Auteur : Diablo
Date de parution : Juillet 2005

Assit sur le toit de son immeuble jeune homme que tout le monde surnomme Daredevil, tient son masque entre les mains. Il se rappelle une conversation qu’il a eu il y a longtemps. Cela concerné son ami démon, son origine, et la sienne…

« Stick ?
- Oui Matt.
- Vous savez quelque chose sur Osore ?
- Oui, mon ordre tire son origine de sa capture.
- Vous pouvez me la raconter ?

Le maître et l’élève arrêtent alors de se battre dans ce hangar de Boston. Cela fait bientôt deux mois qu’ils s’entraînent sans relâche ici. Le vieil aveugle s’assoit en reprenant son souffle. Une fois que son disciple est prêt il commence son histoire.


« Il y a une légende que l’on raconte aux petits enfants au Japon. On y évoque la peur et surtout comment la vaincre. Mais ce que peu de parents savent c’est que cette histoire est vraie. Et qu’elle c’est passé il y a 500 ans…

Le vieil homme peine à monter les derniers mètres qui le sépare du sommet de la petite colline au sud d’Izumo qu’il tente de gravir depuis 2 heures. Une fois arrivé en haut il peut admirer le panorama qui s’offre à lui : Une magnifique plaine verdoyante, quelques cerisier en fleurs, des insectes qui volent ça et là. Devant un tel spectacle une larme vient s’écraser sur sa moustache blanche comme la neige. Il se dit que même après des années de vie bien remplies, son pays continue encore de l’émouvoir. Mais il est interrompu dans ses réflexions par son jeune disciple qui vient lui aussi de monter la pente, mais lui porte toutes les affaires de son maître soit près de 20 kilos ! Après avoir repris son souffle l’élève s’approcha en souriant.
« Senseï, nous sommes arrivés ?
- Oui Hitsu nous sommes arrivés. Va préparer le campement s’il te plait. »
Une fois que l’apprenti a réussi à monter les tentes et préparer le repas, son maître, le grand sage Tsu Mashimoto, s’assoit près du feu et lui tend quelque chose. C’est un masque de kabuki traditionnel représentant un démon, un oni.
« Prend ceci, nous en aurons besoin si nous voulons venir à bout de celui qui hante le pays depuis bien longtemps.
Sans discuter, le jeune homme prend le masque quand soudain l’air devient plus lourd, les étoiles s’éteignent. Et puis soudain il eut cette voix, immense, qui remplissait son crâne, l’empêchant de penser à autre chose.
« Alors on est venu me défier Tsu ? Tu sais que tu affronte la peur elle-même ?
Son maître finit d’abord son thé et s’exprime ensuite d’une voix calme et posée.
- Ah quoi bon se battre ? Si on discutait plutôt ?
- Sûrement une de tes ruses mais soit…
Alors le démon rougeoyant que tu connais sous le nom d’Osore s’assit avec eux. Bien sur le disciple avait peur, mais il essaya de rien laissé paraître et servit du thé à leur bien étrange hôte.
- Alors comment compte-tu me battre vieil homme ?
Le vieux sage mit du temps avant de répondre.
- Oni, toi qui tiens ton nom de la peur même, je te pose la même question, car c’est la que réside ta faiblesse.
- Tu me fais rire vieux débris. Je vais te faire vivre tes pires peurs et tu me supplieras de te tuer pour abréger tes souffrances !- Mais quelles peurs, j’en ai tellement !
Soudain le décor change, ils ne sont plus dans une charmante clairière mais dans le monde des morts ! Les fantômes passent devant eux, les multiples démons leurs sourient.
- La mort ! Voilà ta plus grande peur !
- C’est vrai, mais j’ai appris à vivre avec. Je suis vieux et la mort fait partie du cycle de la vie. Tu sais je sais que je vais mourir, rien de ce que je ferais ne pourras éviter ça. Alors pourquoi avoir peur, alors qu’il y a tant à vivre ! Je ne veux pas que ma peur dicte ma conduite. Et c’est pourquoi je ne peux pas te laisser faire démon.
Voyant que sa victime n’est pas du tout apeurée, le démon remplace l’enfer par le campement qu’ils n’ont en fait jamais quitté.
- Une question Oni, de quoi as-tu peur ?
- Moi ! Le démon de la peur, celui fait trembler les plus grands seigneurs de guerre ! Moi qui ai mis à genoux les plus braves ! Moi…
- Mais tu n’as pas réussit avec moi et tu sais pourquoi, car j’ai apprit à vivre avec mes peurs, pas à les combattre. Et alors que vas-tu faire maintenant que tout le pays va savoir ça ?
Alors que le démon était en proie au doute le vieux sage en profita. Il prit le masque de démon de son disciple et prononça la formule magique qui enferma le démon dans sa prison pour des siècles. Epuisé par l’effort le vieux maître mourut mais le démon avait été pris à son propre jeu, il avait éprouvé le doute et la peur devant un homme qui avait vécu si longtemps que plus rien ne pouvait lui faire peur car il avait appris à vivre avec. Et c’est ainsi que mon ordre fut formé. Le jeune disciple fut le premier homme sans peur. Beaucoup pense qu’il était d’une bravoure sans égale mais c’est faux. Il avait souvent peur et on raconte qu’une araignée suffisait à le faire pâlir. Mais il comme son senseï avant lui il avait compris que la peur ne devait pas dominer son cœur, car alors il ne serait capable de rien. Et c’est son héritage encore aujourd’hui que je te transmets. Toi tu as vécu avec le démon en toi. Tu sais aujourd’hui qu’il n’avait rien de fondamentalement mauvais en lui. La peur se nourrit de la peur c’est ainsi. Tu comprends Matt ? »


