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  Witchblade #4 : D’un endroit à l’autre rien n’est vraiment différent (4)
 

Histoire : Ben Wawe
Date de parution : 

Résumé : Sara Pezzini et Danny ShanLi sont transférés à la Police Montée de Québec dans le cadre d'un échange entre police. Venant de Los Angeles, Sara traîne derrière elle un lourd passé, où son ancien coéquipier Matthieu s'est fait abattre par les hommes de Kenneth Irons, un homme d'affaires trouble à qui la jeune femme a volée un étrange bracelet lors d'une visite officielle.
A Québec, Sara tente de se créer une nouvelle vie, et la première affaire qu'elle doit s'occuper concerne le meurtre et le viol de trois petites filles à Québec, tandis que d'étranges rêves sur Matthieu, Irons et le bracelet commencent à apparaître dans ses nuits agitées...



« Merde…qu’est-ce que c’est que cette connerie ?
- La fin de notre première affaire, Danny.
- Tu penses ? »

Le vent gifla légèrement le beau visage de Sara Pezzini alors qu’elle observait la face Nord de l’école où les trois victimes du monstre qu’ils traquaient depuis leur arrivée avaient été scolarisées. Un long soupir s’échappa d’elle tandis qu’elle vissait encore plus son chapeau de la Police Montée sur sa tête, ayant du mal à détacher son regard de l’horrible vision placé devant elle.

« Oui… »

Un homme avait été crucifié contre le mur de l’école où les petites Lenna et Julia Lemonier et Pauline Martin allaient. Les deux flics avaient rapidement vus ce lien entre ces trois victimes, et ils étaient venus la veille interroger le directeur de l’établissement. Mais malheureusement, cela s’était révélé inutile, vu qu’il ne savait rien sur les trois enfants, et qu’il ne pouvait donner aucune indication susceptible de faire avancer l’enquête.
Les deux policiers en provenance de Los Angeles avaient donc décidés de ne plus revenir dans cette école avant un bon bout de temps, mais le destin les avait forcé à changer d’avis : apparemment, celui qu’ils recherchaient depuis quelques jours avait été trouvé…et avait été stoppé. Définitivement.

« Quelle horreur… »

Danny observait le corps sans vie de l’homme qui semblait être le violeur et l’assassin des petites filles, tandis que sa coéquipière était choquée par la scène. Il était cloué au mur avec de gros bouts de fer, et son corps reflétait des heures de sévices et de tortures innommables. Sara sentit un frisson la prendre lorsqu’elle commença à imaginer ce qui avait pu lui être fait pour donner tant de marques et tant de souffrance sur son visage déjà mort. Ca avait dû être horrible…Ca avait dû être plus que monstrueux, pour qu’on puisse encore voir sa douleur quelques heures après sa fin…

« Oui. Mais au moins, c’est terminé, maintenant. Il ne fera plus de mal.
- Je… »

La jeune femme ne savait pas quoi dire.
Evidemment, son coéquipier et ami avait raison : si c’était bien l’homme responsable des morts des petites filles, au moins son cas était-il réglé…oui, son cas était réglé. Mais elle n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas cette façon de faire. Ce n’était pas légal…ce n’était pas ça, la justice. Quelqu’un s’était prit pour Dieu et avait décidé que ce type, si c’était bien le coupable des disparitions des petites Lemonier et Martin, devait mourir, et devait mourir avant toute forme de procès. Et ça…ça, Sara ne l’acceptait pas. Ce n’était pas ainsi qu’elle voyait les choses. Ce n’était pas ainsi qu’elle voyait la justice.

« Oui…mais ce n’est pas bien quand même. »

Danny se tourna vers elle. Il marcha lentement dans la neige qui commençait à s’amonceler devant l’école d’un des quartiers modestes de Québec, tandis que les équipes médicolégales et leurs collègues s’occupaient de ramasser les preuves et d’interroger les différentes personnes présentes aux alentours. Il lui sourit tendrement avant de poser ses doigts sous le menton de la jeune femme, voulant capter son regard avec douceur pour essayer de lui parler, sachant bien qu’elle n’en avait pas vraiment envie à ce moment-là.

