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  Witchblade #12 : Resist or Die (4)
 

Histoire : Ben Wawe
Date de parution : 

« Question…tu peux me dire ce qu’il se passe ?
- Plus ou moins.
- Tu ne sais pas ce qu’il se passe ?
- En quelques sortes.
- Je suppose donc que tu ne sais pas ce que nous faisons, n’est-ce pas ?
- J'ai quelques idées.
- Hum. »

L’homme masqué se tourna lentement vers la jeune femme à ses côtés. Avec Danny ShanLi, ils étaient tous trois serrés au maximum dans le compartiment d’un train filant en direction de New York, et cela ne semblait guère confortable.

« Nous entrons en guerre, Sara. Tout simplement.
- Contre les Architectes ?
- Contre le monde. »

Elle fronça les sourcils en entendant cette dernière réponse. L’Asiatique, lui, restait silencieux, comme depuis le début de ce voyage et son réveil grâce aux soins violents des baffes de la Question, après qu’il ait été blessé par le monstrueux Ian Nottingham, deux heures auparavant.

« Le monde ?
- Oui. »

Il soupira sous son masque et se passa la main sur sa tête, apparemment las. Il était clair qu’il venait de vivre des moments très difficiles, et qu’il en sortait blessé, aussi bien physiquement que moralement. Son corps portait les stigmates de la lutte avec Nottingham, et son ton fatigué montrait bien qu’il avait perdu quelque chose durant le terriblement affrontement duquel il était sortit miraculeusement vivant.

« Les Architectes sont le monde, Sara. Ils contrôlent les Etats-Unis et la Bourse, et on peut donc dire qu’ils contrôlent le monde. Ils ont des alliés dans tous les pays de la planète, et il est clair que maintenant que nous commençons à les ennuyer, nous aurons tous les services secrets de la planète sur le dos.
- Mais pourquoi ? »

Elle soupira. Encore une fois, les paroles de son allié étaient nébuleuses, et même si il semblait plus enclin à la confidence et à la confiance depuis l’épisode du quartier général de la Résistance, il gardait toujours sa manie de parler beaucoup pour dire finalement peu de choses. Et elle détestait plus que tout ce genre de manière, elle pour qui la parole était d’or et qui n’était pas toujours très douée pour la manier.

« Parce que ce seront leurs ordres. Les Architectes ont bâti ce monde et cette société, comprends-le bien : tout ce qui existe, nous le leur devons. Enfin, globalement, il ne faut pas déconner non plus. Ils sont globalement à l’origine de tout, et beaucoup sont contents que ça soit ainsi. Ceux qui dirigent entendent continuer encore longtemps à faire ça, et ils savent que sans les Architectes, ça sera pratiquement impossible. Donc, pour continuer sur leur lancée, ils vont suivre les ordres des Architectes.
- Et nous tuer.
- Et nous tuer, oui. »

La Question soupira avant de tourner sa tête vers la vitre, où le paysage morne et enneigé du Québec se succédait à la même chose. Ils étaient montés dans ce train une heure plus tôt, après que Danny ait utilisé ses relations pour assurer le bon passage à la douane et des places ici. Ce type était définitivement plein de ressources, pensa-t-il en se demandant ce que cachait encore l’Asiatique ami de la jeune femme à ses côtés.
Pour le moment, il n’en savait rien, mais il était bien décidé à le découvrir. Du moins, plus tard. Là, il n’en avait pas la force.

Même si il avait toujours sa fougue et sa verve, l’homme masqué était usé et cassé. Usé par toutes les folies qu’il faisait ces dernières heures, comme combattre Ian Nottingham plus que de raison, sauter partout, se blesser pratiquement à chaque fois et ne presque pas manger. Même si il était en très bonne forme physique, son corps lui faisait bien comprendre qu’il en avait assez et qu’il devait appuyer sur le frein, sous peine de se perdre totalement et de ne pas pouvoir se relever.

Malheureusement, il n’avait pas la possibilité de freiner. Il n’en avait pas le droit.

La Résistance était morte avant même qu’elle n’entre réellement en activité, et il avait vu avec douleur et colère Ian Nottingham trucider et molester les membres de ce groupe. Betty avait été tuée la première lorsqu’il s’était échappé de la prison normalement invincible qu’il avait créée avec l’Anarchiste, puis ce fut au tour de Deathlok de subir les foudres de ce monstre.

