Couverture : Rirox
Auteur : Diablo
Date de parution : Mai 2006

Sa main se pose sur le réveil avant qu’il ne sonne. Il émerge doucement de ses draps. Son corps c’était reposé un peu, un brin de sommeil lui avait fait du bien. Sa tête lui fait moins mal, et ses blessures le tirent encore un peu, mais il ça a l’habitude. Il cherche le poste et l’allume. La basse typique du reggae se fait entendre. Ses sens se relâchent. Mais il n’oublie pas la journée d’hier et ce psychopathe qui est venu le défier chez lui. Il va revenir, ils reviennent toujours. Il faut qu’il sorte, qu’il s’entraîne… Matt cherche son short un peu large, celui qui lui laisse sa liberté de mouvement. Puis ses baskets, il enfile le tout et se penche à la fenêtre. Il est 1h00 du matin, l’heure pour lui d’aller dehors, d’arpenté les toits, de laisser Daredevil allait protéger son quartier. Les nuits sont chaudes maintenant, il ne met pas de t-shirt. Il soupire en mettant son masque puis saute dans l’obscurité.

La scène est presque surréaliste. Il attend sur un toit, grignotant au passage une pomme qu’il avait emportée. Il sent le vent caresser son visage et son torse. Il remet en place ses cheveux qu’il a laissé pousser et qui lui arrive presque à la nuque. Karen lui a soumis l’idée de se faire des dreadlocks. Pourquoi pas. Ça changera un peu… Il mâche un gros morceau lorsqu’il entend un battement de cœur. Il n’est pas seul, sur les toits… l’autre court avec aisance, le pas est assuré. Le style lui rappelle quelque chose. Matthew décide d’en avoir le cœur net. Il remet son masque, jette le trognon de pomme et s’élance à la poursuite de son visiteur nocturne.

La silhouette sombre se faufile entre les cheminées, les antennes télévision et les câbles téléphoniques. Elle se joue de ses obstacles, mais ne semble pas pour autant s’amuser, elle poursuit un but. Daredevil écoute sa foulée, sa respiration : régulières, maîtrisées. Il se rapproche de plus en plus, le démon d’Hell’s Kitchen sent poindre en lui de l’excitation. Il semble qu’il y ait un autre joueur dans son quartier. Soudain celui-ci s’arrête puis se retourne. Les deux se font maintenant face.

Elektra regarde celui que l’on appelle Daredevil. Il se tient devant elle, étonné par sa présence. Dans un coin de sa tête l’Oni semble surpris. Elle lui demandera plus tard pourquoi, pour le moment elle se demande surtout quoi faire. Elle voit les deux bâtons qui pendent sur les hanches du diable rouge. Elle repense à son couteau qui est dans son dos. Ce n’est plus le couteau de cuisine de son père. Non elle en a volé un dans une armurerie grâce à Osore. Une jolie dague à lame droite. Elle pose une main dessus, prudence est mère de sûreté.

« Qui êtes vous ? »

La voix sort étouffé par son masque en porcelaine. Il est malgré tout troublé car il sent un parfum familier, mais qu’il ne parvient pas à saisir, comme si quelque chose l’en empêchait… il détaille la jeune fille. Car oui c’est une fille. Son parfum, son souffle, son attitude… quelque chose la rendait indéfinissable.

Qui est-elle ? Voilà bien une question qui la taraude depuis quelques jours. Depuis qu’un démon l’habite. Depuis qu’elle fait couler le sang. Car toutes les nuits elle sort, l’oni est assoiffé, il demande de la peur, il se nourrit d’elle. Alors elle fréquente les clubs mal famés, elle hante les ruelles sombres. Dealers, violeurs, mais aussi les hommes qui battent leurs femmes. Elle les châtie, elle leur fait peur. Mais elle n’est pas fier de ça. Elle prend trois douche par soir passé dehors. Elle fuit tout contact humain dans la journée. Elle est retournée en cours, mais elle n’écoute rien, ne fait plus rien. La faim d’Osore la ronge, l’obsède. Il l’aide à tenir, à se battre. Avant elle n’était qu’une lycéenne de plus, aujourd’hui elle est l’incarnation de la violence et de la peur. Malgré tous ces doutes elle sait qu’elle aime ça… et c’est ce qui la dérange le plus…

