Urban Comics
  Wildstorm #11 : Evasion
 

Histoire : Zauriel
Date de parution : Février 2008

Les portes d’entrée du bâtiment de Stormwatch s’ouvrirent
sur une scène bien étrange. L’un de ses plus jeune agents, qui fut aussi
maîtresse du directeur en chef, franchit le seuil à côté d’un caisson de deux
mètres de long pour un mètre de large, dans lequel reposait, endormi, le corps
de Marc Slayton, alias Francis Herlad Jr, alias Backlash. Peut être un peu trop
de noms pour un personnage aussi dense, troublé, et meurtri par la vie, que
lui. Le caisson lévitait à un mètre du sol, grâce aux orbes anti-gravité qui
étaient fixées dessous. Lauren jeta un coup d’œil au visage de Slayton. Même
endormi, son visage était torturé, secoué de tics et de grimaces que lui
causaient des cauchemars que Lauren ne voulait même pas envisager. Elle se
sentait dégoûtée d’elle-même sans trop savoir pourquoi. La cible n’avait aucune conscience de ce
qu’elle représentait avant qu’elle n’apparaisse dans sa vie. N’aurait-elle
mieux pas fait de le laisser vivre sa fausse existence de commercial inoffensif
et alcoolique, au lieu de le replonger dans ce bain d’acide qu’étaient ses
souvenirs de Team One et de Stormwatch ? Elle se posait un peu trop la
question, sûrement. Les portes se refermèrent sur elle et Jackson King, flanqué
de deux gardes en armures de combat, une mitraillette à la main, l’air féroce
d’un chien d’attaque sous la visière bleutée de leur casque.


« Bonjour Lauren, fit Jackson sans la regarder. »


Il posa la main sur le caisson, fixant à son tour la capture
de Lauren. Ni ses yeux ni ses traits ne laissaient dévoiler ce qu’il pensait à
cet instant. Comme à son habitude, le directeur exécutif de Stormwatch était
impénétrable.


« Emmenez le, ordonna-t-il aux deux gardes. »





Les deux hommes s’exécutèrent. Ils prirent chacun une
poignée du caisson et le fit glisser dans une salle à l’arrière du bâtiment.
Jackson se retourna à son tour, mais Lauren lui mit la main sur l’épaule et la
lui serra. Il jeta un regard en arrière, se retourna et croisa ses bras sur sa
poitrine.


« Qu’est ce que tu veux, Lauren ? »


Bonne question. Jackson savait toujours poser les bonnes
questions, mais quand on le questionnait, il déviait. C’était peut être de ça
que les chefs et les leaders étaient faits. D’une surface d’acier polie qui
savait vous renvoyer vos propres doutes, mais qui ne pouvait pas être
transpercée. La question fut prise avec colère par Lauren. Jackson la prenait,
l’a toujours prise, en fin de compte, pour une gamine sans cervelle, tout juste
bonne à exécuter les ordres, ou à se coucher pour que Monsieur s’occupe de ses
problèmes de virilité. Elle embrassa le hall de l’immeuble du regard. Beaucoup
d’employés allaient ça et là, des dossiers dans les mains. Un peu trop de
mondes pour s’occuper de ce qui la tracassait. Elle ne voulait pas lancer un
scandale. Du moins pas ici. Elle ne voulait pas d’un public.


« Dans ton bureau, Jackson. Tout de suite. »


Jackson leva le sourcil, étonné du ton de son ancienne
compagne. Il ne bougea pas d’un millimètre.


« Et pourquoi je t’accorderais ça ?


- Jackson, si jamais tu ne te diriges pas vers ton bureau
tout de suite, je vais voir la presse avec des preuves de lobotomie de citoyens
américains. Le Bugle devrait adorer ça. »


Jackson serra les dents.


« Tu n’oserais pas, Lauren.


- Tu me connais Jackson. C’est toi qui as mis fin à notre
liaison en prétextant que j’étais trop instable et imprévisible. Tu t’en
rappelles, maintenant ? »





Jackson soupira d’exaspération.


