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  Witchblade #9 : Resist or Die (1)
 

Histoire : Ben Wawe
Date de parution : 

Résumé des épisodes précédents : Sara Pezzini et Danny ShanLi sont transférés de force à Québec après le meurtre du précédent coéquipier de Sara, Matthieu, par les hommes de Kenneth Irons, et ce parce que la jeune femme lui avait volé un bracelet anthique. Celui-ci, la Witchblade, est toujours à sa main et en fait la future sauveuse de l'Humanité selon d'anciennes écritures, mais aussi celle qui contrôle l'énorme pouvoir que l'objet renferme.
La Question entre ensuite en contact avec Sara et l'emmène dans un tourbillon de folies, où ils doivent affronter un métamorphe, Ian Nottingham, envoyé pour la tuer. Ils parviennent à le vaincre et partent rejoindre une Résistance aux Architectes, et après un long dialogue, Sara est plus perdue encore. Mais le pire arrive : Ian se libère, et un combat terrible commence. Heureusement, la Résistance de la Question arrive, mais ses membres semblent tous plus inquiétants les uns que les autres...



Elle ne se sentait pas à l’aise.

Assise, en face de cinq êtres tous plus étranges les uns que les autres, Sara avait du mal à rester sur sa chaise. Certes, celle-ci était confortable et on lui avait donné à boire et à manger, et l’endroit où elle se trouvait était joli et intéressant, mais…ça n’allait pas. Son instinct lui criait de partir, de ne pas rester ici. Et elle avait bien envie de l’écouter, surtout quand ces êtres la fixaient et disaient des choses tellement bizarres.

« Nous sommes donc la Résistance, Sara. »

La Question. L’homme qui l’avait amené ici. C’était lui la cause de tout ça, la cause de sa présence entre ces murs, sous terre. C’était parce qu’il était venu la chercher et qu’il lui avait expliqué certaines choses sur son étrange bracelet qu’elle se trouvait ici. Mais pourtant, malgré le fait qu’il ait certainement ruiné sa vie et fait en sorte qu’elle soit recherchée par la police canadienne…elle l’aimait bien.

Bien sûr, celui-ci représentait tout ce qu’elle avait toujours détestée, à savoir la justice solitaire, les abus de pouvoir et les attaques violentes contre les gens sans en avoir l’autorisation, mais depuis quelques heures qu’elle était avec lui, depuis qu’elle vivait avec lui et survivait grâce à son aide…son opinion commençait à changer.

Après tout, la Question essayait seulement d’aider et de faire le bien. Il n’utilisait pas les bonnes méthodes selon elle, mais avec des adversaires comme Kenneth Irons ou ce Ian Nottingham complètement fou et imprévisible, est-ce qu’il avait vraiment le luxe de faire les choses dans les formes ? Est-ce qu’il pouvait suivre les règles quand ses ennemis s’en fichaient ?
La question était dure à poser. Et la réponse risquait de faire mal, pensa-t-elle en souriant intérieurement de son petit jeu de mots.

« Je sais que tout ça doit être dur à encaisser, mais le temps presse. Je t’ai déjà parlé du conseil secret, de ces êtres qui se font appeler les Architectes et qui font du mal au monde et au pays derrière leurs bureaux et en appuyant sur quelques boutons. Je suis bien conscient que tu n’es pas d’accord avec tout ce que j’ai dis et avec certaines de mes méthodes… »

Pezzini était sûre qu’il souriait sous son masque. Depuis qu’elle le connaissait, il ne l’avait pas enlevé une seule fois, et son instinct de détective était en train d’être de plus en plus excité par ce mystère. Bien sûr, cela pouvait tout simplement être une envie d’anonymat ou de se réfugier derrière un objet pour être soi-même, ce qui suivait assez sa théorie personnelle que les types comme lui étaient des cas sociaux qui méritaient des soins psychiatriques, mais ça pouvait aussi être quelque chose d’autre…quelque chose de pire.
Et elle avait envie de savoir quoi. Au plus vite.

