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  Witchblade #13 : Resist or Die (5)
 

Histoire : Ben Wawe
Date de parution : 

« Je n’ai pas besoin de vous.
- C’est pour votre sécurité, monsieur Irons.
- Partez d’ici.
- Non. »

Kenneth Irons n’aimait pas ça. Il n’était pas habitué à ce qu’on refuse de suivre ses ordres. Il n’était pas habitué à ce que des hommes ne puissent pas être achetés par son argent ou ses relations. Et il n’était surtout pas habitué que ceux qui devaient normalement être là pour sa protection semblaient menaçants et prêts à certaines actions violentes si lui faisait quelque chose de stupide.

Quelques minutes auparavant, dans son immeuble de Québec, il avait vu arriver trois hommes encapuchonnés qui disaient venir de la part de la Main. Il avait engagé cette organisation pour tuer Sara Pezzini et récupérer le bracelet qu’elle lui avait volé et qu’il désirait retrouver plus que tout, mais ça ne s’était pas bien passé.

L’homme de la Main avait été emprisonné, et même si il avait apparemment tué plusieurs alliés d’un de ses plus grands ennemis, la Question, il ne donnait plus de signes de vie depuis quelques heures. Le représentant de l’organisation était venu présenter ses excuses et lui avait annoncé qu’il allait redoubler d’ardeur pour stopper Pezzini et ses alliés, mais il n’en avait cure. Irons avait désormais ses propres plans.

Il avait demandé à un vieil associé de lui prêter certains hommes pour stopper Pezzini et la Question, et vu l’explosion dans le train qu’avaient empruntés la jeune femme, l’homme masqué et Danny ShanLi, un nouveau joueur dans la partie, ils avaient réussi leur mission. Et évidemment, ça ne plaisait pas beaucoup à la Main.

Ses membres avaient toujours mis leur honneur en avant, et c’était leur grande fierté que de ne jamais l’avoir perdu. Sauf qu’à cause de lui, ce qui n’était jamais arrivé venait de se produire, et il savait très bien qu’ils ne l’accepteraient pas facilement. Et que c’était pour ça qu’il était maintenant menacé dans sa propre maison.

Bien sûr, il aurait pu appeler ses gardes ou les hommes de son allié, mais ça n’aurait servit à rien. Ses troupes auraient été rapidement décimées par ces trois hommes qui étaient sûrement des maîtres dans l’art de tuer et de faire du mal, et son vieil ami ne bougerait plus le petit doigt pour lui.
Ils avaient faits un marché. Il avait fait sa part du contrat, et entendait maintenant que Kenneth lui donne ce qu’il voulait. Et il n’avait strictement aucun remords de le laisser mourir, tant qu’il avait ce qu’il désirait.

En clair, l’homme aux cheveux gris qui se tenait dos contre la fenêtre du huitième étage de son immeuble en plein Québec était acculé, et avait très certainement perdu la partie. Ces trois hommes avaient ordre d’attendre l’arrivée du représentant de la Main, et après de lui faire subir les pires horreurs imaginables. Il avait perdu, oui. Et il n’avait même pas en sa possession le bracelet, pour espérer se battre et avoir une mort digne.

« Vous allez me tuer ? »

Il ne voyait pas leurs visages, mais il fut sûr qu’ils sourirent alors. Ils ne répondirent évidemment pas, préférant laisser planer le doute sur leurs motivations, même si tous ici présents savaient au fond ce qui allait bientôt se passer. Kenneth Irons avait trahi et humilié la Main en doutant de ses capacités et en engageant d’autres mercenaires, et il allait le payer. Très cher.
Pour que tout le monde comprenne que la Main ne laissait pas passer ce genre de choses. Pour que tout le monde sache de quoi la Main était capable.

« Monsieur Irons ? »

Geneviève, sa secrétaire québécoise, venait de l’appeler sur son téléphone de bureau, à quelques mètres. Il jeta un regard aux trois hommes de la Main qui étaient parvenus à arriver ici sans se faire voir des systèmes de sécurité et de ses gardes, et il comprit qu’il pouvait aller lui parler.