En observant le paysage, il revoyait ce combat inégal dans lequel le cyborg s’était jeté. Ses pouvoirs et capacités étaient énormes, il était capable de faire énormément de choses et était clairement l’élément le plus fort de l’équipe, mais il n’avait pas tenu longtemps face à un assassin métamorphe comme Nottingham. Celui-ci l’avait trucidé en transformant ses cheveux en tiges de métal tranchantes, coupant sa tête quand Deathlok le retenait contre lui pour le stopper.
Evidemment, peut-être n’était-il pas vraiment mort, mais il n’y croyait pas vraiment. Deathlok était mort, et ce après que Betty ait été éventrée à mains nues. Et ça ne faisait que huit minutes que Nottingham s’était échappé.

Bien sûr, lui et les autres n’avaient pas chômés durant cette période. Avec Tim et Jack, il était allé récupérer des armes dans le hangar du quartier général, et ils avaient commencé à lui tirer dessus en tentant de ne pas toucher Deathlok. Mais celui-ci avait été vaincu après quelques minutes, et leur ennemi commença alors à s’en prendre à eux.

Avec son tentacule, il envoya valser Tim Hunter contre la porte de sortie. Au départ, il fut inconscient par le choc, mais plus tard, la Question se rendit bien compte que le jeune homme s’était réveillé et était partit. Il ne pouvait lui en vouloir. Le combat contre un Ian surmotivé et décidé à tuer était beaucoup trop impossible pour tenter de l’arrêter, et il savait bien que l’ancien Sorcier Suprême tenait trop à sa vengeance pour la laisser filer.
Oui, il comprenait. Mais il n’était pas sûr de pouvoir accepter un tel geste, même si il aurait sûrement fait la même chose.

Jack avait été la dernière cible de l’assassin, qui l’éventra avec sa main transformée en lame. Evidemment, ça ne pouvait tuer un vampire, mais l’homme masqué était sûr que l’agent de la Main l’ignorait, et que son ami était encore vivant à l’heure actuelle. Enfin…vivant pour un vampire, bien sûr. Cette certitude le fit légèrement sourire, même si les cadavres de Betty et de Deathlok le faisaient encore frissonner.

Par la suite, ça avait été à son tour, et il n’aimait pas se rappeler de ce qu’avait fait et dit son ennemi. Celui-ci l’avait forcé à regarder les corps déchiquetés de ses amis avant de le torturer pendant de très longues minutes. Il ne lui avait pas retiré son masque une seule fois, mais les pires choses apprises par la Main lui avaient été faites, et ses blessures le faisaient encore souffrir, même si il le cachait.

Après, Ian avait fait une erreur en le laissant vivre, et il en avait profité pour se détacher et aller prêter main forte à Sara, qui avait remonté évidemment la piste jusqu’au quartier général. Nottingham avait fait exprès de laisser le corps de Betty pour qu’elle vienne, et il avait escompté la tuer ainsi.
Malheureusement pour lui, la Question était quelqu’un de plus tenace qu’il ne l’avait pensé, et il avait pu enfin lui régler son compte durant le combat.

Oui. Ian Nottingham était mort. Mais que faire, maintenant ?

Même si il affirmait à Sara et à ce Danny qu’il était prêt à combattre jusqu’à la Mort, il savait bien au fond qu’il ne lui restait plus beaucoup d’options. La Résistance était son moyen principal de lutter contre les Architectes, et il avait espéré y rallier les justiciers les plus puissants et les plus expérimentés, comme Steelman ou tous ces tarés qui avaient faits exploser la moitié de Manhattan, quelques heures plus tôt.
Evidemment, il s’était bien douté que ça n’aurait pas été facile, mais il avait été motivé et prêt à tout. Mais c’était fini, maintenant.

La Résistance était morte avant d’être réellement née, et tout son argent était passé dans la création du quartier général et l’achat des armes. Même si il avait encore quelques fonds de côté, il n’avait vraiment plus grand-chose, et surtout il ne savait pas quoi faire, maintenant. Bien sûr, il voulait continuer la lutte, mais comment ?

Après tout, les Architectes étaient plus que jamais sur ses traces, désormais, et il était clair que d’autres comme Nottingham seraient bientôt envoyés. Et vu son état et celui de ses deux « associés », il était clair aussi qu’il ne survivrait pas longtemps si il ne prenait pas du repos rapidement et longuement.
Finalement, il n’avait plus beaucoup d’options, et il n’aimait pas ça.

