Histoire Ben Wawe
Date de parution :
« Sara…qu’est-ce qu’on vient faire là ?
- Chercher quelque chose.
- Quoi ?
- Le responsable de tout ça. »
Sara et Danny se trouvaient devant l’entrée du quartier général de la Résistance de la Question. Et il n’en restait plus grand-chose.
Ils avaient faits quatre heures de route pour arriver ici, en respectant assez peu les limitations de vitesse, et ce sur les souvenirs de chacun. La jeune femme ne se rappelait pratiquement rien du trajet aller, mais avec les informations qu’elle avait de l’intérieur du sous-sol où s’était réunis les alliés de la Question et aux connaissances des amis de ShanLi dans l’administration québécoise, ils étaient parvenus à localiser l’endroit.
Evidemment, ils s’étaient bien doutés qu’avec la découverte du corps sans vie de Betty Ross, quelqu’un qu’elle avait rencontrée la veille et qui lui avait fait une forte impression, ils allaient voir un spectacle difficile, avec des destructions et du sang partout. Mais même si ils s’y étaient préparés…voir ça en vrai leur faisait quelque chose.
Deux corps étaient alignés devant la porte du sous-sol, et tout était détruit autour. La montagne n’avait pas bougée, mais il était clair que son versant était endommagé, et à cause des combats qui avaient faits rage en son sein.
Aucun d’entre eux ne savait ce qui était arrivé, mais ils étaient sûrs d’une chose : ça avait été terrible. Et destructeur.
« Attends, Sara… »
La jeune femme n’arrêtait pas de fixer l’entrée détruite devant elle, ainsi que les cadavres couchés sur le ventre et anonymes pour le moment. Son ami comprenait bien qu’elle était très atteinte par cette vision, mais il savait qu’il fallait tenter de lui changer les idées dès maintenant. Bien sûr, ça ne voulait pas dire qu’il devait parler d’autre chose, mais il connaissait assez la flic pour savoir qu’elle allait avoir une réaction violente maintenant, et qu’il lui fallait éviter ça à tout prix.
« Qu’est-ce que tu veux faire ?
- Tu sais très bien ce que je veux faire. »
En venant jusqu’ici, elle n’avait pratiquement pas parlé. Danny avait saisi qu’elle avait été transformée par ces quelques heures passées avec la Question, mais il ne comprenait pas bien comment cette femme, qui haïssait tant les justiciers et refusait tellement le bien-fondé de leurs interventions, pouvait avoir changée à ce point-là.
En effet, en la regardant, il était presque sûr qu’elle voulait se venger et châtier elle-même l’assassin des êtres devant eux. Et il n’arrivait pas à comprendre comment cela était possible.
Bien sûr, il était logique que si on touchait encore une fois à des êtres que Pezzini aimait, celle-ci sortirait de sa réserve et ferait en sorte de vaincre et de punir celui ou ceux qui auraient faits ça. Mais…mais ces gens-là n’étaient pas des proches de la jeune femme. Ce n’était pas Matthieu, ce n’était pas lui. C’étaient des inconnus qu’elle avait rencontrés quelques heures à peine, et qui l’avaient enlevés, en plus.
Pourquoi réagissait-elle ainsi, donc ? Pourquoi était-elle devenue aussi froide, dure et déterminée ? Il ne la reconnaissait pas. Il ne reconnaissait pas son amie d’avant, celle qui déprimait depuis la mort de Matthieu et qui n’avait plus vraiment goût à la vie, sauf pour retrouver l’assassin des petites filles.
L’assassin…il n’y pensait plus, avec tout ce qui était arrivé ces derniers temps. Le jeune homme avait de très importantes informations pour son amie, et il n’avait pas eu le temps jusque là de les lui annoncer. Devait-il le faire maintenant ? Devait-il lui dire tout ce qu’il avait appris sur celui qui avait tué ces petites filles ? Ou plutôt sur celui qui l’avait assassiné lui ?
Non. Mieux valait reporter ça à plus tard. Si il y aurait un plus tard, évidemment.
« Sara…ne fais pas de conneries… »
Il savait très bien que ces quelques mots ne changeraient rien, mais il n’avait pu s’empêcher de les formuler. La silhouette solidaire de la jeune femme lui faisait un peu peur, en fait. Debout devant les ruines de l’entrée du sous-sol qui avait été le quartier général de la Résistance de la Question, les poings serrés, elle semblait…différente. Terriblement différente.
Qu’est-ce qui lui était arrivé ? Qu’était-elle devenue ?
