta un dernier regard, et sans un mot, quitta l’appartement.

Dehors, alors qu’il marchait en direction de la moto, Zaratos, qui s’était tu à la demande de Blaze dans l’appartement, recommença à parler.
« Tu n’as pas besoin de ces vêtements. Pourquoi es-tu donc passé ici ?. »
Il ne lui répondit pas. Il savait que l’entité connaissait la réponse. Il était venu pour savoir comment allait Maria. Il était venu pour savoir pourquoi elle lui avait menti. Mais allez expliquez ça à un être immatériel.
De la fenêtre, Maria vit Blaze prendre sa moto et partir au loin. Quand il fut hors de vue, elle se précipita sur le téléphone et composa rapidement le numéro. Elle décrocha le numéro dès qu’elle entendit la voix de Wallace Henderbach.

Johnny s’était arrêté sur la route. Il était descendu de la moto et s’était dirigé vers une cabine téléphonique. Il sortit de ses poches quelques pièces et les mit dans la fente. Il décrocha le téléphone et chercha dans l’annuaire un hôtel digne de ce nom dans les environs. Il n’avait plus qu’à passer à la banque récupérer quelques économies.

Le réceptionniste avait pris peur quand il avait vu le loubard pénétrer dans le hall et observer les lieux avec insistance derrière ses lunettes de soleil il l’avait d’abord vu s’arrêter sur le parking, conduisant un de ces engins de cinglé. Il avait cru tout d’abord que l’homme était venu faire un tour dans le parc. Mais il s’était trompé. Il avait tout du look du bad boy. Des jeans déchirés, un blouson en cuir, un t-shirt blanc maculé de graisse et de sang. Jarvis sentait la chair de poule sur ses bras quand l’homme s’approcha du comptoir. Il posa son sac e sport à côté de lui et articula.
« Je voudrai une chambre. »
Jarvis toussota. Une chambre, oui. Dans un hôtel, c’est de rigueur. Mais si les autres clients voyaient cet énergumène, le Majestic perdrait beaucoup de son attrait .Il essaya d’attirer l’attention de l’homme sur ce point.
« Avez vous consulté d’autres hôtels dans la région ? Je pense qu’il vous serait préférable de vous rendre au Bon Sommeil et… »
Le réceptionniste ne termina pas sa phrase. L’homme avait retiré ses lunettes de soleil et dans ses orbites brillaient des flammes. Le visage de l’homme, l’espace d’un instant, se changea brutalement en une tête de mort.
« J’ai entendu dire que vous aviez de très bonnes chambres. Et si c’est l’argent qui vous inquiète, j’ai ce qu’il faut. »
Il lança sur le comptoir une liasse de billets. Jarvis prit la clé 210 et la lui donna.
« Il me faut un nom. »
L’homme réfléchit un instant.
« Ketch .Daniel Ketch. »
Le réceptionniste hocha la tête et laissa Blaze se rendre dans sa chambre.

Dans l’espace 210, Johnny s’allongea sur le lit moelleux et demanda à son autre.
« Pourquoi tu m’as conseillé de venir ici ? T’avais pas l’intention de flinguer les Henderbach ?. »
Zaratos mit du temps avant de répondre. Et sa voix ne paraissait pas vraiment assurée aux oreilles de Johnny Blaze.
« J’ai senti une présence. Quelqu’un que j’ai connu il y a longtemps. Je préfère que l’on se cache un peu le temps que cette menace s’estompe. »
Une menace ? Quels étaient encore les secrets que l’esprit gardait en son sein ? Qui était l’individu qui l’effrayait ainsi ? Il n’eut pas de réponse, cette fois.

Dehors, un 4X4 s’arrêta sur le parking, juste à côté du chopper. Le révérend William Stryker en descendit, une bible dans la main. Un sourire prédateur, il leva les yeux vers les fenêtres du deuxième étage du Majestic et murmura
« Enfin. »
Il se dirigea vers les portes de l’hôtel.
 
 
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