« Sara…on a déjà eut cette discussion.
- Oui… »

Pezzini soupira lourdement.
Oui, ils avaient déjà eus cette discussion. Et ce n’étaient pas de bons souvenirs. Danny était un excellent flic, professionnel et intègre, mais il n’était pas contre une certaine forme de…vigilantisme. Il appréciait les héros masqués, ces types aux pouvoirs apparemment surhumains qui se disaient investis de la mission de protéger les innocents et d’arrêter les criminels. Elle, elle avait toujours pensé que ces personnes devaient être arrêtées, ou au moins soignées dans des hôpitaux spécialisés.

Après tout, si on voulait vraiment aider, on pouvait s’engager dans la police. Mettre un costume, cacher son identité…ce n’était pas sain, selon elle. Et elle se méfiait de ces gens-là, à la différence de son collègue et ami qui les idéalisait presque. Et c’était leur plus gros sujet de dispute, bien avant celui de la disparition de Matthieu, que la jeune femme pensait être de son seul et unique fait…

« …mais je n’ai toujours pas changée d’avis.
- Sara… »

Il caressa légèrement le bout de son menton. Elle savait que c’était sa technique préférée pour essayer de la mettre en confiance et pour la convaincre, mais elle n’avait pas envie de le suivre à ce moment-là. Un homme avait été tué, avait été sauvagement assassiné, et c’était grave. Même si il était responsable de la mort des trois petites filles, même si il était ce monstre qu’ils traquaient depuis leur arrivée à Québec, ça ne changeait rien. Il ne méritait pas ça. Personne ne méritait pas ça. Pas même les ordures de son espèce…

« Pezzini ? ShanLi ? »

Les deux amis se retournèrent immédiatement pour voir leur supérieur, le lieutenant Duwez. Danny enleva très rapidement sa main du menton de son ami avant de remettre correctement son chapeau sur son crâne, ne s’étant pas encore vraiment habitué à devoir porter ce genre de choses dans son boulot de flic. Il regrettait un peu Los Angeles pour ça, même si il trouvait quand même que leurs costumes étaient jolis…mais porté par d’autres, évidemment.

« Oui ?
- L’affaire est bouclée.
- Déjà ? »

Sara n’avait pu s’empêcher de pousser ce petit cri d’incompréhension. D’accord, un mot avait été posé sur le corps sans vie de l’homme crucifié et certaines preuves semblaient solides, mais quand même…leur enquête était terminée parce que quelqu’un avait torturé un type et l’avait cloué contre le mur de l’école des gamines ? C’était un peu trop rapide pour elle, quand même.

« Oui. Nous avons suivis les indices mis sur le mot sur cet homme. Il s’appelle…enfin, s’appelait Hank Dupré. C’était le patron de l’entreprise qui livrait les plateaux repas pour l’école. Déjà emprisonné pour tentative de viol sur un enfant.
- Et il s’en était sortit ?
- Après quelques années de prison, il avait réussit à se faire libérer sur parole, oui. Mais il ne devait plus être en contact avec des enfants.
- Comment a-t-il pu être embauché, alors ?
- C’était là l’astuce : il n’était que patron, et ne devait donc jamais être au contact des enfants. Même si tout le monde sait qu’il pouvait venir dès qu’il le voulait en prétextant un souci avec ses employés, on ne pouvait rien faire contre lui : il n’était pas fondamentalement au contact des enfants.
- Mais…le risque…
- Le risque était présent, oui. Mais sur quelle base légale l’attaquer et l’empêcher ? En plus, notre justice avait malheureusement autre chose à faire…
- Autre chose à faire que de sauver trois petites filles ? Autre chose à faire que d’éviter de briser les vies de leurs familles ? »