Il était clair que son amie avait disparue, et que la femme qui était désormais à ses côtés était une étrangère. Elle refusait à Sara, elle avait le même corps que Sara et avait certainement encore des points communs avec elle, mais il était sûr qu’elle n’était plus la personne qu’il avait tant connue…et aimé.
Oui, il l’avait aimé. Même si il ne le lui avait jamais dis, même si il avait toujours gardé ça pour lui par peur de briser leur amitié et surtout d’être rejeté par celle qui comptait plus que tout pour lui, ses sentiments avaient toujours été là, dans son cœur. Mais c’était fini maintenant, et il le savait.
Sa Sara Pezzini était morte. Seule restait…Witchblade. Et rien d’autre.
« Je sais ce que tu penses. »
Sa voix était plus froide et dure qu’auparavant, où il avait tenté d’être doux et sympathique pour la convaincre. Il avait désormais compris que son amie n’était plus celle qu’elle avait été, et qu’elle ne le serait plus jamais. Néanmoins, même si elle avait changée, elle restait toujours quelqu’un qui comptait pour lui, et jamais il ne laissait tomber ses proches. Jamais.
« Je sais que tu veux…que tu veux te venger.
- Hum. »
ShanLi savait que quelque chose venait d’être passé. Une étape. Une grande étape.
Jusque là, il savait que Sara était en train de changer, mais il était certain qu’elle n’acceptait pas vraiment ça. Elle ne pouvait pas avoir passée toute son existence à maudire et rejeter l’influence des justiciers dans le monde et la criminalité et être désormais prête à la vengeance en quelques heures à peine. Elle avait besoin d’une phase de transition pour accepter tous ces changements, et celle-ci venait de se terminer.
Il l’avait dis. Il avait dis qu’elle voulait se venger. Pas qu’elle voulait faire justice…qu’elle voulait se venger. A partir de maintenant, la jeune femme n’était plus flic, elle était justicière. Evidemment, elle n’aurait certainement pas de costume et ne crapahuterait pas toutes les nuits sur les toits pour poursuivre les criminels, mais pour elle, désormais, la vie de policière était terminée.
Elle était passée à autre chose. Définitivement.
Apparemment, les paroles et preuves de la Question avaient faits mouches, et il n’était pas sûr que ça soit une bonne chose. Lui-même avait toujours beaucoup apprécié les justiciers et était même fan de certains d’entre eux, bien sûr, mais ça n’empêchait qu’il voulait rester policier et qu’il préférait la justice à la vengeance. Il préférait l’ordre à l’anarchie et au chaos…et il était sûr que son amie ne pensait plus comme lui.
Grâce aux différentes paroles et aux différentes choses qui lui étaient arrivées la veille, Pezzini avait changée en quelques heures à peine, et cette transformation était énorme. Jusque là défenseuse au maximum de l’ordre, de la sécurité et de tout ça, elle était plus que différente, maintenant.
Là, elle ne semblait plus vraiment sûre que la police puisse vraiment faire son travail sans qu’on l’aide. Et il ne pouvait vraiment l’en blâmer.
Déjà, Kenneth Irons ne serait jamais condamné ou jugé pour le meurtre de Matthieu, et ça le rendait fou lui aussi. Néanmoins, il avait décidé d’enfuir ça en lui et de ne pas se laisser dévorer par cette rage, même si ça lui était souvent difficile. Lui aussi avait du mal à dormir la nuit depuis la disparition de leur ami, mais il laissait moins ses sentiments sortir que la jeune femme à ses côtés.
Peut-être était-il plus mature qu’elle, ou quelque chose du genre. Il n’en savait rien, et s’en fichait un peu.
En tout cas, il était sûr que Irons ne serait jamais condamné, et il savait que ça rongeait son amie. Il savait aussi que la vision de Betty Ross et de ces deux êtres morts remuait quelque chose en elle…quelque chose enfouie depuis très longtemps en elle. Il savait bien que Sara avait toujours eu une haute idée de la justice, mais qu’elle s’était souvent retenue de punir elle-même les criminels qu’ils appréhendaient…surtout ceux qui s’en prenaient aux enfants, en fait.
Oui, la policière avait toujours eu une grande faiblesse pour les enfants, et il savait qu’elle avait souvent eu du mal à ne pas se laisser déborder par son envie de réellement condamner un enfoiré qui serait trop rapidement libéré pour des excuses imbéciles. Jusque là, elle était parvenue à se réfréner et à s’empêcher de faire ça, mais…et maintenant ? Y arriverait-elle encore ? Parviendrait-elle à se retenir ? Et surtout…le voulait-elle vraiment ?
