Auteur : Baragon
Date de parution :
3 jours de routes et près de 5000 kilomètres… c’est ainsi que commence leur périple.
Mais revenons il y a 72 heures, dans un petit garde meuble de Pittsburgh…
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- Ce malade veux que nous traversions le pays… et que ce soit fait d’ici trois jours ?
- J’en ai bien peur…
Dans le colis encore présent sur la petite table, une enveloppe décachetée portait l’inscription « premier indice », non loin de là, sur la même table, deux billet pour un concert à Los Angeles, trois jours plus tard.
- Et depuis toutes ses affaires, tu es sous surveillance. Rien de grave mais si tu quittes aussi vite l’état et que ça se sait tu auras un avis de recherche aux fesses !
- Comment ça un avis de recherche ?
- Parce que j’ai fais mon boulot, j’ai mis dans mes rapports les noms qui semblaient avoir un rapport avec l’affaire en cours… et ce rapport a sûrement été lu. Donc impossible de quitter l’état en avion, en train ou même en car… il va falloir se farcir le trajet par la route et en prenant le volant. Tu sais conduire au moins ?
- Et bien… en fait je crois bien que non, je n’ai jamais pris que les transports en commun.
- Et bien bravo ! En comptant 8 heures de repos et arrêts varié, ça fait 16 heures de conduite par jour en partant dans une heure… et je serais la seul à pouvoir prendre le volant.
- Mais… tu n’es pas obligé de venir Vir…
- Il ne manquerait plus que ça ! C’est ce salopard qui m’a précipité la dedans et s’il croit que me ramener à la vie après l’avoir foutu en l’air me fera lui lâcher les basques, il a vu la Vierge !
- Et s’il est bien ce qu’il prétend, ce n’est pas impossible…
Le vieux médecin légiste venait de prendre la parole. Retiré sur l’une des chaises, il observait les deux jeunes gens. Jusque là amusé de leur « dispute », il avait fini par s’exprimer.
- Vous me faites penser à un vieux couple tous les deux… c’est tellement attendrissant à vos âges.
- Mais pas d…
- Absolument p…
Aussi bien le jeune homme aux cheveux de neige que sa voisine à la crinière de nuit sentirent le pourpre leur monter au joue.
- Bon, et avec tout ça, vous comptez partir comment ?
- Tant que tu as bien passé mes papiers à ton nom et préparé une déclaration de prêt, nous prendrons ma Firebird. J’y suis habitué et tant qu’a faire autant de routes autant que ce soit avec une vrai voiture.
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24 heures se sont écoulées, la route est déserte à pertes de vue. Et pourtant, dans cette immensité de champs et de terres vierges coupé par ce seul ruban de macadam, un petit motel défie la solitude, flanqué de sa station service et de son restaurant, ouvert à toutes heures du jour comme de la nuit. Les chambres sont d’une qualité plus que passable, mais le prix est à l’avenant, à la porté de presque n’importe quel voyageur épuisé.
Dans l’une de ses chambres justement, un homme dors d’un sommeil profond et sans rêve, sa chevelure étalé sur l’oreiller comme l’écume des vagues.
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- Malgré ta mine renfrognée, je peux peut être te poser un question ?
Dans une clairière paisible, tel qu’on les imagines dans les contes du vieux continent, deux personnes se font face tel la lune et son reflet dans un lac, identique et pourtant si différent.
- …
- Mettons que c’est un oui…
Comment se présentent les choses ? Nôtres adversaire a-t-il donner d’autre signes de vie ? Une embûche peut-être ?
Finalement, le plus « contemporain » des reflets fini par répondre à son image.
- Non… mis à part le délaie et la distance, absolument rien… comme un gros chat sadique il a bougé la patte droite et attend que nous nous jetions dans la gauche à mon avis. C’est tout ce dont tu voulais me parler ou autre chose te pousse à pourrir ma nuit ?
- Oh, loin de moi l’idée de te priver de sommeil, ton corps sera parfaitement reposé à la fin de la nuit, nos discutions ne t’incommode pas plus qu’un rêve. Mais maintenant que tu le demande…
- Quoi ?