La réflexion de Sara avait été dure, froide et cassante. Elle sortait de son cœur, de ses tripes. Depuis toujours, elle avait exécrée ceux qui faisaient du mal aux enfants…ceux qui touchaient aux enfants. Ca venait peut-être de la disparition de son père dans son enfance, où elle s’était sentie touchée personnellement, mais au fond, c’était surtout parce qu’elle aimait fondamentalement les gamins. C’était pour elle des êtres uniques et merveilleux, et elle jalousait un peu leur innocence, étant donné qu’elle avait perdue la sienne à la mort de son père.
Néanmoins, les raisons de son attachement aux gosses n’étaient pas vraiment importantes à ce moment-là. La jeune femme n’aimait pas qu’on les touche, et elle n’aimait pas non plus quand des monstres comme ce Dupré étaient relâchés à cause d’une justice incompétente…elle ne supportait pas ça, en fait.

« Pezzini… »

Le lieutenant posa sa main sur l’épaule de l’inspectrice venue de Los Angeles. Il était très facilement visible de voir qu’elle était troublée par toute cette affaire, surtout qu’elle ne dormait pas bien ces derniers temps, hantée par d’étranges cauchemars sur la disparition de son collègue et les raisons de sa mutation dans ce pays…mais bon, elle savait qu’elle devait se calmer. Même si tout ça lui tenait à cœur, elle ne devait pas se faire virer dès les premiers jours non plus…ça ferait un peu tâche quand même.

« …je comprends ce que vous dites. Ca ne me plaît pas non plus que la justice laisse des hommes comme Hank Dupré dans la nature, mais la justice est celle des hommes…on ne peut pas tout faire, malheureusement. Je sais, c’est horrible à dire, mais les juges font du mieux qu’ils peuvent, et ils ne sont que humains. On ne peut pas leur demander l’impossible non plus. »

Sara n’était évidemment pas convaincue par le discours de son chef, mais elle faisait comme si, sachant bien qu’elle ne devait pas se le mettre à dos, sa carrière et celle de Dany étant déjà assez mal embarquées, malheureusement.

« Donc oui, Hank Dupré fut une erreur. Mais même si elle a coûtée chère…cette erreur est corrigée, maintenant.
- Corrigée ? »

La jeune femme fronça les sourcils. Son naturel était trop difficile à contenir, et elle sentit Danny soupirer dans son dos. Elle savait qu’elle devait rester calme, mais ce que venait de dire le lieutenant était trop gros pour elle…trop difficile à encaisser.

« Oui.
- Comment ça ?
- Mes hommes sont allés à la maison de ce Dupré, et ont suivis les indications du billet laissé sur son corps. Ils ont trouvés des preuves pour le faire plonger. Il a violé et assassiné les gamines. L’affaire est close.
- L’affaire est close ?! »

Le ton de Sara monta d’un cran. Duwez enleva sa main de son épaule alors que ShanLi s’approchait, bien conscient que son amie était en train de perdre les pédales. Mais il la connaissait, et il savait qu’ainsi partie, il n’arriverait pas à la stopper…et que ça les mettrait encore dans une drôle de situation. Il soupira donc à nouveau, se plaçant derrière elle en espérant pouvoir intervenir et dire quelque chose avant qu’elle n’aille trop loin dans ses paroles.

« Comment pouvez-vous dire que l’affaire est close ?! Un taré, un pseudo vigilant tue un homme et le crucifie sur ce mur, et l’affaire est close ?! D’accord, Dupré était bien le violeur et l’assassin des petites filles, mais vous ne pouvez pas classer l’affaire comme ça ! Un assassin court dans les rues encore ! Un fou qui crucifie les gens sur les murs parce qu’il pense qu’il en a le droit !
- Dupré était un violeur et un assassin, Pezzini.
- Et il méritait un procès ! Comme n’importe qui ! Comme le malade qui lui a fait ça et qui doit être arrêté ! Pourchassé ! »

La jeune femme criait sur son supérieur, et elle s’en rendit compte assez rapidement, tandis que tous les regards étaient désormais posés sur eux, se demandant ce qu’il pouvait bien se passer pour qu’elle se comporte ainsi. Revenant sur terre, elle vit le visage surprit et surtout désapprobateur de Duwez, et comprit immédiatement qu’elle était allée trop loin. Ca lui arrivait, parfois, quand on s’en prenait à des sujets qui lui étaient chers, et elle savait qu’elle ne pouvait presque jamais se contrôler dans ces moments-là…Ca lui avait d’ailleurs valu bien des problèmes à Los Angeles, pensa-t-elle pendant que le lieutenant se raclait la gorge pour lui répondre.

