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  Witchblade #6 : Interrogatoire (2)
 

Histoire : Ben Wawe
Date de parution : 

Résumé : Sara Pezzini est une jeune policière transférée de Los Angeles à Québec après la mort de son ancien partenaire, Matthieu, à cause de Kenneth Irons, industriel puissant. Elle lui avait volé un bracelet étrange, et ceci est la raison de l'assassinat de son ami. Etant devenue une loque sans vie depuis, la jeune femme trouva un jour dans son châlet la Question, personnage intriguant lié au terrorisme et aux justiciers. Il lui expliqua l'origine de son bracelet et les pouvoirs qu'il lui donnait, mais fut interrompu par l'arrivée de l'apparent meilleur ami de Sara, Danny ShanLi, qui lui tira dessus ! 


« Non…Pas toi… »

Sara n’arrivait pas à croire ses yeux. D’ailleurs, elle n’arrivait plus à croire grand-chose, à ce moment-là. Son monde s’écroulait devant elle, et elle n’avait plus aucune base sur laquelle se raccrocher. Et elle ne savait même pas si elle avait envie de se raccrocher, d’ailleurs…la tentation de la chute et de l’oubli était quand même grande à ce moment-là.

« Danny… »

Les larmes montaient lentement en elle tandis qu’elle comprenait que celui qui venait de tirer sur Question, sur l’homme qui voulait lui expliquer ce qu’elle avait autant du poignet et comment le gérer…et bien elle comprenait que c’était son dernier ami. Elle comprenait que c’était la seule personne en qui elle avait confiance.
Elle comprenait que c’était Danny ShanLi. Et elle ne pouvait l’accepter.

« Pourquoi… ? »

L’homme qu’elle avait devant ses yeux lui lançait un regard de rage extrême. Ses mains posées sur son arme encore fumante, il visait désormais le visage de la policière, celle qui devait normalement être sa meilleure amie…et peut-être même plus, si les soupçons de la jeune femme étaient fondés.
Mais tout ça…tout ça n’avait plus cours, maintenant. Danny venait de tuer de sang froid Question, et il voulait faire de même avec elle. Et elle ne savait pas pourquoi, ce qui était le pire pour elle.

Déjà qu’être visé par l’être en qui elle avait confiance était monstrueux pour elle, ne pas en connaître la raison était encore pire. Elle aurait au moins pu dire quelque chose, essayer de se défendre, essayer de le ramener à la raison si elle avait su pourquoi il faisait ça…pourquoi il affichait un tel visage de rage et de haine. Mais non. Elle ne pouvait rien faire. Les agissements de son ami étaient tout aussi incompréhensibles que le sens que prenait sa vie, et lentement, elle se sentit glisser dans un début de folie.

Après tout, pourquoi ne serait-elle pas devenue folle ?
Aujourd’hui, elle avait été suspendue, elle avait rencontré un type qui lui disait qu’elle portait un bracelet antique destiné à protéger le monde du Mal, et voila que son meilleur ami tirait et tuait certainement cet homme. Son monde était détruit, et elle n’avait plus rien et plus personne pour la tirer de là, pour la pousser à s’en sortir.

Pourquoi encore continuer à se battre, à partir de là ? Ca n’avait plus beaucoup d’utilité…

« Raaaah !!! »

Un cri primal explosa derrière lui avant que trois balles ne soient tirées. Toutes trois touchèrent en plein dans le torse le policier américain aux origines asiatiques, qui recula légèrement alors qu’une main puissante se posait sur son épaule, et qu’elle entendait une voix étouffée qu’elle avait crue éteinte à jamais.

« On se casse ! »

Pezzini se sentit attirer vers la fenêtre de sa chambre, et sans réfléchir ou même regarder plus en profondeur ce qu’il se passait, elle sauta, sentant une présence dans son dos et un bras se mettre au-dessus de sa tête pour la protéger du choc contre la vitre. Celle-ci céda immédiatement, et la jeune femme se retrouva alors nez dans la neige, sentant les flocons tombant rapidement et intensément sur elle…enfin, sur eux plutôt.

« Mais…vous n’êtes pas mort ?! »

Elle avait relevé les yeux et aperçut Question, l’homme qui était normalement mort, ou au moins sérieusement blessé après l’attaque de son ami Danny. Mais au lieu d’être immobile et en train de passer de vie à trépas, l’homme masqué était debout, son arme fumante dans la main et apparemment en parfaite santé. Il lui tendit sa main libre pour l’aider à se relever avant de lui répondre, d’une voix toujours étouffée mais aussi plus inquiète et dynamique qu’auparavant.