Avec Irons qui ne serait jamais condamné pour les meurtres de Matthieu, l’être responsable des morts devant eux qui s’échapperait sûrement et ces soi-disant Architectes qui étaient derrière tout et qui ne seraient jamais inquiétés non plus…comment pouvait-elle ne pas se laisser aller dans ses envies de vengeance tant de fois réfrénées ? Surtout que les meurtres des petites filles étaient encore jeunes dans sa tête, et que ça n’allait sûrement pas l’aider à avoir une vision sérieuse et réaliste de la situation.
« Je vais voir qui ils sont. »
ShanLi soupira en voyant à quel point elle était froide et dure. Il ne reconnaissait absolument pas la femme qu’il avait aimée et qui l’avait tellement touchée, jadis. Qu’était-elle devenue, cette Sara Pezzini qui était perdue dans ce monde de brutes ? Qu’était-elle devenue, cette adorable personne qui préférait la douceur à la colère ? Qu’était-elle devenue, celle dont il avait été amoureux ?
Elle s’était transformée en Witchblade, se dit-il en se rappelant les paroles de son amie sur ce que lui avait dis la Question à son sujet. Et il n’aimait pas ça.
« Attends, je vais… »
Mais Danny ne put finir sa phrase. Alors que la jeune femme était à deux pas des corps, l’un d’entre eux se releva extrêmement rapidement, montrant un visage emplit de rage et de colère vers elle, qui restait figée sur cette vision.
« Mon dieu…Ian… »
En entendant le nom de Ian Nottingham, le monstre décrit par Sara qui voulait la tuer, son ami comprit immédiatement que celui-ci s’était libéré avant de se déchaîner sur les membres de l’équipe de la Question. Aucun n’avait dû s’en échapper vu les capacités de cette horreur, et il était clair qu’il avait attendu Pezzini pour finir le travail et se venger de celle qui l’avait fait souffrir et fait enfermer.
Et il était clair aussi qu’il ne le laisserait pas faire.
« Couche-toi ! »
Réagissant par instinct, elle se baissa juste à temps pour éviter les trois balles tirées par son coéquipier, qui avait prit en un quart de seconde son arme. Nottingham, qui avait sauté sur elle, passa juste au-dessus de sa tête pour s’écrouler derrière son dos, mais elle savait bien que ça ne serait pas définitif. Ce monstre était beaucoup difficile à tuer que ça.
« Danny ! »
Sara se releva, et sentit que son bracelet s’était déjà transformé en gant. Elle apprenait de plus en plus à le contrôler en temps de crise, même si évidemment rien n’était encore fait. Elle aurait besoin d’encore beaucoup de temps avant de le maîtriser parfaitement, mais elle chassa rapidement ces pensées de son esprit pour se concentrer sur la seule chose importante du monde : le combat.
Son adversaire avait vu ShanLi, et avait apparemment décidé de le supprimer en premier. Ce n’était évidemment pas du goût de la jeune femme, mais déjà le monstre avait fait apparaître ses grandes ailes noires, ce qui stupéfia l’Asiatique. Bien sûr, celui-ci s’était douté de l’effet que ça pouvait produire et avait déjà vu des choses extraordinaires, mais un tel événement le troubla considérablement, et il fut donc totalement interdit pendant quelques secondes…celles-là même que comptait utiliser Nottingham pour l’assassiner.
« Crève, petit imbécile. »
Utilisant ses grandes ailes, transformant son bras gauche en tentacule, il se rua sur le policier, qui ne savait absolument pas quoi faire. En théorie, il avait préparé cet affrontement et voulait donc se jeter au sol, se retourner et lui tirer dans le dos en espérant que ça lui ferait assez mal pour lui donner le temps de recharger. Mais c’était la théorie, ça. Et la pratique s’avérait beaucoup moins plaisante.
En effet, il voyait foncer vers lui cet être monstrueux et horrible, et n’arrivait pas du tout à bouger. Figé, étant dans l’impossibilité d’esquisser le moindre geste, il observait avec horreur cet être arriver vers lui, prêt à le trucider en quelques secondes à peine. Et il savait qu’il ne pouvait rien contre ça.
Ca y était, pensa-t-il alors. Ca y était. Il allait mourir. Il allait rejoindre ses ancêtres, et il savait qu’il n’en était pas digne. Pour le moment, le jeune homme n’avait rien accompli dans sa vie, et il n’avait rien pour être fier de lui. Bien sûr, il était un relativement bon flic et il était clair qu’il ne déméritait pas dans son travail, mais…mais il n’avait jamais été un héros. Il n’avait jamais vraiment fait quelque chose d’important pour la société, pour la communauté. Jamais il ne s’était bougé pour apporter réellement sa part à l’édifice.
Non. Il n’avait jamais rien fait de grand, de bien. Et il regrettait.