« Pezzini… »

Sa voix était grave et forte. Elle recula légèrement, par réflexe, se doutant bien qu’elle allait se prendre un savon et que son image allait être désormais écorchée dans sa nouvelle ville, ce qu’elle avait voulue éviter…mais bon, elle n’avait pu aller contre sa nature et sa pensée, et elle ne regrettait rien. Du moins, pour l’instant…

« …je ne vais pas tenir de ce que vous venez de dire, et surtout du ton que vous avez utilisé. Je peux comprendre que la fatigue, l’investissement personnel et l’arrivée à Québec alors que vous venez de Los Angeles peuvent amener à ce genre de débordements, mais sachez que je ne les accepte pas chez moi.
- Je…
- Laissez-moi finir. Je disais donc que je peux comprendre, mais je n’accepte pas ça. Que vous ayez des idées différentes des miennes, je l’accepte, mais je ne veux pas d’éléments sapant mon autorité devant tout le monde, et surtout je ne veux pas de telles manières. Vous êtes donc excusée, mais…
- Merci…
- Mais il y a un mais. »

Sara devint blanche à ce moment-là. Que voulait-il ajouter ? Il l’excusait, non ? Il passait l’éponge ? Alors pourquoi voulait-il mettre un mais après ses paroles ? Que voulait-il bien encore lui dire, alors qu’elle avait le regard baissé et qu’elle se sentait aussi minable que lorsqu’elle avait ouvert les cadeaux de Noël dans la nuit et qu’elle avait été vue par son père ?

« Mais vous êtes démis de vos fonctions.
- Quoi ?!
- Pour une semaine. Sans solde.
- Mais…Mais…
- Votre arme. Votre insigne. Vous déposerez le tout plus votre uniforme au QG et vous prendrez une semaine pour vous reposer et vous habituer à la ville. Et vous calmer. »

Elle n’en croyait pas ses oreilles.
Il la suspendait ? Comme ça ? Alors que ça ne faisait pas une semaine qu’elle était en ville ? Alors qu’elle avait simplement élevée la voix parce qu’elle avait été choquée ? La colère bouillonnait en elle, et elle sentait sa rage prête à sortir. Bien sûr, elle savait que ce n’était pas bien et qu’elle devait juste se taire, mais…mais ce n’était pas son genre. Même si elle semblait d’apparence douce et gentille, la jeune femme était une vraie bombe à retardement, et il était peut-être temps que Duwez comprenne qu’il ne fallait pas la traiter comme ça…qu’il ne fallait pas traiter ses valeurs et ses sentiments comme ça…

« Je vais l’accompagner jusqu’au QG, chef. »

Danny s’était avancé et avait parlé d’une voix franche et calme. Un seul coup d’œil suffit à Pezzini pour comprendre qu’il faisait ça pour éviter qu’elle n’aggrave encore son cas, et elle soupira donc lourdement, essayant de se calmer et de faire partir sa colère. ShanLi était un ami de longue date, presque un grand frère, et même si ils n’étaient pas toujours d’accords sur tout, les deux flics s’étaient toujours soutenus.
L’attitude de son collègue ne l’étonnait donc pas, et elle lui fit un petit signe de tête pour le remercier, consciente que sans lui, que sans son intervention, ça aurait été encore pire pour elle.

« Ok. Mais revenez ici dès que ça sera bon.
- Sans problème.
- Bien. »

Duwez fit un petit salut poli aux deux flics, avant de retourner sur le lieu du crime. Sans un mot, les deux Américains se dirigèrent alors vers leurs montures. Une lourde tension régnait entre eux, à cause de ce qu’il s’était passé et de leur début de dispute auparavant. Ca réveillait en eux de mauvais souvenirs et de sales soirées, et ils préférèrent donc se taire durant tout le trajet, ce qui les arrangeait, d’ailleurs : une tempête s’était levée sur Québec, et il aurait été très difficile de se parler avec leurs écharpes collées contre leurs visages et leurs chapeaux vissés au maximum sur leurs crânes pour se projeter du vent.