« …mais je pense avoir certaines choses à te montrer. Mais avant, je vais laisser mes collègues se présenter. Au moins, tu pourras mettre un nom et une histoire sur ces têtes. »

Depuis son arrivée ici, la Question usait d’une voix très douce et calme. Grâce à l’intervention de sa « Résistance », ils avaient survécus au réveil de Nottingham, et étaient allés après dans un grand camion qui avait plusieurs bornes avant d’arriver à leur quartier général. Celui-ci était caché dans le creux d’une montagne, certainement canadienne, et on y accédait après différents escaliers creusés dans la roche.

La descente avait duré une bonne trentaine de minutes, et tout le monde se trouvait maintenant au centre de la montagne, dans une sorte de complexe aménagé à la hâte. On y trouvait quelques ordinateurs, quelques couchettes, des télévisions, différentes tables avec des papiers dessus, une salle de bains beaucoup trop fonctionnelle et austère à son goût, une petite cuisine et une salle d’armes. Et c’était tout.

Tout confort, tout luxe était interdit, et elle voyait bien que la Résistance n’était pas là depuis longtemps, et surtout qu’elle n’avait pas énormément de budget pour elle. Ca semblait être une petite organisation, créée uniquement sur la volonté de la Question pour vaincre ces soi-disant architectes et certainement pour se venger d’eux.
Oui. Ca semblait vraiment tout petit. Et c’était une bonne chose pour la policière, qui n’avait toujours pas écartée l’idée d’arrêter tout ce petit monde en appelant des renforts.

« Je suis Jack. »

L’homme à la gauche de la Question venait de parler d’une voix nasillarde et mystérieuse. Une cigarette au coin des lèvres, un ton plus que pâle, des yeux injectés de sang, une longue crinière noire mal lavée, il semblait vraiment être sortit de terre il y a peu, impression qui était confirmée par ses habits un peu vieillots et surtout vieillis par les années. Sara était sûre qu’il n’avait plus changé de vêtements depuis des années, et elle n’était pas certaine, pour une fois, de savoir si elle avait raison ou non.

« Je suis un vampire. »

Pezzini ne put retenir un petit gloussement de rire quand il dit ça avec le plus grand sérieux du monde. Certes, son aspect et ce qu’il dégageait pouvaient faire croire à quelqu’un d’influençable et de rêveur que ce type pouvait être un vampire, mais pas à elle. La policière était beaucoup trop terre à terre et scientifique pour ça.

Les vampires n’existaient pas. Et même après tout ce qu’elle avait vécu aujourd’hui, elle ne voulait pas croire que ce fait puisse être remis en question. Les vampires n’existaient pas. Point.

« Je suis un vampire, mademoiselle Pezzini. Ne vous moquez pas.
- Je…Euh…Je suis désolée… »

Elle n’arrivait pas à s’empêcher de rire. Depuis plusieurs heures, elle traversait une phase plus que difficile, et glousser ainsi lui permettait de laisser un peu la pression s’échapper. Elle n’arrivait donc pas à s’arrêter, et même si elle voyait bien que le dénommé Jack n’appréciait pas, elle ne pouvait rien faire contre cela.
Elle était prise d’un fou rire. Et n’avait aucune idée de quand ça s’arrêterait.

« Je vois. Besoin d’une preuve ? »

Sara ne confirma ni n’infirma, trop occupée à rire. L’être se leva calmement, sous le regard quelque peu inquiet des autres. La Question lui-même avait serré les poings et se tenait certainement prêt à intervenir en cas de besoin, et ceci fit comprendre à la jeune femme que se laisser ainsi aller n’était peut-être pas une bonne chose.
Après tout, elle ne connaissait vraiment personne, ici. Et sa survie n’était peut-être pas encore totalement assurée.

« Les vampires n’existent pas pour vous, hein ? »

Jack sourit légèrement avant de s’approcher de Pezzini. Immédiatement, ses rires commencèrent à s’espacer et elle sentit la peur naître lentement en elle. Ce type était sûrement un taré, mais les tarés pouvaient être dangereux. Elle chercha la présence rassurante de son arme, mais se souvint que la Question la lui avait prise dès qu’ils étaient arrivés ici.

Elle était seule, sans arme et à la merci d’un fou qui se prenait pour un vampire. Et ses rires s’arrêtèrent, évidemment. Ce n’était plus vraiment le temps pour ça.