Après tout, il n’était pas un vrai danger : si il n’allait pas répondre, ça serait considéré comme suspect et Geneviève avertirait la sécurité, et si il avait l’idée de l’alerter pour qu’elle appelle du secours, il serait tué sur place. Irons ne pouvait donc représenter une réelle menace pour ces trois mercenaires, et ce fut donc pour ça qu’il put se déplacer jusqu’à son bureau, où il commença à converser avec la jeune femme.

« Oui ?
- Nous avons des problèmes de sécurité au niveau cinq, monsieur.
- Et alors ? Ce n’est pas mon problème. Voyez avec la sécurité, qu’ils gèrent ça.
- C’est que…c’est l’étage de la sécurité, monsieur.
- Et ?
- C’est chez eux qu’il y a un problème.
- Quel genre ?
- Du genre qu’on ne peut plus les joindre. Et que les caméras sont coupées.
- Oh. »

Kenneth devint alors plus blanc qu’auparavant. Quelque chose n’allait pas. L’immeuble était normalement muni de la technologie la plus avancée qui se faisait actuellement, et il était clair que si celle-ci était coupée, le bâtiment était attaqué. Et ce par des êtres qui en savaient assez sur son système de défense pour pouvoir lui faire un sort, et qui étaient donc une menace des plus grandes pour lui.

« Je…
- Nous allons nous en occuper, monsieur Irons. »

Un des hommes de la Main avait coupé la communication avant d’avoir dit ça. Kenneth ne voyait toujours pas son visage, mais il était clair que ces trois êtres allaient stopper les assiégeants et après revenir ici. Et ce juste parce qu’ils voulaient être les seuls à le faire souffrir et à le tuer.
Désormais, il était à la Main, et rien ni personne ne pourrait les empêcher de lui faire payer ce qu’il avait fait. Il n’était pas sûr que ça soit foncièrement une bonne nouvelle.

« Je…d’accord…
- Bien. Restez ici. Nous allons vous enfermer. Simple mesure de sécurité. »

Evidemment…de la sécurité. Il faillit rire en entendant une telle mauvaise foi, mais il se retint en réalisant que la victime de tout ceci, c’était lui, et non pas un obscur imbécile qu’il avait fait tuer. Il lui arrivait souvent de jouer ce genre de petits jeux avec ses adversaires, mais jamais il n’avait imaginé qu’on puisse avoir tellement peur…qu’on puisse être tellement terrifié par ce qui allait arriver.

« Ok… »

L’homme de la Main se tourna vers ses deux compagnons et commença à bouger ses mains pour leur donner ses indications, mais il se stoppa quand la porte de la pièce explosa. Celle-ci était en bois résistant et doublé en métal, mais elle venait de partir en fumée aussi facilement et subitement qu’un pétard !
Et ça ne voulait dire qu’une chose : les assaillants étaient déjà là…et surtout ils avaient l’effet de surprise et une préparation sans faille.

Néanmoins, cela ne troubla pas les trois mercenaires. Deux se mirent sur les côtés tandis que celui qui avait parlé était au milieu, et tous sortirent des katanas qu’ils maniaient avec la force de l’expérience. Accroupis, prêts à bondir à chaque instant, ils étaient réellement impressionnants, et même si il savait que c’étaient ces êtres qui l’assassineraient bientôt, Kenneth ne put qu’applaudir intérieurement une telle rapidité d’action et une telle force dans les mouvements.

« Irons. »

Mais alors qu’il continuait d’observer les membres de la Main et qu’il s’asseyait sur son fauteuil et qu’il posait son imperméable beige à côté de lui, il fut stoppé dans ses pensées par son nom prononcé par une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Et il n’aimait pas ça.

Au début, il eut du mal à y croire. C’était impossible. Ca ne pouvait être elle. Ca ne pouvait être cette folle qui devait normalement être morte. Ca ne pouvait être cette imbécile dont il avait juré de se venger et qui était une épine dans son pied depuis que cette crétine lui avait volé son précieux bracelet.
Non. Ca ne pouvait être elle. On lui avait affirmé qu’elle était morte. Et pourtant…et pourtant, c’était sa voix.