- Vous ne vous adressez pas tellement la parole… à peine trois ou quatre phrases échangées en 16 heures de route.
- Il y a peu de chose à dire quand on ne se connaît pas et que la route est aussi monotone…
- Tu ne crois même pas tes propres mots… ton regard est fuyant, tu sers les poings… et vos tête quand le patron a proposer une chambre à lit double… le vieil Isaac avait tord, on dirait un jeune couple…
D’un bond, le « plus jeune » des deux se décolle de l’arbre auquel il était adossé.
- NNNOOOOOO…
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- OOOOOON…
L’air est lourd dans la petite chambre, mais malgré la dure journée qui c’est écoulée, le sommeil ne reviendra pas ici… trop de question et trop peu de réponse en une seul nuit pour ça. Les heures avant l’aube seront longue…
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L’aigle flamboyant se pare de mile feux sous la lumière rasante de la fin d’après midi, illuminant presque la carrosserie noir du véhicule qui file sur l’asphalte.
- Nous n’allons pas tarder à nous arrêter pour aujourd’hui, en espérant que le prochain motel n’est pas trop éloigné… il faudra refaire le plein aussi, ça fait un sacré budget par la route, heureusement que tu as de l’argent de côté.
Un court silence s’en suit, Michael Valley sort soudain de sa rêverie, visiblement gêné, comme un enfant pris en faute…
- Heureusement que je ne te demande pas de lire les panneaux.
- Pardon, je pensais à autre chose. Tu disais ?
- Qu’on s’arrêtera au prochain motel et qu’il faudra faire le plein. Et d’où te viennent de tel fond pour un ouvrier de fonderie ?
- Je ne sais pas trop en fait… je crois que c’est une sorte de caisse noir que Carmikael utilise pour « changer d’identité » de temps en temps… il vient d’un autre âge mais j’ai l’impression qu’il s’y connais mieux en bourse que moi.
- Je vois. Il faudrait qu’on trouve quelque chose pour la chambre ce soir.
- La chambre…
- Oui, on a eu l’air d’ahuri hier quand le patron nous à demandé le type de chambre, on a hésité et ça a pu lui paraître louche. Il faudrait qu’on ai une histoire convaincante et surtout que ce soit la même. Peut être… des jeunes mariés… ou enfin… un truc comme ça quoi…
Un silence pesant s’installe dans l’habitacle, un vague pourpre passe sur les joues des deux jeunes gens… un silence qui dure de longues, très longues minutes… jusqu'à ce qu’un bâtiment se profile à l’horizon…
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Le motel est d’une qualité raisonnable cette fois, le comptoir en lui même est jumelé au restaurant tandis que les chambres se répartissent en une dizaine de bungalow. Un jeune homme rentre justement dans le restaurant et se dirige vers le comptoir du motel.
- Bonsoir, qu’est ce que je peux faire pour vous ?
Affable le réceptionniste affiche une petite cinquantaine d’années.
- Je voudrais une chambre pour deux.
- Lits double ou séparé ?
- Euh… double… on s’est marié il y a deux jours, j’ai du mal à m’y faire.
Le jeune homme se passe une main derrière la tête, un peu gêné par son aveux sûrement. En se penchant légèrement, le réceptionniste pu voir une jeune femme brune à l’abondante crinière attendant près d’une ancienne voiture de sport noir.
- Hé hé… belle carrosserie… la voiture j’veux dire, un modèle bien de chez nous.
- Oui… en effet…
- Bon, je ne vais pas vous charrier plus longtemps, je vous mets la 12, la « nuptiale »… on vous réserves une table pour ce soir ? Milly fait la meilleur tarte de la région et si Joe n’oublie pas un truc en train de griller le reste du repas devrait passer aussi… à moins que vous préfériez consommer votre tranquillité de suite ?
- Oui, c’est ça… enfin non, je veux dire… on prendra une table ce soir, voilà…
Le jeune homme ressortait avec sa clef, alors que ses long cheveux blanc disparaissait au coin d’un bungalow, le réceptionniste repris d’un ton nostalgique.
