Urban Comics
  X-Men #0 : Liberté, Fraternité, Rivalité
 
Histoire : 
Date de parution : Septembre 2005


Chaque nuit de chaque journée de chaque semaine de chaque année, je fais le même rêve. Plutôt cauchemar, en fait. Oui, c’est un cauchemar. Mais pas un de ceux où on se fait dévorer, où ses parents meurent ou où ses jouets sont mangés par son chien. Non, c’est un cauchemar étrange où je n’ai pas mal. Non, je n’y ai pas mal. Mais j’en fais. Je fais du mal.

Chaque nuit, donc, mon cauchemar m’emmène dans un endroit étrange. Tout commence toujours bien : je suis dans un endroit paradisiaque, presque idyllique. Des fleurs, des arbres, des cours d’eau, des statues, des gens, des femmes nues…bref, un petit paradis. Seulement, au fur et à mesure que j’avance sur l’herbe que mes pieds nues foulent, tout devient sombre, noir…le ciel s’obscurcit, les nuages s’amoncellent…les femmes fuient ou se transforment peu à peu…elles grandissent, leur peau devient noire, des ailes poussent dans leur dos et leurs yeux deviennent rouges tandis que leurs dents grandissent…

Je m’arrête, et je pense que je vais fuir, mais non, je vais vers elles, et elles s’accroupissent devant moi, comme si j’étais leur maître. Je vois alors devant moi quelque chose, quelqu’un…oui, quelqu’un…un petit garçon, comme moi. Le même âge que moi, environ 10 ans…il a peur, il appelle à l’aide, il veut sa maman, son papa…et moi…moi, je ris, j’éclate de rire, d’un rire étrange, méchant, démoniaque…

Je m’approche de lui et je commence à le frapper. Oui, je le frappe. Méchamment, à force, sur les bras, les jambes, le torse, le zizi, la tête…je lui donne des coups de poings, des coups de pieds…je donne l’ordre aux femmes monstres de l’attaquer aussi, et elles lui arrachent la peau…c’est horrible… . Peu à peu, sa peau est arrachée, il ne reste que ses os et pourtant…pourtant, il est toujours vivant…malgré toutes ses blessures, malgré tout le liquide rogue par terre qui m’attire, malgré son visage qui me hante dès que je ferme les yeux…il vit toujours.
Et moi…moi je ris toujours, j’aime ça…je sais que c’est mal, qu’il n’a rien fait, mais je ris, j’aime ça, je redemande du sang, des meurtres, et on m’obéit alors que le petit garçon pleure…il pleure tellement que ça en fait mal aux oreilles…mais moi je ris toujours…

Et puis, alors que le petit garçon va mourir, alors que les femmes monstres vont lui donner le dernier coup qui va le tuer, je me réveille en pleurs et en chaleur…le lit est mouillé par la transpiration, je suis tout chose, je ne sais plus où je suis et je mets cinq minutes à reconnaître ma chambre et à soupirer de satisfaction en comprenant que ce n’est qu’un rêve…mais tous les soirs, toutes les nuits…cela revient…encore, encore et encore…qu’ais-je fais pour mériter cela ?





Mes nuits sont moins agitées, j’ai 26 ans et je viens d’entrer à Cambridge. Avant j’étais à Eton, mais j’intègre un doctorat hyper sélectif en biogénétique. Ma mère dit que ma calvitie c’est pour laisser de la place à mon cerveau, ah ! les mères…
« Charles ? Tu viens ?
La voix qui me sort de ma rêverie c’est Gabrielle, l’étudiante qui me fait la visite. Elle me prend la main et m’entraîne entre les murs grisâtres de l’université anglaise. Soudain une chose incroyable se produisit. Je vis un garçon, plutôt banal, grand, maigre. Mais son visage, son visage est celui qui me hante chaque nuit…
Lorsqu’il me vit la peur le prit et il s’enfuit comme s’il voyait le diable.
« Ne t’inquiète pas Erik est plutôt bizarre, il a peur de dormir…
Je n’entendis pas plus. Car je venais de comprendre. C’était le petit garçon que je persécute chaque nuit. Je courus alors à sa suite. Je l’ai retrouvé prostré sous un escalier.
- Bonjour…
Lorsqu’il me voit, il se recroqueville encore plus…
- Pourquoi ? Pourquoi tu as fais ça ?
Les sanglots s’étranglent dans sa voix. Je m’approche et lorsque je le touche quelque chose se passe…quelque chose d’étrange, d’exceptionnel…je vis ce qu’il a vécu…je vois ce qu’il a vu…je subis ses douleurs…je crie ses accès de rage et de douleur…mon dieu…est-ce moi qui lui ai fait cela ? Est-ce moi qui ai fais tant de mal ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ce n’est pas possible…ce n’est pas moi…je ne pourrais pas…et pourtant…et pourtant c’est vrai, tout est vrai…mais comment ? Il n’y a pas d’explication mais…je dois bien l’avouer…je…je suis un monstre…