« Suis moi. »





5 Minutes plus tard.
Le bureau de Jackson King.






Jackson ne s’était pas assis, et ça déstabilisait un petit
peu Lauren, posée dans un grand fauteuil devant le bureau, énorme et
désordonné, où s’entassaient dossiers, factures, photos. Un vrai bordel. Il lui
avait servi un verre d’eau, comme elle le lui avait demandé. Elle n’en avait bu
que très peu, attendant surtout ses paroles menaçantes comme le début de leur
rixe verbale. Debout devant la fenêtre, il semblait apprécier la vue que lui
procuraient ses appartements, au sommet de la tour, sur la ville de New York,
en perpétuelle ébullition. Il passa sa langue sur ses lèvres avant de se
retourner vivement vers elle, comme s’il s’attendait à ce qu’elle le poignarde
dans le dos. Lauren ne fut nullement surprise par ce mouvement. Il eut un
sourire d’excuse et s’assit derrière le bureau en croisant les mains,
effleurant son crâne chauve du bout des doigts.


« Alors Lauren. Qu’as-tu à me dire de si important pour
me menacer devant les employés d’un scandale au Bugle ? »


Derrière sa politesse et son sourire type Colgate, Jackson
n’avait rien de candide. Ses paroles n’étaient que du miel dans lequel se
cachait une multitude de minuscules lames de rasoirs. Il s’agissait pour Lauren
de faire dans le lourd, dans le direct, et de ne pas s’attarder sur les
formules adéquates officielles.


« C’est quoi cette histoire de « dangereux
terroriste » ? Avant que je ne l’approche, Slayton était doux comme
un agneau. Pourquoi envoyer un agent comme moi, quand une simple équipe aurait
pu s’en charger.


- C’était nécessaire ?


- Nécessaire ? Il aurait été nécessaire que tu me préviennes
que Slayton risquait de retrouver ses pouvoirs et ses souvenirs en me voyant.


- Tu as très bien géré l’affaire, ma chère.


- Je ne suis pas ta chère, Jackson. Tu m’as, non. Tu nous as
envoyés sur la piste de gars totalement inoffensifs s’ils n’avaient aucun
contact avec Stormwatch. Sans nous prévenir de l’enjeu de la mission. En nous
disant seulement qu’il fallait sortir le paquet et ne pas nous laisser faire.
Et on se retrouve face à de pauvres mecs qui ne comprennent rien à ce qu’il
leur arrive jusqu’à ce qu’on dise qu’on vienne de Stormwatch. Et PAF !
C’est eux qui nous en mettent plein la gueule, Jackson. Tu peux m’expliquer
pourquoi ?


- On pensait que le risque qu’ils retrouvent leurs souvenirs
était trop minime pour qu’on vous prévienne.


- Trop minime ? C’est toi qui m’as dit que Team One
était les pires assassins que tu n’aies jamais côtoyés. Pourquoi ne pas nous
avoir dit ?


- J’ai fait une boulette, voilà. Ca arrive à tout le monde,
même à moi. »





Lauren serra les dents.


« Tu ne t’en tireras pas comme ça Jackson.


- Comment ça, mademoiselle ? »





Lauren sursauta. Le directeur Craven venait de faire son
apparition dans le bureau de son protégé. Il avait toujours effrayé Lauren,
mais il n’avait jamais été aussi effrayant qu’aujourd’hui. Ses yeux étaient
presque rouges à cause d’un manque de sommeil flagrant. Ses traits étaient
tirés et il n’avait pas pris la peine de coiffer sa tignasse blanche et
hirsute. C’était un véritable fantôme. Il n’était plus que l’ombre de l’homme
qu’il avait été jadis.





« Je vous ai posé une question, Miss Pennington »





Lauren se tortilla sur sa chaise, mal à l’aise. La présence
du vieil homme exsudait quelque chose d’étrange, comme si son ombre était une
entité propre. Elle passa outre son malaise et se leva de sa chaise en
reprenant son manteau. Elle l’enfila sans quitter des yeux le vieil homme.


« C’est moi qui suis responsable de cette opération,
Miss Pennington. Vous devriez me faire part de vos reproches directement, au
lieu d’en assommer notre pauvre directeur exécutif. »





Lauren fut surprise. Ainsi donc, le vieil homme avait repris
les rennes du dossier Team One. Mais pourquoi ? Soit, il avait participé à
la mise en œuvre du projet, en était même l’instigateur principal, mais il
avait quitté la direction pour s’occuper des recherches. Pourquoi revenir sur
le devant de la scène aussi rapidement ? Nostalgie de la guerre froide et
de ses complots de polichinelles ? Ou bien par peur de voir des secrets un
peu trop bien gardés se révéler sous le feu des projecteurs ?