- Matt ?

La voix d’Elektra le sort de sa torpeur, il range rapidement son masque sous son sweat shirt. Elle s’approche de lui, le parfum qu’elle porte et le crissement de sa chemise de nuit sur son corps ne laisse pas Matt indifférent. Bien sur il a connu d’autre fille, surtout une pendant son année d’entraînement, mais Elektra le paralysé. Peut-être que c’était ça sa plus grande peur, mais franchement il avait peu de temps à lui consacré et peut être que c’était mieux ainsi.
- Matt ? Il se fait tard, tu devrais aller dormir, en plus ça me fait peur de te savoir dehors alors qu’il a ce démon qui rode…
Si elle savait qu’elle parle de lui ! Si elle savait que dès que la nuit tombe le pauvre aveugle qu’elle héberge affronte la pègre New Yorkaise plus quelques détraqués.
- Tu sais, je pense pas que ça soit un vrai démon…
- Oui, mais bon, je suis pas rassuré, alors si tu pouvais rentrer ça m’aiderais…
C’est vrai qu’elle a peur. Son rythme cardiaque à augmenter, elle respire plus difficilement. Il ne faut pas qu’elle s’inquiète, alors Matt se redresse, époussette un peu son baggy et rentre vite dans la chaleur réconfortante de l’appartement des Natchios. C’est amusant de constaté que cet endroit permet d’éviter de penser que dehors des gens meurent de froid, que les putes et les junkies battent le pavé. Qu’un démon essaye de remettre de l’ordre alors que même la loi n’y arrive pas. Il est amusant de penser que même Daredevil a peur de sortir le soir. Car Matt à peur lui aussi. Peur de ne pas être à la hauteur, peur qu’il arrive quelque chose à un innocent par sa faute. Mais comme les autres nuits il va attendre que son amie s’endorme, enfiler son masque et partir affronter ses peurs dans le quartier de l’enfer… mais alors qu’il porte le masque à son visage il sent une brise caressée ses joues, une chaleur qu’il connaît vient l’envahir. Puis une voix vient se déposer dans le creux de son oreille.
« Je suis fier de toi… »
Il ne saura jamais s’il a inventé ses paroles, il ne sait même pas à qui les attribuer. Son père ? Osore ? Dans les deux cas il sourit et s’élance dans la nuit.