Cela fait maintenant deux mois que je connais Erik et que je m’efforce chaque soir de ne plus faire de rêves. Après le choc de la première rencontre et l’horreur de découvrir ce que je lui avais fais, on a commencé à se parler…peu à peu. Après les bonjours, bon appétit et autres bonnes journées, on a commencé à avoir certaines conversations…étranges. Une idée avait germée dans mon esprit après que je l’ai vu pour la première fois : vu qu’il n’y avait strictement aucune explication scientifique me venant à l’esprit pour ce que je lui avais fais, je m’étais dis que peut-être…peut-être avais-je des dons…des dons spéciaux me permettant d’aller et de faire des choses dans les esprits des gens…

J’avais entendu comme tout le monde des histoires sur des aborigènes ou des moines qui s’étaient assez concentrés toute leur vie pour arriver à un état de concentration et de connaissance de soi tels qu’ils pouvaient faire des choses avec leur esprit…mais moi, je n’avais jamais fais cela…était-il possible que j’ai cela naturellement ? Si oui, étais-je le seul alors ? Une de mes premières conversations allait me prouver le contraire…

Erik était un garçon assez timide et mal dans sa peau…par ma faute, bien entendu. Avec les horreurs que je faisais dans ses rêves, il s’était coupé de pratiquement tout lien social et fuyait la compagnie des gens, n’arrivant plus à faire confiance à personne…ce qui était normal vu ce qu’il avait vécu avant…
Enfin bon, passons un peu…où en étais-je ? Ah oui, à la fois où j’ai compris que je n’étais pas seul à avoir un don…Erik, au fil des minutes et des paroles timides, s’était un peu lâché et avait commencé à m’avouer que lui aussi savait faire des choses étranges…bien sûr, auparavant je lui avais avoué que je ne savais pas comment contrôler mes « pouvoirs » et donc que j’étais désolé de ce qui lui était arrivé…on avait même commencé à réfléchir ensemble sur d’où cela venait…mais je m’égare.

Erik m’avait donc avoué qu’il réussissait à soulever des objets en fer, à les tordre, à en faire ce qu’il voulait…j’étais un jeune con stupide à l’époque, et j’avais alors répondu « Ah ouais ? Bah tu sais, moi aussi… »…quel imbécile je fus…il se vexa et partit sans rien me dire, et je mis des semaines à pouvoir lui reparler…

Des mois plus tard, nous avons perfectionné nos dons, essayant à tâtons de comprendre. Ma formation scientifique en génétique nous a beaucoup aidé, car en étudiant notre ADN, j’ai remarqué qu’un chromosome existait en plus. Celui est différent pour Erik est moi, et c’est pourquoi je pense que c’est celui qui nous procure ses dons…

J’ai émis une théorie, comme quoi l’évolution de l’espèce venait de faire un bond, que bientôt nous serons de milliers. Erik lui pense que la transition sera violente, que les exemples donnés par l‘Histoire le démontrent clairement. Nous ne sommes pas d’accord sur ce point, je pense que Martin Luther King peut être un exemple, que Gandhi aussi. Il me rétorque qu’ils furent tous assassinés, que le monde ne peut supporter le pacifisme.

Hier soir nous avons eu une grosse dispute sur le sujet. Il ma raconté que son grand-père à vécu dans les camps de concentration, que sa mère aussi. Il m’a dit qu’il ne laisserait pas faire ça. Et qu’il ne me laisserait plus le contrôlé via mes pouvoirs. Je crois que les rôles se sont inversés, c’est lui qui me fait peur aujourd’hui…et je ne sais qu’elle sera ma réaction, car je déteste avoir peur…
 
 
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