« Je crois que si. »

Après avoir dit ça, le dénommé Jack ouvrit grandement sa bouche et la policière put alors voir deux immenses canines…deux énormes canines. Elles n’étaient pas normales, elle le savait. Même si elle n’avait aucune connaissance dentaire, elle sentait au fond d’elle que tout ça n’était pas normal…que tout ça n’était pas humain.
Ce type n’était pas vraiment humain, pensa-t-elle alors. Ce type n’était vraiment pas humain.

« Sentez. »

Il prit sa main, et malgré ses tentatives pour se débattre, elle ne put rien faire. Sa poigne, solide et surtout terriblement froide, était beaucoup trop forte pour elle, et elle se laissa donc faire. Bien sûr, elle aurait pu user de son bracelet à son autre main, mais elle n’y pensa pas, trop occupée à fixer le visage terriblement blême et surtout un peu terrifiant de l’être qui posait les doigts de Pezzini sur son avant-bras.

« Pas de pouls, hein ? »

Sara avait eu une formation médicale à l’école de police, et elle se rappelait très bien comment prendre le pouls de quelqu’un. Instinctivement, elle l’avait cherché chez ce Jack, mais…elle ne l’avait pas trouvé.

Refusant évidemment cela, elle réessaya et bougea ses doigts, mais rien n’y faisait : il n’avait pas de pouls. Son cœur ne battait pas. Définitivement pas.

« Mon dieu… »

Ses yeux s’écarquillèrent tandis que Jack, souriant, retournait à sa place. Son cœur ne battait pas. Il avait d’immenses canines. Il était blême et semblait vieux comme le monde. Mon dieu, pensa-t-elle encore une fois. Cet homme était un vampire. Cet homme était un vampire !

« Mais…mais…
- Les explications viendront plus tard, Sara. Laissons les autres se présenter. Tu auras tout le loisir de parler à Jack après. »

La Question intervint pour que la présentation reprenne son cours normal, et ce fut désormais à une jeune femme aux cheveux très courts de parler.

« Je m’appelle Betty Ross. »

Sa voix était dure et froide. Toute joie avait apparemment quittée son visage, tandis que ses deux mains étaient jointes sur la table devant elle. Vêtue d’une grosse parka grise et d’un pantalon qui ne laisserait jamais passer le moindre froid, elle était prête pour une excursion polaire…et pour plus encore, comme le montrait l’arme à sa ceinture.

Jadis, elle avait dû être très belle pensa Sara en voyant encore quelques restes sur son visage. Mais c’était fini, maintenant. Quoi qu’il lui soit arrivé, tout bonheur avait quitté sa vie et elle semblait être prête à tout pour leur cause, maintenant. La jeune femme en trembla tandis que l’autre représentante de son sexe reprit la parole, avec toujours le même ton étrange et qui la mettait mal à l’aise.

« Tous ici, nous sommes là parce que les Architectes nous ont pris quelqu’un ou quelque chose que nous aimions. Moi, je suis là parce qu’on m’a prit l’homme que j’aimais. Tu ne sauras pas mon histoire, Sara. Je ne veux pas que tu la saches. Mais je me battrai jusqu’au bout pour retrouver celui que j’aime. Même si il n’est plus le même, et même si il avait déjà changé. »

Ces mots ne demandaient aucune réplique. Cette Betty avait perdu son homme, et sûrement bien avant l’attaque des Architectes. Elle était prête à absolument tout pour le retrouver et pour se venger, et étrangement Pezzini pouvait comprendre ça. Bien sûr, elle n’avait jamais vraiment aimé quelqu’un, elle n’avait jamais vraiment été amoureuse, mais elle était comme toutes les femmes.
Elle savait que si un jour, quelqu’un s’en prenait à celui qu’elle chérirait plus que tout au monde, on ne pourrait la stopper avant qu’elle ne le retrouve. Toutes les femmes étaient ainsi, et tous les hommes amoureux aussi. Et elle pouvait donc comprendre la position et le choix de Betty Ross.