- Ah, les jeunes mariés… ça me rappel le bon temps tout ça, la timidité, la passion, la poésie… tu te souvient Milly ?
- T’a jamais été ni timide ni romantique vieux cochon !
- Et c’est comme ça que tu m’as épousée ma belle !
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- Et bien voilà… nos bagages sont posé… et maintenant ?
- C’est parfait, c’est une grande chambre, et le lit m’a l’air sympa.
- Le l…
Un paquet de drap fini sa course sur Michael, incrédule, suivit de près par un oreiller qui achève de le renverser… et c’est à terre qu’il fini par comprendre.
- Tu dors par terre. Où alors dans le fauteuil dans le coin là, j’ai besoin d’un vrai matelas après tout ce temps à conduire… ah, j’oubliais, j’ai priorité sur la douche, à mon avis ils utilisent un ballon pour l’eau chaude.
- Euh…
- Oui ?
- J’ai réservé une table pour ce soir…
- Impeccable.
Puis Virginia s’engouffre dans la petite salle de bain. Encore sous le choc quelques instants, Michael fini par se relever, mais avant même qu'il n'ai pu bouger, la porte s’entre ouvre de nouveau.
- J’ai gardé mon arme de service, alors n’approche pas de cette porte tant que je ne suis pas sortie.
- Bon… ben je vais aller prendre l’air alors.
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Dans une pièce de pierre austère, deux reflets se font face, leur mises aussi différentes que leur visages sont similaires.
- Pourquoi est-ce que c’est sinistre aujourd’hui ? Tu n’a rien trouvé de plus riant dans tes siècles de souvenir ?
- Il est vrai que je dispose de décore moins sobre dans mes souvenir. Mais dans le cas présent, je ne suis pas en cause.
- Comment ça pas en cause ? on est bien dans ta tête non ?
- Plus maintenant, je te l’ai déjà dis. Je peux encore légèrement influencer notre environnement. Mais tu es maintenant le seul maître à bord… si l’on excepte notre hôte.
- Tu veux dire que je peu changer le décor à volonté ? juste comme ça en claquant des doigts ? Alors pourquoi est-ce qu’on se retrouve dans ce trou ?
- Je vais essayé de te répondre dans l’ordre. Tu peu effectivement changer notre décors, mais cela demande un véritable effort conscient, je pourrais t’y aider au début. Quant au lieu où nous nous trouvons actuellement, c’est ce qui arrive quand tu laisse ton subconscient prendre les raines. Je dirais que tu ne trouve pas ton lieu de sommeil confortable, en conséquence tu a créé un lieu dénué de confort.
Michael n’écoute déjà presque plus, il ferme les yeux, les plissant visiblement sous l’effort, lentement, d’abord bancale puis de plus en plus précise, une fenêtre se forme dans l’un des murs. Carmikael s’en approche.
- Alors ? J’ai réussis ?
- Oui et non.
- Comment ça oui et non ? Soit j’ai réussi soit j’ai raté !
- Et bien oui tu as réussis à créer la fenêtre, mais non tu n’as pas réussis à créer le décor au delà.
Les épaules de Michael s’affaissèrent lentement, la tête penché en avant, comme résigné, une dernière perle de sueur quittant son front pour marquer le sol.
- Et en fait je suis nul ? C’est ça ?
- Tu ne t’y prend pas comme il faut, pas que tu sois mauvais, mais tu ne sais pas encore comment t’y prendre. Commence par t’asseoir…
- En tailleur ?
- Comme il te plaira, le tout est de te détendre. Pense à l’endroit, visualise le. Ne te force pas, laisse venir l’idée, l’image doit te paraître de plus en plus claire maintenant. Pense à la texture, à quoi te fait penser une feuille quand tu la touche, le courant d’air que tu croise, la chaleur de la lumière ou la fraîcheur d’un endroit ombragé…
La voie de Carmikael est lente et posée, les mots se suivent, alternant les pause. Et enfin, il s’arrête.