« Pff… »

Sara jeta sa veste sur le canapé de leur chalet. Elle avait refusée que Danny l’accompagne jusqu’ici…il devait retourner au travail après l’avoir escorté jusqu’au QG, il fallait bien que l’un d’entre eux soit bien vu par la direction finalement, et elle avait besoin d’être seule. Pour réfléchir. Pour faire le point. Pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas chez elle, et comment elle pourrait faire pour être moins fonceuse et moins émotive.

« Quelle journée… »

La jeune femme entra dans sa chambre et se jeta sur son lit. Elle était fatiguée. L’arrivée à Québec était un choc psychologique difficile à assumer, et même si elle avait tout fait pour montrer que ça allait, qu’elle encaissait…ce n’était pas vrai. La mort de Matthieu la rongeait, comme son envie de se venger. Même si elle savait que ce n’était pas une bonne chose, même si elle savait que si elle faisait ça, elle deviendrait un de ces vigilants qu’elle exécrait tant…ça la travaillait quand même.

Elle avait envie de se venger.
Elle avait envie de tuer celui qui avait tué son coéquipier. Et ça la rongeait chaque minute de chaque heure de chaque jour. Matthieu lui manquait énormément, et même si Danny était un de ses plus grands amis…ça n’était pas pareil. Ca ne serait jamais pareil. Elle avait perdue quelqu’un d’important dans sa vie. Et personne ne le remplacerait…Personne…

« Ne pense pas à ça… »

Pezzini releva la tête. Elle sentait les larmes monter à ses yeux, et elle n’avait pas envie de pleurer. Ca faisait des années que ça ne lui était plus arrivé, et elle ne voulait pas que ça vienne maintenant. Elle devait être forte. Elle devait être dure. Irons l’avait forcé à venir ici, à quitter son pays et sa ville, et il serait trop heureux de savoir qu’elle ne supportait pas ça…il serait trop heureux de savoir qu’il avait gagné.

Elle n’allait pas le laisser gagner. Elle n’allait pas le laisser avoir cette victime. Irons lui avait prit son ami…mais elle lui avait prit autre chose. Et il regrettera à jamais d’avoir fait ça…Oh oui…Un jour, il regrettera à jamais d’avoir osé lui faire ça…

« C’est vrai. »

Une voix venait de se faire entendre dans la pièce. Une voix froide, inhumaine, sans véritable ton. La jeune femme mit immédiatement sa main à sa ceinture pour prendre son flingue, mais…elle n’en avait plus. Elle avait dû la laisser au QG, et elle se trouvait donc désarmée. Seule. Dans un chalet qu’elle ne connaissait pas bien. Et perdue dans un endroit avec aucun voisin autour d’elle, en pleine tempête de neige.
La peur commença lentement à naître en elle, à ce moment-là.

« Je…qui est là ? »

Elle était assise sur son lit. Rapidement, Sara se rappelait toutes ses leçons de close combat, de self défense et toutes ces choses qu’elle avait dû apprendre à l’école de police, et dans son enfance avec son père. Elle était habituée à se battre, oui. Elle savait se battre, oui. Et bien, même. Mais elle avait peur. Elle sentait la sueur couler le long de son soutien gorge et de son dos, et elle savait qu’elle aurait du mal à se mettre en action. Elle savait qu’elle aurait du mal à se défendre. Et elle avait peur. Elle tremblait presque de peur, même.

« Qui est là ? »

La voix se fit à nouveau entendre, et cette fois-ci, elle put capter d’où elle venait. C’était dans un des coins sombres de la pièce, près de la fenêtre. Ses yeux se plissèrent pour essayer de voir l’être qui pouvait se trouver dans cet endroit, mais la neige donnait peu de visibilité dans la pièce, et surtout dans cet endroit obscur. Sa peur s’intensifia à ce moment-là, tandis que ses doigts serraient les draps sous elle, plus par réflexe qu’autre chose.