« Je n’ai pas de pouvoir comme Jack. Mais je sais me battre, et je n’abandonnerai pas. Et si tu nous rejoins, je t’aiderai. Mais ne me vole pas ma vengeance. »

La policière avait bien compris le message. Ne pas se mettre sur la route de cette femme. Quoiqu’il arrive. Quoiqu’elle fasse. Quoiqu’elle affronte.

« Je suis Tim Hunter. »

Un jeune homme venait de parler. Les cheveux coupés courts, vêtu d’un t-shirt noir et d’un pantalon de la même couleur, ses avant-bras étaient tatoués de symboles étranges et mystérieux. Son regard trahissait une rage non dissimulée, et ses mouvements de doigts incessants montraient qu’il n’était pas quelqu’un de patient.

Un homme étrange et à surveiller, se dit la jeune femme alors qu’il continuait à se présenter.

« Les Architectes ont tué mes amis…ma famille. Je leur ferai payer. Mais à ma façon. J’ai eu des pouvoirs, avant. Mais c’est fini. J’étais le Sorcier Suprême de la Terre, mademoiselle Pezzini. Et ne riez pas cette fois-ci. Je ne serai pas aussi sympathique que Jack. »

Sara avait aussi bien compris le message. Ce Tim Hunter en avait gros sur le cœur, et même si elle ne comprenait pas bien ce qu’il voulait dire par Sorcier Suprême, elle n’avait pas envie de rire, là. Le danger qu’il véhiculait autour de lui était palpable, et elle était sûre qu’il devait être un combattant des plus féroces.

« Je n’ai plus de pouvoirs, donc, mais je suis toujours le plus grand spécialiste de l’occulte de la planète. Mon ancien maître m’a légué sa puissance, perdue depuis, mais aussi sa connaissance. Je sais tout ce qu’il y a à savoir sur les forces mystiques, mademoiselle Pezzini. Et je peux vous dire que ces enfoirés d’Architectes fricottent avec des saloperies qui hantent les cauchemars. C’est grâce à eux que mes amis sont morts, sinon jamais les hommes des Architectes n’auraient peu approcher. Et eux…ils sont à moi. »

Pezzini acquiesça.

Elle ne comprenait toujours pas ce qu’il voulait dire, mais sa détermination suffisait pour la convaincre. Apparemment, ce conseil secret, si il existait, était beaucoup plus complexe qu’il ne semblait l’être, et elle n’aimait pas ça. Déjà, si il était vraiment là dans l’ombre, ça voulait dire qu’il était plus dangereux encore que ne l’avait dit la Question, et si il n’était qu’une invention de ces cerveaux malades…et bien ça voulait dire qu’ils étaient imprévisibles et qu’elle n’était pas en sécurité du tout.

La jeune femme, ayant toujours du mal à se faire à tout ça, déglutit donc difficilement tandis qu’elle tentait de trouver, en vain, une sortie possible en cas de souci. Néanmoins, elle se tenait sur ses gardes au cas où, alors que son regard se posait sur la dernière personne à présenter, qui venait de sortir de l’ombre. Enfin, personne…cet être n’en avait que le nom, apparemment.

« Je suis Deathlok. »

C’était un robot, et sa voix trahissait ce fait. C’était une montagne de fer, avec un visage terrifiant d’où sortaient quelques fils. Ses mains étaient énormes, et son corps semblait regorger de puissance et d’armes, vu les différents canons qu’elle voyait un peu partout sur son torse et ses épaules.
Ce…cette chose était une véritable arme vivante. Ca n’avait plus rien d’humain. Et elle frissonna quand elle se rendit compte que cet être était là depuis le début, caché et l’observant depuis l’ombre de la pièce.

« J’ai été un homme, jadis, et je suis devenu un monstre mécanique. Un cyborg. Je suis une arme vivante, à cause des Architectes qui ont donné l’ordre de me faire ça. Et je veux me venger. »

Il ne dit rien de plus. Ca suffisait. Pezzini était encore plus perdue qu’auparavant, mais avec tout ce qu’elle avait vécue aujourd’hui…elle acceptait l’idée qu’un homme puisse devenir cette chose. Elle acceptait le fait que ça soit possible.