« Gillet par balles et habits de kevlar. »

Sara fut à sa hauteur en quelques secondes, et sentit alors l’étrange animalité que dégageait cet homme. Certes, il était très étrange et mystérieux, et n’incitait pas vraiment à la confiance, mais sa sûreté en lui, ses manières et aussi l’absence de visage, tout ça donnait quelque chose d’assez bizarre…pas vraiment attirant, mais ça augmentait la curiosité de la jeune femme envers lui. Elle voulait en savoir plus sur cet être, et vite.

« On doit y aller, Sara. Il risque de venir vite.
- Mais…pourquoi Danny nous a attaqué ? »

Pezzini ne comprenait toujours pas pourquoi son meilleur ami, son collègue les avait attaqués. Ils étaient normalement aussi proches que pouvaient l’être un frère et une sœur, et même si il y avait parfois certaines tensions entre eux…ce n’était pas pour ça que Danny allait se déchaîner sur eux. Non, surtout pas. Ce n’était pas dans sa nature, et il n’avait pratiquement jamais sortit son arme.
Au fond, ShanLi était presque un non violent. Sa conduite n’en était qu’encore plus incompréhensible pour elle, alors que son « allié » s’approchait d’arbres près de son chalet, et que la tempête redoublait de puissance autour d’eux.

« Danny ?
- Le…Enfin, mon collègue…C’est…c’est lui qui…qui a…
- Nan. Ce n’est pas lui. »

Question disparut alors entre les branches d’un énorme arbre centenaire, avant d’en ressortir quelques secondes plus tard, accompagné d’un bruit fort de démarrage. Assit sur un scooter des neiges, il faisait vrombir le moteur en faisant signe à Sara d’approcher.

« Pas lui ? »

Instinctivement, la jeune femme prit place derrière l’homme à l’imperméable et au chapeau étranges. Alors qu’elle posait ses mains sur ses hanches, par réflexe toujours étant donné qu’elle était encore très perdue vu ce qu’ils étaient en train de vivre et qui était quand même un petit peu inquiétant et délirant, elle sentit qu’il n’allait pas aussi bien qu’il voulait le lui faire croire.

En effet, dès qu’elle avait posée ses mains sur le corps de Question, celui-ci avait frissonné et avait tenté d’éviter qu’elle touche certaines zones de son anatomie. Il s’était prit la balle non loin de là, pensa-t-elle alors qu’elle remarquait que sa respiration était agitée et irrégulière. Même avec un gilet par balles et un vêtement en kevlar, on sentait l’impact d’une balle, elle le savait. Et l’impact avait été violent et surprenant.
Il devait avoir mal, oui. Mais il le cachait. Il ne voulait pas qu’elle le voie souffrir. Elle secoua la tête en pensant au machisme stupide des hommes alors qu’il faisait encore chauffer le moteur pour éviter qu’ils ne tombent trop rapidement en panne au beau milieu des grandes étendues québécoises.

« Nan, ce n’est pas lui.
- PEZZINI ! »

Soudain, la fenêtre par laquelle ils avaient sautés quelques secondes plus tôt fut franchie par un autre…mais différent d’eux. Très différent, même.

« Merde. »

Sara regarda à ce moment-là vers son chalet, tandis que Question faisait avancer rapidement leur scooter, et son sang se figea. Non, ce n’était pas Danny ShanLi qui les avait attaqués. Non, ce n’était pas son meilleur ami qui avait tenté de les tuer. Non, ce n’était définitivement lui.
C’était…autre chose. Quelque chose d’inconnu. Et de non humain, aussi.

En effet, l’être qui venait de sortir de son chalet avait d’énormes ailes métalliques dans le dos, et son visage avait aussi été modifié. Les longs cheveux noirs de Danny étaient toujours là, mais une expression beaucoup plus féroce était apparue…ainsi que des crocs. Oui. Des crocs. Et ses yeux étaient rouge sang, chose qui fit frissonner la jeune femme alors que leur moyen de locomotion prenait de la vitesse et que le monstre se posait dans la neige, deux sabres japonais dans la main et l’air évidemment menaçant.

« Mon dieu…mais qu’est-ce que c’est ?
- Ca ? »

Question était obligé de crier pour se faire entendre, mais même sans le voir et sans pratiquement l’entendre, elle était sûre qu’il avait un petit sourire sous son masque peu à peu recouvert de la neige qui se collait contre eux à mesure que leur vitesse augmentait et qu’ils fuyaient.

