Auteur : Baragon
Date de parution :
Quelques timide raie de lumière transperce vaillamment la cuirasse grisâtre de la ville, c’est ce qu’on peut appeler une journée prometteuse à Pittsburgh, pas encore une journée ensoleillé, mais du moins une belle promesse.
Et pourtant les gens réunis ici n’y voie pas vraiment la même chose. Un dernier signe de la personne qu’ils sont venus pleurer ? Un pied de nez du destin ou une lueur en ce jour d’affliction ? Certain ne l’ont même pas remarqué, absorbé qu’ils sont dans la contemplation de ce cercueil que l’ont met en terre. Pas de salve d’honneur ici, il n’y a pas de militaire, mais la famille reçoit tout de même la bannière étoilée des mains du capitaine. La mère est effondré et le père s’efforce de tenir au moins jusqu’au soir, pour pleurer dignement sa fille.
Le dernier voyage de l’inspecteur Applethorn n’aura pas eu lieu dans sa Firebird fétiche…
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Un homme observe le déroulement des funérailles depuis un bosquet d’arbre, perdu dans ses pensées, son regard suit les événements presque instinctivement. Que peut-il passer par la tête des gens durant ce genre d’événement ? Certain pense qu’en sondant le fond de ce regard absent, l’ont peu voir bien des choses. Penchons-nous sur ce regard justement, plongeons dans ce seul oeil valide sous une mèche blanche…
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…
- Si nous sommes tous les deux ici, ça veut dire que c’est « lui » qui est dehors !
- C’est difficile à dire mais… pas cette fois
- Et à qui avons-nous droit cette fois ? Le petit chaperon rouge ?
- Pour être franc, tu es toujours « au commandes » pour un observateur tu as simplement l’air… absent.
Deux hommes presque identiques se faisaient face dans une petite clairière paisible, loin du temps que tout à chacun subissait à ce moment, c’était une fraîche matinée de printemps, de cette époque de l’année où la chaleur commence doucement à chasser le froid.
- Et d’abord c’est quoi cette clairière ?
- Je me suis dis que ce serait moins déprimant pour toi que l’austère salle de pierre. Surtout en ce jour.
- Quoi « ce jour » ?
- Tu fais une promenade d’agrément ?
- Tout à fait…
- Dans un cimetière ?
- …
- Le jour de son enterrement ?
- Oui bon ça va…
A mieux les regarder, quelques différence, pourtant significatives, commençait à voir le jour. Tout d’abord leurs mises étaient bien dissemblable, l’un portant une antique armure de croisé, l’autre un costume noir accusant quelques années au fond d’une armoire, le chevalier semblait aussi plus mûre dans ses traits, bien qu’ils arborent tout deux le même visage et cette même crinière de neige dont une mèche cachait un œil mutilé.
- Aussi bref que ça ai pu être, tu l’as aimé… et sa disparition t’affecte…
- Qu’est ce qui te fait dire ça ?
- Tu es sur la défensive… j’ai quelques siècles d’expérience de l’âme humaine, et sur le regret… sans compter que quelques part… je suis toi…
Un long moment de silence… le pourpre passe quelques instant sur les joues de l’un… lui succède la peine, et presque aussi vite, l’amertume, la colère.
- Et c’est bien là le problème ! Je ne suis rien ! Tu n’es pas « un peu moi » c’est moi qui ne suit qu’un fragment de toi même ! Un ersatz pour gagner du temps… un amas de souvenir et de sentiments factice !
Cette fois c’est à l’autre face du miroir de laisser lire des sentiments sur ce visage qu’ils partagent tout deux, de la peine, de la compassion…
- Je ne sais même pas ce que j’en pense… c’était peut être ma première vrai émotion… qui n’appartienne qu’a moi… pas une toile de fond tendu derrière la scène…
Et de nouveau je perds tout comme lors de notre première rencontre… je ne suis rien de plus qu’un masque… un pantin qui pleure au bout de ses liens…
- Mais un pantin qui à coupé les dites ficelles et vie par et pour lui même maintenant… pour lui même et le poids des responsabilités qu’il à choisi…
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Alors que tout un chacun finit par quitter les lieux, assurant une dernière fois sa tristesse au proches ou préférant filler avant que trop de larme ne coule, un homme s’éloigne doucement dans le cimetière. Il n’est pas grand, pas plus que jeune comme en témoigne ses cheveux grisonnants et les quelques rides qui commencent à prendre possession de ses traits… un « homme d’age mur » tout à fait anodin, si ce n’est qu’il est le seul à se diriger vers cette silhouette sous les arbres, et visiblement, il sait exactement qui il compte y trouver.