« Kenneth Irons. »

Là, il n’y avait plus de doute : c’était bien elle qui venait de dire son prénom et son nom, et ce avec une colère et une rage non contenues. Apparemment, Sara Pezzini avait donc survécue à l’explosion du train, et elle venait pour se venger. Elle venait pour lui faire payer tout ce qu’il lui avait fait, et il savait que rien ne pourrait l’arrêter. Ou peut-être les agents de la Main, qui étaient bien décidés à garder pour eux le monopole de son meurtre.

« Tu vas mourir. »

La jeune femme apparue après que la fumée de l’explosion se soit quelque peu atténuée, et tous purent alors voir combien elle avait changée. Habillée d’un simple t-shirt blanc et d’un jeans bleu, elle n’avait apparemment aucune arme sur elle…ou du moins, à sa ceinture ou dans ses mains. Mais en regardant bien, Kenneth vit qu’elle en avait bien une. Mais elle n’était pas dans sa main…elle était sur sa main.

Le gant. Sara avait le gant. Elle était donc Witchblade.

Il avait bien imaginé que ça soit possible, mais jamais que ça n’arrive aussi vite. Normalement, pour être assez lié avec le bracelet et qu’il devienne ce gant créateur de tant d’armes, il fallait des années d’entraînement et de concentration, et Pezzini ne l’avait eu que pendant quelques semaines.
Comment était-ce possible ? Comment avait-elle fait pour devenir Witchblade aussi rapidement ?

Néanmoins, Irons chassa ces pensées de son esprit. Il n’avait pas à s’occuper de ça. Pour le moment, il devait penser à tenter de survivre à cette folie. Car même si la Main arrivait à stopper Sara, ce qui semblait difficile vu qu’elle était maintenant la combattante ultime avec cette arme qu’était le bracelet, l’organisation le tuerait après des heures de souffrance. Il devait donc essayer de trouver une solution tout en survivant à tout ça. Et ça allait être difficile.

Ce fut à ce moment-là que la jeune femme se rendit compte de la présence des trois hommes de la Main. Leur chef fondit en premier sur elle, le katana à la main et certainement l’envie d’en finir au plus vite. Ses deux camarades restaient accroupis pour le moment, mais il était clair qu’ils interviendraient rapidement.

En fait, Kenneth connaissait leur plan, car il était assez simple : laisser le premier attaquer, envoyer ensuite le second alors que le premier disparaît, puis ensuite au troisième de s’en prendre à la cible. A chaque fois, le corps à corps ne dure que quelques minutes avant que l’un des membres ne prenne la relève de l’autre.
Evidemment, cela dure longtemps, mais cette technique fatigue énormément l’adversaire, alors que les trois hommes restent frais et énergétiques. Simple, oui. Mais efficace.

Pezzini n’avait aucune chance, même si la création de sa hache lui avait permis de ne pas prendre le katana de son adversaire en pleine tête. Elle n’était pas aussi douée que lui au combat et au corps à corps, mais avec la Witchblade, elle pourrait s’en sortir en combat singulier. Et en combat honorable, aussi. Mais la Main ne faisait pas ce genre de choses, dans les affrontements.
Même si leur honneur comptait beaucoup, ils n’en avaient cure quand ils se battaient. Pour eux, seul existait l’objectif. Le reste n’était que de la littérature.

Irons vit ensuite le deuxième mercenaire se lever et se préparer à courir. Son collègue était prêt à partir, et tous deux étaient parallèles à l’immense baie vitrée qui lui permettait d’avoir une des meilleures vues possibles sur Québec. La jeune femme se battait bien, mais il était clair qu’elle ne tiendrait pas longtemps, et qu’il pourrait récupérer son bracelet…mais seulement pendant quelques minutes. Après, il mourrait.