Depuis la disparition de l’Anarchiste, l’homme masqué ne vivait que sur sa colère et son envie de vengeance, et il avait toujours su que ce qu’il faisait était la bonne et juste chose. Convaincu de la véracité de son combat, il avait créé de ses mains la Résistance et avait prévu différentes choses pour les justiciers du pays dans le but de donner ce qu’ils méritaient aux Architectes, et ce le plus vite possible.

Mais maintenant que tout ce qu’il avait créé et imaginé était détruit…que pouvait-il faire ? Il n’en savait rien. Et ça ne lui plaisait pas.

« Je crois que vous ne savez pas vraiment quelle conduite adopter, non ?
- Quoi ? »

Tiré de ses réflexions par la phrase étrange, mais tellement vraie, de Danny ShanLi, il se tourna vers celui-ci. Il ne lui avait presque pas parlé depuis qu’il l’avait réveillé après son combat contre Nottingham, et il était clair que l’Asiatique ne le portait pas dans son cœur. Pourtant, à ce qu’il savait, celui-ci était un passionné de justiciers et les appréciait, ce qui devait normalement le faire apprécier de lui.
Mais bon, peut-être que cette inimité était due tout simplement au fait que la Question enlevait peu à peu Sara Pezzini à celui qui était secrètement amoureux d’elle, comme il l’avait découvert quand il avait enquêté sur la jeune femme. Parfois, les raisons les plus simples sont souvent les plus vraies.

« Vous ne savez pas quoi faire. Ca se voit à votre air perdu et aux mots que vous tentez d’employer. Bien sûr, sur le fond, vous savez que vous voulez vous en prendre aux Architectes et les détruire, mais vous ne savez plus comment. La Résistance était apparemment votre argument de poids, votre arme principale, mais elle a été détruite et il n’y a plus rien. Est-ce que je me trompe ? »

Il se retint de lui sauter dessus, même si il en avait une envie plus que grande. Il soupira lourdement avant de prendre lentement la parole, serrant les poings pour se calmer.

« Jolie analyse, monsieur ShanLi. Très poussée. J’applaudis.
- Vous ne me répondez pas. »

Un coup d’œil à Sara lui suffit pour comprendre qu’elle avait elle aussi des doutes, et qu’elle attendait sa réaction pour savoir quoi penser de ce que venait de dire son partenaire. Il n’aurait donc pas d’appui de sa part, même si il ne se faisait pas vraiment d’idée là-dessus : après tout, même si ils avaient un lien très fort depuis ces dernières heures, ça ne faisait pas le poids contre celui qu’elle entretenait avec l’Asiatique. Pas encore, du moins.

« C’est vrai. Peut-être que je n’en ai pas envie.
- Ou que c’est trop humiliant. »

L’homme masqué fulminait.

Ce minable flic était en train de casser tout ce qu’il avait créé avec Sara, toute la confiance qu’elle avait en lui et qu’il avait mit tant de temps à créer. Ca n’avait pas été facile, et même si les événements infernaux de ces dernières heures avaient beaucoup aidés pour que, en si peu de temps, elle devienne proche de lui, il avait fait beaucoup d’efforts pour que ça arrive vraiment.
Et là, cet imbécile était en train de tout détruire. Et de l’humilier. Il ne pouvait accepter ça.

Lentement, calmement, la Question se leva de son minuscule siège. Il s’étira très doucement, avant de fixer de son masque étrange et terrifiant l’Asiatique qui attendait sa réponse, avant de parler d’une voix très sèche et cassante.

« Je n’ai pas grand-chose à faire de vous, Danny ShanLi. Vous n’êtes qu’un petit flic de merde qui rêve d’être un justicier, et qui pense que le monde est meilleur grâce à nous. C’est faux, mon vieux. C’est totalement faux. Le monde n’est pas meilleur grâce à nous : il est moins pire. Et si tu ne vois pas la différence, c’est que tu n’as strictement rien compris au jeu dans lequel tu es entré. »

Il soupira encore. Ca faisait longtemps qu’il n’avait plus parlé ainsi, et ça lui faisait du bien. Ces derniers temps, il avait été beaucoup trop gentil et calme, et il se devait maintenant de redevenir cet enfoiré qui faisait tant peur aux Architectes et aux puissants de ce monde.

« Ouais, je ne sais pas quoi faire maintenant. Ouais, je suis un peu perdu. Ouais, je suis un peu détruit par ce qui est arrivé à la Résistance. En quoi c’est humiliant ? En quoi c’est mal, hein ? »

Les poings toujours serrés, ses mots étaient comme des flèches en partance pour le flic, qui faisait quand même moins le fier depuis le début de ce discours enflammé.