« Pourquoi des agents surentraînés pour des citoyens
lambda ? Pourquoi Slayton a-t-il recouvert ses souvenirs quand il m’a
vue ? Comment le symbiote est-il revenu à lui, alors que j’ai appris dès
mon entrée à Stormwatch que c’était l’une des armes les mieux gardées au
monde ? Et pourquoi l’agent Hawksmoor m’a suivi pendant toute ma
mission ? »





Le vieil homme éclata de rire.


« Ainsi, vous l’avez remarqué, et ce même avec son
camouflage.


- Toute personne, directeur, qu’elle soit invisible ou pas,
dégage de la chaleur. »


Lauren leva le bras et claque des doigts. Une flamme apparut
entre son index et son pouce.


« Vous n’ignorez pas que c’est mon domaine.


- Non, je le savais, en effet. Je ne répondrai qu’à votre
dernière question, mademoiselle Pennington. Les autres me semblent
impertinentes et vu votre rang, vous n’avez pas besoin d’en connaître les
réponses. Jack Hawksmoor vous suivait car on avait prévu, monsieur King et moi,
un agent de remplacement, au cas où. Le procédé Team One a crée les meilleurs
espions au monde, et nous ne voulions pas manqué notre coup.


- Quels agents avez-vous envoyé ?


- Des gens de confiance, très chère.


- Qui ? »


Le vieil homme grimaça.



« Eh bien, Fuji était derrière Hellstrike. Hawksmoor
derrière vous, et Pike derrière Winter.



- Vous avez dit Pike ?



- Cela pose-t-il un problème ?



- Un peu, oui. Pike a été viré de bonne heure, si je m’en
souviens bien. Et pas pour rien. Pourquoi l’avoir réintégré ?



- Parce que nous pensions qu’il pourrait nous conduire tout
droit à son maître. Malheureusement, non. Pike s’est fait capturer par Jim
McArest qui l’a séquestré pour savoir ce qu’il lui voulait. Mais c’était peine
perdue. Pike croyait bosser pour son maître tout en bossant pour nous. Ca lui a
été fatal. Il est mort, étouffé par sa propre ombre. Nigel Keane a perdu sa
cible, Cray, bien avant que Toshiro Misawa ne puisse l’aider. On sait seulement
que c’est le maître de Pike qui l’a capturé, grâce aux soins d’un agent de
police mutant corrompu. Mais grâce à vous, Team One n’est pas entière entre ses
mains. Mais j’ai peur que McArest, ou Majestic, comme vous préférez l’appeler,
ne finisse tout comme Cray, malgré la compagnie de Nikolas et d’Alex
Fairchild. »







Fairchild, tiens
tiens. Nouvelle réapparition. Pourquoi tant de spectres qui reviennent à la vie
à cet instant précis ? Et pourquoi diable Craven lui déroulait-il toute
son opération, alors que Jackson ne lui avait pas dit un mot ?








« De qui parlez vous ? »







Craven se tortilla les mains, faisant craquer ses doigts.
Ses yeux allèrent de droit à gauche, rapidement. Lauren sut, avant qu’il ne
prononce un mot, qu’il allait mentir.



« Le CLT. Depuis longtemps, nous les soupçonnons
d’asservir des métahumains.



- Ce n’est plus un soupçon depuis un an, monsieur le
directeur. Les Enforcers ont libérés de nombreux mutants des geôles du CLT.



- C’est vrai, c’est vrai, répondit-il hâtivement. Mais nous
pensons que le CLT peut recruter les anciens de Team One et en faire des armes
terribles. »







Oh le gros mensonge.



Lauren tenta de réprimer son sourire de mépris, en vain.
Elle salua rapidement les deux hommes et quitta la pièce, horrifiée par
tant d’hypocrisie.











Craven s’assit et se servit une tasse de café.



« Pourquoi ne pas m’avoir dit qu’il s’agissait du CLT,
monsieur ? fit Jackson, suspicieux, les bras posés sur son bureau.



- Parce que vous n’aviez pas besoin de le savoir, Directeur
King. Tout comme cette charmante personne, vous devriez apprendre à vous
contenter de ce que vous savez.



- Pourquoi lui avoir dit tout ça ?



- L’illusion, mon cher Jackson. Avec ce trop peu
d’informations, notre demoiselle aura l’impression d’en savoir suffisamment
pour se taire. Et elle ne nous ennuiera plus.



- Ne voulez vous toujours pas me dire après qui vous en
avez ?



- Chaque chose en son temps, Jackson. Chaque chose en son
temps.»