Hier, jamais elle n’aurait pu voir un tel être sans exploser de rire et crier à la farce. Mais après avoir vu Ian Nottingham de ses propres yeux, après avoir observé ce dénommé Jack et vécu ce qu’elle avait vécu…elle y arrivait, maintenant. Sa vision de la vie et des choses se modifiaient au fil de ses découvertes dans l’univers de la Question, et même si ça l’aidait pour aborder tout ça, elle n’était pas sûre que ça soit une bonne chose.

« Voila, Sara. Nous nous sommes présentés. Maintenant, je vais te montrer une vidéo que j’ai faite pour un ami…tu risques de trouver ça intéressant. »

L’homme masqué appuya alors sur la télécommande qui se trouvait devant lui. La télévision s’alluma, et le silence se fit autour de la table, tandis que la policière un peu perdue portait ses yeux sur l’écran à quelques mètres d’elle.






« Votre homme a été emprisonné !
- Je sais.
- Il devait normalement tuer Pezzini et me ramener ce bracelet. Il a échoué.
- Nous ne savions pas que Sara Pezzini serait aidée, monsieur Irons.
- Je n’en savais rien non plus. Je pensais juste que la Main était un peu plus professionnelle que ça.
- La Main l’est, monsieur Irons.
- La preuve que non : votre agent est emprisonné, et Pezzini aux mains d’un de mes pires ennemis.
- La Question ?
- Oui. Et ses alliés ne vont pas me faciliter la tâche. Je vais devoir appeler mes associés pour savoir de quelle manière agir. Ca ne va pas être simple, mais nous devons bien avoir quelques hommes à mettre dessus.
- Que voulez-vous dire par cela ?
- Je vous retire la mission. Vous n’avez fait que me décevoir depuis que je vous ai engagé. Ça suffit.
- La Main n’abandonne jamais, monsieur Irons. Ian va réussir ce que nous lui avons ordonné de faire.
- Il est emprisonné. J’aimerai bien voir ça.
- Mais vous verrez, monsieur Irons. Vous verrez. Ian est formé pour ça. Il n’abandonne jamais, et nous non plus. Nous sommes la Main. Nous sommes les meilleurs. Et nous vous ramènerons votre bracelet.
- Pezzini va être sur ses gardes, il ne sera pas facile de le lui voler grâce à vous.
- Mais qui parle de le voler ?
- Quoi ?
- Ian va vous apporter le bracelet et mademoiselle Pezzini. Elle sera à vos pieds. Consentante à tous vos désirs.
- Et comment vous allez faire ça ? Comment vous allez vous y prendre ? Je la connais. Elle ne se laissera jamais faire.
- Nous avons nos moyens, monsieur Irons. Nous avons nos moyens… »






Sara ne savait pas quoi faire.
Seule dans une pièce à part qu’elle n’avait pas encore vue, elle réfléchissait. A ce qu’elle venait d’entendre. A ce qu’elle venait de voir.

La Question lui avait montré les vidéos de l’Anarchiste. Celles où il expliquait sa propagande, et l’autre où il se sacrifiait. L’homme masqué lui avait aussi donné les documents prouvant la culpabilité des Architectes et les éléments sur les identités des membres de ce groupe. Pour le moment, aucune n’était sûre, mais certaines preuves étaient assez importantes pour avoir de sérieux doutes.

Et son sauveur lui avait aussi expliqué ce que la Résistance voulait faire. Son groupe avait pour but l’élimination des Architectes. Il avait comme mission de réduire à néant cette organisation, de manière à venger les justiciers tombés au combat. Lui et les autres voulaient aussi libérer ceux enlevés par leurs adversaires, mais ça, ça ne venait qu’après.
Pour eux, la vengeance était l’objectif principal. Le reste était accessoire et secondaire. Et elle ne savait pas quoi en penser.

Elle avait vu les images. Elle avait entendu les mots. Mais devait-elle croire tout ça ? Devait-elle vraiment donner foi à tout ça ? Il était indéniable que la Question pouvait avoir fausser tout ça. Il la voulait avec eux parce qu’elle avait un grand pouvoir, et qu’elle était capable de grandes choses.
Il lui donnait un but, une mission. Il voulait donner la justice, et il avait besoin d’elle. Il la voulait à ses côtés, vraiment. Mais elle, que voulait-elle ?