« Je suis humain, mec. Même si beaucoup en doutent…je suis humain. Je ne suis pas comme vous deux et j’ai abandonné quantité d’émotions il y a un bon bout de temps, mais il y en a certaines qui restent. Comme la tristesse, la colère et la peur. Je suis en colère, vieux. Je suis triste. Et j’ai peur. Comme vous deux. »

Il les pointa l’un après l’autre du doigt, tandis que Sara Pezzini se faisait un peu plus petite sur son fauteuil. Apparemment, elle était soit choquée soit impressionnée par ce qu’il était en train de dire, et les deux lui plaisaient : au moins, il avait un impact réel sur elle, et c’était une vraie bonne chose pour la suite des opérations.

« La Résistance était mon arme numéro un contre ces enfoirés, ouais. Mais j’ai d’autres choses dans mon esprit. J’ai d’autres idées. Seulement, là, je viens d’affronter quatre fois Ian Nottingham, un assassin métamorphe formé par les plus grands maîtres en matière de meurtre de ce monde, et je suis blessé. Et deux de mes amis sont morts. Je crois que j’ai un peu le droit d’être à côté de la plaque, non ? »

L’homme masqué s’approcha de ShanLi. Même si leur cabine était plus que petite, ils pouvaient marcher quelque peu entre le mur en face et les fauteuils, et il en profita pour être au plus près de l’Asiatique, de manière à bien appuyer ses propos et à lui montrer qui était vraiment le patron.

« Je crois que j’ai le droit d’avoir quelques heures où je ne suis pas au niveau, non ?
- Bien sûr. »

Ce n’était pas Danny qui avait répondu, mais Sara. Prit en pleine colère, prêt encore à continuer de parler ainsi au flic, la Question fut surprit de cette intervention et tourna la tête vers elle, comme si il se rappelait alors de sa présence. Il s’en voulut quelque peu, mais en voyant l’expression de douceur sur le visage de celle qu’il voulait recruter pour être l’arme principale contre les Architectes, il sut que ce n’était pas si grave.

Apparemment, elle était touchée par ce qu’il venait de dire et l’appuyait, ce qui n’était évidemment pas du tout mauvais pour lui. Au moins une partie de son plan fonctionnait, c’était déjà ça.

« C’est normal de vouloir faire une pause. Mais on a besoin de savoir ce qu’on fait. Nous sommes dans la même galère que toi. On est poursuivis par les Architectes, on n’a plus de boulot et on n’a plus rien pour survivre. Alors comprends aussi que nous ne sommes pas des plus sereins, maintenant. »

C’est après ces quelques mots qu’il se rendit compte à quel point elle avait changée. Elle n’était plus désormais la petite policière timide qui était rongée par la mort de son coéquipier. Elle n’était plus la jeune femme pacifique qui pensait l’Ordre était nécessaire et que la Justice était faite uniquement par les tribunaux.
Maintenant, en la voyant ainsi, en l’entendant…il savait qu’il avait réussi.

Il avait voulu la transformer et la libérer, la faire devenir ce qu’elle devait être : Witchblade, protectrice du monde en attendant la Crise où elle pourrait libérer tous ses pouvoirs. Evidemment, il n’était pas sûr que tout ça soit vrai, mais en tout cas il avait besoin d’elle pour stopper définitivement les Architectes, et il savait désormais en la voyant que c’était bon.

Pour une raison qu’il ne saisissait pas complètement, la jeune femme avait décidée de totalement embrasser ses idées et ses valeurs. Bien sûr, toute la folie de ces dernières heures avait sûrement influencé sur sa décision, mais ça devait sûrement être sous-jacent. Il était impossible pour quelqu’un de changer aussi grandement seulement par vision de choses extraordinaires.

Oui. Sara Pezzini devait déjà être rebelle, anarchiste et révolutionnaire avant qu’il ne vienne la voir. Il n’avait été que l’élément qui aida à sa libération. Et il était fier de ça.

Néanmoins, l’homme masqué s’empêcha de dire tout ce qu’il pensait et allait parler quand Danny ShanLi lui grilla la priorité, et ce pour annoncer certaines choses qu’il aurait bien voulu laisser cachées là où elles étaient.

« Surtout quand on est avec l’assassin de Hank Dupré.
- Quoi ?! »

A la simple évocation du nom de l’assassin des petites Lenna et Julia Lemonier et Pauline Martin, le sang de la jeune femme ne fit apparemment qu’un tour. La Question savait bien que tout ça risquait d’arriver un jour, mais il aurait préféré d’autres circonstances et surtout la possibilité de mieux expliquer ses raisons à son alliée…ou celle qui l’était normalement.