« C’est Ian Nottingham. Un vieil ami. Et l’employé de votre copain Kenneth.
- Kenneth ? Kenneth Irons ?
- Ouaip. Il veut nous tuer.
- Pourquoi ?
- Pour la Witchblade, voyons. Tu la lui as prise, tu te rappelles ? »

Elle soupira. Bien sûr qu’elle s’en souvenait.
Comment oublier la pire décision de toute sa vie ? Comment oublier le moment qui avait scellé son destin ainsi que celui de Matthieu, l’être qui était mort par sa faute et qui la hantait dans ses cauchemars ? Jamais elle ne pourrait oublier ça. Jamais elle ne pourrait ne faire qu’éviter de penser à cet instant monstrueux où elle avait suivie son instinct et prit cette saloperie de bracelet. Non, jamais.

Mais ça, Question ne le savait pas. Normalement, il ne savait rien d’elle, et elle se rendit compte alors qu’elle ne savait rien non plus de lui. Elle était avec un homme complètement inconnu, qui refusait de lui dire sa véritable identité et de lui montrer son visage, et elle lui faisait confiance…elle acceptait de lui faire confiance.

Lentement, la conscience revenait en elle. La policière sentait qu’elle était peut-être en train de faire une erreur. Sa journée difficile et le choc des révélations l’avaient poussés à accepter comme argent comptant ce que lui disait l’homme contre lequel elle était collée, mais qui lui disait qu’il disait vrai ? Qui lui disait qu’elle avait raison de faire ça ? Qui lui disait que, finalement, c’était lui la « bonne » personne ?

Après tout, elle n’avait jamais eu confiance dans les types masqués. Elle n’avait jamais fait confiance à ceux qui se cachaient pour rendre la Justice ou agir. Bien sûr, elle ne pouvait nier que l’action d’être comme les Titans, Batman ou d’autres était bénéfique, mais elle ne leur faisait pas confiance quand même. Pour elle, ils étaient des dangers. Des types complètement fous qui se croyaient meilleurs que les autres. Et qui étaient donc pires que les autres.

Pourquoi accepter de suivre, alors, un de ces types ? Pourquoi lui faire assez confiance pour monter avec lui sur un scooter des neiges ? Pourquoi l’accompagner dans une folle équipée, tandis qu’elle ne savait strictement rien que lui et qu’elle courrait certainement les plus grands dangers dans sa vie ?

Parce qu’elle aimait ça. Et qu’elle n’avait pas le choix.

Depuis la mort de Matthieu, Sara n’avait plus goût à rien, et seul Danny avait pu l’empêcher de commettre l’irréparable. Depuis le moment où un de ses meilleurs amis avait été tué à cause d’elle, elle avait perdue l’envie de vivre, et son déménagement à Québec n’avait rien changé : elle ne voulait plus continuer. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à sa rencontre avec Question.

Elle ne pouvait savoir pourquoi ou comment, mais elle aimait ce qu’il se passait. Elle appréciait le danger, elle appréciait la folie de cet homme. Oh, bien sûr, elle ne pouvait pas l’encadrer et ferait certainement tout pour l’arrêter quand ça serait fini, mais elle aimait l’adrénaline qui courrait dans son corps. Elle aimait la vitalité qu’elle sentait en elle dans cette course effrénée et un peu folle.
Oui, elle aimait être avec lui. Mais surtout, elle n’avait pas le choix.

En effet, seul lui avait des réponses sur le bracelet qu’elle avait au poignet. Elle ne savait toujours pas comment il pouvait se retrouver là alors qu’elle l’avait détruit de ses mains, alors que lui avait apparemment la réponse à cette question…et à bien d’autres. Pezzini devait donc rester avec lui, pour en apprendre plus sur cette chose et surtout sur Kenneth Irons, le responsable de la mort de Matthieu et apparemment un ennemi de l’homme à ses côtés.

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Pour une des rares fois de son existence, la jeune femme se dit que ce proverbe était extrêmement vrai, et qu’elle devrait faire avec Question…même si ça ne lui plaisait pas.

« Oh merde. »

La jeune femme se décala pour voir le chemin que prenait son chauffeur, ou plutôt qu’il se créait dans la neige accumulée sur la plaine québécoise, et elle sentit alors son sang se glacer une nouvelle fois.

« Oh… »

Devant eux était posté ce Ian Nottingham. Elle ne savait pas comment il avait fait pour venir là aussi vite, mais il avait réussi à les dépasser sans se faire voir, sans faire de traces, et les attendait maintenant. Ses ailes métalliques étaient ouvertes en grand derrière lui, et elle avait toujours autant de mal à comprendre comment cela était possible. Ca allait contre toutes ses valeurs, toute la vision du monde qu’elle avait et en laquelle elle croyait dur comme fer…enfin, jusqu’à aujourd’hui.