« Tu sais déjà poser les questions…c’est une bonne chose pour me parler. »

L’être qui venait de prononcer ces mots commença alors à s’approcha de Pezzini. Celle-ci fronça les sourcils en voyant ce qu’il était…à quoi il ressemblait. Et elle eut peur. Elle eut encore plus peur dès qu’elle l’aperçue, sortant de ce coin sombre comme une figure maléfique tout droit venue de ses rêves.

Il n’était pas très grand, mais son charisme était presque palpable. Il était vêtu de chaussures noires classiques, d’un pantalon sombre simple mais efficace, et d’une chemise blanche avec cravate obscure. Le tout était surmonté d’un imperméable noir lui aussi, mais ce n’était pas ça le pire. Le pire…le pire, c’était le visage de cet être.

Il n’avait pas de visage, en fait.
Ou plutôt si, mais il était étrange. Elle mit quelques secondes à comprendre qu’il portait un masque blanc avec trois tâches : une pour chaque œil et une pour la bouche. Cela lui donnait un côté fantastique et monstrueux qui devait certainement l’aider dans ce qu’il faisait, surtout avec son chapeau sur le crâne qui accentuait encore ça. Sa silhouette ressemblait véritablement à celle d’un monstre de cauchemar, d’un monstre humain, même, malheureusement…

« Mon dieu… »

Pezzini frissonna en voyant cet être approcher d’elle, les mains dans les poches. Elle ne pouvait pas voir son visage, masqué qu’il était, mais elle était sûre qu’il était en train de sourire en l’observant ainsi. Sa réaction d’orgueil fut immédiate, et elle voulut alors se reprendre, pour ne pas montrer à ce…cet être qu’elle avait peur. Non. Elle ne voulait surtout pas lui montrer qu’elle avait peur.

« Je…Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites là ? »

L’être s’arrêta à un mètre d’elle. Sara n’avait pas bougée depuis son apparition, immobilisée par la peur et l’appréhension, même si elle faisait tout pour combattre ces sentiments-là.

« Qui je suis ? »

Sa voix était terriblement charismatique, mais aussi légèrement terrifiante par le côté très neutre et froid…comme si il n’était pas humain. Comme si il était plus qu’humain.

« Je suis la Question. »

Il fit une petite pause pour bien donner du poids à ce qu’il venait de dire.

« Ce que je fais là ? »

Elle fut encore plus sûre, à ce moment-là, qu’il souriait sous son masque, et qu’il profitait du moment.

« Je viens te chercher, Sara Pezzini. Je viens te chercher parce que j’ai besoin de toi.
- De…De moi ?
- Oui. Enfin surtout de ce que tu as au poignet. Surtout… »

Elle ne comprenait rien. Par réflexe, elle baissa les yeux pour regarder ses poignets, et sa bouche s’ouvrit en grand à ce moment-là, poussée qu’elle était par la surprise, l’incompréhension…et la peur encore une fois, malheureusement.

« …de la Witchblade. »

Autour de son poignet droit était enroulé un bracelet…un étrange bracelet apparemment métallique, mais fait d’une matière qu’elle ne connaissait pas. Elle ne comprenait pas comment il pouvait être là, comment il avait pu se trouver là sans qu’elle le remarque auparavant, mais ce n’était pas ça le pire. Le pire…le pire, c’était qu’elle connaissait ce bracelet. Elle l’avait déjà vue. Et elle le haïssait.

Ce bracelet…c’était celui qu’elle avait prit à Kenneth Irons. C’était celui qui était responsable de la mort de Matthieu. C’était celui qu’elle avait détruit quelques semaines plus tôt ! C’était le bracelet qu’elle avait détruit de ses mains qui se trouvait maintenant à son poignet, et elle se sentit alors lentement tomber dans l’incompréhension, la folie et surtout…la terreur…

 
 
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