Lauren était de retour dans le hall d’entrée du bâtiment de
Stormwatch, particulièrement frustrée de la manière dont l’avait éconduite les
deux têtes pensantes du groupe international. Elle se sentait très mal à
l’aise. Elle avait l’impression d’avoir accompli quelque chose de négatif, mais
sans parvenir à mettre la main dessus. Elle sortit son badge Stormwatch passe de niveau 2 de sa
poche. Il brillait sous la lumière des néons plantés partout au plafond. Lauren
avait chéri ce badge depuis qu’elle l’avait obtenu. Il représentait pour elle
toute sa réussite dans sa vie professionnelle. C’était un véritable symbole.
Mais aujourd’hui, il lui brûlait les mains. Elle le rangea rapidement et se
dirigea vers les laboratoires situés au fond du couloir.







Un homme en combinaison entièrement blanche, qui portait un
casque presque identique à ceux des gardes impériaux de Star Wars gardait la
porte, un fusil d’assaut à la main. La grande porte d’acier qui conduisait aux
laboratoires de niveau 2 ne s’ouvrait pas souvent et ce molosse était là pour
le rappeler, en quelque sorte.







Lauren lui présenta son badge sans un mot. Le molosse se
pencha vers elle, les mains toujours agrippées à son arme. Il grogna et Lauren
prit ce mugissement pour une appréciation. Il tapa sur le clavier devant la
porte qui se souleva et alla se cacher dans le plafond. Il salua Lauren qui
pénétra dans l’enceinte des laboratoires.











Les murs étaient blancs. Immaculés. Couverts de cette aura
quel seul un lieu sanctuarisé pouvait dégager. Lauren se trouvait sur une
passerelle sous laquelle des milliers de chambres scientifiques devenaient des
lieux d’expérimentations plus ou moins moraux. Lauren ne faisait pas attention
aux cliquetis des ordinateurs, ni aux râles et aux cris des cobayes plus ou
moins volontaires.







Elle traversa la passerelle et franchit une porte sur sa
droite. Elle la referma. Elle produisit une flamme au bout de son index et posa
celui-ci sur le commutateur, qui fondit sous la température. Elle ne serait pas
emmerdée par une intrusion quelconque. Elle alluma les néons verdâtres qui
illuminèrent la paroi d’ombres lugubres le caisson dans lequel baignait Marc
Slayton.







Un masque à oxygène sur la partie inférieure du visage, les
cheveux houlants dans le liquide, le corps secoué de soubresauts à cause des impulsions électromagnétiques qu’on lui
administrait, l’ancien agent d’infiltration semblait être hors du monde que
Lauren connaissait. Le caisson vertical était lié à des tas d’ordinateurs qui illustraient
son rythme cardiaque, aussi paisible et régulier qu’un métronome, et ses
différents taux d’adrénaline et hormonaux. Lauren tapa sur un clavier et le
liquide disparut dans le fond de la cuve.
Les liens de Slayton se détachèrent et le laissèrent tomber au sol.
Lauren ouvrit précipitamment le sas et se pencha sur lui. Elle lui secoua
l’épaule.



« Colonel ? Vous m’entendez ? »



Ses yeux s’ouvrirent péniblement. Il fallait qu’ils sortent
d’ici le plus vite possible. Elle le prit par l’épaule et le traîna jusqu’à la
porte d’entrée. Elle perça la porte avec son pouvoir, et c’est là que les
choses se gâtèrent. L’alarme se mit en marche et une voix robotique se mit à
parler à plein volume.



Alerte. Intrusion au
niveau scientifique numéro 2. Alerte. Intrusion au niveau scientifique niveau
2.




Elle entendit des bruits de pas dans le couloir. Slayton
était trop lourd pour qu’elle puisse sortir de Stormwatch saine et sauve.



« Colonel, je ne pourrais pas vous sortir d’ici si vous
ne m’aidez pas un petit peu. »



Slayton grogna et parvint à se mettre sur ses pieds. Ils
avaient traversé la passerelle et presque atteint le hall d’entrée, quand
plusieurs molosses apparurent sur leur chemin, avec à leur tête Jackson King.



« Fais pas de conneries, Lauren. Rends nous Slayton
tout de suite, et nous serons indulgents. »



Lauren leva le majeur et se tourna vers Slayton.



