Histoire : Raziel
Date de parution : Décembre 2004
Tous les élèves que comptait encore le lycée New-Yorkais se précipitaient vers la sortie, se retenant de hurler leur joie. C’était le week-end, et tous avaient quelques choses de prévu. Tous sauf un. Le seul que la proximité de deux jours sans leçons, contrôles ou simples cours ne remplissait pas du bonheur unique de la liberté. John Jameson n’était pas comme les autres élèves, de sa classe, voir même de son lycée(et à bien y réfléchir, on pourrait pousser cette comparaison au reste du monde). Il aimait cet univers de livres, de cahier. Il était le seul à s’y amuser, à sa façon. C’était un élève brillant, sa plus mauvaise note devait approcher les 15 sur 20 et déjà il le vivait mal…
En franchissant la grande porte qui séparait son monde de celui des autres, le jeune homme pensait à sa vie jusqu’ici. Il n’y avait pas grand choses à résumer, en réalité. Le sujet majeur était son père, John Jonah Jameson, le directeur du célèbre Daily Bugle, l’un des journaux le plus lu de tout New York. Il voyait son fils astronaute, et lui avait déjà payé sa place dans une université appropriée. Seulement ce n’était pas vraiment ce que John voulait. Il préférait de loin les études de droits, mais lorsqu’il avait voulu en parler avec son père, celui-ci s’était emporté et John avait dû quitter le bureau en se retenant de pleurer (son père détestait cela). Quand il y pensait, c’était l’un des rares moments où son père s’était occupé de lui. Mais John ne lui en voulait pas, il avait beaucoup de travail et n’avait pas de temps à perdre avec des notes à signer, même si celles-ci était excellentes.
L’adolescent se rappelait encore ce qu’il s’était passé il y a environs deux jours. Il avait eu un autre 20 sur 20 en physique, et dès qu’il fût rentré chez lui, il voulu le montrer à son père. Lorsqu’il frappa à la porte de son bureau, il dût attendre de longues minutes avant d’avoir l’autorisation d’entrer. Il tendit sa feuille à son père, très fier de lui. Le directeur du Bugle y déposa une signature avec une telle rapidité qu’on devinait aisément qu’il passait sa journée à signer tout un tas de papier. Il reposa son stylo et décrocha le téléphone. Pas un mot, pas une félicitation. John fit demi-tour pendant que son père composait tranquillement un numéro. Cela lui fit très mal, ce jour là. Mais pas aussi mal que le trottoir lorsqu’il l’heurta de plein fouet…
John n’eut même pas besoin de se relever pour connaître l’identité de ceux qui venait de le faire tomber d’un coup d’épaule. Il avait reconnu les rires : Kenny, Josh et Stan. Les trois footballeurs vedettes du lycée. Il se redressa tout de même. Il n’avait pas l’intention de se venger, mais il voulait juste espérer qu’ils le laisserait tranquille…on pouvait toujours révér.
-Alors, tocard ?commença Kenny. Tu sais quoi
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Stan. Ouais ! Et il aimerait bien avoir des nouveaux habits, mais comme Josh et moi on est un peu fauchés, on s’était dit que tu voudrais bien nous prêter tes fringues !!
-Laissez-moi, les gars, je…j’veux pas de problèmes, je…
John n’eut pas le temps de finir que Kenny commençait déjà a lui arracher son sac à dos. Il le vida complètement et piétina toutes ses affaires. Puis les trois tortionnaires s’attaquèrent à ses habits. Et bien sûr, personne ne fit rien, malgré les cris de John. Personne ne fit rien lorsqu’il se retrouva en sous-vêtement. Personne ne fit rien lorsqu’ils lui écrasèrent ce qu’il lui restait de lunettes. Personne ne fit rien lorsqu’il fut chasser à coup de pieds…
Il devait être près de minuit. John marchait dans les rues de New York. Il ne voulait pas rentrer chez lui. Plus jamais. Il en avait assez. Plus de dix ans que cela dure. N’importe qui se serait rebellé. Pas lui. Lui avait une autre idée. Il allait les priver de leur jouet. Il savait qu’il ne manquerait à personne. Son père sera en deuil pendant une semaine, puis un scoop lui fera vite oublier l’affaire. Sa vie était merdique. A être toujours dans ses livres, il ne s’était pas fait d’amis. Et Shannon ne le regardait même pas. Shannon, c’était le prénom de la fille dont John était amoureux depuis environs trois ans, et ce, même si il savait qu’il n’avait pas la moindre chance. Shannon était la sœur de Kenny…
Sans vraiment le vouloir, le jeune homme se dirigeait vers les docks. Cela lui sembla une bonne idée. Habillé comme il l’était, il ne lui faudrait pas longtemps avant de mourir d’hypothermie, surtout dans les eaux glaciales de New York.
Il arriva bientôt au bord de l’eau rendu d’un noir d’encre par la nuit, et ce malgré la pleine lune qui éclairait assez convenablement le port. Voilà qui était gênant. Si quelqu’un le voyait plonger, il risquait de vouloir lui sauver la vie…John décida d’attendre qu’un nuage vienne cacher l’astre, ce qui arriva assez rapidement. Et c’était parti pour durer de longues minutes. Parfait. Le jeune homme s’avança jusqu’au bout du ponton de bois. Il campai ses jambes au moment où il entendit des voix. Il avait été repéré. Les cris se rapprochaient. Il y avait apparemment plusieurs hommes. John décida de revenir se cacher derrière un grand conteneur en acier. Il entendait maintenant un bruit de course. Il voulu se pencher pour jeter un coup d’œil lorsqu’un homme le percuta de plein fouet. Ils tombèrent tous les deux à la renverse. L’inconnu était torse nu et ne portait qu’un pantalon rapiécé. Il semblait à moitié fou, regardant dans toutes les directions. Son regard apeuré tomba sur John. Il sembla réfléchir, puis, ouvrant la bouche en grand, il mordit le jeune homme à la gorge !!John hurla, ce fou lui avait planter ses dents assez profondément. Le cannibale se releva puis se remit à courir. John se traîna tant bien que mal derrière le conteneur. Trois hommes passèrent à quelques centimètres de lui. Il hurlait qu’il fallait le rattraper, que « l’union » était en danger si il s’échappait. Mais John n’eut pas le temps de se demander de quoi il parlaient. Il commençait à perdre connaissance. Son regard se porta sur la Lune qui réapparaissait dans le ciel. La dernière chose qu’il entendu fut un hurlement de bête, puis un coup de feu…