- Maintenant ouvre les yeux, tu verras ce que ça donne.
- Encore une fenêtre vide ?
Le décor avait intégralement changé. Une plage de sable fin s’étendait à perte de vue, au pied d’une falaise déchiquetée les deux hommes faisaient face à l’océan, le soleil couchant teintant le ciel de sang et d’or.
- J’ai fais ça ?
- Absolument… et si je puis me permettre, le chois est judicieux et la qualité au rendez-vous. Une raison particulière ? L’attachement à un lieu joue pour beaucoup.
- Je ne sais pas, je n’ai jamais vu l’océan… mais c’est un décors que j’ai toujours trouvé reposant… pour peu que toujours ai une valeur dans mon cas.
- Je vois ce que tu veux dire. J’ai mis plusieurs décennies après le début de ma… cohabitation avant de voir l’océan.
- Plusieurs décennies ?
- A l’époque on pouvait voyager longtemps sans voir les côtes… surtout à pied.
Tandis que ceux qui sont plus que des frères échangent quelques mots, une silhouette approche sur la plage. Une silhouette féminine en paréo…
Michael fut le premier à s’en rendre compte.
- Virginia !
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Et dans la suite nuptiale du « Old Road Inn », deux personnes se réveillent en sursaut. Et depuis le lit, les yeux noirs de Virginia plongent dans ceux de l’homme qui somnolait dans le fauteuil, visiblement aussi surpris qu’elle…
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La Firebird filait bon train sur la route de Los Angeles, une heure tout au plus de ce rythme les séparait encore de la cité des anges… et de ses embouteillages.
- Bon, si la circulation est normale pour une grande ville, on devrait être au lieu du concert en fin d’après midi, ça nous laissera un peu de temps pour pouvoir trouver à nous loger.
- Oui…
- Il vaudrait peut être mieux…
- Des chambres séparée ?
- Euh… oui. Tu agis en parfait gentleman, tu progresse.
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Le bar « Broken Dream » et sa salle de concert, dans la banlieue de Los Angeles. Une rue généralement calme, mais aujourd’hui fera exception à la règle. « Evil Sixth Finger » est en concert et draine la jeunesse dans un rayon de facilement 100 kilomètres, ce qui donne une file d’attente plus que conséquente. File d’attente dans laquelle un couple dénote particulièrement, tant par son look que par sa tranche d’âge. Virginia et Michael attendent le début du concert.
- J’ai horreur d’attendre… surtout serrée comme une sardine.
- Et pourtant nous n’avons pas le choix, il doit bien y avoir une raison pour que notre « ami » nous fasse faire la queue, et pas seulement le plaisir de nous voir poireauter.
- Et bien appel ça une intuition féminine mais ça ne m’étonnerais pas.
Soudain, le regard de Michael se voile… et il glisse lentement sur l’épaule de Virginia.
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Une brume cotonneuse inonde la scène. Où que porte le regard, tout n’est que blancheur… un blanc par endroit teinté de bleu. L’œil s’habitue et le décor se précise. Le ciel, immuable et infinie, parcourue de nuages sans nombre.
Michael lève la main et la regarde. Il compte bel et bien cinq doigt, mais en lieu et place des petite cicatrices si familière, c’est une ténèbres abyssale, parcourue de centaine d’étoiles en mouvement tel le ciel d’une nuit d’été. Et ce n’est pas seulement sa main mais tout son corps qui est ainsi, parcouru de galaxies et de corps céleste innombrable.
La rue a disparue bien sûre… et pourtant une seul silhouette n’a pas bougée. Sa forme, sa nature même à changée. La peau est claire, presque lumineuse, les cheveux sont fin et d’un gris presque argenté et dans son dos… de majestueuses ailes se déploie… et un nom lui viens à l’esprit, un nom qui lui semble soudain familier…
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- ZAURIEL !
Michael émerge de se demi rêve sur ce cri. Et dans la foule, une silhouette en imperméable, portant un chapeau mou se retourne…