« Je suis personne… »

Bien elle connaît ses classiques c’est très drôle… Mais elle se paye de sa tête et il n’aime pas ça. Elle veut jouer ? Parfait… ses mains se saisissent de ses deux armes… Le bruit du bois poli sortant de ses étuis met en alerte le fantôme en face de lui… Elle n’est personne ? Bien on va vérifier… Il entend le bruit de l’acier qui fend l’air. Daredevil se tient bien campé sur ses jambes lorsque au bruit il comprend qu’elle se met dans une position qui lui est familière.

« Personne hein, on va vérifier si le cyclope peut te mettre la main dessus Personne ! »

Elektra ne connaît pas beaucoup de personne qui connaissent cette partie de L’Odyssée. Sa dague dans la main elle attend l’assaut du héros. Elle sait que ce n’est pas un combat à mort, mais plus un test, un défi…

Les deux se tournaient autour comme des loups se battant pour un territoire. Leurs pas ne faisait aucun bruit. Même la poussière ne se déplace pas sous leurs pieds. La tension était au maximum lorsque retentit un cri.

- MATT !!!!!! MATT AU SECOURS !!!!!

Karen ! C’était la voix de Karen ! Matt n’attendit pas plus longtemps. Il sauta en arrière et courut vers l’origine du hurlement… de son coté Elektra resta muette de surprise. La façon qu’il avait de se précipité… son nom… non... Daredevil c’est… Matt Murdock. Elle tomba à genoux, la stupéfaction la laissé comme pétrifié. Oni-no-osore sortit de sa retraite et parla doucement à la jeune fille.

- Je dois te parler Elektra…


Plus loin, à quelques immeubles de là Karen Page pleure. Pas de tristesse, non mais de peur panique. Car elle n’est pas seul sur ce toit. Derrière elle, elle sent un souffle. Une main la sortit de son lit il y a cinq minutes et l’avait forcé à gagner le toit. Puis son agresseur l’avait obligé à hurler le nom de Matt. Il est armé et pointe le canon de son automatique sur elle. Elle ne porte pas grand chose vu la chaleur de cette nuit. Un simple T-shirt trop grand pour elle qui lui arrive à mi-cuisse. Les larmes qui coulent sur son visage brouillent sa vision. Elle voit pourtant le légendaire Daredevil arrivé. Malgré son masque on devine haine grandissante.


Le salaud. Son rythme cardiaque est désordonné, même elle est plus tranquille. Il est fou, complètement fou. C’est l’homme qui l’a attaqué chez lui. Il comprend que l’issue de ce combat sera complexe. Karen est au milieu de sa guerre contre le crime. Il remercie le ciel ne pas la voir en ce moment. Il aurait depuis longtemps baissé les armes devant une telle vision. Etre aveugle permet de ne pas voir certaines images qui bouleversent une vie.

Il n’avait pas beaucoup de choix. Il est piégé, ce malade à pourtant fait une erreur. Il s’en est pris à Karen… Il sait qu’il ne doit pas laisser la rage parlée, il doit la faire attendre, la faire patienter pour mieux la lâcher plus tard…

« Tu veux quoi ? Laisse la… je ne le dirais pas deux fois. »

Bullseyes jubile, il le tient. Ce morveux à voulu jouer au dur ? Et bien qu’il en paye le prix. Il assure sa prise sur son fusil d’assaut. Le patron avait voulu y mettre le paquet pour arrêter cette menace.

- Ce que je veux ? Ta mort petit.

Pas très original. Mais Matt ne pense pas vraiment à cela. Il se concentre sur les bruits de la machine de guerre que tient le cinglé. Il se fait une idée de la situation, du corps de Karen. Il se demande comment faire. Il ne voit pas beaucoup d’issue et encore moins où lui et Karen survivent…

- Bien. Alors tue-moi. Mais laisse la partir. Regarde, je pose mes armes.