Il regrettait de n’avoir pas été à la hauteur. Il regrettait de n’avoir pas été cet homme qu’il aurait dû être. Il avait les capacités pour être quelqu’un de bien, et il n’avait été qu’un être comme les autres. C’était triste, mais c’était comme ça. Et maintenant, il allait mourir. Sans que personne ne se rappelle de lui dans vingt ans…
« Non ! »
Alors que Nottingham était sur lui et qu’il levait son tentacule pour le frapper, celui-ci s’arrêta immédiatement après le cri de Sara. Dans les premières secondes, Danny se dit que c’était parce qu’elle avait criée tellement fort qu’il en avait été choqué, mais en voyant que ce monstre restait en l’air dans la même position, il comprit que ce n’était pas ça la raison de ce soudain immobilisme. Surtout quand il vit l’épée plantée dans le ventre de l’assassin.
« Sara… ? »
Prudent, il se décala légèrement sur la gauche et vit que son amie avait créée une arme avec son étrange bracelet, qui était pour le moment un gant, et se sentit encore plus happé par ce monde qu’il ne connaissait finalement pas. Il avait toujours cru que les pouvoirs et toutes ces choses un peu folles ne le choqueraient pas quand il en verrait vraiment en action, mais il se rendait compte à quel point il se trompait.
Comme tout le monde, il était perdu face à toutes ces folies, et même si il voulait plus les comprendre…là, il ne savait pas vraiment quoi faire.
« Bouge ! »
Danny comprit l’ordre de son amie, mais trop tard : le tentacule de leur adversaire était déjà en phase descendante, et il ne put rien faire quand celui-ci s’abattit sur lui. Il fut donc balancé au loin par ce coup extrêmement fort, retombant très lourdement sur le sol dur et froid près de la montagne québécoise. Immédiatement, il tomba dans l’inconscience, malgré sa combativité et son envie d’aider son amie.
Mais celle-ci était désormais seule face à Ian Nottingham, et leur affrontement épique pouvait commencer.
« Irons veut nous doubler.
- Je sais.
- Il a appelé un de ses alliés pour tuer Pezzini et les autres.
- Je sais.
- Nous ne pouvons un tel acte, maître.
- Je sais.
- Qu’allons-nous faire, alors ?
- Et bien nous allons attendre que Ian en ait terminé avec tout ça. Et nous servirons.
- Comment ?
- En envoyant Ian tuer Irons. Personne ne peut duper la Main. Personne.
- Et si Ian ne revient pas ?
- Ian revient toujours.
- Il a été vaincu deux fois, maître. Deux fois.
- La première parce qu’il l’a voulu. Parce qu’il voulait voir contre qui il devait combattre, et ainsi jauger l’ennemi.
- Et la deuxième ?
- Je te trouve bien arrogant.
- Désolé, maître. Mais c’est uniquement parce que je m’inquiète du devenir de la Main. Que deviendrons-nous si un de nos hommes est une honte ?
- Ian n’est pas une honte. Ian est notre fierté.
- Il faut quand même envisager la possibilité qu’il échoue…
- Non. Il réussira. Il sait très bien ce qui lui arrivera si ce n’est pas le cas.
- C'est-à-dire ?
- Sa femme et sa fille sont très jolies et fermes, sais-tu. Et disons qu’avec l’âge, mes…besoins deviennent plus spécifiques. Il sait très bien qu’elles passeront par ma cuisine si il échoue.
- Oui, maître. Veuillez excuser ma faiblesse. Je n’aurais jamais dû ainsi remettre votre parole en question.
- En effet. C’est pour ça que tu seras puni.
- Je suis prêt à tout endurer pour la Main.
- Je sais. Passe donc par ma cuisine. Tu pourrais y être utile… »
Le combat durait depuis cinq minutes, déjà, et il était clair que les deux adversaires se donnaient au maximum. Ian usait de tous ses pouvoirs, transformant les parties de son corps pour en faire des armes à chaque seconde. Il virevoltait dans les airs, et même si ses déplacements étaient difficiles à cause de sa blessure au ventre qui prenait du temps pour cicatriser, il était extrêmement menaçant.
Mais heureusement, Sara aussi l’était.
Celle-ci se laissait guider par son instinct et par les étranges envies qui la prenaient parfois, et qui lui sauvaient la vie. Elle était presque sûre que tout cela venait de son bracelet, qui lui parlait en elle comme il l’avait fait avant qu’elle ne le vole à Kenneth Irons, mais elle n’avait pas le temps pour réfléchir à ça. L’heure était au combat. Et à la vengeance.