Il allait soupirer quand il entendit les bruits spécifiques des balles sortant d’une mitrailleuse sur sa gauche. La baie vitrée explosa en même temps et les projectiles tirés par l’arme furent trop rapides pour que les deux hommes de la Main puissent les éviter. Tournant la tête vers l’extérieur, ils ne purent que voir l’Asiatique ami de Sara qui était suspendu à une corde et qui leur tirait dessus, les fauchant en un clin d’œil avant qu’ils n’aient pu faire un autre geste.

« Nom de dieu… »

Kenneth n’avait pu s’empêcher de pousser ce juron en voyant les mercenaires se faire tuer aussi rapidement. Même si ça paraissait logique qu’ils n’étaient qu’humains et qu’ils ne pouvaient pas faire grand-chose contre des balles tirées aussi rapidement et par surprise, il était stupéfait de voir que ces êtres qui étaient réputés comme étant les meilleurs de la planète puissent être vaincus aussi facilement.

Evidemment, il avait déjà compris en voyant les échecs de Ian Nottingham que la Main n’était pas aussi extraordinaire qu’il l’avait pensé, mais quand même…ceux qu’on lui avait envoyés pour l’assassiner étaient normalement la crème de la crème. Ceux qui devaient laver l’honneur perdu de l’organisation. Et voilà qu’il se faisait assassiner comme ça ! Qu’il se faisait battre par un simple flic !

Au fond, Irons ne comprenait pas comment c’était possible. Mais finalement, il s’en fichait. Les hommes de la Main venaient de se faire tuer, et leur chef avait été assez déconcentré pour que les coups de hache de Sara deviennent plus menaçants et qu’il commence lentement à reculer sous ses assauts.
Maintenant, sans eux, il avait une chance de s’en tirer. Une petite chance, mais une chance quand même.

Il se leva donc de son fauteuil et avisa la porte dérobée de son bureau, qui menait à un ascenseur secret. Il voulut y aller en profitant de la folie qui régnait dans son bureau et dans tout l’immeuble, mais une volée de balles vint se ficher dans le bois de la porte, comme avertissement. Une voix froide et dure se fit ensuite entendre, et le fit immédiatement se stopper sur place.

« Ne bouge pas, Irons. Nous avons des choses à régler. »

Danny ShanLi ne semblait plus être le gentil flic sympathique qu’il avait connu à Los Angeles. Habillé d’une chemise blanche avec un jeans bleu aussi, il enlevait le nécessaire à escalade qu’il avait utilisé pour descendre en rappel jusqu’à la baie vitrée. Il tenait toujours à la main son arme, et menaçait dangereusement l’homme qui avait détruit la vie de son amie.

Celle-ci, d’ailleurs, continuait de s’en sortir face au mercenaire. Même si celui-ci avait plus d’expérience et plus de force, la jeune femme avait une grâce dans ses mouvements qui impressionnait, et surtout usait de son gant à la perfection. Elle avait toujours la hache dans la main, mais n’hésitait pas à créer régulièrement des petits couteaux qu’elle lançait à son ennemi, ou bien à fabriquer de grandes tiges en métal étrange pour tenter de le faire tomber plus rapidement.
Evidemment, l’envoyé de la Main arrivait à éviter ça, mais il était clair qu’il commençait à fatiguer, et qu’il ne tiendrait donc plus très longtemps.

Irons, ne pouvant rien faire d’autre, observa donc avec intérêt cet affrontement. L’encapuchonné faisait ce qu’il pouvait, mais il était certain que bientôt, il cèderait face à son ennemie. Celle-ci était en train de déchaîner sa hache sur son katana, qu’il tenait avec ses deux mains, et cela dura quelques secondes.
Il était clair que l’homme cherchait une nouvelle stratégie et profitait de ce temps-là pour y parvenir, mais il n’eut malheureusement pas l’occasion d’y parvenir. En effet, à force de frapper sa lame, la hache créée par Pezzini détruisit tout simplement l’arme, qui se brisa en deux !

« Non… »

Le mercenaire ne put que formuler ce mot, avant que Sara ne laisse violemment tomber son arme sur lui. Il se prit la face coupante de la hache sur le visage, et mourut aussitôt. Et Irons ne comprit pas, alors.