« Accrochez vous à moi »



L’ancien colonel s’agrippa à sa taille. Lauren lança son
pouvoir dans ses jambes et devint une véritable fusée vivante. Elle percuta le
mur de gardes, mais avec son champ de force en marche, elle était tout
bonnement invulnérable. Les hommes s’écroulèrent malgré leurs armures. Lauren,
à l’horizontale, Slayton sous le bras, franchit le hall d’entrée et manqua de
fracasser les vitres en sortant.







Jackson King, accompagné de ses gardes, parvint trop tard au
hall d’entrée.



« Capitaine. »



Le garde qui portait une marque rouge à l’épaule se présenta
devant lui.



« Monsieur.



-Mettez tout en œuvre pour retrouver l’agent Pennington et
le colonel Slayton.



- Bien, monsieur »







Le capitaine s’éloignait.



« Capitaine. »



Il se retourna.



« Encore une chose. Si jamais vous réitérez un tel
échec, la cour martiale sera le moindre de vos soucis. »



Déglutissant avec peine, le capitaine salua et
rejoignit ses troupes. Jackson regarda l’entrée que venait de franchir son ex,
en ruminant.



« Merde, finit-il par mâcher. »















Après avoir franchi plusieurs rues à plues de soixante dix
kilomètres/heure, Lauren se posa dans une ruelle, après s’être aussi assurée
que personne ne les avait suivi. Slayton se posa contre le mur, frissonnant.
Lauren lui donna son manteau. Il porta la main à sa tête et se massa les
tempes.



« Ca va ? »



Il la chopa à la gorge et commença à serrer, la foudroyant
du regard. Lauren tentait de réactiver ses pouvoirs, mais elle n’y parvint pas.
Le fouet de Backlash réapparut et vint prendre la place de sa main. Il lui
brûlait la chair.



« Aggh. Arrêt… Arrêtez. »



Le fouet relâcha sa pression juste assez pour qu’elle puisse
avaler une grande goulée d’air. Mais pas assez pour qu’elle puisse le
combattre.



« Expliquez moi ce qui se passe, agent Pennington.
Encore un petit jeu de Craven ? Ca ne lui a pas suffi de nous laver le
cerveau ?



- Vous ne comprenez pas. J’essaie de vous sauver.



- Comment être sûr de votre bonne foi, Mademoiselle ?
Comment ne pas être sûr que vous faites encore l’agent double ? »







Un bruit les fit sursauter tous deux. Le fouet de Slayton
partit dans la direction d’où venait le son. Une silhouette minuscule, armée
d’un fusil à pompe, sortit des ténèbres.



« Je suis garant de cette fille, Marc. Lâche
là. »



Slayton ne se le fit pas dire deux fois. Le nouveau venu
approcha. Lauren n’en crut pas ses yeux.



« Oncle Jacob ? »



Sans répondre, le dénommé Jacob, qui ne devait pas dépasser
le 1m40, jeta à la figure de Slayton un jean et un T-shirt aux couleurs des
Mets.



« Habille toi. »



Slayton s’exécuta sans un mot. Jacob descendit légèrement le
canon de son fusil. Il fumait un gros cigare.



« Alors comme ça, t’es de retour ?



- Oncle Jacob, qu’est ce que tu fous là ?



- C’est pas à toi que je parle, petite. »







Slayton renifla.



« On peut dire ça comme ça. Comment ça se fait que tu
sois venu si vite ? »



Jacob commença à fouiller ses poches quand Slayton fit
réapparaître ses fouets.



« Pas de gestes brusques, Marlowe. »



Jacob Marlowe acquiesça. La cendre de son cigare tomba un
petit peu sur le col de sa veste. Il sortit un émetteur de sa poche et le lança
à Slayton, qui le rattrapa au vol.



« Tu m’as donné ça juste avant de disparaître, tu t’en
rappelles ? Ca me donnerait ta position dès que tes… implants auraient
implosé. Bingo. Je vous ai manqué de peu à la Nouvelle Orléans. T’as cessé
d’émettre quand ma charmante nièce t’a remis à ses patrons. Et te
revoilà. «







Lauren ne comprenait absolument rien à ce que racontait son
oncle.



« Mais qu’est ce que vient faire un armurier d’Adam
Street dans cette histoire ?



- On n’a pas le temps, Lauren. Va falloir faire vite. Notre
petit concurrent a déjà chopé Cray, d’après ce que j’ai pu entendre à votre
quartier général. Et Majestic devrait être dans le coin dans peu de temps.
M’est avis qu’on a un rendez vous bien lugubre en perspective.



- Un rendez vous ? Mais où ça ?



- Au cimetière, répondit lugubrement Slayton »

 
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