« Ca va être chaud. Tiens-toi bien. »

Elle sentit la respiration de Question s’emballer.
Avec ses douleurs et son état de fatigue certainement grand, les malades de ce genre étaient toujours fatigués et maniaques, elle était sûre qu’il aurait du mal à mener un combat, maintenant. En plus, il ne semblait être qu’un humain normal, alors que leur adversaire, lui, n’en était pas un…il était autre chose. Autre chose de beaucoup plus mauvais, de beaucoup plus dangereux, évidemment.

« Qu’est-ce que tu vas faire ? »

C’était la première fois que Pezzini le tutoyait, alors que lui l’avait fait dès le début, mais elle s’en fichait. Ils fonçaient tous deux vers un taré aux ailes ouvertes et avec deux lames japonaises dans les armes, et qui avait tenté de les tuer quelques minutes auparavant. Elle n’avait plus grand-chose à perdre, et elle en avait un peu assez d’être polie avec lui.
Ils étaient dans la même galère, après tout. Alors autant balancer dès maintenant son éducation chrétienne à la poubelle, avec la politesse et les bonnes manières qui vont avec.

« Ce que je fais toujours… »

Elle sentit qu’il accélérait alors que Nottingham ne bougeait toujours pas, ses deux armes fermement serrées entre ses doigts. Ses crocs luisaient dans la tempête de neige, et il était totalement apeurant…totalement inhumain. Alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques mètres, la jeune femme eut une certitude : cet être n’était pas un homme. C’était un monstre. Et il fallait le rayer de la surface de la Terre au plus vite.

« …des conneries ! »

La policière entendit un petit rire sortir de la gorge de Question alors que les flocons de neige tombaient de plus en plus vite et fréquemment sur la plaine québécoise. Au bout de deux secondes à peine, leur scooter arriva sur Ian Nottingham, qui ne bougea pas d’un pouce, ayant simplement levé ses deux armes devant lui.

« Crève ! »

Le plan de Question avait été simple : lancé leur scooter sur leur ennemi, et voir après ce qu’il y avait à finir. Les deux humains furent catapultés au-delà de Nottingham dès que l’appareil rentra en contact avec celui-ci, et un énorme bruit de ferraille détruite se fit entendre tandis que Sara volait à nouveau dans les airs pour se retrouver quelques instants plus tard le nez dans la neige…à nouveau.

« Ah putain… »

Elle s’essuya la neige sur le visage tandis qu’elle se relevait. Elle n’était pas habillée pour sortir, et elle avait froid. Mais sa chaleur corporelle passa au second plan de ses priorités lorsqu’elle releva les yeux pour voir l’état de leur adversaire…et pour comprendre que le pire était à venir.

« Merde. »

Ian Nottingham n’avait rien. Et le scooter était détruit. Elle ne comprenait pas comment c’était possible.

L’appareil était réduit en miettes au pied de l’être aux grandes ailes, souriant alors qu’il n’avait rien. Il n’avait strictement rien. Pas une marque, pas un bleu, pas une écratignure. Que dalle. Et ça, Sara ne pouvait pas l’accepter. C’était au-delà de ses possibilités. Au-delà de son esprit cartésien et scientifique.

« Dommage. Tu étais jolie. »

Nottingham planta ses deux lames dans la neige, et sortit l’arme qui lui avait servie pour tirer sur Question. Celui-ci commençait à peine à se relever à l’autre bout de la plaine, et un seul regard suffit à Pezzini pour comprendre qu’il ne pourrait pas l’aider. Trop blessé, trop faible et finalement trop humain pour ça.
Elle soupira lourdement en s’en rendant compte avant de tourner son visage angélique vers l’homme qui la tenait en joue.

« Monsieur Irons te fait dire qu’il ne faut jamais voler. Surtout pas des gens comme lui. »

Il enleva la sécurité et sourit. Elle sentait la colère monter en elle.

Elle n’acceptait pas ça. Elle n’acceptait pas cette injustice. C’était Irons qui avait tué Matthieu. C’était lui qui l’avait fait assassiner devant ses yeux. C’était lui le responsable, et c’était elle qui allait payer maintenant. C’était elle qui allait payer parce qu’elle avait fait quelque chose qu’elle jugeait bien, ou du moins qu’elle avait été obligée de faire.
C’était Irons le monstre. Et c’était elle qui allait mourir. Et elle ne l’acceptait.

