Urban Comics
  Daredevil #18 : Les paves de l'enfer
 
Auteur : Diablo
Date de parution : Janvier 2006

Parfois on fait un choix et la vie continue, ce choix ne prête pas à conséquence. Mais le plus souvent c’est notre futur que nous avons en main. Lorsqu’on décide de fréquenter telle personne, de travailler à l’école, de faire du sport etc… sa vie est plus compliquée que ça. Ces choix ne font pas qu’affecter sa petite vie, chacune de ses décisions peut vouloir dire la mort pour des innocents et le pire dans tout ça c’est qu’il le sait… qu’il sent sur ses épaules le poids des cadavres empilés, qu’il sent la masse grouillante qui joue au-dessous de lui, et dont les enfants, peut-être à la suite d’un choix malheureux, viendront s'accumuler sur les morts qu’il a déjà sur la conscience. Mais il n’y réfléchit jamais, il essaye de ne pas y penser, car sinon il sentirait leur poids et il ne croit pas pouvoir vivre avec ces tonnes d’os entassés sur le dos. Alors il pense plutôt à Karen, au boulot, à tout sauf à lui, à tout sauf à Daredevil…

Karen d’ailleurs l’attendait dans le petit parc. Lui, presse le pas, il a hâte de revoir la jeune fille. Bien sur revoir est une image, mais pour lui c’est pareil. Il sent son shampoing à l’amande, il entend son cœur. Il touche sa peau douce…
- J’ai cru que tu ne viendrais plus Matt ! Tu avais oublié ou quoi ?
Non juste un racket deux pâtés plus haut. L’histoire de 15 minutes mais avec ça il arrivait en retard à son deuxième rendez vous avec la jeune fille.
- Désolé mais j’ai perdu du temps à trouver.
Une excuse bidon, mais comment en vouloir à un aveugle, surtout quand on ne sait pas toutes ses capacités ! Matt déteste tirer parti de son infirmité, mais parfois il n’a pas le choix… mais il se sent coupable, bien sur il doit garder ses activités secrètes, sinon elle sera en danger. Mais tirer parti de sa pitié l’horrifie.
- Alors on y va ?
Et les deux amoureux partent doucement vers une petite crêperie qui vient d’ouvrir pas loin. L’odeur de la pâte frôle déjà les narines de Matt.


Pour tout le monde c’est Maître Nelson, certains l’appellent M. Nelson. Pour les amis c’est Foggy. Mais pour le moment c’est juste un homme qui a peur. Et il se fout si aujourd’hui on l’appelle « petite merde » tant qu’il reste en vie. L’homme qui se tient devant lui s’appelle Ox. C’est une brute de plus de 2 mètres, 110 kilos. Et s’il était là c’était pour lui rappeler ces engagements, ces liens qui le remplissaient de honte. Son bureau était saccagé, les papiers volaient dans tous les sens. Une chaise avait même brisé sa fenêtre pour s’écraser plus bas. Ox n’avait pas dit un mot, il avait tout détruit en silence, comme une machine. Bien sur l’avocat savait que ne rien dire était une stratégie pour lui faire comprendre le message, car c’est bien un message et non un simple acte de vandalisme que vient perpétrer Ox chez lui. Et c’est seulement lorsqu’il quitta le cabinet de l’avocat qu’il lâcha.
« Comme d’habitude, même endroit… et attention… »

Dans l’escalier pour le boulot Matt croisa un colosse. Son pouls était celui d’un ours et sa démarche était celle d’un homme qui ne craint rien. Lorsqu’il entre dans ce qui fut son lieu de travail, il comprend que la brute est passée par-là. Les meubles ont été déplacés de manière brutale, le papier crisse sous ses pas. Un sanglot étouffé se cache derrière du bois…
- Monsieur Nelson ? Vous êtes là ?
- Matt ? C’est toi ?
L’homme qui se tient devant l’adolescent est brisé. Il tremble comme une feuille mais se relève malgré tout. Il tente de se ressaisir devant son stagiaire, mais celui-ci bien qu’aveugle n’ignore rien du stress de l’avocat. D’ailleurs son cœur risque de lâcher et son odeur commence à l’incommodait. Sa voix est fébrile, Matt sent presque l’électricité de son corps.
- Prend ta journée Matt… prend ta journée…
L’adolescent n’ajoute rien, la soif de justice le rend muet. Il part et court vers le toit. Une fois là haut, il pose son sac sur le sol. Il en sort son matériel et commence à se transformer en l’instrument officieux de la justice. Il met son sweat à capuche, ajuste son masque, plus des gants car l’hiver approche et saute enfin dans le vide. Il suit à distance un battement de cœur bien particulier. Il enchaîne les figures gymnastiques au-dessus des New-yorkais, un saut périlleux ici, une cabriole là. Entre deux sauts il réfléchit. Pourquoi s’en prendre à Foggy Nelson ? Il est respecté par la communauté et jusqu’ici a été irréprochable. Tout ça n’est pas clair…
Mais il est tiré de ses réflexions lorsqu’il sent qu’il est prêt de sa proie. Ah ! Le voilà ! Tous ses sens se braquent alors sur la masse de muscles qui descend dans un hôtel bon marché. Autant dire qu’ici ce sont les putes qui travaillent, pas le room service.