Même si elle réprouvait toujours cette idée, elle savait que c’était ce qu’elle cherchait. Ce qu’elle voulait.
Bien sûr, le fait qu’elle ait aussi rapidement changée d’avis, en quelques heures à peine quand même, la terrifiait, mais elle savait qu’elle était désormais en harmonie avec elle-même. Depuis toujours, elle avait recherchée la justice et avait suivie l’exemple paternel en devenant officier de police, mais elle n’avait jamais été vraiment heureuse. Elle s’était cachée derrière les valeurs apprises par cœur à l’église et à la maison pour se construire une vie, mais elle n’en avait jamais été très satisfaite.
Ce qu’elle cherchait, c’était l’action. Ce qu’elle voulait, c’était la justice. Mais la vraie justice : pas celle des hommes. Pas celle corrompue dans tous les pays du monde. Pas celle des vieux livres. Non. La vraie. La pure. L’éternelle.
Beaucoup l’appelaient vengeance, mais ce n’était pas vraiment ça pour la jeune femme. Ce feu qui la brûlait depuis son enfance et sa prise de conscience de ce que pouvait être le Mal, ça n’était pas vraiment la simple envie de punir ceux qui nous ont faits souffrir. C’était autre chose. C’était la volonté de rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui avaient faits du mal. A n’importe qui.
Durant toute son existence, elle s’était cachée derrière la Loi et ses anciennes valeurs pour s’empêcher de faire ce qu’elle avait toujours voulu faire. Durant toutes ces années, elle avait détesté les justiciers parce qu’ils faisaient ce qu’elle aurait voulu faire. Et elle le comprenait maintenant. En l’acceptant.
Il était temps qu’elle soit vraiment elle-même, oui. Qu’elle arrête de penser que l’ordre et la justice des hommes pouvaient amener le bonheur et la sécurité. C’était faux. Ca ne peut amener que l’illusion de la sécurité. Car celle-ci n’existe pas. Jamais. Elle le savait maintenant. Elle l’acceptait enfin.
Sara Pezzini la policière était morte, désormais. Elle avait fait son temps, elle avait assez souffert. L’heure était désormais à la justicière. Celle qui n’hésiterait pas à se laisser aller, à faire ce qui devait être fait au bon moment. L’heure était à ce qu’elle avait au fond d’elle. L’heure était à la Witchblade.
« Argh ! »
Mais en pensant à tout ça, la jeune femme s’était laissée distraire, et le tentacule de son adversaire l’enserra si fort qu’elle sentit une côte craquer. Privée de concentration, harcelée par la douleur, elle comprenait en voyant l’air plus que déterminé de l’être qu’elle rêvait de tuer pour ce qu’il lui avait fait que c’était fini. Qu’elle avait perdue.
C’était ironique, quand même, que pile au moment où elle s’acceptait enfin comme elle était, elle allait mourir. Mais ce n’était pas si grave. Même si Ian serait vainqueur, même si Irons serait encore libre, au moins se serait-elle battue vraiment. Au moins se serait-elle totalement découverte. Et acceptée.
Après tout, c’était ça le plus important. Et rien d’autre ne valait ça, au fond.
« Tu vas mourir, Sara Pezzini. Et enfin, j’aurais mon honneur retrouvé…
- Non. »
BANG.
Une voix froide et dure s’était faite entendre avant que Sara n’entende le son spécifique d’une balle tirée, et surtout que la tête de Nottingham n’explose ! Elle n’était qu’à quelques centimètres de lui et reçut donc une grande partie du sang et de la chair expulsés, mais elle sentit son cœur se desserrer quand la pression sur son bassin se fit moins forte.
Elle prit quelques secondes avant de rouvrir les yeux, le temps suffisant pour enlever tout ce qu’elle avait sur le visage, et tenter de découvrir qui était son sauveur. Un immense sourire apparut alors entre les morceaux de chair sanguinolents, tandis qu’elle reconnaissait l’être qui venait de lui sauver la vie…c’était la Question !
« Toi…
- Et oui. Moi. Tu ne croyais quand même pas qu’il m’aurait aussi facilement, non ? »
Il était clair que l’homme masqué était blessé et fatigué vu son allure et ses difficultés pour rester debout, mais il était bel et bien vivant. Souriant toujours, Pezzini se releva et voulut dire quelque chose, mais elle en fut empêchée par son allié qui prit la parole avant elle.
« On parlera plus tard, Sara. Nous avons d’autres choses à faire.
- Comme.
- Comme ? »
Encore une fois, elle fut certaine qu’il souriait sous son masque, même si elle ne pouvait en être sûre.
« Sauver le monde, ma belle. Sauver le monde. »