Que se passait-il ? Que venait-elle de faire ? Jamais la jeune femme n’aurait fait ça, jadis. Jamais elle n’aurait tué quelqu’un ainsi. Même durant une bataille, même durant un tel combat, elle aurait toujours cherché une solution pour épargner la vie de son ennemi, quel qu’il soit. C’était d’ailleurs pour ça qu’il pensait avoir une chance de s’en tirer avec elle, mais en voyant ça…il doutait, désormais.

Sara Pezzini avait changé, apparemment. Et il savait que ce n’était pas une bonne chose pour lui.

« Kenneth. »

La hache disparue immédiatement alors que l’ancienne flic s’approchait de lui. Danny était sur le côté, le menaçant toujours de son arme. Tous deux étaient transformés, il le voyait. Ces derniers jours avaient été extrêmement durs pour eux, et ils s’en étaient sortis, mais…différents. Ils n’étaient plus ceux qu’il avait connus à Los Angeles. Ils n’étaient plus ceux dont il avait juré la perte.
Ils n’étaient plus vraiment Sara Pezzini et Danny ShanLi. Ils étaient…ses bourreaux. Tout simplement.

« Tu as tué Matthieu. Tu as tué des centaines d’autres personnes, que ça soit par ta main ou celle de tes hommes. Tu es responsable de milliers de vies brisées. Tu es l’homme le plus abject que j’ai jamais rencontré. Tu es aussi celui qui a brisé ma vie, qui m’a brisé et qui a fait tuer la Question et ses alliés. Que réponds-tu à ça ? »

Que pouvait-il dire ? Elle avait raison. Et il ne regrettait rien. Irons n’avait jamais eu une vraie conscience, et tout ce qui avait toujours compté chez lui se résumait facilement : lui-même. Et rien d’autre.
Et maintenant qu’il était face à une mort proche, que pouvait-il dire à celle sur qui il s’était acharné ? A celle qu’il avait voulu détruire parce qu’elle avait osé lui voler quelque chose ? Que pouvait-il dire, hein ?

« Tu as raison. J’ai fait tout ça. »

Il avait les bras croisés. A côté de son bureau, il fixait la jeune femme qui ne baissait pas les yeux. Une rage féroce s’y lisait, et il tremblait presque, même si il faisait tout pour ne pas le montrer. Il avait peur. Et il y avait de quoi.

« A cause de toi, j’ai dû devenir quelqu’un d’autre, Kenneth. Parce que tu as brisé ma vie, parce que tu as détruit tout ce qui comptait pour moi, j’ai dû arrêter d’être Sara Pezzini. J’ai dû m’ouvrir réellement, mais ça m’a coûté. Je n’ai plus rien, Kenneth. Et tout ça à cause de toi. Tu m’as tout pris. Tout. »

Il déglutit difficilement. Il n’aimait pas ce qu’elle disait, mais surtout où elle voulait en venir.

« Jadis, j’avais décidé de ne jamais tuer. Mais je ne connaissais pas encore ce monde, je ne connaissais pas encore l’horreur de ce monde. Grâce à toi, je sais maintenant. Et je sais aussi qu’il n’y a qu’une seule solution pour que notre monde redevienne normal, pour qu’il soit enfin laver des horreurs comme toi. »

Elle leva son bras droit, et une épée se forma à l’aide de son gant.

« Et cette solution, c’est d’éradiquer les monstres comme toi. De sacrifier son âme pour vous détruire. Et c’est ce que je vais faire, Kenneth. Un par un, je vais vous retrouver. Un par un, je vais vous traquer. Et un par un…je vais vous tuer. »

L’épée fut propulsée de sa main et alla s’encastrer entre les deux yeux de Kenneth Irons, qui mourut sur le champ et tomba lourdement au sol, le sang commençant lentement à s’échapper de sa blessure mortelle.

« Il est temps que quelqu’un vous donne ce que vous méritez, Kenneth. Il est temps que je m’occupe de ça… »






Une heure plus tard. Un toit à quelques kilomètres de l’immeuble de Kenneth Irons, où la police s’activait déjà.

« Qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ?
- Prendre la suite de l’Anarchiste. »

Sara était aux côtés de Danny, tous deux observant le soleil se coucher. La jeune femme n’avait pas changée de vêtements, et son gant était redevenu bracelet. Lui avait récupéré l’imperméable de Kenneth et le portait, autant pour se protéger du vent que pour une autre raison.

« Tu es décidée, hein ?
- Oui.
- Et rien ne pourra te faire changer d’avis ?
- Non. »

Il soupira légèrement. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne reprenne la parole.

« Tu ne veux pas que je t’aide ?
- Je ne veux pas te mettre en danger.
- Tu seras seule.
- Je le suis déjà. »

Un autre silence s’installa alors, puis fut à nouveau brisé.

« Quelque chose est mort avec la Question, hein ?
- Oui. »

Cette fois-ci, ce fut à elle de soupire.

« Même si je ne le connaissais que depuis deux jours, ou trois je ne sais plus, il a changé ma vie. Il m’a montré que j’étais plus que je ne le croyais, et que le feu qui brûlait en moi depuis des années devait sortir. Que je devais servir à quelque chose au lieu de me laisser mourir à petit feu.
- Mais tu n’es plus Sara Pezzini…
- Oui. Mais je ne le suis plus vraiment depuis la mort de Matthieu. Je…je suis désolée.
- Je sais.
- Nous ne pourrons plus nous voir.
- On se recroisera peut-être.
- Peut-être… »

Un silence plus profond apparut, avant que Danny ne le coupe encore une fois.

« Tu reprends le relais de la Question ?
- Non. Je suis Witchblade. Je dois assumer mon rôle sur Terre,
- Quel est-il ?
- Sauver le monde quand le moment sera venu. Et en attendant…
- En attendant ?
- En attendant, je dois faire en sorte qu’il y ait un monde à sauver. Je dois stopper les Architectes. Quoiqu’il m’en coûte.
- Tu sais que la Main va vouloir te tuer pour ce que tu as fait ?
- Ce n’est pas grave. Je sais me défendre. »

La jeune femme se tourna alors vers son ami. Sans un mot, elle le prit dans ses bras pendant de longues secondes, avant de lui faire un petit sourire triste. Elle ne dit rien, car il n’y avait rien à dire. Elle le regarda encore quelques instants, avant de se diriger vers la sortie du toit. Ils n’avaient plus rien à se dire, non. Leurs regards suffisaient pour dire que Danny serait toujours là pour Sara Pezzini, mais que Sara Pezzini était morte et qu’il ne restait plus que la Witchblade, maintenant.

L’Asiatique la regarda donc partir. Il savait qu’elle ne changerait plus, et qu’elle ne voudrait jamais de son aide. Mais ce n’était pas pour ça qu’il allait lâcher prise.

« Alors comme ça, tu ne veux plus être la Question, Sara ? »

Il sourit légèrement en regardant l’horizon et en cherchant quelque chose dans la poche de son jeans.

« Dommage. Il y a encore tant de choses à faire…tant de questions auxquelles nous devons trouver des réponses… »

Il sortit un morceau de tissu étrange à ce moment-là.

« M’enfin…si tu ne veux pas le faire… »

Il regarda alors le tissu blanc avec des tâches noires et sourit légèrement.

« Moi, je veux bien poser ces questions… »

Il enfila alors la chose sur sa tête et sourit encore plus quand il sentit le tissu contre sa peau nue.

« …et faire en sorte que ce monde change grâce à moi. Des réponses doivent être trouvées, Sara. Et je suis là pour ça. »

Souriant toujours, la Question partit alors du toit lui aussi, se protégeant de son imperméable et pensant déjà à tout ce qu’il devait faire et tous ceux qu’il devait voir, comme l’homme de main de Irons qu’ils avaient interrogés pour trouver son repaire après l’explosion du train. Et ce pour sauver le monde et le rendre meilleur encore, les seules choses qui comptaient désormais à ses yeux.

 
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