15 minutes plus tard, Ox fait une pause. Cette petite tchèque n’y met pas vraiment du sien, mais il s’en fout… Il allume sa clope sur le rebord de la fenêtre. La fumée s’échappe lorsqu’une tête de démon la traverse.
- Il faut qu’on cause gros…
Le gros en question n’a pas le temps de s’énerver que deux baskets pointures 42 viennent heurter son nez. Daredevil roule sur le plancher et se rétablit avec souplesse près de lui. Ses mains serrent déjà ses bâtons. Voilà un quart d’heure qu’il laisse la fureur, l’agressivité le remplir. Il a enduré les protestations de la pauvre fille, puis pire : son silence. Il a enduré le plaisir de la brute et son dédain de la vie humaine. Il se dégoûte d’avoir attendu qu’il est fini. Mais les acrobaties les deux racketteurs de ce matin, Karen, sa nuit épouvantable, tout ça l’avait affaiblit, fatigué. Il doit attendre le moment où son adversaire est le plus vulnérable, le moment post coït où l’épuisement du mâle est légendaire. Il tente de se justifier, de se dire que c’est une pute de toute façon que c’est normal pour elle. Mais il sait qu’il a tort, que subir ça n’est pas une vie, qu’il est lâche, faible, trop faible pour sauver une innocente. Il se jure que cela ne doit plus arriver. Pendant quinze minutes il a remué ses pensées dans sa tête, toute sa rage envers lui, toute sa honte. Tout cela le nourrit, le rend plus fort, plus décidé à vaincre. Toute sa colère va s’abattre sur le géant, toute sa haine traverse son corps, faisant même trembler ses muscles. Lorsque celui-ci se relève en titubant un bâton vient taper juste entre les deux yeux. Suivit d’un coup de poing dans les abdominaux. Le souffle coupé, le voyou repose les deux genoux au sol. A côté d’eux l’Européenne s’est recroquevillé dans son matelas pourri et ça déconcentre le démon.
- Dégage, prend ton fric et tire toi !!
Sa voix sourde et glaciale a tôt fait d’encourager la petite à vider les lieux.
Des petits pas dans le couloir, suivis d’une discussion sur des tons alarmants l’avertissent qu’ils ne seront plus seuls longtemps. Alors il faut qu’il fasse vite. Il attrape son adversaire par une oreille et lui chuchote quelque mot d’encouragement pour sa vie futur. Histoire qu’il n’est plus à venir dans cet hôtel de passe.
- On ne touche plus à Maître Nelson compris ?
Le message est clair, mais il appui son argumentation d’un coup de bâton sur la tempe, juste de quoi lui donner de beaux bleus comme preuves. Lorsque les renforts arrivent il ne reste plus q’un Ox mal en point et complètement terrorisé.


Plus loin

- Votre rapport ?
- La reprise de toutes les activités se fait en douceur. La drogue, le racket, la prostitution… mais disons que nous avons un détail, une affaire mineure qui reste en suspens…
- Laquelle ?
- Vous devez vous souvenir de Daredevil ? Et bien il a menacé Ox, et il protège un de nos…clients… récalcitrant si je puis dire…
- Je vois… ce gamin commence à m’énerver… envoyez Pointdexter pour régler ce problème…
- Mais monsieur…
- Ne discutez pas !
- Bien monsieur…
Alors que son conseiller quitte la pièce, l’homme ne peut s’empêcher de sourire en allumant son cigare. Le petit démon va rencontrer le mal et la folie personnifiés…
 
 
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