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- Quoi que tu en pense, tu es libres de tes choix, tu n’es pas qu’un simple pantin, tu es Michael Valley, et du jour où tu m’as remplacé, tu n’as cessé d’être toi même.
- Et je suis sensé prendre ça comme ça ? On me lâche dans la nature comme ça et je dois me débrouiller pour « gérer » l’ange de la mort ? Y’aurait pas un manuel des fois ? Par ce que là je suis paumé !
- Il n’y a pas de manuel Michael, mais si tu le veux, je serais là pour t’aider, je ne sais pas tout, loin de moi cette prétention, mais je peux te guider dans ce que j’ai déjà vécu…
- Merci… Obi-Wan…
- Qui ?
- Laisse tomber, je t’expliquerais un de ces jours…
- En tout cas je crois qu’on te demande, tu vas devoir y aller.
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La situation était plutôt embarrassante pour Isaac Stern, il avait trouvé l’homme dans les alentours de la cérémonie, comme prévue, mais il semblait absent. Cela faisait déjà de longue seconde qu’il lui avait adressé la parole et qu’il restait de marbre, pas indifférent, mais comme coupé du monde.
- Excusez-moi jeune homme… jeune homme ?
- … hein… excusez-moi, j’avais l’esprit ailleurs. Vous disiez ?
A ça, pour être ailleurs il devait y être, mis à part dans certain cas de mort cérébrale ou d’overdose au dernier degré, il n’avait jamais vu de personne aussi « absente »
- Je vous demandez si vous êtes bien Michael Valley ?
Soudain sur la défensive, l’homme à la crinière de neige eu un pas de recule.
- Je suis navré de vous déranger, mais…
- Qui êtes-vous d’abord ?
- Poï… suis-je distrait… à mon âge parfois on oublie certain détaille. Stern, Isaac Stern… Poï, ça sonne moins bien que James Bond… mais je m’égare encore, êtes vous bien Michael ?
- Et que me voulez vous ?
- C’est assez difficile à dire mais… en fait je suis là à la demande de Virginia…
- La demande de… c’est impossible !
- Et pourtant… Poï… je sais bien que c’est difficile à croire, elle m’a appelé de chez vous peu de temps avant…
Le vieil homme porte un regard las sur la seine qui se déroule encore derrière eux. Maintenant les proches sont partis et, pelleté après pelleté, la terre referme sa sombre étreinte sur la dépouille de l’inspecteur Appelthorn. C’est un regard humide qui retrouve le visage de son interlocuteur.
- Elle me demandait de lui préparer certaine chose pour une enquête un peu spéciale dans laquelle… vous seriez impliqué.
- Elle appelait de chez moi…
- Il semblerait oui… comme vous n’étiez pas là quand on l’a retrouvé et le coupable était inconscient juste à côté… je me suis dis que vous n’aviez peut être pas tout à fait fini et que vous viendriez surement.
- Pas tout à fait fini… on doit pouvoir le dire comme ça…
- Je ne suis que légiste à la brigade mais je pouvais lui obtenir deux ou trois choses… le privilège de l’ancienneté je suppose. Enfin si ça peut vous être utile pour finir… quoique vous ayez commencé… si ça concerne les mêmes salauds que les responsables de… je vous fournirais ce que je peux.
- Voyons voir… je n’ai plus d’appartement depuis que les scellés ont été posé, j’ai encore le d… le responsable à poursuivre et je manque de piste… c’est vrai qu’un coup de main ne serait pas de trop.
Après un dernier hommage devant la terre fraichement retournée, les deux hommes prennent la route vers la zone industrielle de la ville, jusqu'à ce que le vieux véhicule se stoppe devant une sorte de grand garage… un garde meuble en fait.
- C’est ici que j’ai tout transféré pour éviter qu’elle ne reste comme ça à la brigade…
- Pardon ?
- Hum… Poï… les quelques babioles que Virginia m’avait demandée…
Lentement, presque à regret, le vieil homme ouvrit la petite porte à coté de celle, plus imposante, réservé au chargement et déchargements.
Une fois les deux hommes à l’intérieur, il tâtonna à la recherche de la lumière, alors que celle-ci venait Michael eu la surprise de se trouver en présence d’éléments connu.
- Cette voiture… que fait-elle là ?
- Il était or de question que je laisse ces gougnafiers de la fourrière poser leurs pattes dessus.
La voie venait de derrière une étagère et, alors que son propriétaire sortait maintenant de la pénombre, le sang se mit à marteler les tempes de l’homme à la crinière de neige.
- Virginia…