Depuis la disparition de Matthieu, Pezzini n’avait plus de vie, elle n’était plus elle-même. Elle était devenue loque, et serait sûrement pire si Danny n’avait pas été là pour elle. Ca faisait des semaines qu’elle n’était plus rien, oui. Qu’elle n’aimait plus la vie. Mais ça avait changé. Tout ça avait changé. A cause de la Question.

Ces dernières heures avec lui avaient été terribles, et tout avait été remis en question dans sa vie, mais…elle avait aimé ça. Elle ne savait pas comment l’expliquer, mais la jeune femme avait à nouveau ressentie l’adrénaline et l’envie de faire quelque chose de son existence grâce à la présence de cet être à ses côtés.

Grâce à elle, la policière s’était à nouveau sentie elle-même. Elle s’était à nouveau sentie vivante. Et elle lui en était reconnaissante, plus sûrement qu’il ne pouvait penser. Mais est-ce que ça voulait dire qu’elle devait tout accepter ? Est-ce que ça voulait dire qu’elle devait tout sacrifier pour lui ?

Sara n’était pas d’accord avec tout ce qu’elle disait, et malgré ce qu’elle avait vue, elle ne pouvait pas croire tout ce qu’il avançait. Bien sûr, elle ne pouvait pas remettre en question les phénomènes surnaturels dont elle avait été témoin, mais tout ça, tout ce qu’il lui avait lancé en plein visage…ça faisait beaucoup, pour elle, et tout ne passait pas.

Déjà, elle n’était pas sûre que ces Architectes existent vraiment. Ca ne pouvait être qu’un vague délire de paranoïaque, même si les preuves avancées semblaient quand même assez fortes et crédibles. Mais encore une fois, elles pouvaient être fausses et tout ça était peut-être qu’une folie de quelques esprits malades.
Elle n’en savait rien, au fond. Et c’était bien ça qui la gênait.

Dans l’absolu, l’idée de sauver le monde de ceux qui lui faisaient du mal en cachette était plaisante, pour elle. Pezzini savait que sa vie était détruite et que seul Danny la gardait encore un peu sur Terre : elle n’avait donc aucune envie de retourner à son ancienne existence. De ce côté-là, la proposition de la Question était donc séduisante. Mais il y avait malheureusement un autre côté qui la gênait.

Ils étaient des justiciers. Qui abusaient de leurs pouvoirs.

Un seul regard lui avait fait comprendre qu’aucun n’hésiterait à tuer pour vaincre les Architectes, et elle ne pouvait cautionner ça. Même si son regard sur eux commençait à évoluer, la jeune femme savait qu’elle n’accepterait pas le meurtre. Elle-même refusait de tirer pour tuer, et elle blâmait tous ceux dans la police qui faisait ça.
Elle réprouvait le meurtre. Ce n’était pas le rôle des policiers de tuer, selon elle. Et elle ne pouvait donc l’accepter de leur part.

Même si leurs buts pouvaient être louables, même si elle pouvait comprendre, elle ne voulait pas accepter ça. Elle ne pouvait pas être aux côtés d’hommes et de femmes qui n’hésiteraient pas à prendre la vie d’autrui alors que rien ne les autorisait à faire ça. Surtout si elle n’était pas totalement convaincue de la véracité de leurs dires, comme c’était le cas.

Non. Elle ne pouvait définitivement pas faire ça. Elle ne pouvait pas aller aussi loin contre ses principes et ses valeurs.

Sara soupira donc lourdement. Elle avait prit sa décision. Ca serait non. Elle ne pouvait pas aider la Résistance. Même si l’idée était séduisante, même si elle pourrait en apprendre plus sur son étrange bracelet qui l’inquiétait et même si elle serait ainsi à l’abri de Kenneth Irons, la policière ne pouvait faire ça. Ca serait sacrifier ses valeurs et ses principes.

Et eût égard à Matthieu, à qui elle avait promis de ne jamais faire ce qu’elle ne voulait pas faire et de ne jamais se trahir, elle ne pouvait faire ça. Quoiqu’il lui en coûte.

 
 
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