La rage explosait peu à peu au fond de son être. Depuis toujours, la jeune femme avait eue un sens aigu de la Justice. Bien sûr, plusieurs fois, c’était allé contre certaines de ses croyances ou ça l’avait empêché de commettre certains actes qu’elle aurait voulu faire, mais c’était ainsi. Depuis toujours, elle savait ce qui était Bien et ce qui était Mal. Elle le savait, même si elle ne l’acceptait pas toujours.
Là, c’était Mal. Et elle n’arrivait pas à l’accepter. Et elle voulait que tout ça s’arrête.

Des larmes de rage commencèrent lentement à couler le long de ses joues tandis que Nottingham posait le canon sur son front. Elle ne pouvait pas accepter ça…et elle ne le voulait plus. Elle en avait assez de l’injustice. Elle en avait assez de Kenneth Irons et des Ian Nottingham. Elle en avait assez que les criminels restent impunis. Il était temps que ça change. Il était temps qu’elle change les choses.

« Non. »

Dès qu’elle eut dit ce mot, tout devint fou.
Elle sentit son poignet droit la piquer, et elle le regarda…et la surprise vint s’ajouter à la colère. Le bracelet étrange qui s’y trouvait auparavant s’était transformé en une sorte de gant mystérieux, fait d’une matière qu’elle ne connaissait pas…et qu’elle ne sentait pas. Elle n’avait pas l’impression d’avoir un gant sur toute sa main. Pour elle, c’était comme avant. Et elle ne le comprenait pas. Mais s’en fichait.

Son instinct lui criait de relever les yeux vers Nottingham, et c’est ce qu’elle fit. Celui-ci était aussi surprit qu’elle, mais lui se laissait submerger par ça, et c’était là la différence. Elle, elle écoutait son instinct, et elle ne faisait que ça.

Celui-ci lui dit à ce moment-là de penser fortement à une lance, et même si elle n’arrivait pas à comprendre ni pourquoi ni comment, elle obéit. Dans son esprit, une lance faite dans la même matière que son étrange gant apparut, et elle se concentra pour la faire apparaître.
Son esprit cartésien et scientifique lui criait que c’était inutile, qu’elle ferait mieux de vivre, mais elle lui hurla intérieurement de se taire. L’heure n’était plus à la science et à l’analyse. L’heure était aux actes.

« Argh ! »

Sans s’en rendre compte, Sara avait fermée les yeux pour se concentrer plus. Quand elle entendit ce léger cri rauque, elle les rouvrit…et fut choquée par ce qu’il y avait devant elle.

« Mon dieu… »

Une lance. Une lance était plantée dans le torse de Ian Nottingham. Et c’était exactement celle qu’elle avait imaginée quelques secondes plus tôt dans son esprit.

« Mais… »

Elle regarda alors son gant, et vit qu’elle tenait la lance entre ses doigts, et que l’extrémité de celle-ci rentrait dans son gant…ça venait de son gant ! C’était lui qui l’avait créé ! Et donc…et donc c’était elle qui, en pensant à cet objet, l’avait fait apparaître ou construire. C’était elle qui était responsable de ça…

« Mais…mais c’est… »

Pezzini ne comprenait pas. Elle avait eue quelques instants de colère incontrôlée, et elle avait alors réussit à faire apparaître un gant et à faire construire une lance qui venait de lui sauver la vie. Et elle n’avait pas la moindre idée de comment c’était impossible.

« Hum…joli. »

Question s’était relevé, entre temps, et la regardait maintenant. Il était facilement visible qu’il avait mal et qu’il était blessé, mais il était debout et ne semblait pas avoir trop de difficultés à marcher. Ca ne devait pas être trop grave, même si ce n’était évidemment pas sa priorité, même si elle avait des choses bien plus complexes à penser à ce moment-là.

« Mais…mais qu’est-ce que…
- Ne t’en fais pas : je t’expliquerais en temps utile. En tout cas, bienvenue.
- Bienvenue ? »

Il s’approcha et mit ses mains sur la lance, d’un air détaché. La jeune femme se sentait totalement perdue et n’avait aucune idée de quoi faire ou quoi dire maintenant, mais lui semblait pouvoir gérer la situation…il semblait y être habitué. Cela intensifia encore plus les doutes qu’elle pouvait avoir sur lui, évidemment, tandis qu’il tirait sur l’arme et que celle-ci se détachait du gant.
Ian Nottingham, lui, avait toujours la pointe de la lance dans le torse et ne bougeait plus, certainement prit par la douleur, ou mort…elle n’en savait rien, et s’en fichait un peu, même si cette pensée lui faisait peur.

« Oui. Bienvenue à la Résistance.
- La…la Résistance ?
- Ne t’en fais pas, je t’expliquerais. Mais oui, bienvenue. Heureux que tu sois des nôtres…Witchblade. »

 
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