La proposition est tentante. Le tueur ramène la fille contre lui. Il serre un peu son avant bras contre sa gorge. Son autre bras, armé celui là, passe par-dessus l’épaule de Karen. Le crane du démon est dans son viseur, il ne peut pas le manquer. Il en a des frissons. Il va tuer Daredevil… le cran de sûreté claque lorsqu’il l’enlève. Son doigt se porte sur la gâchette. Il va tirer.

« Aaaaargh !!!! »

Une lame vient de s’enfoncer dans son bras. Plus loin se tient Elektra, ses cheveux noir se confondant avec la nuit. Elle pleure et ses larmes brillent sous la lune. Matt de son coté ne perd pas de temps. Il plonge et attrape son amour dans les bras. Ils roulent ensemble sur une dizaine de mètre. Puis il la cache à l’abri derrière une excroissance du toit.

« Cours, cours très loin… »

Elle ne sait plus vraiment ce qu’elle doit faire. Sa tête tourne, elle voit le démon, il lui dit de courir. Elle tremble, elle ne sait pas… elle ne sait pas…. Puis il repart, elle reste seule, toute seule. Elle n’en peut plus elle s’écroule. Elle ne peut retenir ses sanglots et reste prostrée ainsi…

Le mercenaire arrache dans un cri la dague qui transperçait son bras droit. Un flot de sang jaillit, il le stoppa net avec un bout de sa manche arraché. Il se fait un garrot improvisé, puis il se met à penser. Il peut encore tirer de la main gauche, et ceux aussi bien que de la droite. Et
cela ils ne le savent pas. La fille se tient derrière lui. DD est revenu lui faire face. Il change son arme de main et se tient près au massacre.

Ils savent ce qu’ils ont à faire. Chacun de leur côté et sans se prévenir, ils attaquent en silence. C’est dur de prévoir leur trajectoire, seul la poussière qu’ils soulèvent fait du bruit. Elektra atterrit avec ses deux genoux sur la colonne vertébrale de son adversaire. Sa haine est grande et l’Oni lui assure une force sans égale.

Mais Bullseyes lui se retourne et envoi la purée. Un nid de frelons enrobé de plomb hurle sur le passage de son arme. Du sang gicle. Le démon japonais lui a épargné les grosses blessures, mais elle a été touchée dans une épaule et un bras. Elle est faible, et ce salaud en profite pour la visé.

Mais il a oublié un joueur. Un bâton de 15 centimètres lui heurte le bras gauche. Son arme part rouler sur le toit. Il lance un regard remplit de rage au héros masqué. Celui-ci ne perd pas de temps et envoi sa seconde arme qu’il vient de ramasser. Le coup touche la tête et le lanceur ne tarde pas à suivre. Une pluie de coup tombe sur le corps du tueur. Toute la frustration de Matthew s’exprime dans ses poings. Son adversaire est épuisé, il ne sait plus où il est.

Il arrête lorsqu’il sent la respiration de son adversaire chuter. Bien… il ne faut pas qu’il parte cette fois. Non il faut que justice soit faite…

« Mademoiselle, la police va arriver. Raconter leur tout… Et je vous jure que ce malade finira ses jours en prison… »

Karen l’avait écouté. Elle avait appelé les flics. Ils avaient été surpris par le papier cadeau… Benjamin Pointdexter était connu de leurs services… le voir ficelé avec des câbles téléphoniques à une bouche de sortie de la climatisation était toujours un plaisir…

Epilogue.

Elle s’écroule contre un mur plus loin. Ses forces l’abandonnent, elle perd trop de sang. Mais une force en elle réagit. Un être ne veut pas mourir en elle.

« Non ! Je ne laisserais pas faire ça !!! »

Osore réagit, use de ses pouvoirs. Il ne peut pas refermer les blessures en quelques secondes. Il accélère le processus de guérison pourtant, déconnecte la douleur et laisse faire le reste. Plusieurs heure plus tard la jeune fille se relèvera aux milieux des sacs poubelles. Son bras et son épaule iront mieux. Mais cette journée lui laissera un goût amer…