« Qu’est-ce que tu veux dire, Danny ?
- C’est lui qui l’a tué.
- Non ?!
- Si. Je l’ai découvert en faisant des recherches. Il y a plusieurs sites qui référencent ses activités et font des recoupements avec des meurtres mystérieux. Sur la dernière mise à jour, j’ai vu que la Question était hautement soupçonné par ce site d’être l’auteur de ce meurtre. Et vu qu’il devait être à Québec depuis un bout de temps, je crois qu’il est facile de comprendre que c’est bien lui le coupable. »

Sara soupira lourdement avant de lancer un regard noir vers l’homme masqué, toujours debout devant son collègue.

« C’est vrai ?
- Oui. »

Sa voix était morne et froide. Il n’avait aucune envie mentir, surtout pas sur quelque chose d’aussi insignifiant. En attendant le bon moment pour rencontrer Pezzini, il avait vu qu’elle était sur l’affaire de ce pédophile, et avait vu là le moyen de concilier l’utile à l’agréable. L’utile étant évidemment de pousser la jeune femme dans ses retranchements et faire en sorte qu’elle se fasse suspense, vu qu’il l’avait étudiée à fond et qu’il savait quoi faire pour la manipuler, et l’agréable étant de tuer et de faire mal à une ordure comme ce Dupré, qui ne méritait pas de vivre.

« Tu veux bien m’expliquer comment c’est possible ?! »

La colère dans sa voix était palpable, et il savait qu’il risquait de passer un mauvais quart d’heure à essayer de lui expliquer tout ça. Mais alors qu’il rassemblait dans son esprit ses arguments, son instinct lui cria que quelque chose n’allait pas et qu’un danger rôdait…et il avait raison.

Muet, il ne vit pas venir l’explosion du mur derrière lui, résultant de celle de tout l’avant du train. Sara cria alors que Danny la poussait contre leurs fauteuils, et ce pour éviter la majorité du choc et les retombées que celui-ci pouvait apporter. Mais personne ne s’occupait de l’homme masqué.

Celui-ci, surprit et incapable de réagir aussi vite que prévu, reçut en plein sur son dos le gros du choc et de l’explosion, et fut catapulté en dehors du train. Celui-ci s’arrêta évidemment et tout redevint terriblement calme en quelques secondes, et ce malgré les gémissements des rares passagers encore vivants.

« Qu’est-ce que c’est que ce délire ?! »

Pezzini s’était relevée la première. Elle avait des coupures un peu partout sur son visage, et à ce qu’elle voyait chez Danny, il subissait la même chose. Mais ce n’était pas vraiment leur état qui l’importait, à ce moment-là. C’était celui de la Question.

Sautant au-dessus de ce qui restait de la vitre de leur compartiment, elle se dirigea difficilement à cause de la douleur et du choc vers le corps inanimé de son ami, couché sur le côté vers le train. Les pires scénarii apparaissaient dans sa tête, tandis qu’elle ne parvenait pas à comprendre ce qu’était en train de lui créer son ami.

Arrivant en toute hâte au côté du corps de l’être qui comptait tant pour elle, la jeune femme voulut crier pour tenter de le ranimer et savoir si il allait bien, mais elle ne se donna même pas cette peine. La simple vision du dos et de l’arrière du crâne de cet être fantastique lui suffit pour comprendre que ce n’était plus la peine…qu’il était mort, et que plus personne n’y pouvait rien.

A ce moment-là, Pezzini sentit une énorme vague de tristesse la prendre. Elle sentit toute sa douleur, sa souffrance qui voulait sortir. Elle voulait pleurer. Elle voulait se laisser aller, redevenir une petite fille et lâcher toutes les larmes de son corps. Oui, elle voulait ça. Mais ce n’était pas ce qu’elle allait faire.

L’heure n’était pas aux larmes. L’heure n’était pas au deuil.

« Okay, enfoirés. »

L’heure n’était pas à la douleur. L’heure n’était pas à la tristesse.

« Vous avez eu la Question. Vous avez eu le premier round. »

Non, l’heure n’était pas à tout ça, pensa-t-elle en se relevant et en sentant son bracelet se transformer en gant.

« A mon tour… »

L’heure était à la vengeance. Et rien ne pourrait l’arrêter.

 
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